Plein emploi et liberté des échanges : la Suède - article ; n°1 ; vol.4, pg 165-203
40 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Plein emploi et liberté des échanges : la Suède - article ; n°1 ; vol.4, pg 165-203

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
40 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue française d'économie - Année 1989 - Volume 4 - Numéro 1 - Pages 165-203
39 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 9
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bertrand de Largentaye
Plein emploi et liberté des échanges : la Suède
In: Revue française d'économie. Volume 4 N°1, 1989. pp. 165-203.
Citer ce document / Cite this document :
de Largentaye Bertrand. Plein emploi et liberté des échanges : la Suède. In: Revue française d'économie. Volume 4 N°1, 1989.
pp. 165-203.
doi : 10.3406/rfeco.1989.1207
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1989_num_4_1_1207Bertrand de Largentaye 165
Bertrand de
LARGENTAYE
Plein emploi
et liberté des
échanges :
la Suède
armi les objectifs que les respon
sables d'une politique économique sont conduits à se
fixer, il en est deux qu'un esprit qui n'a pas été formé à
l'école classique jugera a priori peu compatibles : ce sont
le plein emploi et le libre-échange. 166 Bertrand de Largentaye
On cite souvent les pays de l'Est pour signifier
que le plein emploi se paye en termes de compétitivité,
ce qui, dans la pratique, se traduirait par l'imposition de
restrictions aux importations. On évoque aussi les condi
tions douloureuses dans lesquelles le Royaume-Uni a dû
renoncer en 1931 au libre-échange pour protéger ses
emplois industriels, en oubliant d'ajouter que la déflation
des années précédentes était causée avant tout par le
retour désastreux de la livre à sa parité d'avant-guerre en
1926. Les discours protectionnistes les plus percutants
sont toujours ceux qui défendent les restrictions aux
échanges comme un mal nécessaire pour protéger l'em
ploi. Le libre-échange serait synonyme de contrainte exté
rieure, et la contrainte extérieure équivaut à dire que l'on
ne peut s'approcher d'un taux de croissance compatible
avec un niveau d'emploi élevé sans mettre en péril les
grands équilibres extérieurs. Or, la contrainte extérieure
est un phénomène propre à une économie de sous-
emploi : elle apparaît, en effet, dans un contexte précis,
pour mettre en danger une politique de progression de la
demande. En situation de plein emploi, la demande, en
termes réels, plafonne, par définition. La contrainte exté
rieure ne peut donc plus se faire sentir.
Le libre-échange , de son côté, est fréquemment
présenté avec des accents spencériens, comme impliquant
le sacrifice des secteurs non compétitifs de l'économie et,
par extension, l'acceptation d'un certain chômage.
La Suède pourtant offre depuis des années
l'exemple d'un état industriel de dimensions moyennes,
d'une économie mûre, qui se trouve dans les deux situa
tions à la fois. Ce pays connaît le plein emploi depuis des
décennies, tout en ayant une des économies les plus
ouvertes du monde. Le plein-emploi y a été obtenu en
laissant jouer la contrainte extérieure, ce qui explique sans
doute que, loin de pouvoir être associé à un assoupisse- Bertrand de Largentaye 167
ment de l'activité économique intérieure, il a favorisé une
progression régulière de ce pays au classement des prin
cipaux créateurs de richesses. A l'heure du marché unique
et des négociations multilatérales de l'Uruguay Round,
c'est-à-dire d'un net renforcement des courants libre-
échangistes, son expérience mérite qu'on s'y arrête : elle
est plus instructive que celle des deux plus grands par
tenaires de la Communauté, les Etats-Unis et le Japon.
Le plein emploi que connaissent actuellement les
premiers est en effet plus conjoncturel que structurel, sans
compter que le cours mondial du dollar leur vaut d'être
affranchi de la contrainte extérieure. Quant au second,
point n'est besoin d'insister sur le degré réduit d'ouver
ture qui caractérise dans les faits son marché intérieur,
abstraction faite des matières premières.
On examinera successivement les moyens mis en
œuvre par la Suède pour tirer le meilleur parti du libre-
échange et pour parvenir au plein-emploi. On s'interro
gera après, à la lumière de la crise de la fin de la décennie
passée et du redressement postérieur à 1982, sur l'avenir
de ce succès singulier qu'est l'économie suédoise.
Compétitivité industrielle
et libre-échange
L'engagement des pouvoirs publics suédois en faveur du est aussi ancien et presqu'aussi fort que leur
engagement en faveur du plein emploi : les mouvements
de consommateurs veillent activement au demeurant à ce
qu'il ne soit pas perdu de vue. La défense du système
d'échanges multilatéral et ouvert, contre les pratiques res
trictives de toutes sortes, et en particulier les tendances à
un retour au bilatéralisme, est dans l'intérêt d'un pays à 168 Bertrand de Largentaye
vocation commerciale et de dimensions moyennes comme
la Suède.
L'ouverture du marché suédois est une réalité
dont rend bien compte le rapport entre les importations
de biens et services et le produit intérieur brut aux valeurs
d'acquisition (voir tableau n° 1). Les importations sué
doises par habitant se situent parmi les plus élevées du
monde.
Tableau n°]
1976 1978 1979 1980 1982 1977 1981 1983 1984 1985
29 % 29 % 27 % 31 % 32 % 30 % 33 % 33 % 32 % 32 %
Les droits de douane suédois sont faibles, 3,2 %
sur les produits semi-ouvrés et 4,8 % sur les produits
finis ; ils ne représentent au total que 0,8 % de la valeur
des importations. En raison de l'existence de régimes pré
férentiels ou de libre accès, les tarifs pleins ne sont appli
qués qu'aux importations en provenance de pays indust
rialisés extérieurs à la zone A.E.L.E.-C.E.E.. Un office
pour la promotion des importations en provenance des
pays en développement a été créé en 1979.
Comme tous les pays industrialisés, la Suède a
toutefois veillé à maintenir son agriculture et son industrie
des textiles et de la confection à l'écart des règles du libre-
échange. Il convient cependant d'ajouter qu'elle a fait part
de son intention d'engager des pourparlers sur l'abolition
progressive de l'accord multi-fibres, l'accord restrictif qui
réglemente les échanges internationaux de produits text
iles, au cours de l'Uruguay Round.
C'est la compétititivé de l'industrie suédoise qui
a rendu possible ce degré d'ouverture de l'économie, qui
explique qu'il ne se soit pas traduit par une contrainte Bertrand de Largentaye 169
extérieure insupportable. On peut apprécier la compétit
ivité de l'industrie suédoise en termes physiques et en
termes monétaires et examiner en troisième lieu un effet
en retour intéressant : l'ouverture du marché suédois a eu
une incidence positive sur la compétitivité de l'industrie.
La compétitivité en termes physiques est le résul
tat de la recherche de la productivité.
Depuis le début du siècle, la productivité sué
doise a augmenté en moyenne chaque année de 3,5 % par
heure de travail et de 8 % par travailleur, des taux qui
ont peu d'équivalents au monde. Il y a lieu de remarquer
que le plein emploi, dans la mesure où il exclut par défi
nition la mobilisation de ressources supplémentaires ne
permet la croissance économique que par l'élévation de
la productivité. La tension sur le marché de l'emploi favo
rise indiscutablement les efforts pour obtenir des gains
de
Il est d'autant plus nécessaire aujourd'hui d'as
surer la compétitivité de l'industrie suédoise que la place
des services, et en particulier du secteur public, a beau
coup grandi (la part du secteur public dans le produit
intérieur brut est passé de 49 % en 1974 à 66 % en
1984) : ce sont évidemment les coûts salariaux dans l'i
ndustrie, la partie de l'économie la plus exposée à la con
currence étrangère, qui doivent servir d'étalon pour la
fixation des salaires dans les services.
La productivité suédoise s'explique par la spé
cialisation, la concurrence, la recherche de la qualité et
les économie d'échelle et par l'enseignement et la
recherche. En dehors des grands groupes, dont il sera
question plus loin, les compagnies suédoises sont plutôt
de dimensions réduites, et

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents