Mutations et fragilité des systèmes financiers - article ; n°1 ; vol.2, pg 74-110
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Description

Revue française d'économie - Année 1987 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 74-110
L'article présente une vue perspective des mutations et des innovations en cours dans les systèmes financiers. Une interprétation de ces changements permet de dégager les raisons de cette évolution et ses conséquences tant macroéconomiques que micro-économiques. L'analyse s'oriente principalement vers une étude de la fragilité du système financier international et de sa capacité à résister à des chocs.
This paper presents an outlook of the outstanding changes and innovations in the financial systems. An interpretation of these changes helps understanding the reasons of this evolution and its implications both for macro-economy and micro-economy. The analysis focuses mainly on the international system weaknesses and on its ability to resist to shocks.
37 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1987
Nombre de lectures 166
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Christian de Boissieu
Mutations et fragilité des systèmes financiers
In: Revue française d'économie. Volume 2 N°1, 1987. pp. 74-110.
Résumé
L'article présente une vue perspective des mutations et des innovations en cours dans les systèmes financiers. Une
interprétation de ces changements permet de dégager les raisons de cette évolution et ses conséquences tant
macroéconomiques que micro-économiques. L'analyse s'oriente principalement vers une étude de la fragilité du système
financier international et de sa capacité à résister à des chocs.
Abstract
This paper presents an outlook of the outstanding changes and innovations in the financial systems. An interpretation of these
changes helps understanding the reasons of this evolution and its implications both for macro-economy and micro-economy. The
analysis focuses mainly on the international system weaknesses and on its ability to resist to shocks.
Citer ce document / Cite this document :
de Boissieu Christian. Mutations et fragilité des systèmes financiers. In: Revue française d'économie. Volume 2 N°1, 1987. pp.
74-110.
doi : 10.3406/rfeco.1987.1130
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1987_num_2_1_1130Christian
de BOISSIEU
Mutations et fragilité
des systèmes financiers
quelque le début des peu années oublié 80 durant revenu les thème au « trente premier de l'instabilité glorieuses plan à cause », financière, est des depuis dif
ficultés des pays fortement endettés à faire face à leurs engage
ments, du développement des faillites bancaires et du carac
tère de plus en plus spéculatif du marché des changes et des
marchés de capitaux. Alors que la théorie de sélection de por- Christian de Boissieu 75
tefeuille avait habitué à privilégier l'analyse des risques indivi
duels — en particulier ceux associés à la volatilité des taux
d'intérêt —, les faits conduisent à centrer l'attention, comme
dans les années 30, sur le risque de système. Même s'il englobe
les risques individuels, le de système est d'une autre
nature, puisqu'il dépend de la capacité d'un système financier
à résister à des chocs et qu'il met en jeu des phénomènes de
contagion et de confiance dans la monnaie et les institutions
financières.
L'objet de cet article est de fournir une vue perspect
ive sur certaines des mutations financières en cours, leur
interprétation et leurs incidences tant macro-économiques
que micro-économiques.
Les composantes
de la mutation financière
diversité. sur Pour la sphère la l'observateur fragilité Cette financière (ou vitesse extérieur, la est vulnérabilité) tout a sans la aussi vitesse doute impressionnante des un systèmes changements impact significatif financiers que dans leur
contemporains, elle-même conditionnée par leur plus ou
moins grande capacité à résister à des chocs.
Les innovations financières
Les ont été analysées plus tardiv
ement et moins en profondeur que les innovations industriell
es, auxquelles elles sont d'ailleurs étroitement liées. Mais, par
une sorte d'effet de rattrapage, l'analyse économique des
innovations financières s'est développée depuis le milieu des
années 70, sous l'impulsion des travaux de W. Silber [1975]
[1983] et E. Kane [1981] [1984], en liaison avec l'accélération
du phénomène. 76 Christian de Boissieu
Dans les différents pays, l'innovation revêt les diver
ses formes suivantes. L'introduction de nouveaux instr
uments financiers, destinés aux épargnants, diversifie considé
rablement le menu des actifs financiers disponibles. Dans
cette dimension, l'innovation financière est rarement une
révolution, mais elle consiste généralement en une modifica
tion à la marge de certaines caractéristiques des actifs : pas
sage des taux d'intérêt fixes à des taux variables, modification
des échéances, du régime fiscal, etc. Les nouveaux produits
financiers des années 70, dans une conjoncture de taux
d'inflation et de taux d'intérêt élevés, proposaient aux épar
gnants une liquidité proche des dépôts à vue et une rémunér
ation voisine des taux d'intérêt du marché, ou au moins
indexée sur eux. Ces produits continuent à se développer
dans le contexte bien différent de désinflation et de baisse des
taux d'intérêt nominaux, ce qui suggère la réflexion suivante :
les agents économiques (les entreprises, les particuliers...)
s'habituent à des combinaisons liquidité-rentabilité plus avan
tageuses pour eux, et lorsque les causes de l'essor des nou
veaux instruments financiers s'atténuent, voire disparaissent,
ces subsistent et même se développent, par le jeu
d'un effet de cliquet lié à des phénomènes d'apprentissage. En
France, le succès le plus net a été celui des S.I.C.A.V. de tré
sorerie et fonds communs de placement (F.C.P.) de court
terme, créés à partir de la fin de 1981, et dont l'encours total
atteint environ 400 milliards de francs à fin juillet 1986 (dont
300 milliards pour les S.I.C.A.V. court terme). Mais la diver
sification du menu d'actifs financiers s'est également traduite
par l'introduction des certificats de dépôts négociables (à part
ir de mars 1985 ; encours de 40 milliards de francs à fin août
1986), de bons du Trésor négociables (à partir de janvier
1986 ; encours de 133 milliards à fin août 1986), de billets de
trésorerie (créés en décembre 1985, ils atteignent un encours
de 27 milliards en août 1986).
De nouveaux marchés de capitaux, ou de nouveaux Christian de Boissieu 77
segments sur des marchés déjà existants ont été créés. Dans le
cas de la France, il convient d'évoquer ici la création du
second marché boursier (1983), dont le succès est impression
nant, l'instauration du M.A.T.I.F. (marché à terme d'instr
uments financiers), créé en février 1986, dont la réussite est
pour l'instant indéniable mais peut-être moins assurée dans
l'avenir, etc.
De nouvelles technologies financières ont été incor
porées. L'électronisation des flux monétaires bouleverse les
méthodes de paiement ; elle permet à la fois un fonctionne
ment en temps réel du système financier et une réduction des
coûts de transaction. L'innovation de processus est souvent
une condition nécessaire à l'apparition d'une innovation de
produit. Ainsi, l'ensemble des formules proposées aux firmes
sous le label du « cash management » correspondent à des in
struments nouveaux, développés grâce à la gestion parfait
ement intégrée des divers comptes (à vue, à terme, fonds com
muns de placement), elle-même permise par l'utilisation de
l'informatique.
Si les expériences nationales ont en commun le
cumul d'innovations de produit, de marché et de processus,
elles diffèrent assez sensiblement dans la forme et le rythme de
l'innovation financière. Le clivage entre l'innovation finan
cière privée et l'innovation publique, présenté dans des tr
avaux antérieurs (Ch. de Boissieu [1984] [1986]), souligne
les écarts entre d'un côté les Etats-Unis, le Canada ou le
Royaume-Uni, de l'autre la France ou l'Allemagne fédérale.
L'innovation privée, qui intervient de façon décentralisée par
ajustement entre une offre et une demande de nouveaux pro
duits ou services financiers, est souvent une riposte aux régl
ementations publiques. Elle est prépondérante aux Etats-Unis
ou au Royaume-Uni. L'innovation financière publique se
déroule, quant à elle, à l'initiative ou sous le contrôle étroit
des autorités monétaires. Elle est généralement due au Trésor
(ou aux organismes dans sa mouvance) qui prend l'initiative 78 Christian de Boissieu
d'introduire de nouveaux instruments financiers ou de déve
lopper les marchés afin de respecter la contrainte budgétaire
de l'État (en l'occurrence faciliter le financement non monét
aire des déficits budgétaires), de se soumettre à la contrainte
externe (contrainte de

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