Bagdad Notes de géographie urbaine  - article ; n°401 ; vol.74, pg 24-37
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Description

Annales de Géographie - Année 1965 - Volume 74 - Numéro 401 - Pages 24-37
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 38
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre Marthelot
Bagdad Notes de géographie urbaine
In: Annales de Géographie. 1965, t. 74, n°401. pp. 24-37.
Citer ce document / Cite this document :
Marthelot Pierre. Bagdad Notes de géographie urbaine . In: Annales de Géographie. 1965, t. 74, n°401. pp. 24-37.
doi : 10.3406/geo.1965.16774
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1965_num_74_401_16774Bagdad
Notes de géographie urbaine
Planches Ml par Pierre Marthelot
C'est à peine un paradoxe, lorsqu'on étudie une ville comme Bagdad,
au nom et au passé prestigieux, de dire que c'est une ville sans passé. Il fau
drait dire plutôt que, de ce qui fut sa grande époque, la période abasside, il
reste peu de traces, par l'effet de rabot de l'histoire, c'est-à-dire en l'occurence
des sièges, invasions, destructions et inondations répétées, s' acharnant sur
une architecture fragile de bois et d'argile I Ce sur quoi s'appuie, au départ,
le processus d'urbanisation actuelle c'est sur une ville d'assez modeste impor
tance, et qui est restée, pendant des siècles, ce qu'elle était au moment où
le calife Mustazhir l'avait enclose de murailles (1005). Bien que les murailles
aient été abattues au milieu du xixe siècle (1868-1871) par le wali turc
Midhat Pacha, c'est encore une ville dans ces étroites limites, qui est l'essen
tiel de Bagdad au début du xxe siècle. A la fin de la première guerre mondiale,
c'est un simple chef-lieu de wilayet, certes mieux placé et plus peuplé que
les deux autres (à savoir Mossoul et Basra), dont le découpage qui suivit
l'éclatement de l'Empire Ottoman fait une capitale d'État. L'histoire n'est
pas différente à Beyrouth, où cependant un site exceptionnel, rapidement et
intelligemment utilisé, devait accélérer de manière sensible la promotion de
la nouvelle capitale. A Bagdad, l'histoire est plus purement politique et admin
istrative, et suffit à expliquer la croissance rapide de la ville, en population
et en surface; les aspects économiques de ce développement sont dans l'e
nsemble seconds et sont limités aux échanges et services inhérents à la fonction
de capitale. C'est assez au demeurant pour que Bagdad soit la principale
bénéficiaire de l'exode rural, que la condition misérable de la classe paysanne
et sa vague intuition des chances qu'on peut y trouver en ville n'ont pas
manqué de déclencher en Irak comme dans tous les pays analogues.
Le processus d'urbanisation a donc pris ici un rythme accéléré, notamment
dans les 10 ou 15 dernières années, où la ville a été marquée d'un certain BAGDAD 25
gigantisme, succédant à une longue période de médiocrité et de stagnation.
Il serait intéressant d'en préciser la base démographique. Mais en ce domaine,
il es't difficile d'aboutir à une précision quelconque, les « estimations », dont
on fait état, étant peut-être plus précises que les chiffres officiels, si l'on veut
en rester au domaine de la vraisemblance et se borner à un ordre de grandeur :
si l'on s'en tient cependant aux chiffres publiés par le Ministère du Plan
irakien, et qui reproduisent ceux du dernier recensement (1957) en lui affec
tant un coefficient de croissance annuel aux fins de prévision, on aboutit
à un résultat différent de celui que proposait J. H. G. Lebon dans un article
de 1953, pour le grand Bagdad : 550 746 habitants, ou encore de celui auquel
s'arrête Etienne de Vaumas en additionnant les chiffres du recensement
de 1947 pour Bagdad et Kadhimiya, soit 515 411 hab.1 Ce dernier auteur
trouvait vraisemblable le chiffre de 600 000 et même de 700 000 en 1962 :
les chiffres fournis confirment à peu près sa prévision. En effet, voici les chiffres
obtenus en ajoutant à la population de Bagdad centre celle des agglomér
ations suburbaines qui sont en continuité avec l'agglomération principale :
Ville de Bagdad (Kada Baghdad) 361 654
Commune (Nahya) d'Al Adhamiya 112 065 de Karrada Al Sharkiya 130 161 d'Al Dora 64 369
Ville d'Al Kadhimiya 128 339
796 588
Ce sont là des chiffres très peu sûrs. Ils ne pourraient être corrigés que si,
au moins dans les centres urbains, un véritable dénombrement était entrepris,
avec quelques garanties de précision. Il est vraisemblable, étant donné l'a
ttraction exercée par la capitale, que les chiffres seraient vite supérieurs, s'ils
ne le sont déjà.
Tels sont les éléments qui expliquent qu'en moins de dix années, bien
des choses ont été transformées ou sont en cours de transformation. Bien sûr
les données de fond, telles que J. H. G. Lebon et É. de Vaumas les ont ana
lysées, n'ont pas changé, la référence à ces solides travaux restant essentielle.
Mais il a semblé qu'il pouvait être utile d'y ajouter des notes, tenant compte
d'une évolution toute récente. Elles ont été rassemblées dans de mauvaises
conditions, au cours d'un trop rapide séjour, perturbé, d'autre part, par les
troubles qui ont marqué le mois de novembre 1963 ; enfin, un certain climat
de méfiance ne rend pas aisée la collecte ou même la consultation des docu
ments les plus élémentaires : plans détaillés, photographies, chiffres ne peuvent
être rassemblés , qu'à très grand-peine! Il faut donc souvent s'en remettre
à l'observation visuelle, qualitative, pour juger des transformations accomp
lies.
1. J. F. G. Lebon, The site and modem development of Baghdad (Bull, de Soc. de Géog.
d'Egypte, t. XXIV, 1956, p. 732, 9 fig., 4 pi. photo.), et Et. de Vaumas, Inntroduction géographique
à l'étude de Bagdad (Arabica, spéc, publie à l'occasion du 1 200e anniversaire de la fondation
de Bagdad, t. IX, 1962, 297 p., 2 cartes h. a). ANNALES DE GÉOGRAPHIE 26
Et d'abord, que dire du site, qui n'ait d'ores et déjà été décrit et analysé
par les auteurs signalés plus haut ?
Pour l'observateur superficiel que peut être un géographe de passage,
l'élément frappant, c'est avec la légère surélévation des berges au droit du fau
bourg de Karh et de la vieille ville (l'ancienne Madinat), le rétrécissement du
lit du Tigre, rendant évidemment le passage plus facile, avec les moyens som
maires que constituaient malgré tout les ponts de bateaux traditionnels.
Les trains de méandres qui se développent en amont et en aval s'interrompent
ici, le fleuve présentant un cours rectiligne sur 2 ou 3 km, précisément au
moment où il passe entre les buttes très surbaissées où s'est perpétuée depuis
plus d'un millénaire l'agglomération. J. H. G. Lebon1 suggère que cette
particularité est non pas cause mais effet, et que le rétrécissement du lit
est dû aux apports (accretion) de décombres sur les rives. J'inclinerais plutôt
à penser que c'est là un fait naturel, lié à l'aboutissement en ce point du cône
ancien de la Diyala, dont Ë. de Vaumas signale à juste titre l'importance
dans le site de la ville.
Comment penser en effet que le formidable effet de chasse provoqué par
les crues du Tigre, aurait pu respecter la décharge de matériaux aussi meubles
que ceux que peut fournir une ville bâtie d'argile ? Bagdad, capitale d'empire,
puis de région, a été d'abord et avant tout une ville-pont entre deux buttes
à peine surélevées, mais qui du moins constituaient précisément comme deux
butées, pratiquement à l'abri des inondations.
Au demeurant, la ville moderne s'inscrit dans un cadre autrement ample
que celui qui vit se développer la première fondation d'Al Mansour, cadre
à l'intérieur duquel la ville s'est enkystée, lorsque trois siècles plus tard, le
calife Mustazhir entoura de remparts la Madinat, la Bagdad de la rive droite
(1005). Mais cet élargissement est tout récent : il est en étroite liaison avec
le relatif succès de la lutte contre les inondations du Tigre, qui ont si long
temps suspendu une terrible menace sur la ville, et ont de toute manière
limité son extension, en l'environnant de zones dangereuses, véritables che
naux de crues interdits à l'habitat 2. Le principal de ces chenaux se dévelop
pait parallèlement au cours du fleuve, sur la rive gauche, coupant la route
de

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