La zone espagnole du Maroc et la guerre civile - article ; n°1 ; vol.2, pg 28-44
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Description

Politique étrangère - Année 1937 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 28-44
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 64
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

J. Ladreit de Lacharrière
La zone espagnole du Maroc et la guerre civile
In: Politique étrangère N°1 - 1937 - 2e année pp. 28-44.
Citer ce document / Cite this document :
Ladreit de Lacharrière J. La zone espagnole du Maroc et la guerre civile. In: Politique étrangère N°1 - 1937 - 2e année pp. 28-
44.
doi : 10.3406/polit.1937.5578
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1937_num_2_1_5578LA ZONE ESPAGNOLE DU MAROC
ET LA GUERRE CIVILE
Pérennité des relations hispano-marocaines.
Sans doute faut-il remonter un peu loin. Car, autant la guerre civile,
qui, depuis des mois, ravage l'Espagne, constitue un épisode trop habituel
à la vie politique de la Péninsule ibérique, autant les interférences, que le
présent fait apparaître du nord au sud du Détroit de Gibraltar, répètent
des précédents anciens par lesquels sont expliquées bien des normes de
l'actualité.
Le Détroit n'est pas une barrière; c'est à peine une limite géographique;
sur ses deux rives le paysage se ressemble de façon singulière. Il n'a jamais
formé un obstacle sérieux aux déplacements des hommes qui l'ont franchi
dès la plus haute antiquité : Carthaginois, Romains, Vandales, Arabes.
Tous les étrangers qui ont successivement conquis l'Afrique du Nord
ont passé d'un bord à l'autre, établissant ainsi entre eux des interdépen
dances de fait, lesquelles n'ont pas été sans influer sur le destin des rares
dynasties indigènes : Almoravides, Almohades, Mérinides, dont le bref
rayonnement a dominé la Berbérie. Bien plus, et pendant des siècles,
l'Espagne et le Maroc au moins dans sa partie septentrionale ont été
confondus sous les mêmes dominations politiques et parfois séparés, de
ce fait, des autres régions nord-africaines : les Romains avaient rattaché
la Mauritanie Tingitane au Diocèse d'Espagne, le Khalifat de Cordoue
étendu sur elle son protectorat, tout comme Yousouf Ben Tachfin ou
Abdel-el-Moumen ont annexé à leurs empires les provinces ibériques.
A tout prendre, les droits « historiques » invoqués par l'Espagne lors
des aménagements internationaux survenus au début du XXe siècle, et
qu'on datait alors de la Reconquista, avaient, dans le passé, des antécédents
que les injonctions du testament d'Isabelle la Catholique poussaient alors
à négliger.
L'Espagne et le Portugal voisins n'avaient pas été, au reste, seuls à tenter
de se fixer au sud du Détroit. Les Anglais s'établirent un instant à Tanger
qu'ils quittèrent de leur plein gré pour, bientôt, revenir à Gibraltar réparer ZONE ESPAGNOLE DU MAROC 29 LA
ce que Sir Arthur Nicholson appelait une « lamentable erreur » de l'Anglet
erre.
A la fin du XVIIe siècle, l'Espagne était installée sur la côte à Ceuta,
Alhucemas, Mélilla. Son occupation était limitée au périmètre de ces villes
impossible à franchir tant le Rif environnant s'avérait impénétrable
en raison de ses montagnes abruptes et de l'hostilité irréductible de ses
habitants. Elle avait transformé ces forteresses en bagnes ( presidios),
nom qui leur resta jusqu'à ces toutes dernières années, époque à laquelle
ils furent remplacés par celui de « place de souveraineté ». A plusieurs
reprises (1859-1860, prise de Tétouan par le maréchal 0. Donnel1; 1895,
expédition du maréchal Martinez Campos), l'Espagne tenta en vain
de briser le blocus qui rendait l'existence difficile aux Espagnols résidant
au Maroc, et qui dressait l'opinion publique métropolitaine contre l'occu
pation marocaine.
Statut internationnal de la Zone espagnole
Au début du XXe siècle comment se présente, au point de vue internat
ional, le problème marocain?
L'Angleterre à Gibraltar veut être maîtresse du passage; l'Espagne
continue d'être bloquée dans ses presides ; la France est en luttes continuelles
avec les dissidents sur les confins du Maroc.
A l'Europe, l'Empire marocain apparaît comme un Etat constitué,
ayant une existence assimilable à celle des Etats européens ; dans la réalité,
le Maroc n'existe pas. Il existait bien une région soumise au Sultan, le
Bled Makhzen, constitué généralement par les régions d'accès facile,
les plaines; mais la plus grande partie du pays, massifs montagneux,
plateaux de l'intérieur, étaient insoumis, en Siba, et n'obéissaient pas
au souverain. L'Empire était si peu unifié, les communications étaient si
difficiles que, pour envoyer des renforts à Oujda, le Sultan était obligé de
les faire embarquer à Tanger, de demander l'autorisation du gouvernement
français de les débarquer, non pas sur la côte marocaine, mais à Nemours
d'où ils étaient convoyés jusqu'à destination.
La puissance du Sultan, si aléatoire, si sporadique à l'intérieur, était
1 . Un journaliste, Germont de La Vigne, correspondant du Moniteur de l'Armée, note,
à la fin de ses correspondances, un détail à retenir, à savoir que cette guerre avait donné lieu
à un « déluge de faveurs telles que Napoléon n'en avait pas décerné la moitié dans toute
la période de ses campagnes ». 30 LA ZONE ESPAGNOLE DU MAROC
limitée, à l'extérieur, en raison de l'anarchie régnante, par certains statuts
particuliers. A la Conférence de Madrid (1880), les Puissances européennes
s'étaient réunies pour réglementer ces privilèges, ces capitulations, et il
faut noter qu'à cette occasion l'Allemagne avait déclaré au représentant
français, l'Amiral Jaurès : « qu'elle n'avait aucun intérêt au Maroc ».
Vingt ans plus tard, sous le ministère de M. Delcassé, des négociations
sont ouvertes par la France pour aboutir à un statut un peu mieux assis
et un peu plus conforme aux intérêts français. Ces différentes négocia
tions s'échelonnent de 1900 à 191 ï.
Avec l'Italie, un accord secret en 1900, confirmé en 1902 et 1912, nous
vaut le désintéressement de cette puissance au Maroc en échange de notre en Libye 1.
Avec l'Angleterre, à la suite du grand règlement qui termina l'épisode
de Fachoda (1898-1899), ?un accord intervient '(8 avril 1904) sur des
bases analogues : désintéressement français en Egypte contre désintére
ssement anglais au Maroc. De cet acte, quelques passages sont à retenir
parce qu'ils définissent la situation et intéressent l'Espagne : la France
avait les mains libres éventuellement au Maroc, à la condition de ne pas
fortifier la côte entre Melilla et l'embouchure du Sebou, l'Angleterre
ne voulant pas que la puissance militaire de Gibraltar puisse être gênée
par des fortifications quelconques établies sur cette côte. Une clause
de cet accord prévoyait une entente de la France avec l'Espagne pour
satisfaire aux « droits historiques » dont pouvait se prévaloir cette der
nière.
Avec l'Espagne, un premier projet de traité, négocié en 1902 entre
M. Delcassé et M. Sagasta, envisageait l'abandon à l'Espagne d'une zone
d'influence considérable. Au nord, au lieu de s'inscrire dans les limites
actuelles, elle atteignait le Sebou et l'Oued Beth, absorbant Fès et Taza.
Le ministère Sagasta tombait à ce moment-là et le ministère Silvela qui
lui était substitué, refusait de donner suite à ce projet. Il fallut attendre
le 3 octobre 1904, c'est-à-dire le lendemain du traité franco-anglais, pour
que l'Espagne signât un nouvel accord. Dans cet acte, la zone concédée
à était sensiblement diminuée. De plus, un article 7 prévoyait
que l'Espagne ne devait pas aliéner sa zone au cas où elle ne pourrait
en prendre possession, et un article 9 prévoyait pour Tanger un régime
« spécial » qui l'excluait de la zone espagnole.
En attendant que ces accords, conclus en prévision de la mort possible
1 . L'annexion de la Libye n'avait pas été prévue dans ces accords qui valaient pour le
Maroc tout entier. Les Italiens n'en ont pas moins réclamé des avantages nouveaux qu'ils
ont obtenus d'ailleurs en 1928 à Tanger. LA GUERRE

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