Les compagnies à charte comme instruments de mise en valeur de l Afrique - article ; n°2 ; vol.2, pg 162-176
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Description

Politique étrangère - Année 1937 - Volume 2 - Numéro 2 - Pages 162-176
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1937
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

René Hoffherr
Les compagnies à charte comme instruments de mise en valeur
de l'Afrique
In: Politique étrangère N°2 - 1937 - 2e année pp. 162-176.
Citer ce document / Cite this document :
Hoffherr René. Les compagnies à charte comme instruments de mise en valeur de l'Afrique. In: Politique étrangère N°2 - 1937 -
2e année pp. 162-176.
doi : 10.3406/polit.1937.5589
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1937_num_2_2_5589LES COMPAGNIES A CHARTE COMME INSTRUMENTS
DE MISE EN VALEUR INTERNATIONALE
DE L'AFRIQUE
L'Europe devant la pénurie croissante
des matières premières : le potentiel africain
L'ordre économique d'avant-guerre reposait sur une distinction entre
peuples producteurs de matières premières et peuples consommateurs de
ces matières premières, c'est-à-dire manufacturières. L'Europe apparaiss
ait ainsi comme une usine de transformation qui se ravitaillait en toute
liberté sur des marchés ouverts comme ceux du Canada, des Indes ou de
l'Amérique du Sud.
Aujourd'hui, chacun de ces pays neufs tend à se réserver l'emploi
propre de ses matières premières dont les déplacements sont paralysés
soit par des restrictions douanières, soit par la dictature des grands cartels.
Aussi les grandes puissances européennes ont-elles été peu à peu amenées
à s'assurer la maîtrise des richesses naturelles sur les territoires coloniaux
encore inexploités.
C'est ainsi qu'au sortir de la guerre, les revendications coloniales de
l'Italie ont essentiellement pour objet d'obtenir la sécurité du ravitaillement
national en produits bruts de première nécessité et le rapport Gini souligne
nettement combien le problème de l'approvisionnement en matières
premières se confond avec le problème colonial.
Au contraire, et jusqu'à une période toute récente, l'opinion allemande
ne s'inquiétera point de se garantir des fournitures régulières. Tant que
persistera l'afflux des crédits extérieurs, le problème qui va se poser pour
l'Allemagne sera beaucoup moins un d'approvisionnement
qu'un problème de débouchés. Il s'agit essentiellement de savoir dans quelle
mesure les pays créditeurs sont décidés à s'ouvrir aux marchandises
allemandes puisque le paiement de toute dette implique un transfert
de produits.
C'est seulement quand le flot des emprunts étrangers vient à se ralentir MISE EN VALEUR INTERNATIONALE DE L'AFRIQUE 163
que surgit pour l'Allemagne la question de savoir comment faire face aux
dépenses d'acquisition de matières premières. Il s'agit de restreindre les
besoins en devises et les fournitures coloniales apparaîtront indispensables
pour abaisser le déficit de la balance des comptes.
Au regard de la pénurie des approvisionnements allemands, le Dr Schacht
est ainsi conduit à opposer ce qu'il dénomme la politique d'accaparement
colonial des grandes puissances européennes. On reproche, dit-il, à l'All
emagne des pratiques d'autarchie dont il faut rendre, au contraire, respons
ables les nations qui détournent à leur seul profit les richesses coloniales.
En ce sens, poursuit le dictateur de l'économie allemande, l'Empire
britannique dispose d'un quart du blé mondial, de la moitié de la laine et
du caoutchouc, d'un quart du charbon, d'un quart du cuivre, de la presque
totalité du nickel. Sur vingt-cinq matières premières fondamentales,
l'Empire britannique est amplement pourvu de dix-huit, approvisionné
largement de deux autres et se trouve pour cinq seulement déficitaire.
Quant à la France, en dix ans le pourcentage de son commerce colonial,
par rapport à son commerce total, s'est élevé de 10 à 26 %. Des Etats-
Unis, il ne saurait être question, puisque l'incroyable abondance de leurs
richesses naturelles leur permet de limiter à 10 % leur participation au
commerce mondial, alors que leur population dépasse 125 millions d'habit
ants.
Enfin certains peuples, pauvrement dotés à l'origine, sont parvenus à
compenser par une expansion nouvelle certaines de leurs insuffisances.
Le Japon a trouvé des ressources complémentaires dans la mise en valeur
de la Mandchourie, tandis que l'Italie étendait son champ d'action sur
l'Abyssinie.
Seule l'Allemagne continue à figurer parmi les non possédants. Elle
consacrait en 1929 4 milliards 400 millions de dollars à des achats de
produits alimentaires et de matières brutes, elle n'y consacre plus que
I milliard 400 millions en 1 935, sur lesquels 600 millions seulement répon
dent à des besoins alimentaires et 800 millions à des achats de matières
premières et de produits semi-ouvrés. Ce volume d'achats ne satisfait ni le
niveau de vie allemand, ni le degré d'évolution économique de l'Allemagne,
affirme le Dr Schacht qui conclut dans une étude sensationnelle reproduite
par la revue américaine Foreign Affairs :
« II faut d'abord que l'Allemagne produise ses matières premières sur
un territoire exploité par elle-même, car les matières premières coloniales
ne peuvent être exploitées sans placements considérables de capitaux.
II faut ensuite que ce territoire colonial soit inclus dans le système monétaire
allemand, de sorte que les placements nécessaires puissent être effectués
avec des crédits allemands. LES COMPAGNIES A CHARTE COMME INSTRUMENTS DE 164
« Toutes les autres questions en cause : souveraineté, armée, police, lois,
églises, collaboration internationale sont ouvertes à la discussion. Elles
peuvent être résolues à l'aide de la collaboration allemande. Le problème
colonial allemand n'est pas un problème d'impérialisme, ce n'est pas un
pur problème de prestige, c'est simplement et uniquement un problème
d'existence économique, et c'est justement pour cela que la paix future de
l'Europe en dépend. »
Si nous entendons bien le Dr Schacht, et dans la mesure où le Dr Schacht
représente fidèlement l'opinion allemande, car il nous semble au contraire
que le national-socialisme a bien souvent confondu le problème colonial
avec une simple question de prestige et un exposé récent de M. Maroger
n'a confirmé que trop ce point de vue, il s'agirait donc d'ouvrir à l'All
emagne l'accès de certaines matières premières coloniales mais à l'exclusion
de tout transfert de droits de souveraineté politique. Sur ces bases, et au
cas où l'Allemagne s'abstiendrait d'invoquer aucun remaniement de la
carte africaine, est-il possible, et à quelles conditions, de lui fournir,
sans peser sur son change, une quote-part de ces matières premières dont
l'acquisition va devenir d'autant plus coûteuse que le programme de réarme
ment anglais va constituer un facteur nouveau et décisif de renchérissement.
Face à ce problème essentiel, l'expérience du passé n'offre-t-elle point
l'amorce de formules aujourd'hui encore valables de collaboration écono
mique africaine ; comment entrevoir l'adaptation de ces formules aux condi
tions présentes.
Comment dissocier le problème politique du remaniement de l'Afrique
de celui de l'accès aux matières premières africaines ?
Le 1 1 septembre 1935, du haut de la tribune de la Société des Nations,
Sir Samuel Hoare, tout en excluant pour l'Allemagne les perspectives
d'ambition territoriale nouvelle en Afrique, ne se refusait point à admettre
une dissociation entre la question politique de la redistribution des colonies,
et la question économique d'une exploitation en commun de certaines de
leurs richesses. Moins discrets que Sir Samuel Hoare, les commentateurs
de son allocution ont tenté de définir les modalités de cette collaboration
économique sur le terrain africain.
D'aucuns ont préconisé l'extension à l'ensemble de l'Afrique du régime
de la porte ouverte qui réserve à toutes les puissances une égalité entière
d'accès aux matières premières et des possibilités similaires pour leur
exploitation. Ce régime fonctionne en vertu de conventions internationales,
par exemple dans le bassin du Congo et au Maroc. Il a pour résultat d'éviter
toute discrimination et de permettre indistinctement à chacun de pousser
sa chance. Assuré de l'accu

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