Où sont les filles ?
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Où sont les filles ? "L'équipe de France aujourd'hui, avec les joueuses qui la composent, est en dessous de toutes les équipes du Groupe mondial" lâchait Nicolas Escudé, le sélectionneur de Fed Cup, avant le match contre l'Espagne (un match perdu qui a envoyé les Françaises en 2ème Division pour la première fois de leur histoire !). Il n'y a qu'à regarder dans le détail le classement de la WTA pour s'apercevoir que derrière Marion Bartoli (12ème à la mi-avril) et Aravane Rezaï (24ème), soit nos deux locomotives, les autres déraillent pour le moins et se trouvent au-delà de la 50ème place mondiale : Alizé Cornet (67ème) encore trop tendre, et Mathilde Johansson (69ème) trop inconstante, devancent Virginie Razzano qui vient de quitter le top 100 (101ème). Avec seulement quatre représentantes dans le top 100, le drapeau tricolore est en berne. Le constat est encore plus édifiant au-delà de la 100ème place. En effet, on ne constate que la présence de six autres Françaises se situant entre la 100ème et la 200ème place mondiale. Il s'agit de Pauline Parmentier (126ème), Iryna Brémond (135ème), Olivia Sanchez (138ème), Stéphanie Foretz (145ème), Laura Thorpe (179ème) et Caroline Garcia (188ème). Comment expliquer une telle faiblesse ? Pour Stéphane Robert, une des raisons est d'ordre cyclique : "La génération 79 a été exceptionnelle, rappelle l'ex-60ème mondial. La génération 80/81 n'était déjà plus exactement la même.

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Publié le 03 mai 2011
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Langue Français

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Où sont les filles ?

"L'équipe de France aujourd'hui, avec les joueuses qui la composent, est en dessous de toutes les équipes du Groupe mondial" lâchait Nicolas Escudé, le sélectionneur de Fed Cup, avant le match contre l'Espagne (un match perdu qui a envoyé les Françaises en 2ème Division pour la première fois de leur histoire !). Il n'y a qu'à regarder dans le détail le classement de la WTA pour s'apercevoir que derrière Marion Bartoli (12ème à la mi-avril) et Aravane Rezaï (24ème), soit nos deux locomotives, les autres déraillent pour le moins et se trouvent au-delà de la 50ème place mondiale : Alizé Cornet (67ème) encore trop tendre, et Mathilde Johansson (69ème) trop inconstante, devancent Virginie Razzano qui vient de quitter le top 100 (101ème). Avec seulement quatre représentantes dans le top 100, le drapeau tricolore est en berne. Le constat est encore plus édifiant au-delà de la 100ème place. En effet, on ne constate que la présence de six autres Françaises se situant entre la 100ème et la 200ème place mondiale. Il s'agit de Pauline Parmentier (126ème), Iryna Brémond (135ème), Olivia Sanchez (138ème), Stéphanie Foretz (145ème), Laura Thorpe (179ème) et Caroline Garcia (188ème). Comment expliquer une telle faiblesse ? Pour Stéphane Robert, une des raisons est d'ordre cyclique : "La génération 79 a été exceptionnelle, rappelle l'ex-60ème mondial. La génération 80/81 n'était déjà plus exactement la même. Cependant, toutes ces joueuses-là ont fait de très belles carrières. Derrière, force est de constater que cela a du mal à suivre. Il y a moins de densité. Pourtant, on l'avait vu venir. Les DTN se sont succédé et connaissent bien le problème. La Fédération fait des efforts et met des moyens à disposition pour que les joueuses y arrivent. La succession est compliquée à assumer. Il faut se montrer patient".

La blessure de Golovin a été préjudiciable dans le renouvellement des générations

Qu'il semble lointain le temps où les Amélie Mauresmo, Mary Pierce, puis précédemment les Julie Halard-Decugis, Nathalie Tauziat pour ne citer qu'elles, faisaient figure de prétendantes aux victoires en Grands Chelems. Mais au-delà de ces pures considérations statistiques, Stéphane Robert poursuit son raisonnement en soutenant que le mal du tennis féminin français est à considérer dès la racine : "La problématique est de se demander si une fille de 15 ou 16 ans a vraiment envie de tout donner pour le tennis. Une adolescente de cet âge-là veut-elle vraiment consentir à tous les sacrifices et les exigences possible pour se faire une place dans le top 100 ? Il faut vouloir allier cette vie d'adolescente et celle de sportive de haut niveau. A partir de ces considérations, certains choix ne sont pas si commodes à faire.

Garcia, l'espoir qui monte

Dès qu'on évoque le nom de Caroline Garcia, l'entraîneur de Fed Cup ne cache pas son enthousiasme : "C'est une joueuse que j'avais remarqué il y a deux ou trois ans, explique Alexia Dechaume. Quand j'avais ce poste du haut niveau féminin, je m'étais dit qu'il fallait la laisser évoluer dans son environnement actuel. Ce qu'elle nous fait voir sur le plan technique et physique, il y a matière. C'est un projet en construction. Elle est très bien encadrée par son papa. Ils font un travail sans précipitation. Il faut qu'elle puisse être armée quand elle sera au haut niveau. J'adore ce qu'elle fait". Quand on la compare à Mladenovic, une autre grande chance tricolore, Dechaume n'est là pas tout à fait d'accord : "Caroline présente un profil différent de celui de Kristina, mais toutes les deux ont une approche très professionnelle pour leur âge et sont dotées d'une volonté de fer. "Kiki" a une frappe très puissante, n'est pas dans la variation et se situe dans le tennis actuel avec un gros service. Caroline, elle, a davantage de solutions de rechange dans son jeu. Je trouve cela d'autant plus intéressant que le tennis du futur va passer, à mon sens, par un retour de la stratégie du jeu alliée à la puissance. Un top 100 bientôt pour Garcia ? Elle continue à alterner dans sa programmation entre tournois juniors et séniors car le règlement la limite en termes de participation de tournois. Mais à chaque fois qu'elle a joué une fille de ce niveau, elle l'a battue. Le niveau top 100 devrait arriver rapidement pour elle tout comme pour "Kiki" Mladenovic si son physique la laisse tranquille. Toutes les deux ont beaucoup de potentiel". Une aubaine en cette période de vaches maigres.

La tâche est d'autant plus compliquée pour les filles, car elles doivent arriver à un très bon niveau avant l'âge de 20 ans, car sinon cela devient compliqué ensuite". Patrice Dominguez confirme : "C'est effectivement plus compliqué chez les filles que chez les garçons, insiste le directeur du tournoi de Montpellier. Il faut beaucoup d'investissement familial. On s'en rend compte notamment avec les cas Rezaï et Bartoli. Leur réussite est individuelle, mais aussi familiale puisque leurs pères influent beaucoup sur leur rendement et leur carrière. Il y a moins de caractère systématique que chez les garçons. Eux, on les place dans la filière et ils la suivent. Pour les jeunes filles, il est surtout question d'un sur mesure". L'ancien 36ème mondial (en 1973) confirme effectivement le creux traversé par notre tennis féminin: "Nous ne sommes pas au sommet de la vague comme on a pu l'être avec la génération Loit. Nous traversons un passage plus délicat comme cela peut se produire dans d'autres pays et fédérations, et ce, quelle que soit la qualité de leur formation. N'oublions pas non plus qu'on a eu la malchance d'enregistrer la blessure d'une Tatiana Golovin qui a dû interrompre sa carrière. Cela a créé une rupture dans le processus de renouvellement de nos joueuses. A un moment donné Cornet s'est retrouvé n°1 française à son corps défendant et a dû assumer ce statut trop tôt. Elle a dû faire face à une grosse pression et cela s'est vérifiée en Fed Cup. Dans ces circonstances, Marion Bartoli et Aravane Rezaï tiennent la baraque. Je ne considère pas pour autant que la situation soit dramatique. Certains pays vivent des situations bien plus déplorables. Néanmoins, avec la mise à la retraite de certaines joueuses comme Amélie Mauresmo, Emilie Loit, Nathalie Dechy, le renouvellement ne s'est pas déroulé encore comme prévu. Par contre, nous pouvons notamment miser sur deux éléments d'avenir que sont Caroline Garcia (188ème) et Kristina Mladenovic 246ème). Kristina a été championne juniors, mais malheureusement pour elle, a été blessée la saison dernière".

Le plus dur, c'est de confirmer

Virginie Razzano (27 ans) réalise une carrière pour le moins honnête comme l'a prouvé son classement en septembre 2009 (16ème). Membre de l'équipe de Fed Cup et joueuse appréciée de toutes ses partenaires, elle était présentée comme le grand espoir du tennis féminin français dès 1999 lorsqu'elle avait remporté sur le circuit juniors l'Open d'Australie en simple et en double puis les Internationaux de France en 2000. Le temps a passé. La native de Dijon a remporté deux titres dans sa carrière en 2007 (Tokyo, Guangzhou), a atteint notamment les huitièmes de finale de Wimbledon et des Internationaux de France en 2009 sa meilleure année, mais n'a pu confirmer pleinement depuis. Une des raisons a été d'ordre physique (blessure au pied en 2010) et personnel (son compagnon et entraîneur souffre de maladie) : "Mes plus belles années sont peut-être devant moi" affirmait-elle pourtant lors de l'Open GDF Suez en février dernier. C'est tout le mal qu'on lui souhaite, elle qui vient de quitter le top 100.

"La technique à un moment donné ne suffit pas"

Pour Alexia Dechaume, entraîneur de l'équipe de Fed Cup, le redressement du tennis féminin risque d'être long à se dessiner et passe par différentes étapes : "Il va falloir s'armer de patience, confirme l'ex-46ème mondiale. Depuis que la génération 79 a arrêté et la blessure de Golovin, une joueuse qui aurait pu assurer la transition, on s'est retrouvé à faire face à un fossé entre ces deux générations. La Fédération a essayé de mettre certaines choses en place pour redresser la barre surtout chez les plus jeunes comme l'agrandissement de pôles, la mise en place d'entraîneurs, et ce en mettant les bonnes personnes au bon endroit. Car un entraîneur peut être bon sur le haut niveau et moins performant sur le pole jeunes. Le problème vient aussi d'un phénomène cyclique. Et quand vous avez moins de filles qui jouent, moins de vivier, il est logiquement plus occasionnel de sortir du monde. Enfin, il faut se pencher sur l'évolution du haut niveau. Il y a une vraie réflexion à avoir sur le plan physique et mental. La technique à un moment donné ne suffit pas. Il faut donc être très rigoureux dès le plus jeune âge sur tous ces compartiments en professionnalisant le plus tôt possible ces jeunes qui aspirent à une carrière professionnelle". Et Stéphane Robert de mettre en exergue toutes les espérances symbolisées par Garcia et Mladenovic : "On partage cet espoir que Caroline et Kristina intègrent le top 100 le plus rapidement possible". Cette hypothèse serait importante à plus d'un titre. Elle apporterait un élan nouveau et une nouvelle dynamique à notre tennis féminin qui se cherche un second souffle. Elle serait aussi de nature à enlever moins de pression à Bartoli et Rezaï qui au fil des mois portent le tennis tricolore féminin à bout de bras.

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