La Grèce : les nouveaux choix - article ; n°4 ; vol.46, pg 891-903
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Description

Politique étrangère - Année 1981 - Volume 46 - Numéro 4 - Pages 891-903
La Grèce : les nouveaux choix, par F. Stephen Larrabee
L'avènement du PASOK constitue un phénomène nouveau dans la vie politique grecque. Pour la première fois dans la Grèce de l'après-guerre, arrive au pouvoir une formation qui remet en doute les dogmes fondamentaux de la politique étrangère de son pays. Bien que le PASOK se dise socialiste et entretienne des rapports avec les autres partis de cette famille politique, il a plus de points communs avec les formations populistes qui ont fleuri en Amérique latine qu'avec les partis socialistes d'Europe occidentale. Tout en posant les principes d'un retrait de l'OTAN à longue échéance, Papandréou a fait preuve de modération tactique depuis les élections. Pour lui, la menace la plus redoutable pour la sécurité de la Grèce provient des Turcs et non des Soviétiques et il souhaite que l'OTAN garantisse la frontière orientale de la Grèce. L'avenir des bases américaines en Grèce demeure en fait la principale inconnue dans les relations gréco-américaines : Papandréou souhaiterait qu'elles soient transférées hors du territoire grec. Plus ferme à l'égard de la Turquie, il mettra particulièrement l'accent sur la coopération entre pays balkaniques. Etant donné la position géographique de la Grèce, le neutralisme ne représente pas pour les Grecs une option viable en politique étrangère. Aussi l'orientation fondamentale de la Grèce en faveur de l'Occident ne devrait-elle pas être modifiée, en dépit d'ajustements inévitables.
Greece: the New Choices, by F. Stephen Larrabee
The coming up of the PASOK is a new phenomenon in Greek political life. For the first time in post-war Greece a movement comes to power which calls the basic dogmas of the foreign policy of its country into question. Though the PASOK says itself to be socialist and has relations with the other parties of this political family, it has more common points with the populist movements that appeared in Latin America than with the West European socialist parties. While suggesting the withdrawal from NATO for the future, Papandreou showed tactical moderation since the elections. According to him, the Turks and not the Soviets are the main threat for Greek security and he wishes NATO will guarantee the Eastern border of Greece. The main uncertainty in the Greco-American relations is the future of the American bases in Greece. Papandreou wishes them to be transfered out of the Greek territory. More steady towards Turkey, he will insist on the cooperation among the Balkanic states. Given the geographical position of Greece, neutralism is not a feasible choice for its foreign policy. For that reason, Greece should not change its basic orientation towards the West, even after some unavoidable adjustments.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1981
Nombre de lectures 46
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

F. Stephen Larrabee
La Grèce : les nouveaux choix
In: Politique étrangère N°4 - 1981 - 46e année pp. 891-903.
Citer ce document / Cite this document :
Larrabee F. Stephen. La Grèce : les nouveaux choix. In: Politique étrangère N°4 - 1981 - 46e année pp. 891-903.
doi : 10.3406/polit.1981.3091
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1981_num_46_4_3091Résumé
La Grèce : les nouveaux choix, par F. Stephen Larrabee
L'avènement du PASOK constitue un phénomène nouveau dans la vie politique grecque. Pour la
première fois dans la Grèce de l'après-guerre, arrive au pouvoir une formation qui remet en doute les
dogmes fondamentaux de la politique étrangère de son pays. Bien que le PASOK se dise socialiste et
entretienne des rapports avec les autres partis de cette famille politique, il a plus de points communs
avec les formations populistes qui ont fleuri en Amérique latine qu'avec les partis socialistes d'Europe
occidentale. Tout en posant les principes d'un retrait de l'OTAN à longue échéance, Papandréou a fait
preuve de modération tactique depuis les élections. Pour lui, la menace la plus redoutable pour la
sécurité de la Grèce provient des Turcs et non des Soviétiques et il souhaite que l'OTAN garantisse la
frontière orientale de la Grèce. L'avenir des bases américaines en Grèce demeure en fait la principale
inconnue dans les relations gréco-américaines : Papandréou souhaiterait qu'elles soient transférées
hors du territoire grec. Plus ferme à l'égard de la Turquie, il mettra particulièrement l'accent sur la
coopération entre pays balkaniques. Etant donné la position géographique de la Grèce, le neutralisme
ne représente pas pour les Grecs une option viable en politique étrangère. Aussi l'orientation
fondamentale de la Grèce en faveur de l'Occident ne devrait-elle pas être modifiée, en dépit
d'ajustements inévitables.
Abstract
Greece: the New Choices, by F. Stephen Larrabee
The coming up of the PASOK is a new phenomenon in Greek political life. For the first time in post-war
Greece a movement comes to power which calls the basic dogmas of the foreign policy of its country
into question. Though the PASOK says itself to be socialist and has relations with the other parties of
this political family, it has more common points with the populist movements that appeared in Latin
America than with the West European socialist parties. While suggesting the withdrawal from NATO for
the future, Papandreou showed tactical moderation since the elections. According to him, the Turks and
not the Soviets are the main threat for Greek security and he wishes NATO will guarantee the Eastern
border of Greece. The main uncertainty in the Greco-American relations is the future of the American
bases in Papandreou wishes them to be transfered out of the Greek territory. More steady
towards Turkey, he will insist on the cooperation among the Balkanic states. Given the geographical
position of Greece, neutralism is not a feasible choice for its foreign policy. For that reason, Greece
should not change its basic orientation towards the West, even after some unavoidable adjustments.POLITIQUE ETRANGERE I 891
LA GRECE :
F. Stephen LARRABEE
L'écrasante victoire du nouveau premier ministre Andréas Pa-
pandréou et de son Mouvement socialiste panhellénique
(PASOK) lors des dernières élections grecques a créé une
onde de choc qui s'est propagée d'un bout à l'autre de l'alliance
occidentale. Le succès de Papandreou met un terme à trente-
cinq ans de domination presque ininterrompue des conservateurs,
et porte au pouvoir un parti qui s'est engagé à introduire des chan
gements considérables dans la politique intérieure et extérieure
de la Grèce. Le PASOK a obtenu 48 % des voix et 172 des 300 siè
ges que compte le Parlement ; Papandreou dispose ainsi d'une
confortable majorité et reçoit, sans équivoque, mandat de mettre
en œuvre le programme de son parti.
Pour la première fois, parvient au pouvoir, dans la Grèce de l'après-
guerre, une formation qui remet en cause les dogmes fondamentaux
de la politique étrangère de son pays. Papandreou a violemment
critiqué le rattachement de la Grèce à la Communauté européenne
(CEE) et à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN),
tout comme ses relations avec les Etats-Unis ; il a adopté une
attitude très dure vis-à-vis de la Turquie. Qui plus est, ses positions
quant à divers autres problèmes internationaux essentiels, tels que
la détente ou le désarmement, contrastent vivement avec celles du
gouvernement Reagan.
Son élection suscite donc des incertitudes troublantes au sujet de
l'avenir de la Grèce et notamment ses liens avec l'Occident. Cette
nation est-elle vouée au neutralisme ? Quels seront les effets de
la victoire de Papandreou sur les relations entre la Grèce et l'OTAN ?
Son accession au pouvoir donnera-t-elle un nouvel élan à la vague
de pacifisme et de neutralisme qui balaie l'Europe ? Quelles seront
* Senior Fellow à la School of Advanced International Studies, de la Johns Hopkins
University.
** Cet article est fondé en partie sur des interviews effectués en Grèce peu avant
les élections.
Il est publié conjointement dans la revue Foreign Policy, n° 45, hiver 1981. 892 I POLITIQUE ÉTRANGÈRE
les conséquences du verdict populaire sur les relations entre la
Grèce et les Etats-Unis et l'avenir des bases américaines en Grèce ?
L'avènement du PASOK constitue un phénomène nouveau dans la
vie politique grecque. Issu du Mouvement panhellénique de
libération (PAK), mouvement de résistance fondé par Papandréou,
alors en exil, durant la dictature militaire de 1967-1974, le PASOK
comprend un vaste éventail d'éléments divers qui vont de la gauche
traditionnelle (représentée naguère par feu le parti d'Union du centre)
aux marxistes bon teint. Bien que le PASOK se dise socialiste et
entretienne des rapports avec les autres partis de cette famille
politique, il a plus de points communs avec les formations popul
istes qui ont fleuri en Amérique latine de 1930 à 1950, qu'avec
les partis socialistes que connaît aujourd'hui l'Europe occidentale.
Le socialisme du PASOK a pour vocation essentielle de canaliser le
mécontentement croissant que manifestent les Grecs devant la
récente détérioration de la qualité de la vie dans leur pays et leur
désir de changement. Au cours de sa campagne électorale, Papan
dréou a promis quelque chose à tout le monde : une hausse des
salaires aux travailleurs ; une augmentation du nombre des emplois ;
une amélioration des transports ; la réforme du système d'ense
ignement désormais désuet ; des logements à loyers modérés ;
l'élévation des prix agricoles ; ainsi qu'un remède à la corruption et à
l'inefficacité — ces deux plaies de l'administration de l'Etat. Il a
pris bien soin de faire une différence entre une vraie nationalisation
et la « socialisation » de l'économie qui suppose seulement un éla
rgissement de la participation des travailleurs à la marche des af
faires et à la direction de celles-ci. Il a également promis de décent
raliser le pouvoir pour accorder plus d'autonomie aux autorités
locales.
Le PASOK est la seule formation politique — à l'exception du
Parti communiste grec — qui dispose d'un important appareil à la
base et ne dépend donc pas d'un réseau de relations familiales ni du
troc de faveurs et de prébendes qui ont traditionnellement caractérisé
les autres partis grecs ; celui-ci recrute ses adeptes dans toutes les
couches de la société, dans les villes comme dans les campagnes.
En dépit de son implantation à la base, le PASOK demeure la
propriété de son fondateur, qui le mène avec une main de fer sans le
moindre esprit de tolérance pour les dissensions internes ou les
déviations. Les méthodes autocratiques de Papandréou ont conduit
à de nombreuses expulsions et l'on déplore souvent le manque
de démocratie interne dans le parti.
La myopie politique dont ont fait preuve les Etats-Unis, à l'époque
des colonels, a laissé derrière elle un relent d'amerturme et de
ressentiment et abondamment contribué à la croissance d'un sen- GRECE I 893
timent anti-américain en Grèce, voire à l'érosion du soutien accordé à
l'OTAN dans

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