"SAINT-ETIENNE, C EST UN ÉTAT D ESPRIT !"
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"SAINT-ETIENNE, C'EST UN ÉTAT D'ESPRIT !"

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Description

"SAINT-ETIENNE, C'EST UN ÉTAT D'ESPRIT !" Roland Romeyer, quelle est votre vision de la région ? Je crois que Saint-Etienne et plus généralement la Loire, c'est un état d'esprit. La région est souvent définie comme une région grise, l'image des mines reste très ancrée, on a l'impression que Saint-Etienne rime avec grisaille, mais ce n'est pas vrai, vous n'avez qu'à voir : aux beaux jours, c'est magnifique. Mais pour revenir à cet état d'esprit, je trouve que la Loire est un département qui peut s'appuyer sur des valeurs humaines : les gens ici sont accueillants, bienveillants, ce ne sont pas des tricheurs ou des margoulins. C'est une chance d'avoir une population aussi saine, et ça se sent dans le football : nous avons, comme à Lens un public très fidèle, très populaire et très bienveillant. C'est ça les valeurs de Saint-Etienne. C'est un message que vous avez essayé de faire passer aux joueurs ? Oui, c'est vrai, aujourd'hui les mines, c'est fini. En tout cas, l'extraction de charbon est terminée, mais l'état d'esprit des mineurs est là. Ces valeurs de travail sont primordiales : pour bosser là-dedans, il fallait du courage, l'envie de travailler et de la solidarité entre les hommes. Finalement, c'est tout ce que l'on attend d'une équipe de football. Donc en début d'année, nous avons emmené les joueurs au musée de la mine pour qu'ils comprennent que dans la région on ne baisse pas les bras, on travaille beaucoup et on travaille ensemble.

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Publié le 14 avril 2011
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Langue Français

Extrait

"SAINT-ETIENNE, C'EST UN ÉTAT D'ESPRIT !"

Roland Romeyer, quelle est votre vision de la région ? Je crois que Saint-Etienne et plus généralement la Loire, c'est un état d'esprit. La région est souvent définie comme une région grise, l'image des mines reste très ancrée, on a l'impression que Saint-Etienne rime avec grisaille, mais ce n'est pas vrai, vous n'avez qu'à voir : aux beaux jours, c'est magnifique. Mais pour revenir à cet état d'esprit, je trouve que la Loire est un département qui peut s'appuyer sur des valeurs humaines : les gens ici sont accueillants, bienveillants, ce ne sont pas des tricheurs ou des margoulins. C'est une chance d'avoir une population aussi saine, et ça se sent dans le football : nous avons, comme à Lens un public très fidèle, très populaire et très bienveillant. C'est ça les valeurs de Saint-Etienne.

C'est un message que vous avez essayé de faire passer aux joueurs ? Oui, c'est vrai, aujourd'hui les mines, c'est fini. En tout cas, l'extraction de charbon est terminée, mais l'état d'esprit des mineurs est là. Ces valeurs de travail sont primordiales : pour bosser là-dedans, il fallait du courage, l'envie de travailler et de la solidarité entre les hommes. Finalement, c'est tout ce que l'on attend d'une équipe de football. Donc en début d'année, nous avons emmené les joueurs au musée de la mine pour qu'ils comprennent que dans la région on ne baisse pas les bras, on travaille beaucoup et on travaille ensemble. L'esprit des mineurs restera 22- N° 81 - Mai 2011 encore longtemps gravé à Saint-Etienne, c'est dans le patrimoine génétique je dirais. Il faut que les joueurs qui portent le maillot Vert sachent que c'est ce que l'on attend d'eux et que le public n'attend pas forcément d'eux des prouesses techniques ou des dribbles extraordinaires, en revanche le public attend le minimum... à savoir un investissement maximum ! Il !

"NOUS AVONS EMMENÉ LES JOUEURS AU MUSÉE DE LA MINE POUR QU'ILS COMPRENNENT QUE DANS LA RÉGION ON NE BAISSE PAS LES BRAS, ON TRAVAILLE BEAUCOUP ET ON TRAVAILLE ENSEMBLE"

Vous parlez de valeurs de travail, quelles sont celles de la région et ne sont-elles pas très éloignées de celles du football ?

A Saint-Etienne, on connaît la valeur de l'argent, on connaît le prix du travail, on connaît aussi les valeurs de l'effort. C'est vrai qu'aujourd'hui le football moderne est loin de tout ça, la Coupe du monde a donné l'image (à raison peut-être) de gamins capricieux et surpayés. Les footballeurs le sont, certains le sont. Nous essayons ici, à Saint-Etienne, de donner une autre culture à nos joueurs, ce n'est pas simple : qu'ils aient des bagnoles à 200 000 euros, c'est une chose... quand ils viennent à l'entraînement où il y a des supporters qui se saignent pour se payer des places de match, ils peuvent les laisser au garage ! On ne peut pas lutter contre ça, je veux dire ce sont des jeunes personnes très bien payées, ils ont des goûts loin du quotidien de tout le monde, mais il faut respecter la valeur de l'argent. A une époque, le club s'était refermé sur lui-même en tombant dans une spirale que l'on peut appeler le football business, je ne dis pas qu'aujourd'hui nous en sommes sortis complètement, car il y a des réalités financières et concurrentielles, mais au moins nous essayons de nous ouvrir et de mettre en avant des valeurs proches des Stéphanois. C'est pourquoi nous ouvrons plus l'entraînement, c'est pourquoi nous avons confirmé Galtier dans ses fonctions, c'est un homme qui n'est pas du terroir mais qui porte les bonnes valeurs et c'est pourquoi nous travaillons à une fondation ASSE.

Vous êtes né dans cette région et vous avez réussi, pourtant, vous avez décidé de rester, d'autres s'en vont, pourquoi ? J'aime cette région, vous l'avez dit, je suis né ici, j'ai ma famille, mes attaches ici et ce n'est pas parce que j'ai réussi que je vais partir. Vous savez l'herbe n'est pas toujours plus verte ailleurs. Je crois dans le potentiel de ce bassin, encore une fois, j'y reviens, mais c'est un état d'esprit. Ici, il y a des travailleurs de qualité, il y a le respect du travail, l'amour du travail bien, fait. C'est essentiel, quand vous êtes chef d'entreprise, vous avez envie de vous appuyer sur des ouvriers, des salariés compétents et fidèles. Je crois qu'à Saint-Etienne, plus qu'ailleurs, les gens sont reconnaissants du travail qui leur est donné et du coup, le montrent en travaillant bien.

Vous croyez en cette région, en dehors de l'aspect de l'emploi, pourquoi ? Nous avons une région assez centrale, je crois que d'une certaine façon la proximité de Lyon est bénéfique. Mais je crois aussi que nous bénéficions d'une qualité de vie hors du commun. Quand vous voulez attirer des jeunes cadres qui ont la trentaine et qui construisent une famille, je crois que Saint-Etienne a des atouts, nous avons une ville à taille humaine, nous sommes proche de la campagne, de la montagne et de la mer. Ce département a de vrais atouts, le problème c'est qu'il est méconnu. Quand on dit Saint-Etienne en France les gens pensent ASSE, c'est une fierté pour le club, mais c'est dommage que les gens ne pensent pas : ASSE et qualité de vie.

"LE CLUB EST UNE VITRINE POUR LA VILLE"

Quelles sont vos occupations, en dehors du travail, dans la région ? Je suis très occupé entre le club et mon travail, mais en dehors du football, j'ai une grande passion pour le vélo, j'en fait beaucoup. Ça vide l'esprit et c'est un sport de courageux à haut niveau. Pour ma part ça me permet de faire le vide et de me promener sur les routes de notre beau département et de la Haute-Loire, un peu.

Vous parliez d'image, est-ce que l'ASSE peut jouer un rôle dans la communication du département et de la ville ? Je crois que nous sommes d'ores et déjà une vitrine pour la ville. Quand les résultats sont bons, c'est mieux, mais je crois en effet que nous avons un rôle à jouer. Il y a d'autres vecteurs que le football à Saint-Etienne, mais je crois qu'il faut accepter qu'historiquement, le football en est un majeur. Après, il faut de tout et je crois que plutôt que d'opposer certains vecteurs à d'autres il faut les faire travailler ensemble. Il va y avoir à la cité du design une expo sur le foot et le design. C'est le genre de traits d'unions qui servent la ville.

Le président de l'ASSE voue un amour sans faille à son club UN VÉRITABLE PASSIONNÉ

Le président du directoire de l'AS Saint-Etienne est parfois excessif et laisse souvent parler son coeur au détriment d'une communication policée, monnaie courante dans le football moderne. Mais derrière ce discours sans détour, il y a un grand passionné.

"Je ne vendrai jamais -je dis bien jamais-mes actions. Je mourrai avec elles". Ces propos datent d'il y a un peu plus d'un an, comme un cri du coeur d'un Romeyer amoureux de son club et presque plus énamouré de lui dans la difficulté que dans des temps meilleurs. Le président de l'ASSE, souvent décrié pour son côté trop "homme du peuple", par rapport au reste du milieu du foot français, n'a jamais mâché ses mots. Son discours n'est jamais lisse, il laisse parler son coeur et les sentiments qui animent sa relation avec l'ASSE. Quand de nombreux présidents issus de milieux sociaux peut-être plus guindés se contentent de discours sans relief, Romeyer lui, détonne. Sa différence par rapport à Caïazzo a souvent été pointée : les deux hommes, en effet, ne se ressemblent guère et l'on imagine aisément que les relations puissent parfois être tendues. Mais finalement, deux caractères identiques peuvent s'entendre, mais peuventils être efficaces ? Pas si sûr ! En l'espèce, la bonhomie de l'un, son caractère brut de décoffrage et son franc parler, ne trouvent-ils pas chez Caïazzo leur complémentarité ? L'aisance avec les médias, l'ouverture et l'entregent de président du conseil de surveillance ; tout cela constitue un ensemble qui leur permet de fonctionner. C'est en tout cas ce que semblent prouver les résultats sportifs actuels ! Il a souvent été reproché à Romeyer d'être supporter avant d'être président. Néanmoins, quelques mois après que la France ait appris à détester ses idoles alors que le foot français s'est humilié en Afrique du Sud, avec des joueurs qui n'étaient pas même supporters de leur propre maillot, de leur propre équipe, n'est-il pas rafraîchissant de se dire qu'il y a, dans la meute des dirigeants et des footeux de France quelques convaincus ? A l'heure où les joueurs abandonnent un maillot qu'ils embrassaient jadis au nom de quelques pétrodollars, n'est-il pas rassurant de se dire que certains ne regardent pas le gain, mais se concentrent sur la passion du club. Peut-être suis-je crédule ou romantique en pensant que le football a encore en son sein des personnes de cette veine. Pourtant, même si ce n'est qu'un écran de fumée, je préfère me laisser bercer de ces fausses illusions là, que d'adhérer au nouveau credo du foot business. G. B.

UN SUPPORTER AVANT D'ÊTRE UN PRÉSIDENT

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