La France et son rapport au monde au XXe siècle - article ; n°3 ; vol.65, pg 827-839
14 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

La France et son rapport au monde au XXe siècle - article ; n°3 ; vol.65, pg 827-839

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
14 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 2000 - Volume 65 - Numéro 3 - Pages 827-839
France and its Relations with the World in the 20th Century, by Robert Frank France's international position has deteriorated during much of the century. Two significant and constant strands run through this period : the obsession with security in the face of the German danger, at least until the very décisive choice in favour of Europe made in 1950 ; and its often difficult relations with the English-speaking countries, which appear to want to contain French ambitions. But France's foreign policy also contains stances which serve more to reassure the French than to increase France's actual influence in the world. General de Gaulle's action after 1958 was a good remedy for the French syndrome after the 1940 defeat. Now that the French hâve been cured of this anguish, is it not time they exchanged their rhetoric of grandeur for a search for effectiveness ?
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 39
Langue Français

Extrait

Robert Frank
La France et son rapport au monde au XXe siècle
In: Politique étrangère N°3-4 - 2000 - 65e année pp. 827-839.
Résumé
France and its Relations with the World in the 20th Century, by Robert Frank
France's international position has deteriorated during much of the century. Two significant and constant strands run through this
period : the obsession with security in the face of the "German danger", at least until the very décisive "choice in favour of
Europe" made in 1950 ; and its often difficult relations with the English-speaking countries, which appear to want to contain
French ambitions. But France's foreign policy also contains stances which serve more to reassure the French than to increase
France's actual influence in the world. General de Gaulle's action after 1958 was a good remedy for the syndrome after
the 1940 defeat. Now that the French hâve been cured of this anguish, is it not time they exchanged their rhetoric of grandeur for
a search for effectiveness ?
Citer ce document / Cite this document :
Frank Robert. La France et son rapport au monde au XXe siècle. In: Politique étrangère N°3-4 - 2000 - 65e année pp. 827-839.
doi : 10.3406/polit.2000.4986
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_2000_num_65_3_4986POLITIQUE ÉTRANGÈRE 3-4/2000
La France et son rapport
Robert FRANK au monde . au XXe v™ siècle .\ ,
Depuis Louis XIV, 1789 et Napoléon, la France poursuit un rêve de grandeur.
Après la défaite contre l'Allemagne, en 1870, ce rêve se brise une première fois,
et les deux guerres mondiales accentuent le sentiment de déclin qui se développe
tout au long du XXe siècle. Perdant son statut de grande puissance après 1940,
la France se donne un nouveau rôle sous l'impulsion du général de Gaulle : mise
en place d'une force de dissuasion nucléaire, sortie des structures intégrées de
l'OTAN, politique de la chaise vide à Bruxelles, coopération avec les pays afri
cains et arabes. Mais la fin de la guerre froide et la construction européenne
remettent en cause l'héritage gaullien. Le renforcement de l'intégration euro
péenne, sous François Mitterrand, et la « révolution stratégique », opérée par
Jacques Chirac, permettent peut-être enfin à la France d'aujourd'hui de renoncer
au mythe de la grandeur pour jouer avec réalisme le rôle qui lui revient au sein
d'une grande Europe.
Politique étrangère
La France entretient avec le monde une relation toute spéciale,
suscitant l'admiration de certains et l'agacement de beaucoup :
elle se veut et se voit « grande » depuis des siècles, et elle pense,
surtout depuis 1789, avoir des choses à dire à l'univers, un message à
lui délivrer, une mission à remplir. Puisque la « grande nation »
éprouve, au plus profond de sa conscience collective, un besoin de
grandeur, elle ressent aussi une forte nostalgie, lorsqu'elle entrevoit
que son rôle n'est plus ce qu'il était.
Précisément, le XXe siècle n'est-il pas pour notre pays le temps dra
matique de l'incertitude et du doute ? Un sentiment de déclin hante
les Français depuis longtemps : il se renforce après la défaite de 1870-
1871, continue de se développer en dépit de la victoire de 1918 et
Robert Frank est ancien directeur de l'Institut d'histoire du temps présent (CNRS) et professeur d'histoire
des relations internationales contemporaines à l'université Paris I-Panthéon-Sorbonne. .
;
:
;
;
828 / POLITIQUE ÉTRANGÈRE
culmine enfin dans les années qui suivent la débâcle de 1940. Pendant
une grande partie du siècle, le rang de la France est en péril : jusqu'à
la Seconde Guerre mondiale, son statut de grande puissance est
menacé, puis il est perdu, même si le général de Gaulle tente après 1958
de lui redonner un rôle1. Dès lors que sa position internationale est en
question, la tentation n'est-elle pas grande de prendre des postures qui
la rassurent plus qu'elles ne renforcent son influence dans le monde ?
Mauvaises positions
La position de la France s'est modifiée au cours du XXe siècle, mais
on trouve au moins deux éléments de longue continuité : l'angoisse
pour sa sécurité en Europe se traduit pendant des décennies par l'ob
session du « danger allemand » ; l'ambition de jouer un rôle mondial
induit la nécessité de gérer des relations souvent difficiles avec les
Anglo-Saxons.
Le spectre de l'insécurité : l'obsession allemande de la France
Si, pendant les guerres de la Révolution et de l'Empire, la France, véri
table superpuissance avant la lettre, peut tenir tête à toute l'Europe,
les invasions et les défaites de 1814-1815 lui portent un coup dur. Mais
dans les années qui suivent, sa sécurité ne connaît pas de péril majeur.
L'équilibre européen établi par le Congrès de Vienne et la Sainte-
Alliance viennent en effet lui rappeler, sur un mode certes péniblement
« réactionnaire », que la paix dépend seulement de sa résignation à ne
pas recommencer à se soucier de la liberté des autres. La menace pour
l'Europe est présentée comme « française » et aucun autre danger ne
point à l'horizon.
Le tournant essentiel intervient avec l'unité allemande, conquise par
Bismarck lors de la guerre victorieuse contre la France en 1870-1871.
Les Français se réveillent non seulement sans l'Alsace et la Moselle
mais avec, à leurs frontières et au cœur de l'Europe, un vainqueur, un
ennemi redoutable, une grande puissance plus peuplée et de surcroît
1 Significatifs sont les titres des livres qui traitent de la « politique étrangère de la France » Pierre Guillen,
L'expansion : 1881-1898, Imprimerie nationale, Paris, 1985 Jean-Baptiste Duroselle, La décadence 1932-
1939, Imprimerie nationale, Paris, 1984, et L'abîme 1939-1945, Imprimerie nationale, Paris, 1983 Pierre
Gerbet (dir.), Le Relèvement: 1944-1949, Imprimerie nationale, Paris, 1991 Maurice Vaïsse, La grandeur.
Politique étrangère du général de Gaulle, 1958-1969, Fayard, Paris, 1998. LA FRANCE ET SON RAPPORT AU MONDE AU XXe SIÈCLE / 829
plus industrialisée2. La IIIe République naissante trouve une compens
ation dans les années 1880 en relançant, sous le regard bienveillant de
Bismarck, la conquête coloniale. Lorsque le XXe siècle commence, le
« danger allemand » est menaçant, puisque à la prudence bismarckienne
succède, en 1890, la politique de Guillaume II, plus agressive à l'égard
de l'Empire français. La sécurité est dès lors obtenue par un système
d'alliances avec la Russie tsariste et la Grande-Bretagne qui sort la
France de son isolement. Si cette bonne entente avec deux autres
grandes puissances a eu l'avantage d'assurer, après les graves crises de
1905 et de 1911, un Maroc français plutôt que germanique, elle a en
revanche contraint la France d'honorer ses engagements en 1914 aux
côtés de la Russie qui voulait protéger la Serbie contre l'Autriche, elle-
même alliée à l'Allemagne. L'engrenage conduisit tous ces pays à une
guerre que tout le monde prévoyait courte.
On sait que la guerre fut longue et sanglante. Pour les Français, la vic
toire en 1918 n'efface pas pour autant leur obsession allemande. Bien
au contraire, ils sont conscients de leur vulnérabilité, de l'aide essent
ielle des États-Unis entrés en guerre à leurs côtés en 1917 et de la
supériorité structurelle du Reich qu'ils n'auraient jamais pu vaincre
seuls. Malgré sa défaite et la rétrocession de l'Alsace et de la Moselle,
l'Allemagne conserve en effet la quasi-totalité de son grand potentiel
industriel, face à une France victorieuse mais exsangue et ruinée3.
Le traité de Versailles de 1919 accumule d'ailleurs tous les inconvé
nients : il est bien trop dur dans la mesure où il humilie durablement
les Allemands, et sa dureté n'assure pas pour autant la sécurité
des Français qui n'obtiennent même pas des Américains et des
Britanniques la garantie pourtant promise de leur sécurité. Toutes les
politiques sont essayées pour éviter que les Allemands ne soient en
mesure de prendre leur revanche. D'abord, la France opte pour la
politique de paix par la force, voire la brutalité : le non-paiement des

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents