Les Arabes et la colonisation juive en Palestine - article ; n°2 ; vol.1, pg 54-66
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Description

Politique étrangère - Année 1936 - Volume 1 - Numéro 2 - Pages 54-66
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1936
Nombre de lectures 34
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Robert Montagne
Les Arabes et la colonisation juive en Palestine
In: Politique étrangère N°2 - 1936 - 1e année pp. 54-66.
Citer ce document / Cite this document :
Montagne Robert. Les Arabes et la colonisation juive en Palestine. In: Politique étrangère N°2 - 1936 - 1e année pp. 54-66.
doi : 10.3406/polit.1936.6308
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1936_num_1_2_630854
LES ARABES ET LA COLONISATION JUIVE
EN PALESTINE (1>
Je voudrais vous exposer très brièvement l'un des plus curieux et des
plus passionnants problèmes de l'activité politique et sociale du monde,
et à coup sûr, l'un des problèmes les plus importants et les plus angois
sants qui se posent pour l'avenir de la Palestine.
Jusqu'en 1930, le Sionisme se développa d'une façon lente ; ses progrès
étaient d'ailleurs freinés par des crises successives. Il était impossible de
prévoir alors l'ampleur considérable qu'a prise le mouvement, depuis le
développement de l'antisémitisme en Europe centrale et orientale. Le
problème se présente maintenant sous un jour entièrement différent de
celui sous lequel il se posait, lorsque l'immigration des Juifs en Palestine
{c'était le cas avant 1930) comptait annuellement entre 5.000 et 10.000
individus. En 1 934, le nombre des Juifs venus en Palestine était de 40.000.
Les entrées régulières ont été, en effet, d'environ 20.000 ; mais il faut,
en outre, compter une immigration clandestine qui a permis, pour le
moins, à 20.000 personnes de pénétrer dans le pays. Il est certain que,
quelle que soit la situation de l'Europe, le mouvement va continuer avec
la même intensité, pendant quelques années encore.
Les Sionistes ont fait un effort très complet de publicité. Vous savez
qu'il existe en Europe centrale, dans toutes les régions où le nombre des
Juifs est élevé, des cours de préparation qui doivent permettre aux jeunes
gens de venir prendre, d'un jour à l'autre, leur place en Palestine. Ces
cours sont sans doute sans importance dans les centres anciens de la
Diaspora, où les Juifs réussissent à mener une existence agréable, où ils
ont des ressources importantes : c'est le cas de l'Irak, de Bagdad, ou de
Stamboul. Mais l'attrait du Sionisme est considérable pour tous les Juifs
d'Europe centrale et orientale qui se sentent menacés. En Pologne, où
vivent trois millions de Juifs, un « tour de vis » des autorités peut en faire
partir des dizaines de milliers en quelques semaines ; le mouvement de
l'immigration en Palestine est donc destiné, selon toutes chances, à se
développer suivant un rythme voisin de celui qu'il a pris durant ces der
nières années.
Pour bien se rendre compte des troubles que peut causer, en Orient,
l'immigration palestinienne et le développement du Sionisme, il est néces-
(i) Exposé fait au Groupe d'études de l'Islam par le Capitaine de Corvette Robert
Montagne, directeur de l'Institut Français de Damas. — 55 —
saire de se représenter le milieu géographique ainsi que le statut politique
des pays d'Orient.
Cette étroite bande de terre que forme la Palestine est limitée à l'est
par la mer Morte. A son voisinage, vers le nord, s'étend la Syrie, pays
■qui offre des ressources économiques plus variées que celles de la Palestine ;
en outre, la Syrie est peuplée en grande majorité d'Arabes, dont les mou
vements nationalistes ont une ampleur considérable, bien qu'ils n'aient
pas encore été organisés selon des formules précises, et qu'il soit impossible
de prévoir leur évolution. A l'est, se trouve l'Irak, nation arabe en format
ion, la TransJordanie, nouvel état arabe centralisé, et le Nedjd, peuplé de
tribus bédouines, qu'un souverain religieux, Abd el Aziz Ibn Seoud, a
réussi à rassembler et à gouverner avec autorité ; l'effervescence religieuse
peut y reprendre et s'allumer à nouveau comme à la fin du XVIIIe siècle.
Vers l'Egypte, les communications ne sont pas aisées. La barrière du
Sinaï, ce bastion que tient la politique britannique, amortit les contacts
du Sionisme avec l'Egypte. Mais les complications véritables peuvent
surtout venir du Nedjd et de l'Irak. En outre, les prolongations du mou
vement peuvent s'étendre à l'Afrique du Nord,
I. — Caractères de la colonisation sioniste.
Comment se présente, à l'heure actuelle, la colonisation juive ?
Son organisation a été conçue d'une manière admirable. Des forces
techniques, ou même humaines et sociales, très variées, ont été intégrées
dans une réalisation d'ensemble. Les villages de colonisation juive ne se
bâtissent pas au hasard, isolés, dans n'importe quelle région ; ils se groupent
généralement en cantons. Je voudrais d'abord vous donner un exemple
de la formation d'un de ces cantons, celui de Wadi-Hawareth.
Organisation des cantons et des villages
Chaque canton ou gouch représente une superficie d'environ 3.000
à 3.500 hectares. 500 familles y sont groupées en villages. Le gouch de
Wadi-Hawareth est situé sur la côte entre Jaffa et Caïffa. On a commencé
par délimiter ce gouch, puis on y a installé un groupe de 200 à 300 ouvriers
juifs de toutes provenances. Ces ouvriers défrichent d'abord le sol, puis
ils assainissent et drainent un certain nombre de lots, sur lesquels s'élève
ront des villages. Un lot est ainsi réservé aux Allemands, un autre aux
Esthoniens, un autre aux légionnaires de la légion juive qui n'ont pas
reçu de terres ; un autre enfin aux Tchèques et aux Slovaques.
On recommande aux Juifs d'Europe centrale et orientale de faire — — 56
suivre des cours de préparation à leurs enfants et de les envoyer en Pales
tine. « Nous mettrons, leur dit-on, vos fils à l'école de colons et vos filles
à l'école des fermières. Au bout de trois ans, ils seront d'âge à se marier,
et pourront s'occuper des propriétés que vous aurez contribué à créer en
nous envoyant 200.000 francs ou plus. Restez où vous êtes, gagnez de
l'argent, et, dans cinq ou six ans, lorsque vous serez mis à la porte par le
gouvernement polonais, vos filles et vos fils seront installés sur place, et
vous aurez une maison pour finir vos vieux jours. »
Lorsque les travailleurs auront installé les diverses colonies, ils iront
former sur le pourtour ce qu'on appelle des « kwotsot », groupes commun
istes ou collectivistes, organisés en citadelles sur la périphérie du gouch,
et destinés à en défendre l'accès contre les populations arabes du voisi
nage. Le gouch, en effet, a été créé sur des terres qui ont été achetées aux
Arabes; et ceux-ci restent installés à la périphérie. Ils y sont d'ailleurs retenus
par les travailleurs juifs eux-mêmes, qui leur achètent certaines denrées.
Le gouvernement palestinien leur offre pourtant un autre emplace
ment. Un terrain de 4.000 hectares a été délimité, dont le sol a été analysé
avec soin. Les achats sont d'abord faits dans toutes les directions, des
parcelles acquises selon les besoins des cultivateurs arabes. Puis, à la suite
de ces achats, on propose aux Arabes, en leur versant au besoin quelques
indemnités, de grouper ces terrains dans la zone où doit s'établir le futur
gouch. Cette zone se trouve être par hasard au voisinage de la zone prévue
pour l'habitat des Arabes du Wadi-Hawareth. En offrant cinq ou dix fois
le prix normal pour les terrains qui se trouvent de l'autre côté du terrain
acquis, on arrive à le développer encore.
Le gouch d'Aïn-Harod, près de Béisan, présente un troisième type
de gouch. Il comprend les villages de Beit et d'Alfa, les deux gros villages-
de Tell-Yousef et d'Aïn-Harod, et deux autres petits villages, Gyeva
et Kfar-Yehezkel, tous groupés au pied de la montagne. Une source permet
d'irriguer une dépression qui est entièrement cultivée. On en recommande
la visite aux voyageurs à cause de ses aspects pittoresques. Les deux gros
villages du centre vivent selon les principes collectivistes ; à l'intérieur du
village, ils ne connaissent même pas, l'usage de la monnaie. Le village est
organisé comme un ordre religieux. Il possède une caisse centrale. Une
pet

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