Charles Lindblom : Inquiry and change. The troubled attempt to understand and shape Society   ; n°2 ; vol.24, pg 146-157
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Politiques et management public - Année 2006 - Volume 24 - Numéro 2 - Pages 146-157
12 pages

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Publié le 01 janvier 2006
Nombre de lectures 29
Langue Français
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Extrait

Eric Farges
Charles Lindblom : Inquiry and change. The troubled attempt to
understand and shape Society
In: Politiques et management public, vol. 24 n° 2, 2006. pp. 146-157.
Citer ce document / Cite this document :
Farges Eric. Charles Lindblom : Inquiry and change. The troubled attempt to understand and shape Society . In: Politiques et
management public, vol. 24 n° 2, 2006. pp. 146-157.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_2006_num_24_2_3205146 Revue des livres
Analyse d'un "CLASSIQUE"
LINDBLOM CE. : INQUIRY AND CHANGE. THE TROUBLED ATTEMPT
TO UNDERSTAND AND SHAPE SOCIETY, Yale University Press, 1990,
313 p.
« Inquiry and change »
ou l'aspiration d'une démocratie fondée sur l'enquête
Inquiry and Change. The Troubled Attempt to Understand and Shape Society,
qu'on peut traduire par "L'enquête et le changement. La difficile tentative de
comprendre et transformer la société"1, est un essai dans lequel Charles
Lindblom questionne le rôle des sciences sociales dans la conduite des
sociétés contemporaines2. Cet ouvrage poursuit dans une nouvelle
perspective les précédentes recherches de l'auteur qui portaient avant tout
sur la place de l'incertitude dans l'action publique. Né en 1918, Charles E.
Lindblom fait partie de ces économistes qui comme R. Dahl, A. Downs, A.
Hirschmann ou M. Oison s'intéressent à l'économie en politiste, et aux
questions politiques et sociales avec l'œil et le raisonnement de l'économiste.
C'est en économiste qu'il a apporté très tôt une contribution essentielle à la
démystification d'une vision prométhéenne de la planification et de l'action
dans les organisations. Avec la notion de disjoint incrementalism, il montra
que le policy process ne peut pas être l'incarnation linéaire d'une rationalité
omnisciente et prévoyante mais constitue le résultat imprévisible et largement
implanifiable de la compétition entre acteurs qui, dotés de « rationalités
limitées », cherchent à « se débrouiller » ou « tirer leur épingle du jeu » (to
muddle through) au mieux de leurs intérêts. Bien qu'admirateur du principe du
marché, comme mécanisme de coordination politique, Lindblom est un
critique sévère d'une économie de marché où les rapports de force sont
souvent biaises en faveur des grandes organisations. C'est en tant que
politiste qu'il cherche à approfondir le rôle que les sciences sociales peuvent
jouer dans la tentative d'infléchir les processus sociaux en élargissant la
rationalité des acteurs.
Bien que davantage centrées sur l'action publique en tant que telle, les
premières recherches de Lindblom n'étaient pas étrangères à la réflexion
épistémologique d' Inquiry and Change. Déjà en 1959, remarque Harry
Redner, dans un article devenu célèbre3, il tentait « d'expliquer et de
comprendre les incompatibilités et les incompréhensions qui adviennent
fréquemment entre les chercheurs en sciences sociales et les politiciens ou
administrateurs »4. Lindblom a ensuite élargi sa réflexion en interrogeant le
1 Le terme d'inquiry se réfère aussi bien à la "recherche", sous-entendue scientifique, qu'à Henquête" que peut
effectuer chaque individu en vue de résoudre un problème. Pour rendre compte de cette multiplicité des
significations, on traduira inquiry soit par "recherche" soit par "enquête", selon le contexte, sachant qu'il n'existe
pas pour l'auteur de coupure radicale entre les deux démarches.
Je tiens à remercier Vincent Spenlehauer pour ses remarques et ses conseils qui m'ont permis de rédiger ce
texte, toute erreur et maladresse demeurant bien sûr de ma seule responsabilité.
3 Lindblom CE, « The Science of "Muddling Through" », Public Administration Review, 1959, vol. XIX, n°2,
printemps, 4 Redner H., pp. « 79-88. Introductory Comment : The Pattern in the Work » in Redner H. (dir.), Politics, Policy and
Science in the work of C. Lindblom, 1993, Oxford, Westview, Press, p. 6. Revue des livres 147
lien entre la connaissance scientifique et le savoir profane. Dans Usable
Knowledge, il s'interroge ainsi sur le rôle que la « recherche sociale
appliquée » {professional social inquiry) peut jouer dans la résolution des
problèmes sociaux1. « Nous croyons, écrit-il, que les scientifiques et les
chercheurs en sciences sociales doivent avant tout comprendre leurs propres
pratiques professionnelles, rendues obscures par la confusion habituelle entre
ce qu'ils font réellement et ce que les normes scientifiques conventionnelles
les persuadent de faire. [...] Nous suggérerons le type de questions que les
scientifiques et les chercheurs en sciences sociales doivent poser à propos
de leur propre travail s'ils souhaitent pouvoir mieux le concevoir en tant que
contribution possible non seulement à l'élaboration des politiques (policy
making) mais également à d'autres formes de résolution des problèmes
sociaux »2. Lindblom observe à cet égard que « le savoir que nous utilisons le
plus dans la résolution des problèmes sociaux est ordinaire » et que « la
recherche professionnelle ne saurait apporter plus qu'un supplément à la
connaissance ordinaire »3.
Inquiry and change poursuit cette réflexion épistémologique non plus
uniquement à partir des sciences sociales mais en analysant de façon plus
générale les processus par lesquels les individus tentent de résoudre les
problèmes sociaux auxquels ils sont confrontés. En effet Lindblom décrit la
production du savoir comme un processus social très vaste auquel prend part
chaque individu : « J'entends explorer la recherche sociale ou la production
d'un savoir sur la société comme un vaste processus social dans lequel
même les individus ordinaires relativement peu informés occupent un rôle
significatif à côté des dirigeants de la politique ou de l'opinion publique » (p.
3). Inquiry and change vise à souligner les difficultés dans la manière dont le
savoir est utilisé, mettant ainsi en évidence l'affaiblissement de la capacité
des personnes à penser de façon satisfaisante. Cette analyse apparaîtrait
d'autant plus nécessaire, souligne l'auteur, que l'information inadéquate aurait
joué un rôle central dans le développement des sociétés : « Toute l'histoire de
l'humanité peut être lue pour une grande partie comme une histoire des
limites de la recherche dont l'ignorance, la superstition, les limites de
l'enquête, l'exil et l'exécution des opposants, les nombreuses intimidations de
la tyrannie, les contraintes constantes de la pression de nos semblables et
l'utilisation des médias pour la propagande constituent quelques unes des
manifestations » (p. 69).
Inquiry and change explore donc le savoir d'une manière originale sous une
triple problématique. Comment le sert-il à résoudre les problèmes
sociaux dans les sociétés occidentales modernes ? Comment l'ignorance et
les défauts d'analyse obstruent notre capacité d'analyse ? Comment, enfin,
est-il possible d'améliorer la situation actuelle ? On restituera dans un premier
temps les principales thèses défendues par l'auteur, après quoi on esquissera
quelques prolongements de la pensée de Lindblom que l'on confrontera à
d'autres auteurs.
1 Lindblom CE., Cohen D.K., Usable Knowledge: Social Science and Social Problem Solving, New Haven,
231979, Ibid, Yale p. 13 vii. University, et (Toutes 35. les 129 citations p. des ouvrages de Lindblom ont été traduites par nous). 148 Revue des livres
La possible contribution des sciences sociales
au fonctionnement démocratique
L'argumentation d'Inquiry and Change s'articule en quatre temps. Après avoir
souligné que la recherche de ses propres attentes (Probing Volitions)
constitue le processus par lequel les individus tentent de répondre aux
problèmes sociaux, Lindblom met en évidence dans un second temps les
limites que connaît cette recherche (Impaired Inquiry). Il analyse ensuite la
contribution des sciences sociales à la résolution des problèmes sociaux {The
Social Science Contribution) après quoi il tente d'imaginer dans quelle mesure
celles-ci peuvent améliorer la capacité de raisonnement des individus
(

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