Corée et Indochine. Deux programmes d aide américaine - article ; n°2 ; vol.21, pg 175-190
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Corée et Indochine. Deux programmes d'aide américaine - article ; n°2 ; vol.21, pg 175-190

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Description

Politique étrangère - Année 1956 - Volume 21 - Numéro 2 - Pages 175-190
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Bernard B. Fall
Corée et Indochine. Deux programmes d'aide américaine
In: Politique étrangère N°2 - 1956 - 21e année pp. 175-190.
Citer ce document / Cite this document :
Fall Bernard B. Corée et Indochine. Deux programmes d'aide américaine. In: Politique étrangère N°2 - 1956 - 21e année pp.
175-190.
doi : 10.3406/polit.1956.2545
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1956_num_21_2_2545CORÉE ET INDOCHINE
DEUX PROGRAMMES D'AIDE AMÉRICAINE
Quel que soit le résultat final de l'épreuve de force qui est en train de se
jouer en Asie, entre les Etats-Unis et le bloc soviétique, il est d'ores et déjà
certain que les programmes d'aide — américaine du russo-chinoise — y
auront joué un rôle capital. Le fait même que le bloc soviétique, après
dix années de tactiques plus « directes » — la subversion politique comme
en Tchécoslovaquie, ou la guerre ouverte, comme en Corée ou en Indochine
— se soit lancé d'un coup dans les programmes d'aide aux nations du Moyen
et Extrême-Orient, prouve que l'idée d'un tel programme est lourde de
conséquences politiques et plus apte à obtenir des résultats concrets que
des programmes abstraits qui ne sont guère à la portée de l'Asia
tique moyen.
L'idée du programme d'aide n'est ni neuve, ni propre aux Etats-Unis.
Mais jusqu'ici cette aide était généralement limitée à soutenir l'effort d'un
pays allié avec les fournitures de guerre nécessaires pour mener à bien la
campagne en cours. Dans d'autres cas, un ou plusieurs Etats établissaient
un programme d'aide temporaire à une population en détresse (aide aux
Grecs de Turquie après la première guerre mondiale, ou aide à la Chine
après les inondations désastreuses des années 1930 à 1934). Cependant,
tous ces programmes avaient un caractère strictement ad hoc, et leur mission
prenait généralement fin avec la situation d'urgence qui l'avait suscitée.
Ce ne fut pas le cas de l'aide américaine après 1 947. Après l'effort énorme
fourni par le programme Prêt-Bail des années de guerre 1940-1945, de
l'U. N. R. R. A. et du C. N. R. R. A. (I) — pratiquement entièrement
financés par les Etats-Unis — l'idée d'un vaste programme d'aide quasi
permanente prit forme lorsque les événements de Grèce, à la fin de 1 946,
forcèrent les Américains à reconsidérer toute leur politique européenne :
le choix était entre l'évacuation totale de l'Europe devant la pression sovié
tique — ce que désiraient d'ailleurs les isolationnistes américains — ou
(1) La C. N. R. R. A. était l'équivalent de l'U. N. R. R. A. en Chine. 176 BERNARD FALL
bien l'intervention grâce à un programme d'aide économique qui aiderait les
nations bénéficiaires à trouver un équilibre leur permettant de
résister à la pression communiste,, intérieure d'abord — extérieure ensuite.
Le 1 2 mars 1 947, le président Truman franchit le Rubicon : « J'ai la convic
tion que les États-Unis doivent aider les peuples libres qui résistent aux
tentatives d'asservissement... (et)... que le principe de notre assistance
devrait s'exprimer en termes d'aide économique et financière essentielles à
la stabilité économique et, partant, politique, de ces pays. »
Trois mois plus tard, le plan Marshall fut adopté et devint la base de tous
les programmes d'aide américaine qui suivirent. Le principe de l'aide
économique et militaire en temps de paix en tant qu'arme politique à longue
portée était né.
La loi M. D. A. P.
En 1949* le moment était venu pour les États-Unis de condenser les
différents programmes d'aide militaire en un seul, de manière à coordonner
la distribution de l'aide militaire et civile à l'échelle mondiale. L'aide mili
taire fut donc coordonnée sous l'égide du Département de la Défense au
sein de la loi sur le « Pacte d'Assistance Mutuelle pour la Défense » (Mutual
Defense Assistance Program), mieux connue par ses initiales américaines
M. D. A. P.
Cette loi stipule que l'aide militaire à un pays ne peut être accordée que
si un accord à cet effet a été conclu avec le pays en question ; elle fixe les
livraisons de manière à ne pas entamer les réserves américaines, prévoit
l'emploi de techniciens et experts militaires américains auprès des armées
nationales bénéficiant d'une telle aide, et précise enfin qu'au moins la moitié
du tonnage de matériel envoyé doit être transportée sur navires battant
pavillon américain. Juridiquement, l'aide M. D. A. P. est basée sur une
série de traités bilatéraux entre les États-Unis et les États bénéficiaires.
A l'échelon local, c'est-à-dire dans chaque pays membre du M. D. A. P.,
une mission militaire spéciale, ne dépendant pas nécessairement de l'attaché
militaire américain de l'endroit, administre l'application du programme :
le M. A. A. G. ou Military Assistance Advisory Group. C'est en fait le M. A.
A. G. local qui règle le rythme d'arrivée du nouveau matériel, selon ce qu'il
juge être la capacité d'absorption et d'utilisation de l'armée locale. A ce
titre, et en dépit du fait que, théoriquement, « les pays bénéficiaires devien
nent propriétaires et maîtres de l'emploi des matériels réceptionnés » (1 ),
les M. A. A. G. conservent un important droit de regard au sujet du matér
iel livré, y compris, apparemment, celui d'évacuer ce matériel hors du
(1) Axelrad, Edouard, < Les trois dimensions de l'aide américaine », Indochine~Sui-Est
asiatique, n° 23, Saigon, novembre 1953, p. 36. CORÉE ET INDOCHINE 177
pays auquel il a été alloué. Cela, en tout cas, a été le cas en Indochine.
Questionné par la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain
quant au sort du matériel américain qui se trouvait en Indochine après le
cessez-le-feu de Genève, l'amiral Radford, président du Comité des chefs
d'état-major, a répondu au sénateur Alexander Smith, le 9 mai 1 955 :
« Non, Monsieur, nous n'avons pas (perdu d'équipement) ; nous avons
retiré cet équipement. »
Sénateur Smith. — Est-il allé au sud, ou bien entièrement hors du pays?
Amiral Radford. — Nous avons évacué la plupart vers le sud. C'est là que
nous sommes en train d'en faire l'inventaire, et le matériel déclaré en
excès sera retiré du Sud Vietnam.
Sénateur Smith. — Sera-t-il disponible pour d'autres pays d'Asie si nous
en avions besoin?
Amiral Radford. — Une certaine partie en a été redistribuée (1 ).
L'importance du contrôle exercé par les M. A. A. G. sur l'aide améri
caine est souvent sous-estimée. En fait, il s'étend non seulement sur l'équ
ipement fourni directement aux armées alliées, mais aussi sur le Direct
Forces Support, l'aide d'appui direct aux armées. Comme nous le verrons,
les fonds ainsi soumis au contrôle des M. A. A. G. et relevant de la Défense
nationale américaine englobent plus d'un tiers du total de l'aide américaine.
D'ailleurs, l'importance du M. D. A. P. a été soulignée par le témoignage
de M. Struve Hensel, secrétaire adjoint à la Défense nationale, qui a déclaré
devant la commission sénatoriale :
« ... Je voudrais définir la philosophie qui, nous le croyons au Départe
ment de la Défense, devrait servir de guide à nos M. D. A. P. Nous croyons
que le M. D. A. P. est justifiable en tant qu'activité et dépense en vue d'ap
puyer notre propre sécurité — et non pas comme un programme d'aide ou de
« give away » (2).
Comme nous le verrons, le M. D. A. P. a suivi cette philosophie à la
lettre.
Programmes d'Aide Civile.
Comme le programme d'aide militaire, le programme d'aide civile actuel
a été créé par une série assez confuse de programmes isolés hâtivement
conçus au cours des années 1 946 et 1 947 pour clore la brèche entre le Prêt-
Bail et le réajustement des économies européennes et asiatiques,

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