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ème 2 table ronde Culture et économie Économie et culture : les pays latins dans la sphère publique transnationale Néstor García Canclini Professeur-chercheur Universidad Autónoma Metropolitana, Mexique Trois espaces linguistiques face aux défis de la mondialisation Paris, 20 - 21 mars 2001 ’imbrication de l’économie et de la culture est devenue un lieu commun de la penséeL mondiale. Les importants investissements que demande la production des industries culturelles (cinéma, télévision, musique, informatique) et les bénéfices spectaculaires réalisés dans ces domaines ont fait des entreprises de la culture une part significative de l’économie globale. Si l’industrie musicale gérait déjà au milieu des années 1990 40 milliards de dollars par an, 90% desquels étaient concentrés dans quatre grands majors transnationales, son importance économique s’est accrue l’année dernière par les méga- fusions d’entreprises d’informatique et de loisirs telles que America On Line et Time Warner. Les exportations de l’industrie audiovisuelle constituent la deuxième rubrique des revenus par exportations des Etats-Unis. Dans ce pays, le secteur culturel, notamment grâce à la production et l’exportation audiovisuelle, représente 6% du PIB et emploie 1.300.000 personnes. En France celui-ci comprend plus de 2,5% du PIB et les seuls médias emploient 500.000 personnes (Warmier). Les industries culturelles ne sont pas devenues la clé de l’expansion économique dans les seuls pays les plus développés. Le Brésil, qui occupe la sixième place dans le marché mondial des disques, a généré au cours de l’année 1998 des revenus de 800 millions de dollars de vente de produits musicaux, disques et cassettes vidéos. En Colombie on estime que l’ensemble des industries culturelles apporte 4,03% du PIB, valeur supérieure à celle d’autres secteurs importants tels que la restauration et l’hôtellerie, ou à la valeur ajoutée du principal produit agricole du pays, le café pergamino , qui atteint 2,75% (Convenio Andrés Bello, Ministère de la Culture de la Colombie). -Outre le fait d’être un facteur significatif dans la croissance économique, “la culture donne du travail” -–comme le dit le titre d’un ouvrage publié en Uruguay sur les fonctions économiques des biens culturels (Stolovich et al.)– et favorise le développement d’autres secteurs –transport, tourisme, investissements– car elle met en valeur certaines zones ou villes. C’est pour ces raisons, et pour être devenus les principaux acteurs de la communication à l’intérieur de chaque pays et entre les nations, que la radio, la télévision et le cinéma, les disques, les vidéos et Internet ont un rôle de première importance dans la cohésion sociale et politique. Ce texte vise à dégager quelques conclusions de cette interrelation croissante entre économie et culture en vue de repenser l’avenir possible des régions latines dans le cadre de l’intégration mondiale. Il faut pour cela préciser en quoi la nouvelle articulation entre économie et culture contribue au développement, de manière différente dans les pays Trois espaces linguistiques face aux défis de la mondialisation Paris, 20 - 21 mars 2001 centraux et périphériques. Nous devons nous demander également quelle est la spécificité des communications entre l’Europe et l’Amérique latine, qui n’est pas une simple continuation du lien culturel historique entre les pays latins. L’une des différences est que l’interconnexion entre les sociétés latino-américaines et européennes s’établit dans le cadre de relations intenses avec le monde anglophone. Etant donné la brièveté de ce travail, je n’énoncerai que cinq points stratégiques de façon à faire avancer la réflexion sur ces questions. 1. Tous les pays et toutes les régions ne bénéficient pas de manière équitable de l’expansion économique et communicationnelle favorisée par les industries culturelles. Les Etats-Unis accaparent 55% des revenus/bénéfices mondiaux, l’Union européenne 25%, le Japon et l’Asie reçoivent 15% et les pays ibéro-américains n’en ont que 5%. Le désavantage économique le plus remarquable, celui de l’Amérique latine, qui résulte du faible investissement de ses gouvernements en science, technologie et production industrielle de culture, affaiblit la compétitivité globale et restreint la diffusion de la plupart de livres, films, vidéos et disques à l’espace intérieur de chaque nation. Il est intéressant de mettre en corrélation la répartition économique des bénéfices communicationnels et la distribution géo-linguistique: l’espagnol est la troisième langue mondiale selon le nombre de locuteurs, environ 450 millions si l’on compte les 30 millions d’hispanophones aux Etats-Unis. Il faut souligner que l’asymétrie dans la mondialisation des industries culturelles n’est pas seulement source d’inégalité dans la répartition des bénéfices économiques. Elle aggrave aussi les déséquilibres historiques des échanges communicationnels, de l’accès à l’information et aux loisirs et de la participation dans la sphère publique nationale et internationale. On peut dire que, si le chômage reste le principal déclencheur des migrations, la détérioration du développement éducatif et culturel constitue aussi un facteur déclencheur dans le cadre de certains processus migratoires intra-nationaux et internationaux. 2. La prédominance américaine dans les marchés communicationnels a réduit le rôle de métropoles culturelles que l’Espagne et le Portugal ont eu depuis le e e eXVII siècle et la France du XIX siècle au début du XX siècle en Amérique latine. Cependant, le déplacement de l’axe économique et culturel vers les Etats- Unis n’est pas uniforme dans tous les domaines. Autrement dit: en temps de mondialisation il n’y a pas qu’une simple “américanisation” du monde. Il faut mettre en cause un lieu commun à beaucoup d’analyses de la mondialisation: elle ne se réduit pas à une “intensification des dépendances réciproques” (Beck) entre tous les pays et toutes les régions de la planète. Pour des raisons d’affinité géographique et historique, ou d’accès différentiel aux ressources économiques et technologiques, ce que nous appelons mondialisation se réalise souvent comme groupements régionaux ou entre pays historiquement connectés: asiatiques avec asiatiques, latino-américains et européens ou américains, américains avec ces groupes dans d’autres pays parlant anglais et partageant Trois espaces linguistiques face aux défis de la mondialisation Paris, 20 - 21 mars 2001 leur style de vie. Les affinités et divergences culturelles sont trop importantes pour que la mondialisation embrasse toute la planète, pour qu’elle soit circulaire ou tout simplement tangentielle . Nous remarquons également que certains domaines des industries et de la consommation sont plus propices que d’autres à la mondialisation. L’industrie éditoriale accumule des forces et des échanges par régions linguistiques, tandis que le cinéma et la télévision, la musique et l’informatique permettent à leurs produits de circuler aisément à l’échelle mondiale. Les mégalopoles et quelques villes moyennes (Miami, Berlin, Barcelone), foyers d’activités hautement globalisées et de mouvements migratoires et touristiques intenses, s’associent mieux à des réseaux mondiaux, mais il existe encore en elles une dualité qui fait que de vastes secteurs restent en marge. Quant à la prétendue “américanisation” de toute la planète, il est indéniable que ce sont des corporations américaines ou leurs relais qui maîtrisent la plupart de la production, la distribution et la diffusion audiovisuelles : des films de Hollywood et des programmes de télévision américains sont distribués par des entreprises américaines dans des chaînes de cinémas et des circuits télévisuels où le capital prédominant est américain. Il ne faut pas non plus négliger la puissante influence des Etats-Unis à l’ONU, à l’OEA, à la Banque mondiale, au Fonds monétaire international et dans des organismes de communication transnationaux, ce qui se traduit parfois par des bénéfices pour les entreprises étant américaines. Le lobbying des entreprises et du gouvernement américains œuvre pour que soient paralysées des initiatives légales et économiques (lois de protection au cinéma et à l’audiovisuel) dans des pays européens et latino-américains destinées à promouvoir leur production culturelle endogène. Nous ne pouvons pas négliger le rôle de New York dans les arts plastiques, de Miami pour la musique et de Los Angeles pour le cinéma. Mais il serait simplificateur de soutenir que la culture du monde se fabrique depuis les Etats-Unis, ou bien que ce pays détient le pouvoir d’orienter et de légitimer tout ce qui se fait dans tous les continents. L’Europe maintient une forte production endogène, soutenue dans certains pays par des politiques protectionnistes, et contrôle une grande partie des marchés latins. Des entreprises espagnoles, françaises et italiennes se sont emparées de réseaux de télécommunications, de maisons d’édition et de chaînes de télévision dans plusieurs pays latino-américains. Au Brésil, les Espagnols ont occupé en 1999 la deuxième place dans les investissements étrangers avec 28%; en Argentine ils ont atteint la première place, déplassant les Etats-Unis. Par ailleurs, si des corporations américaines gèrent de vastes secteurs de la communication de masse, il est intéressant de comparer le pouvoir de ces entreprises et ce qui se passe au niveau de l’écoute. Les études sur la consommation musicale révèlent que dans presque tous les pays latino-américains la musique en anglais ne prédomine pas, ni ce que certains appellent la “musique internationale”, qui réunit la production anglo- Trois espaces linguistiques face aux défis de la mondialisation Paris, 20 - 21 mars 2001 américaine et européenne. Ce n’est qu’au Venezuela que la musique internationale atteint 63% du public. Au Pérou prévaut la chicha , en Colombie le vallenato , à Porto Rico la salsa, au Brésil, 65% de la musique écoutée vient de l’ensemble d
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