Néoinstitutionnalisme et théorie contemporaine de l intermédiation financière - article ; n°3 ; vol.8, pg 205-238
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Revue française d'économie - Année 1993 - Volume 8 - Numéro 3 - Pages 205-238
On se propose de discuter l'apport de l'approche néoinstitutionnaliste dans la version dite de l'« économie des coûts de transaction» aux développements récents de la théorie de l 'intermédiation financière. On montre qu'elle fournit une contribution originale à la théorie de la banque comme producteur d'information. Elle analyse les relations privilégiées et durables que cette dernière entretient avec les emprunteurs comme un mode de coordination spécifique nécessité par l'existence de situations d'incertitude. Cependant elle rencontre des limites qui sont liées principalement à la notion de coût de transaction. Ainsi elle distingue difficilement la banque de la catégorie générale de firme. Elle ne parvient pas à s'éloigner réellement du déterminisme de la théorie des contrats. Le rôle de l'articulation entre fonction d 'intermédiation financière et fonction de gestion des moyens de paiement est sous-estimé.
We discuss the contribution that new institutional economics which is often also called transaction costs analysis has brought to the present day theory of financial intermediation. We show that it represents a rather important part of the theory which analyses banks as information producers. The peculiar and long term relations between banks and borrowers are characterised as special means of co-ordination in a state of uncertainty. Nevertheless this theory is not entirely satisfactory because of the notion of costs of transaction upon which it is based. Consequently, it has difficulties in distinguishing banks from firms; it cannot avoid the implicit determinism for which the contract theoretic approach may be criticised. The importance of the joint production of financial intermediation and means of payments is underestimated.
34 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 14
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Sylvie Diatkine
Néoinstitutionnalisme et théorie contemporaine de
l'intermédiation financière
In: Revue française d'économie. Volume 8 N°3, 1993. pp. 205-238.
Résumé
On se propose de discuter l'apport de l'approche néoinstitutionnaliste dans la version dite de l'« économie des coûts de
transaction» aux développements récents de la théorie de l 'intermédiation financière. On montre qu'elle fournit une contribution
originale à la théorie de la banque comme producteur d'information. Elle analyse les relations privilégiées et durables que cette
dernière entretient avec les emprunteurs comme un mode de coordination spécifique nécessité par l'existence de situations
d'incertitude. Cependant elle rencontre des limites qui sont liées principalement à la notion de coût de transaction. Ainsi elle
distingue difficilement la banque de la catégorie générale de firme. Elle ne parvient pas à s'éloigner réellement du déterminisme
de la théorie des contrats. Le rôle de l'articulation entre fonction d 'intermédiation financière et fonction de gestion des moyens de
paiement est sous-estimé.
Abstract
We discuss the contribution that new institutional economics which is often also called transaction costs analysis has brought to
the present day theory of financial intermediation. We show that it represents a rather important part of the theory which analyses
banks as information producers. The peculiar and long term relations between banks and borrowers are characterised as special
means of co-ordination in a state of uncertainty. Nevertheless this theory is not entirely satisfactory because of the notion of costs
of transaction upon which it is based. Consequently, it has difficulties in distinguishing banks from firms; it cannot avoid the
implicit determinism for which the contract theoretic approach may be criticised. The importance of the joint production of financial
intermediation and means of payments is underestimated.
Citer ce document / Cite this document :
Diatkine Sylvie. Néoinstitutionnalisme et théorie contemporaine de l'intermédiation financière. In: Revue française d'économie.
Volume 8 N°3, 1993. pp. 205-238.
doi : 10.3406/rfeco.1993.938
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1993_num_8_3_938Sylvie
ШЕШШШЕШШШЕ^М DIATKINE
Néoinstitutionnalisme
et théorie
contemporaine
de l'intermédiation
financière
est courant de s'interroger néoinstitutionnaliste sur les propos rapports et la de théorie entretenus cette de contribution l'interméentre le
diation financière. Dans quelle mesure les développe- 206 Sylvie Diatkine
ments contemporains de la théorie de la banque (plus
particulièrement dans son rôle d'intermédiaire financier)
recourent-ils à l'appareil analytique que les néoinstitu-
tionnalistes utilisent pour rendre compte de l'existence
des institutions économiques? Quel en est l'apport au
renouvellement de la théorie de l'institution financière?
Nous nous référerons principalement au courant néoins-
titutionnaliste de «l'économie des coûts de transaction»
dont le propos est plus largement de fournir une expli
cation endogène des institutions à partir des contrats
privés et des choix individuels.
Pour mieux apprécier l'originalité de cette voie
d'approche, nous la replacerons d'abord dans le cadre de
l'évolution de la théorie de l 'intermédiation financière et
nous exposerons les grandes lignes de l'application à
l'institution financière de la démarche néoinstitutionna-
liste. Nous en délimiterons les apports en la comparant
notamment aux analyses contemporaines de l'économie
des contrats. En effet, selon les uns, la théorie contem
poraine de la banque qui cherche à se rattacher à un cadre
d'analyse du type équilibre général non walrasien ou avec
imperfections des marchés n'est souvent en réalité qu'une
analyse d'équilibre partiel (Hahn [1990]); elle est ainsi
une application des développements de la théorie des
contrats incitatifs et de l'agence (Scannavino [1992]).
Pour d'autres, elle s'en distingue, appliquant ainsi les
principes originaux de l'approche néoinstitutionnelle
(Neave [1991]).
Nous en dégagerons les limites du point de vue,
d'une part, de la capacité de la théorie à rendre compte
de la spécificité de l'institution financière par rapport aux
autres institutions et notamment aux firmes (la spécificité
de la firme bancaire) et, d'autre part, de l'originalité de Diatkine 207 Sylvie
sa démarche en référence à l'appareil analytique de la
théorie standard. En outre, la théorie éprouve des
difficultés à relier intermédiation financière et gestion
des moyens de paiement.
Un renouvellement de la théorie
de l'institution financière
au Place de sein et de enjeux révolution d'une financière approche de la théorie néoinstitutionnaliste
La banque peut être définie comme le lieu de la
production jointe de deux services : la gestion de la
monnaie et des mécanismes de paiements, d'une part, et
la fonction d'intermédiation entre prêteurs et emprunt
eurs, d'autre part. Cette dernière est plus particulièr
ement une intermédiation de bilan et de dépôt qui
caractérise la banque en tant qu'intermédiaire financier
particulier puisqu'elle détient des actifs spécifiques (les
crédits qui sont illiquides car non négociables sur un
marché une fois acquis par la banque) et émet des dettes
spécifiques (les dépôts immédiatement ou rapidement
liquidables, à valeur fixe).
La théorie de la banque a grandement évolué (voir
par exemple Santomero [1984], Tobin [1987]). Elle a mis
tout d'abord l'accent sur le rôle particulier des banques
dans la création et la gestion des moyens de paiement en
liaison avec l'analyse macro-économique et les nécessités
de la régulation par la politique monétaire. 208 Sylvie Diatkine
Le rôle d 'intermediation financière et son
influence sur l'activité économique a ensuite été souligné
par des auteurs comme Gurley et Shaw [1960]. Parallè
lement, le comportement des banques est rapproché de
celui des intermédiaires financiers (Tobin [1963] et la
«new view»). L'objet d'étude n'est plus le dépôt en tant
que moyen de paiement mais en tant qu'actif financier
parmi d'autres, et corrélativement celui de l'intermédia-
tion entre déposants et emprunteurs. L'attention s'est
alors portée sur la spécificité de l'actif du bilan de la
banque (le crédit) plutôt que sur le passif (le dépôt). En
même temps l'approche devient plus micro-économique.
La théorie de la firme bancaire étudie la banque d'un
point de vue technique (inputs et outputs, rendements
d'échelle, courbes de coûts...) ou sous l'angle de la gestion
optimale du bilan.
Le renouvellement actuel de la littérature sur
l'économie de l'information et des organisations ainsi que
le courant néoinstitutionnaliste vont donner un nouvel
essor à la théorie de la banque en l'orientant vers la
question de la «raison d'être» des intermédiaires finan
ciers par rapport aux marchés financiers. La démarche
sera alors celle d'une endogénéisation des institutions
financières.
Pour cela il fallait rompre avec le principe de base
de la théorie financière, celui de Modigliani et Miller
[1958] selon lequel la structure financière n'influe pas sur
le niveau de l'activité économique et les décisions
économiques. Ce principe découle d'une analyse d'un
système parfait et complet de marchés de type Arrow-
Debreu où n'existent aucune asymétrie d'information ni
incertitude. Dans ce cadre il n'y a pas de place pour un
rôle quelconque des banques et intermédiaires financiers Sylvie Diatkine 209
(Gertler [1988]). De même que la monnaie peut être
«neutre», de même la finance peut l'être aussi.
C'est pourquoi l'introduction du rôle des banques
s'est opérée en liaison avec la remise en cause de
l'hypothèse de marchés financiers parfaits et d'informat
ion

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