Entrée en politique et professionnalisation d appareil. Les écoles centrales de cadres du Parti communiste italien (1945-1950) - article ; n°35 ; vol.9, pg 89-108
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Entrée en politique et professionnalisation d'appareil. Les écoles centrales de cadres du Parti communiste italien (1945-1950) - article ; n°35 ; vol.9, pg 89-108

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Politix - Année 1996 - Volume 9 - Numéro 35 - Pages 89-108
Entry Into politlcs and professionalisation of the party bureaucracy. Central training schools for party officials In the Italian Communist Party 1945-50.
Anne Marijnen [89-107].
In 1944-1945 the italian communist party emerged as the major party of the left. Its growing membership required the promotion of new cadres. Training schools for party officials had the purpose of preparing party bureaucrats for political life, providing them with technical skills as well as ensuring the homogeneity and sense of belonging of party elites. The case of the PCI's national schools in the post-war period shows that this training involved a formal learning process and the trainees' acquisition of certain political habitus. The study of the school works, and the process of learning and character formation involved by this brief period of study in the Italian training schools, provides the bases for a sociology of party education. This study illustrates the creation and maintenance of a political identification and the reproduction of a model of political professionalisation among party officiais which is characteristic of communist parties.
Entrée en politique et professionnalisation d'appareil. Les écoles centrales de cadres du Parti communiste italien 1945-1950.
Anne Marijnen [89-107].
En 1944-45, la renaissance du PCI s'accompagne d'une forte croissance des effectifs et nécessite un encadrement accru. Les écoles de cadres doivent former des cadres d'appareil, les doter de compétences techniques mais aussi assurer l'homogénéisation des dirigeants et leur parfaite acquisition de «l'esprit de parti». Le cas des écoles nationales du PCI dans le second après-guerre montre que cette formation passe par un apprentissage formel et se double de l'incorporation de dispositions particulières par les élèves. L'étude du fonctionnement des écoles, mais aussi du travail d'apprentissage, du travail sur soi qu'implique cette brève scolarité, permettent de proposer les éléments d'une sociologie de l'inculcation telle qu'elle est pratiquée dans les écoles italiennes. Elle éclaire la création ou l'entretien d'un rapport identitaire à l'organisation et la reproduction d'un modèle de professionnalisation politique d'appareil qui fut caractéristique des partis communistes.
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Anne Marijnen
Entrée en politique et professionnalisation d'appareil. Les écoles
centrales de cadres du Parti communiste italien (1945-1950)
In: Politix. Vol. 9, N°35. Troisième trimestre 1996. pp. 89-108.
Citer ce document / Cite this document :
Marijnen Anne. Entrée en politique et professionnalisation d'appareil. Les écoles centrales de cadres du Parti communiste
italien (1945-1950). In: Politix. Vol. 9, N°35. Troisième trimestre 1996. pp. 89-108.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polix_0295-2319_1996_num_9_35_1957Abstract
Entry Into politlcs and professionalisation of the party bureaucracy. Central training schools for party
officials In the Italian Communist Party 1945-50.
Anne Marijnen [89-107].
In 1944-1945 the italian communist party emerged as the major party of the left. Its growing
membership required the promotion of new cadres. Training schools for party officials had the purpose
of preparing party bureaucrats for political life, providing them with technical skills as well as ensuring
the homogeneity and sense of belonging of party elites. The case of the PCI's national schools in the
post-war period shows that this training involved a formal learning process and the trainees' acquisition
of certain political habitus. The study of the school works, and the process of learning and character
formation involved by this brief period of study in the Italian training schools, provides the bases for a
sociology of party education. This study illustrates the creation and maintenance of a political
identification and the reproduction of a model of political professionalisation among party officiais which
is characteristic of communist parties.
Résumé
Entrée en politique et professionnalisation d'appareil. Les écoles centrales de cadres du Parti
communiste italien 1945-1950.
Anne Marijnen [89-107].
En 1944-45, la renaissance du PCI s'accompagne d'une forte croissance des effectifs et nécessite un
encadrement accru. Les écoles de cadres doivent former des cadres d'appareil, les doter de
compétences techniques mais aussi assurer l'homogénéisation des dirigeants et leur parfaite
acquisition de «l'esprit de parti». Le cas des écoles nationales du PCI dans le second après-guerre
montre que cette formation passe par un apprentissage formel et se double de l'incorporation de
dispositions particulières par les élèves. L'étude du fonctionnement des écoles, mais aussi du travail
d'apprentissage, du travail sur soi qu'implique cette brève scolarité, permettent de proposer les
éléments d'une sociologie de l'inculcation telle qu'elle est pratiquée dans les écoles italiennes. Elle
éclaire la création ou l'entretien d'un rapport identitaire à l'organisation et la reproduction d'un modèle de
professionnalisation politique d'appareil qui fut caractéristique des partis communistes.Entrée en politique
et professionnalisation d'appareil
Les écoles centrales de cadres du
parti communiste italien (1945-1950)
Anne Marijnen
École française de Rome
LE TERME de professionnalisation politique recouvre une grande variété
d'activités, de parcours et de professions politiques. On peut distinguer,
à l'instar de M. Cotta, plusieurs modèles de professionnalisation :
parlementaire, partisane ou politico-publique, ce dernier étant lié à
l'exercice de fonctions dirigeantes au sein de l'administration ou d'entreprises
para-publiques1. En étudiant les écoles centrales de cadres du parti
communiste italien (PCI) au sortir de la guerre, on entend prêter attention à la
renaissance d'une professionnalisation d'appareil mise à mal par le régime
fasciste. Par d'appareil, on entend les mécanismes de
construction, de sélection, de formation et d'organisation d'une bureaucratie
partisane destinée à assurer la direction, la gestion et la cohésion de ses
effectifs et de ses organisations de masse. Partant de l'hypothèse que dans le
cas des partis communistes cette professionnalisation se double d'un profond
investissement identitaire dans l'organisation, je centrerai plus
particulièrement mon propos sur le travail d'apprentissage, en l'occurrence
formalisé, le travail sur soi et le travail de novation qu'implique la
spécialisation politique d'appareil, mais aussi sur la façon dont ce travail est
organisé par l'institution et reçu par les élèves dans les écoles nationales de
Bologne, Faggetto Lario et Rome, au cours de la période 1945-1950. Après
avoir précisé le contexte dans lequel s'inscrivent ces écoles, on s'attachera à
mettre en évidence les ressorts du fonctionnement de la formation des cadres
communistes en proposant les éléments d'une sociologie de l'inculcation telle
qu'elle est alors pratiquée.
Ce travail s'appuiera d'une part sur du matériel d'archives concernant la
formation des cadres conservé à l'Institut Gramsci de Rome, et d'autre part sur
le regard que ceux-ci portent sur cette période, dans des témoignages
postérieurs^. L'utilisation de ce type de matériel implique les précautions
1. Cotta (M.), Classe politica aparlemento in Italia, 1946-1976, Bologne, II Mulino, 1979, p. 190.
2. Il s'agit d'une partie des archives de la commission des cadres du PCI, versée en 1991, à la
demande de M. Boarelli, à la Fondation Gramsci de Rome. Bien que lacunaires, les dossiers
couvrent assez bien les premières années d'existence du système de formation. On y trouve
notamment des statistiques, des données sur les programmes et la sélection des élèves, des
rapports d'activité par les directeurs des écoles, des rapports des inspecteurs de la commission
[suite de la note page suivante]
Politix, n°35 1996, pages 89 à 107 89 Anne Marijnen
d'usage en matière de traitement d'archives et de documents produits par
l'institution1. Il convient ici d'être particulièrement attentif aux conditions de
production et de mise à disposition de ce matériel, à la fois partisan et
administratif, et de noter que les documents vus ne représentent pas la totalité
du matériel existant puisqu'une partie n'est pas encore ouverte à la
consultation. Cependant les fonds disponibles, recoupés notamment avec la
presse et des témoignages dessinent un cadre qui ne devrait pas être
substantiellement modifié par la mise à disposition ultérieure des documents
restants. Dans le cas des partis communistes, cette attention aux sources doit
se doubler d'une précaution supplémentaire : réfléchir sur le cas communiste
c'est aussi être confronté à une organisation où la revendication de singularité
s'accompagne d'une construction attentive et contrôlée de celle-ci. Comme l'a
bien souligné Georges Lavau pour l'étude du parti lui-même ou Marc Lazar
pour celle de la culture communiste, il est nécessaire de se méfier de la
spécificité revendiquée et construite des partis communistes2. Cette
construction s'applique aussi aux écoles communistes, au discours officiel sur
l'enseignement qu'elles délivrent, et se surimpose au classique que
chaque institution peut produire sur elle-même.
Il faut cependant noter que dans le cas italien cette spécificité en matière de
recrutement et de formation des dirigeants est réelle en particulier par rapport
à la démocratie chrétienne (DC). Jusqu'au milieu des années cinquante, la DC
n'est pas un parti de masses au sens organisational du terme, ou plutôt elle
ne l'est que sur le papier3. La naissance rapide et formalisée d'une direction
nationale n'est pas accompagnée par le développement d'un appareil partisan
indépendant et d'organisations de masse qui lui sont propres puisque c'est
l'Église qui fournit au parti l'essentiel de ses ressources organisationnelles. La
force de la démocratie chrétienne repose sur les organisations catholiques
comme l'ACI (l'association catholique italienne) et sur le réseau des paroisses.
Jusqu'à la tentative (peu fructueuse) de réorganisation et de prise de distance
par rapport aux structures catholiques et ecclésiastiques orchestrée par A.
Fanfani entre 1954 et 1959, la DC se caractérise par sa dépendance, sa faible
institutionnalisation et par des «structures locales et intermédiaires faibles,
intermittentes dominées par des organisations externes». Il s'agit plus «d'une
organisation électorale aux limites fragiles et incertaines, manquant total

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