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Publié par | science-revue |
Publié le | 12 janvier 2013 |
Nombre de lectures | 2 |
Langue | Français |
Extrait
Jusqu'alors, les découvertes de cette ampleur ne concernaient que des Néandertaliens, âgés de moins de 100 000 ans. C'est en Ethiopie, sur la rive droite du fleuve Awash, face au site qui avait vu la découverte de Lucy et de nombreux autres restes d'Australopithèques, qu'une équipe internationale à laquelle participait un chercheur du CNRS a découvert ce squelette quasicomplet d'une jeune Australopithèque: un Hominidé qui présente encore de nombreuses caractéristiques simiesques...
Le crâne et la cage thoracique ont été découverts en 2000, suivis par de nombreux autres éléments du même squelette (omoplate, membre postérieur, phalanges...). Le niveau stratigraphique de la localité a pu être daté assez précisément de 3,32 millions d'années. Les sédiments sont des grès déposés dans des deltas de petites rivières, dont une crue a sans doute permis le transport et l'ensevelissement rapide du squelette, évitant à ce dernier d'être dévoré par les charognards.
La faune associée (équidé à 3 doigts Hipparion, girafes, antilopes, rhinocéros blanc, rongeurs, crocodiles, etc.) atteste un environnement de savane arborée. Le squelette est, d'après la taille de la canine, celui d'une jeune femelle d'environ 3 ans, avec sa dentition de lait, mais une partie de la dentition définitive est déjà visible au scanner.
Bien que le sujet ait sans aucun doute été bipède, comme les autres Australopithèques, la morphologie de certains os est étonnamment plus proche de celle des grands singes africains que de l'homme. C'est par exemple le cas de l'hyoïde, petit os de la gorge très rarement retrouvé chez les fossiles. En outre, les phalanges des mains sont bien courbées comme chez les grands singes et, sur l'omoplate, la fosse supérieure est grande et la cavité articulaire pour l'humérus orientée un peu vers le haut, comme chez le gorille. Ceci suggère que le membre supérieur n'était pas complètement libéré de son usage locomoteur, ce qui n'est pas sans soulever des questions concernant la possible persistance du grimper, au moins occasionnel, dans cette espèce. Il faudra attendre encore quelques années avant la description détaillée du squelette, qui devrait largement améliorer nos connaissances sur la croissance des Australopithèques.