Berlin-Koweit. Les rapports Nord-Sud après la double secousse - article ; n°2 ; vol.56, pg 465-479
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Description

Politique étrangère - Année 1991 - Volume 56 - Numéro 2 - Pages 465-479
Two Shocks — Berlin and Kuwait — and their Impact on North-South Relations, by Zaki Laïdi
The ending of the cold war and the Gulf crisis hâve given a new meaning to North-South relations in an unexpected way. For 10 years, interest in the Third World was gradually disappearing but since 1989 new perspectives have emerged. On the one hand new importance has been assumed by the East and the Third World has been further marginalised. Secondly the Third World now appears more as a menace than an assett (drugs, migration, Aids, loxv price compétition, nuclear prolifération). In spite of ail this, North-South problems still exist. Three characteristic problems now dominate : Third World access to finance in a world where competition for scarce resources has increased ; adjustment to the worldwide wave of democratization ; maintenance of the Third world's political leverage now that the cold war has disappeared.
La fin de la guerre froide comme la crise du Golfe ont redonné un sens aux rapports Nord-Sud de manière presque inattendue. Alors que, depuis dix ans, nous nous étions progressivement convaincus que le Tiers-Monde n'existait plus, on a vu depuis 1989 resurgir la problématique Nord-Sud sous une double perspective. Celle d'une potentielle éviction ou marginalisation de ce Sud au profit d'un Est désormais valorisé. Celle aussi d'une menace venant d'un Sud qui disposerait moins d'atouts que de facteurs de nuisance (drogue, immigration, sida, produits à bas prix envahissant les marchés du Nord, prolifération nucléaire, etc.). Malgré cette évidente fluidité des perceptions, la problématique Nord-Sud se trouve désormais structurée par trois interrogations : les conditions de son accès à des ressources rares dans un contexte de compétition financière exacerbée, l'impact de la mondialisation de la démocratie et du marché sur son rythme de transformation économique et politique, enfin l'évaluation de son pouvoir de marchandage dans un contexte de disparition de la bipolarité.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 44
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Laidi
Berlin-Koweit. Les rapports Nord-Sud après la double secousse
In: Politique étrangère N°2 - 1991 - 56e année pp. 465-479.
Citer ce document / Cite this document :
Laidi. Berlin-Koweit. Les rapports Nord-Sud après la double secousse. In: Politique étrangère N°2 - 1991 - 56e année pp. 465-
479.
doi : 10.3406/polit.1991.4039
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1991_num_56_2_4039Abstract
Two Shocks — Berlin and Kuwait — and their Impact on North-South Relations, by Zaki Laïdi
The ending of the cold war and the Gulf crisis hâve given a new meaning to North-South relations in an
unexpected way. For 10 years, interest in the Third World was gradually disappearing but since 1989
new perspectives have emerged. On the one hand new importance has been assumed by the East and
the Third World has been further marginalised. Secondly the Third World now appears more as a
menace than an assett (drugs, migration, Aids, loxv price compétition, nuclear prolifération). In spite of
ail this, North-South problems still exist. Three characteristic problems now dominate : Third
World access to finance in a world where competition for scarce resources has increased ; adjustment
to the worldwide wave of democratization ; maintenance of the Third world's political leverage now that
the cold war has disappeared.
Résumé
La fin de la guerre froide comme la crise du Golfe ont redonné un sens aux rapports Nord-Sud de
manière presque inattendue. Alors que, depuis dix ans, nous nous étions progressivement convaincus
que le Tiers-Monde n'existait plus, on a vu depuis 1989 resurgir la problématique Nord-Sud sous une
double perspective. Celle d'une potentielle éviction ou marginalisation de ce Sud au profit d'un Est
désormais valorisé. Celle aussi d'une menace venant d'un Sud qui disposerait moins d'atouts que de
facteurs de nuisance (drogue, immigration, sida, produits à bas prix envahissant les marchés du Nord,
prolifération nucléaire, etc.). Malgré cette évidente fluidité des perceptions, la problématique Nord-Sud
se trouve désormais structurée par trois interrogations : les conditions de son accès à des ressources
rares dans un contexte de compétition financière exacerbée, l'impact de la mondialisation de la
démocratie et du marché sur son rythme de transformation économique et politique, enfin l'évaluation
de son pouvoir de marchandage dans un contexte de disparition de la bipolarité.POLITIQUE ÉTRANGÈRE I 465
Berlin-Koweit.
Zaki LAIDI Les rapports Nord-Sud
après la double secousse
La fin de la guerre froide comme la crise du Golfe ont redonné sens
aux rapports Nord-Sud de manière presque inattendue. Alors que,
depuis dix ans, nous nous étions progressivement convaincus que le
Tiers-Monde n'existait plus, on a vu depuis 1989 resurgir la problématique
Nord-Sud sous une double perspective. Celle d'une potentielle éviction ou
marginalisation de ce Sud au profit d'un Est désormais valorisé. Celle aussi
d'une menace venant d'un Sud qui disposerait moins d'atouts que de
facteurs de nuisance (drogue, immigration, sida, produits à bas prix envahis
sant les marchés du Nord, prolifération nucléaire, etc.). Dans une large
mesure, la crise du Golfe a renforcé cette seconde perception. Simultané
ment, l'on admet que l'ampleur des problèmes révélés par cette crise rend
impossible, voire dangereux, un désengagement du Sud. Ceci d'autant plus
que l'Est s'apparente moins à une « nouvelle frontière » de l'Occident qu'à
un espace instable et parfois en voie de tiers-mondisation. L'extension de la
problématique migratoire à l'Est européen en porte témoignage.
Malgré cette évidente fluidité des perceptions, la problématique Nord-Sud
se trouve désormais structurée par trois interrogations : les conditions de
son accès à des ressources rares dans un contexte de compétition financière
exacerbée, l'impact de la mondialisation de la démocratie et du marché sur
son rythme de transformation économique et politique, enfin l'évaluation de
son pouvoir de marchandage dans un contexte de disparition de la bipola-
rité.
Est-Sud : la compétition pour les ressources rares
La chute du mur de Berlin révéla le risque potentiel pour le Sud de souffrir
d'une diversion des ressources disponibles au profit de l'Est.
Pour l'aide publique dont dépendent tant l'Afrique, le Maghreb et l'Améri
que centrale, le risque de diversion ne paraissait pas considérable même si
les Etats-Unis exprimèrent le souhait de comptabiliser ensemble l'aide
publique à l'Est et au Sud. En effet et jusqu'à ces derniers mois, celle-ci ne
semblait devoir être qu'une modalité secondaire du soutien à l'Est. La
* Chercheur au CNRS rattaché au Centre d'études et de recherches internationales (CERI) de
la Fondation nationale des sciences politiques, Paris. I POLITIQUE ÉTRANGÈRE 466
priorité devait être donnée à l'assistance technique, aux investissements ou
aux prêts financiers. Le risque d'éviction semblait ne devoir toucher que les
pays fortement tributaires de l'aide américaine et que la fin de la guerre
froide fait passer du statut d'obligé à celui d'assisté (Nicaragua, Jamaïque,
Panama, Salvador).
La crise du Golfe et l'évolution cahotique vers le marché à l'Est ont
singulièrement rendu complexe cette équation initiale.
— L'euphorie est-européenne a vécu. La réticence remarquée des banques
à s'y aventurer sans garanties étatiques le souligne aisément. Mais cette
donne ne profitera pas nécessairement au Sud. En effet, si cette désaffec
tion financière venait à perdurer, elle contraindrait les pays occidentaux à
socialiser leur soutien à l'Est, autrement dit à faire assumer par la collecti
vité le coût du redressement à l'Est sous forme de rééchelonnements de
dettes massifs (Pologne), de garanties publiques sur les prêts bancaires,
d'accroissement de l'aide publique. Il y aurait « tension » sur les fonds
publics qui avantageaient l'Est au détriment du Sud — sauf dans l'hypo
thèse où la « règle de la nation endettée la plus favorisée » serait rigoureu
sement appliquée. Ainsi par exemple, on pourrait imaginer que le principe
d'annulation de moitié de la dette publique polonaise par le club de Paris
soit étendu aux pays d'Afrique ou du Maghreb. Il est peu probable que les
créanciers s'engagent sur cette voie car il faudrait envisager en premier lieu
une parité de traitement entre l'ensemble des pays est-européens.
— Sur cette problématique, la crise du Golfe exerce des effets ambivalents.
Elle a fait apparaître de nouveaux clients du Nord, qu'il s'agisse des pays
du Proche-Orient membres de la coalition anti-irakienne ou des pays exté
rieurs à la région dont le soutien aux Etats-Unis s'est révélé symbolique
ment important pendant la crise (les membres non permanents du Conseil
de Sécurité). Il convient enfin de prendre en compte le cas des pays du
Maghreb que l'Europe s'efforce de stabiliser économiquement pour endiguer
l'islamisme montant. De ce point de vue, on peut dire que la guerre du
Golfe a atténué le clivage Est-Sud en le déplaçant à l'intérieur du Sud. A
preuve la perspective de rééchelonnement très favorable de la dette égyp
tienne au club de Paris sur le modèle polonais, malgré la gestion économi
que désastreuse de ce pays par ses dirigeants. Reste à mesurer la capacité
des pays du Nord à maintenir la cohérence entre leurs engagements polit
iques et l'effectivité de leur soutien financier. Reste également à savoir si
nous nous trouvons en face d'un processus (fluide) appelant une gratifica
tion réelle mais limitée dans le temps aux pays du Sud membres de la
coalition anti-irakienne ou au contraire à une structure (stable) préfigurant
des alliances requérant un appui financier à long terme. La volatilité
extrême du système international incite sur ce point à une grande prudence.
— La fin de la guerre du Golfe et l'amorce de la reconstruction du
Koweit — et inévitablement celle de l'Irak — annoncent une intensification
sans précédent de la compétition mondiale pour les capitaux. Les trois
grandes sources d'excédents mondiaux — Allemagne, Japon, OPEP — se
trouvent, à des

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