La rencontre de Rambouillet - article ; n°1 ; vol.41, pg 13-25
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Description

Politique étrangère - Année 1976 - Volume 41 - Numéro 1 - Pages 13-25
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 90
Langue Français

Extrait

Frédéric Pottier
La rencontre de Rambouillet
In: Politique étrangère N°1 - 1976 - 41e année pp. 13-25.
Citer ce document / Cite this document :
Pottier Frédéric. La rencontre de Rambouillet. In: Politique étrangère N°1 - 1976 - 41e année pp. 13-25.
doi : 10.3406/polit.1976.1745
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1976_num_41_1_1745LA RENCONTRE DE RAMBOUILLET
par Frédéric POTTIER
Les chefs d'Etat ou de gouvernement des six principaux pays
industrialisés et libéraux se sont réunis pendant trois jours à Ramb
ouillet du 15 au 17 novembre 1975, pour débattre ensemble de
la prospérité de leurs pays. Ils étaient accompagnés de leurs mi
nistres des Finances et des Affaires étrangères. Assurément la ren
contre, inhabituelle, devait retenir l'attention de la presse mondiale.
Mais au-delà du spectacle, que s'est-il passé à Rambouillet ? S'agit-il
d'un événement important dans le cours des relations entre pays
libéraux ?
Les effets de la rencontre n'apparaissent que lentement, il en est
de même de sa signification politique. Si le « séminaire » de Ramb
ouillet ne doit entraîner que des résultats modestes, il n'aura été
qu'une tentative parmi d'autres dans le désarroi actuel. En revanche,
s'il contribue à résorber la crise, et si cette rencontre est la première
d'une série de rendez-vous au sommet, elle se révélera peut-être
comme un véritable événement.
S'il est encore difficile après deux mois d'évaluer la portée du
sommet, une hypothèse mérite cependant d'être examinée : Ramb
ouillet pourrait bien avoir été l'amorce d'un nouveau système de
relations entre pays industrialisés et libéraux.
I. DES RESULTATS RELATIVEMENT SATISFAISANTS
La rencontre de Rambouillet avait un objet singulièrement vaste,
rien de moins que la situation économique mondiale. Les chefs
d'Etat et de gouvernement voulaient identifier les problèmes communs
à leurs pays, en évaluer les conséquences, examiner les programmes FRÉDÉRIC POTTIER 14
d'action nécessaires (1). Bien que le document final et les indications
données à la presse soient vagues, on peut cependant juger les
résultats relativement satisfaisants, si on les compare aux pronostics
sceptiques d'avant la rencontre ; Rambouillet paraît avoir apporté
quelques orientations utiles, même si elles sont loin d'épuiser le
champ de la coopération possible.
Pour simplifier l'analyse, on peut distinguer, dans les travaux
du séminaire de Rambouillet, deux séries de problèmes : d'une part
les relations entre pays industrialisés (redressement des économies,
monnaie, commerce) ; d'autre part les relations économiques de
cet ensemble avec le reste du monde (avec les producteurs de
pétrole, avec les pays en voie de développement, avec les pays
socialistes) (2).
Le redressement économique
Le était évidemment le premier des
sujets de réflexion, mais il s'agit d'un thème qui promet plus qu'il
ne tient. Certes, l'interdépendance des économies est aujourd'hui
généralement reconnue ; il n'en résulte pas malheureusement que les
politiques conjoncturelles puissent être facilement coordonnées. Les
évolutions sont très divergentes et les contraintes
exercées par l'opinion publique trop grandes, pour que les dirigeants
des démocraties industrialisées puissent aller très loin dans cette
voie. Il semble qu'ils se soient bornés à une simple information sur
leurs plans à court terme ; ce qui n'est d'ailleurs pas sans valeur,
si par une meilleure connaissance des projets mutuels, l'incertitude
sur l'évolution extérieure peut être réduite pour la gestion de cha
cune des grandes économies.
Les Etats-Unis avaient annoncé, plusieurs semaines avant la ren
contre, leur refus d'accélérer la reprise chez eux, alors que certains
milieux allemands et britanniques espéraient un nouveau coup de
(1) § 1 de la « Déclaration » de Rambouillet.
(2) Chacune de ces six questions devait faire l'objet d'un exposé d'introduction,
présenté par l'un des participants. M. Schmidt était chargé du redressement écono
mique, M. Giscard d'Estaing de la monnaie, M. Miki du commerce international,
M. Ford de l'énergie, M. Wilson des pays en voie de développement et M. Moro
des relations avec les pays socialistes. RAMBOUILLET 15
pouce à Washington. L'harmonisation des taux d'intérêt entre les
Etats-Unis et la République Fédérale impliquant une baisse du taux
américain, que souhaitait le Chancelier Schmidt, n'a pas davantage
été convenue. Les Européens ont constaté que les Etats-Unis ne
voulaient pas accélérer leur inflation pour résorber la récession des
autres.
Il y a donc eu consensus pour ne pas accélérer la reprise, de peur
de relancer l'inflation. Celle-ci paraît avoir été, à Rambouillet, la
préoccupation principale des dirigeants occidentaux. Il est vrai que
l'économie américaine se trouvait alors dans une phase de reprise
très rapide (+ 13 % de croissance du P. N.B. en taux annualisé) ;
dans le même temps, les économies européennes et japonaises
voyaient se manifester les signes précoces de l'assainissement. Il est
significatif, d'ailleurs, que l'on ait pris depuis Rambouillet, dans les
six nations, aussi peu de nouvelles mesures expansionnistes.
Les arrangements monétaires
Lorsque dans les coulisses du sommet d'Helsinki, M. Giscard
d'Estaing présenta à ses collègues américain et européens, un projet
de Conférence à Cinq, son but principal était de rapprocher les
points de vue sur les affaires monétaires. Le Président de la Répub
lique étant convaincu que la crise est avant tout monétaire, il était
logique qu'il cherchât à progresser vers un compromis, d'autant plus
que les protagonistes de la controverse sont à Paris et à Washington.
Un arrangement dans ce domaine pouvait justifier la réunion d'un
sommet occidental. Une négociation secrète franco-américaine fut
engagée et aboutit à deux arrangements.
Un document franco-américain jette les bases nécessaires à la
rédaction d'un nouvel article 4 des statuts du F.M.I. ; les Etats-Unis
y reconnaissent l'importance de retrouver un régime de parités fixes ;
mais ce régime ne pourra être rétabli que par un vote au F.M.I.
à la majorité de 85 % des voix, ce qui donne un droit de veto à
Washington ; même si ce vote de principe est acquis, un pays pourra
décider de choisir les changes flottants et ne pourra être contraint
à revenir à une parité fixe que par un autre vote à la majorité de
85 % . En bref, Paris reconnaît le régime actuel de changes flottants,
tout en faisant accepter pour l'avenir, mais à terme indéterminé, le 16 FREDERIC POTTIER
principe d'un retour aux parités fixes. Ce règlement scolastique
avait pour conséquence pratique de permettre au Comité des 20 de
parvenir à la Jamaïque, en janvier 1976, à un accord.
Parallèlement, un arrangement multilatéral fixait les conditions
dans lesquelles les autorités monétaires des Etats-Unis et des pays
du « serpent » européen interviendraient pour atténuer les mou
vements erratiques de change. Il s'agit là d'une concession améri
caine de principe, dans la mesure où Washington reconnaît impli
citement que les mouvements constatés ne sont pas tous justifiés
par des raisons économiques et qu'un contrôle est nécessaire. Le
libéralisme intégral de M. Simon admet aujourd'hui une certaine
dose d'intervention.
Certes, ce contrôle n'est qu'un minimum. Il repose en effet sur
la distinction, difficile à établir dans les faits, entre mouvements
normaux et mouvements erratiques (l'intervention devrait être l'e
xception et non la règle). Les autorités monétaires conservant le
droit de décider — ou non — d'une intervention, un mécanisme
d'appel et d'orientation générale est organisé entre les directeurs du
Trésor et les ministres des Finances, qui se consulteront réguliè
rement. De plus, l'arrangement ne comporte,

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