L abstention, clé du scrutin des 23 et 30 mars
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L'abstention, clé du scrutin des 23 et 30 mars

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Les pages FIGARO/CEVIPOF DU 12 MARS 2014

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Publié le 13 mars 2014
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Langue Français

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LE FIGARO mercredi 12 mars 2014
15ÉTUDES POLITIQUES CHAMPS LIBRES
PASCAL
PERRINEAU L’abstention, clé du scrutin
des 23 et 30 mars
La mobilisation aux municipales est un enjeu majeur pour les partis de gouvernement.
SI L’ON CONSIDÈRE le taux de partici- pal) ont connu une montée en puissan- municipales, 75 % des personnes inter- ainsi l’opposition de gauche qui avait
ce régulière et pourtant la participation rogées par l’Institut CSA (enquête réali- conquis une trentaine de villes de pluspation comme un indicateur fort du
sentiment d’appartenance à la collec- n’a pas suivi et accompagné ce mouve- sée du 14 au 18 février pour BFMTV, de 30 000 habitants.
tivité pour laquelle on vote, de maniè- ment, tout au contraire. Orange et Le Figaro) déclarent s’inté- Six ans plus tard, le mouvement
re claire les Français ont deux « pa- Le différentiel avec les élections na- resser (beaucoup ou un peu) à la cam- semble s’inverser même si, globale-
Professeur tries significatives » : la France et leur tionales de référence s’est même creu- pagne pour les élections municipales ; ment, le potentiel de participation reste
des universités commune. sé. Par exemple, lors des dernières mais il n’y a que 57 % des personnes in- faible et parfois même très faible dans
Ce civisme municipal a été particu- élections municipales de 2008, le taux terrogées qui affirment être tout à fait les catégories les plus jeunes de l’élec-à Sciences Po,
lièrement marqué pendant les trente d’abstention était à 17,3 points au-des- certaines d’aller voter le 23 mars. torat. À l’approche du scrutin, l’électo-chercheur au centre
epremières années de la V République. sus du niveau enregistré à l’élection À cette montée en puissance de la rat de droite reste un peu mieux mobi-de recherches
De 1959 à 1989, l’abstention aux muni- présidentielle de 2007. On n’avait ja- protestation abstentionniste qui semble lisé que celui de la gauche, l’électorat le
politiques de Sciences cipales est restée en dessous du seuil de mais connu un tel différentiel entre les particulièrement élevée à quelques en- plus indécis quant à sa participation
Po (Cevipof) 30 % et certaines élections très mobili- deux élections. Si ce processus se re- cablures du scrutin des 23 et 30 mars, étant celui du FN et celui qui n’a pas de
satrices (1965, 1977) enregistraient une produit en 2014, le taux d’abstention s’ajoutent les effets de la logique des préférence politique définie.
abstention très faible (environ 21 %) di- « élections inter- Mais à quelques semaines du scrutin,
Les deux élections qui mobi- gne d’une élection présidentielle. À Cette montée régulière de l’abstention médiaires ». le civisme électoral semble essoufflé.
lisent le mieux l’électorat cette « belle époque », l’abstention lors Ces élections La scène politique municipale pourrait plonge ses racines dans une défiance«français sont l’élection prési- des élections municipales ne dépassait sans obligation ni avoir du mal à attirer des électeurs
par rapport aux partis et plus largementdentielle et les élections mu- que de deux à cinq points le niveau sanction pour le comme elle a pu éprouver des difficul-
nicipales. Pascal Perrineau d’abstention constaté lors de la derniè- pouvoir national tés, dans nombre de communes, àau monde politique à la manœuvre
précise que, depuis 1958, re élection nationale de référence (lé- sont, la plupart du trouver des candidats.
dans la préparation de ces élections19,8 % des électeurs inscrits, gislative ou présidentielle). temps, des élec- Cependant la mobilisation des élec-»
en moyenne, se sont abstenus Mais, depuis la fin des années 1980, tions à handicap teurs est souvent, dans ces élections, un
dans la série des neuf élec- comme pour toutes les autres catégo- devrait se situer autour de 38 % des pour les forces de la coalition au pou- processus de dernier moment ; il reste
tions présidentielles qui ont ries d’élections, les élections munici- électeurs inscrits. voir. Ce handicap se mesure en particu- aux candidats, dans les dix derniers
été organisées. Seuls 26,5 % pales ont été touchées par un fort Cette montée régulière de l’absten- lier par un processus de démobilisation jours, à capitaliser la forte confiance qui
des électeurs de la majorité telle qu’elle des mêmes électeurs ont bou- mouvement de « fatigue civique ». Les tion qui touche la scène municipale existe encore entre les Français et leur
dé les urnes lors des neuf élections municipales de 2001 et de comme d’autres scènes politiques plon- s’est exprimée lors de la dernière élec- institution municipale.
élections municipales tenues 2008 ont été boudées par environ un ge ses racines non pas dans une subite tion distributrice de pouvoir national. Dans le dernier baromètre de
esous la V République. Le taux tiers des Français (32 % en 2001 et indifférence des Français vis-à-vis de Par exemple, entre l’élection prési- confiance politique du Cevipof de jan-
d’abstention des élections 33,5 % en 2008). leur destin municipal, mais plutôt dans dentielle de 2007 et les élections muni- vier 2014, de toutes les institutions po-
municipales est même légère- Le taux d’abstention enregistré en une défiance chaque jour confirmée de cipales de 2008, la majorité de droite litiques représentatives, le conseil mu-
ment inférieur à l’abstention 2008 est un record toutes catégories nombre d’électeurs par rapport aux avait perdu environ cinq points dans nicipal est la seule à faire l’objet d’une
(27,6 %) qui a affecté la série dans la longue histoire des élections partis et plus largement au monde poli- l’électorat et avait souffert d’une sous- confiance de la part d’une majorité ab-
des douze élections législati- municipales. Il y a là un véritable para- tique à la manœuvre dans la prépara- mobilisation de ses soutiens. Déçus par solue (62 %) de nos concitoyens. Cette
ves qui se sont succédé depuis doxe dans la mesure où la décentralisa- tion de ces élections. Un signe de cette Nicolas Sarkozy, une partie des élec- confiance poussera-t-elle les Français
1958. « Mais depuis la fin des tion a presque trente ans. Les pouvoirs prise de distance est évident quand on teurs de la droite et du centre avaient aux urnes ou restera-t-elle un vœu
années 1980, la “fatigue civi- locaux (et parmi eux le pouvoir munici- constate qu’à un mois de l’échéance des boudé les urnes municipales et favorisé pieux ? ■
que” affecte le scrutin munici-
pal », note Pascal Perrineau.
Pour Patrick Lehingue, pro-
fesseur de sciences politiques à
Amiens et spécialiste du vote, Le vote, un rite « survalorisé » par les politiques
le mal vient de la « survalori-
sation du vote » par les politi-
ques, de plus en plus à l’affût aujourd’hui irréfragable ». Principale- électeurs se remémorent très inégale- prolétarisation du PS, qui n’accueille
JOSSELINE ABONNEAU
de légitimité. Il vient aussi de ment entretenue par les politiques, les ment leur vote antérieur. Dans une en- plus de syndicaliste, ont participé à l’ac-jabonneau@lefigaro.fr
la professionnalisation des médias et les prédictions des instituts de quête sortie des urnes pour l’élection célération de cette endogamie sociale et
candidats, dans lesquels les ci- sondages, il y a, précise-t-il, « une sur- municipale d’Amiens en 1989, réalisée intellectuelle. Patrick Lehingue y voit
toyens ne se reconnaissent INTIMEMENT associé aux grandes dé- valorisation du rite électoral, souvent pré- par Patrick Lehingue et Daniel Gaxie, un « des facteurs du rejet de la politique
pas : « À l’Assemblée nationa- mocraties représentatives électives senté par les protagonistes du moment 37 % des électeurs interrogés se souvien- par les citoyens ».
le, 40 % des nouveaux élus en (américaine, anglaise, française) de la fin comme absolument crucial, alors même nent de leur vote précédent ; mais plus Cependant, même dénué de toute ex-
e2007 et 2012 n’avaient jamais du XVIII siècle, le vote moderne est le qu’il laisse, sauf rarissimes exceptions, d’un quart ne veulent pa

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