MARC LIÈVREMONT " J étais seul contre tout le monde"
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MARC LIÈVREMONT " J'étais seul contre tout le monde"

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Description

MARC LIÈVREMONT " J'étais seul contre tout le monde" Comment se passe votre nouvelle vie, notamment votre rôle de consultant sur Canal + ? Bien, ça va. J'ai finalement accepté de devenir consultant pour garder un pied dans le rugby. J'aime bien ce rôle de consultant, les équipes de Canal + sont bien, c'est une super expérience pour moi et ça me satisfait. Je n'ai pas envie de multiplier les activités dans le rugby, j'essaie aussi de m'en affranchir un peu parce que je veux continuer à le considérer comme une passion et non un métier. C'est une question de choix de vie. Je suis dans le rugby depuis mon plus jeune âge, mais j'ai l'ambition de passer à autre chose. Quels sont vos projets ? J'ai un restaurant à Biarritz, un Spa à venir au Pays Basque, j'effectue pas mal d'interventions en entreprise. Ça, c'est quelque chose qui me plaît beaucoup. Pendant quatre ans, je n'ai pas pu trop en faire. Ça m'a manqué. Au retour de la Nouvelle-Zélande, vous avez disparu. Pourquoi ? J'avais bien besoin de couper. Je craignais une forme de décompression. Quand on a des grosses périodes de vie commune comme ça, ce n'est pas évident. On vit en vase clos plusieurs semaines et le retour à la vie réelle peut être difficile. Du coup, je me suis ressourcé auprès de ma famille, de mes amis et je dois dire que ça m'a fait un bien fou. Au début tout allait bien, mais au fur et à mesure vos relations avec les médias se sont compliquées. Pourquoi ?

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Publié le 21 juillet 2012
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Langue Français

Extrait

MARC LIÈVREMONT " J'étais seul contre tout le monde"

Comment se passe votre nouvelle vie, notamment votre rôle de consultant sur Canal + ? Bien, ça va. J'ai finalement accepté de devenir consultant pour garder un pied dans le rugby. J'aime bien ce rôle de consultant, les équipes de Canal + sont bien, c'est une super expérience pour moi et ça me satisfait. Je n'ai pas envie de multiplier les activités dans le rugby, j'essaie aussi de m'en affranchir un peu parce que je veux continuer à le considérer comme une passion et non un métier. C'est une question de choix de vie. Je suis dans le rugby depuis mon plus jeune âge, mais j'ai l'ambition de passer à autre chose.

Quels sont vos projets ? J'ai un restaurant à Biarritz, un Spa à venir au Pays Basque, j'effectue pas mal d'interventions en entreprise. Ça, c'est quelque chose qui me plaît beaucoup. Pendant quatre ans, je n'ai pas pu trop en faire. Ça m'a manqué.

Au retour de la Nouvelle-Zélande, vous avez disparu. Pourquoi ? J'avais bien besoin de couper. Je craignais une forme de décompression. Quand on a des grosses périodes de vie commune comme ça, ce n'est pas évident. On vit en vase clos plusieurs semaines et le retour à la vie réelle peut être difficile. Du coup, je me suis ressourcé auprès de ma famille, de mes amis et je dois dire que ça m'a fait un bien fou.

Au début tout allait bien, mais au fur et à mesure vos relations avec les médias se sont compliquées. Pourquoi ? Je pense que j'ai eu le tort d'arriver avec très peu d'expérience et du coup j'ai été vite critiqué. Et après, ça se répercute sur le groupe car ce n'est pas facile pour les joueurs de vivre dans un climat de défiance. On devient fébrile car on sait que chaque faute sera décortiquée, analysée, critiquée. J'avais le sentiment d'être seul contre tout le monde. D'accord mes rapports avec la presse se sont détériorés, mais je ne suis pas un cas isolé car si vous regardez bien dans l'histoire du rugby, je ne suis pas le seul sélectionneur à qui c'est arrivé. Ce fut le cas avec chacun de mes prédécesseurs et on avait pourtant tous des personnalités et des fonctionnements différents. Mais je n'ai pas été surpris, je savais où j'allais, je connaissais les tenants et les aboutissants, les personnalités des journalistes.

En voulez-vous à quelqu'un ? Bof, il ne faut pas vivre avec de la rancoeur, ce n'est pas bien et ça gâche la vie. Je n'ai pas d'aigreur, je ne suis pas en colère non plus. Le temps passe, les choses bonnes ou mauvaises aussi.

Avec le recul, avez-vous digéré cette défaite en finale du Mondial ? Il y a toujours un sentiment d'amertume. Vous vous rendez compte, on a échoué d'un point de battre les Blacks chez eux en finale de Coupe du monde ! On est vraiment passé à côté de quelque chose d'énorme, certainement l'un des plus grands exploits du sport français. Personnellement, c'était ma deuxième finale perdue. Il y en a eu une en tant que joueur, puis comme sélectionneur.

Y a-t-il un moment marquant que vous gardez en mémoire ? Le trajet en bus jusqu'à l'Eden Park pour la finale, il a duré 15 minutes à peu près. On est ailleurs, un joueur met la BO du film Gladiateurs. On est porté, on s'en va jouer une finale de la Coupe du monde. On a le sentiment de se laisser porter par les émotions. Je me suis évadé durant ce quart d'heure. Je me suis dit "profite". C'était beau. C'est pour vivre des émotions comme ça que j'ai voulu être rugbyman, vivre des aventures humaines.

On a le sentiment que vous n'aimez pas trop être mis en avant, on se trompe ?Non, j'ai toujours été quelqu'un d'extraverti. Ma vie et les décisions que j'ai prises au cours de celle-ci ont toujours été rythmées par la passion, mais pas par l'ambition démesurée de réussir. J'ai fait des rencontres, j'ai eu des opportunités et j'ai pris des décisions en mon âme et conscience. J'ai souvent été réticent par rapport à l'exposition du fait de mon caractère. Quand on m'a proposé le poste de sélectionneur, je n'étais pas candidat. Dans ces cas-là, il faut me convaincre, mais après je me lance à fond dans l'aventure.

Quel genre d'entraîneur êtes-vous ? Etes-vous un coach près de ses joueurs ? Pas trop. Même si j'ai du respect, de l'estime, de l'affection même pour eux, je ne plaisante pas avec les joueurs. Je n'ai pas ce rapport de proximité que peuvent avoir certains entraîneurs. Parce que je n'en suis pas capable et parce qu'il faut entraîner en fonction de ses qualités et de ses défauts. Il ne faut pas forcer sa nature, être différent, sur le long terme, ça ne fonctionne pas.

Comment suivez-vous les matches des Bleus aujourd'hui ? Je suis devenu leur supporteur, mais je vibre toujours comme un sélectionneur. J'espère que les journalistes ne critiqueront pas Philippe Saint-André trop vite, qu'ils le laisseront travailler avant de le juger car ce groupe ne manque pas de qualités et son sélectionneur non plus.

Aimeriez-vous entraîner de nouveau ? Je ne sais pas. Je ne pensais pas qu'entraîner me plairait autant puisqu'il y a dix ans je m'étais juré de ne jamais le faire. Après, pour que je replonge, il faudra que beaucoup de conditions soient réunies. Il faut que le contexte de club puisse me nourrir intellectuellement, je ne dis pas financièrement. Il faut une relation de confiance avec le président, la liberté de faire des choix. Il est donc hors de question pour moi de prendre un club en cours de saison. Et puis, je ne voudrais pas prendre la place de quelqu'un de cette façon. Après, il faudra que ma famille soit d'accord aussi car je ne suis pas capable de faire les choses à moitié, je m'investis à 100 % et je sais à quel point cela est coûteux, humainement, pour mes proches.

Que vous inspire l'évolution des mentalités dans le rugby ? Tout le monde parle de l'évolution avec la perte de valeurs, l'argent qui arrive de plus en plus. Moi je pense que c'est tout simplement la conséquence du professionnalisme. Si le sport est populaire, il y a forcément plus de médiatisation, plus de polémiques. Mais je ne trouve pas que les mentalités des joueurs évoluent de manière négative par rapport à avant. J'ai connu des groupes en 1995 ou en 1999 et je peux vous assurer qu'il y avait beaucoup plus de comportements négatifs. Par contre, le contexte facilitait moins l'individualisme. Les joueurs sont beaucoup plus conseillés, sollicités, entourés, pas toujours de manière positive. Ça, ce sont des points négatifs de cette évolution car avec tous ces conseillers, il est difficile pour eux de faire la part des choses. Il ne faut pas oublier qu'avant d'être des sportifs ce sont des jeunes hommes avec leurs forces et leurs faiblesses.

"Pour que je replonge, il faudra que beaucoup de conditions soient réunies."

"J'espère que les journalistes ne critiqueront pas Philippe Saint-André trop vite, qu'ils le laisseront travailler avant de le juger"

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