Les spécificités du management public : le cas de la gestion des ressources humaines - article ; n°4 ; vol.7, pg 47-61
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Description

Politiques et management public - Année 1989 - Volume 7 - Numéro 4 - Pages 47-61
La mobilisation des ressources humaines de l'administration semble être aujourd'hui une priorité nationale. Le thème, où convergent les multiples produits du marché de l'organisation, est abordé dans un état de relative quiétude : qui pourrait donc être contre la responsabilisation des hommes ?
Cet article souhaiterait montrer que la gestion des ressources humaines répond à des critères précis dans la théorie du management, critères très largement contraires aux traditions et aux représentations de notre bureaucratie.
L'émergence de la fonction personnel dans les administrations ne peut se dérouler dans l'atmosphère allanguie et feutrée décrite par les techniques de management participatif. Le conflit est inévitable, mais il est fondateur. Il touchera, plus fondamentalement, les états-majors que la masse innombrable des agents.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1989
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pierre-Eric Verrier
Les spécificités du management public : le cas de la gestion des
ressources humaines
In: Politiques et management public, vol. 7 n° 4, 1989. Numéro spécial - Formation au management public. pp. 47-
61.
Résumé
La "mobilisation des ressources humaines" de l'administration semble être aujourd'hui une priorité nationale. Le thème, où
convergent les multiples produits du marché de l'organisation, est abordé dans un état de relative quiétude : qui pourrait donc
être contre la responsabilisation des hommes ?
Cet article souhaiterait montrer que la gestion des ressources humaines répond à des critères précis dans la théorie du
management, critères très largement contraires aux traditions et aux représentations de notre bureaucratie.
L'émergence de la fonction "personnel" dans les administrations ne peut se dérouler dans l'atmosphère allanguie et feutrée
décrite par les techniques de management participatif. Le conflit est inévitable, mais il est fondateur. Il touchera, plus
fondamentalement, les états-majors que la masse innombrable des agents.
Citer ce document / Cite this document :
Verrier Pierre-Eric. Les spécificités du management public : le cas de la gestion des ressources humaines. In: Politiques et
management public, vol. 7 n° 4, 1989. Numéro spécial - Formation au management public. pp. 47-61.
doi : 10.3406/pomap.1989.2921
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/pomap_0758-1726_1989_num_7_4_2921SPECIFICITES DU MANAGEMENT PUBLIC : LES
LE CAS DE LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES
Pierre-Eric VERRIER*
Résumé La "mobilisation des ressources humaines" de l'administration semble être
aujourd'hui une priorité nationale. Le thème, où convergent les multiples produits
du marché de l'organisation, est abordé dans un état de relative quiétude : qui
pourrait donc être contre la responsabilisation des hommes ?
Cet article souhaiterait montrer que la gestion des ressources humaines répond à
des critères précis dans la théorie du management, critères très largement
contraires aux traditions et aux représentations de notre bureaucratie.
L'émergence de la fonction "personnel" dans les administrations ne peut se
dérouler dans l'atmosphère allanguie et feutrée décrite par les techniques de
management participatif. Le conflit est inévitable, mais il est fondateur. Il touchera,
plus fondamentalement, les états-majors que la masse innombrable des agents.
* AXES MANAGEMENT
Revue POLITIQUES ET MANAGEMENT PUBLIC, Volume 7, n° 4, décembre 1989.
(cT) Institut de Management Public - 1 989. 48 Pierre-Eric VERRIER
Et si les sciences étaient toutes de genre féminin ... où devrait-on mettre le
masculin de management ? Assurément dans un autre genre que la physique, la
chimie ou la mathématique. Il faudrait le mettre dans un d'ambiguïté et de
manutention sociale, tout près du droit, ancien code de très mauvais genre chargé
avant tout de préserver un ordre et non - comme le requiert l'exigence scientifique
- de démonter des agencements pour en saisir la clé.
Cette fable sur le sexe des sciences est plus qu'une farce pour le thème qui nous
occupe. En effet, en mettant le management du côté des pures techniques de
direction, comme l'indique son acception la plus commune, nous lui attribuons une
place hors de l'enceinte de stricte obédience scientifique. Sa place est inscrite
chez les grands carnassiers et les prédateurs du système.
Ne soyons donc pas faux-jetons : le management n'est pas un jeu d'enfant, il
indique un type particulier de direction, une finalité précise dans l'ordre du
contrôle. Le management n'est pas une simple tournure moderne, le new-look
d'une administration à bout de souffle. Il annonce une rupture radicale des vieux
équilibres. La caractéristique essentielle du management est précisément
d'aborder les problèmes à la brute, dans un rapport évident de leadership. De ce
point de vue, le management se distingue bien de la théorie économique en ce
qu'elle institue un pur rapport de moyens et de réalisations notamment par ce type
de questions : "Combien de X ou de Y doit-on produire pour atteindre la relation
d'optimum a priori souhaité ?".
Ayant défini le management comme un mode finalisé de direction, il est
assez aisé de comprendre la difficulté qu'il y a à l'implanter dans la sphère publique
française. La "modernisation de l'Etat" est donc un thème à manier avec la plus
extrême circonspection, 250 ans de réformes administratives nous en ayant
précisé la difficulté et le coût.
Le management est issu d'un autre moule historique que notre moule romano-
chrétien. Il est, en particulier, issu des traditions réformistes anglo-saxonnes où la
dualité secteur public/secteur privé répond simplement à deux types différents
d'allocations des ressources et non à la "sunwna divisio" de notre Univers juridico-
administratif. Le management public est, dans le cas français, une hybridation
d'une nature fort complexe à la fois porteuse de transformations essentielles et grande fragilité. Les spécificités du management public tiennent d'ailleurs
moins à ses outils qu'au domaine qu'il prétend régir : notre sacro-sainte
bureaucratie. Dès lors, le thème publicitaire "Gérer l'administration comme une
entreprise" ne saurait fournir un paradigme de gestion satisfaisant puisque l'étude
des finalités mêmes de notre organisation nous montre leur profonde différence
avec celles de l'entreprise.
Or, le dispositif théorique sur lequel s'est bâti le management est insuffisant à saisir
la dualité secteur public/secteur privé qui est au coeur du conflit centraliste
français. En effet, le management a largement emprunté à l'analyse systémique.
Cette dernière a été, reconnaissons-le, d'un apport fondamental : en mettant en
relation les systèmes et leur environnement, en y désignant des fonctions
d'entrées et de sorties, et en associant des moyens aux réalisations, l'analyse
systémique ne pouvait pas ne pas renforcer les bases du management. En
donnant une cohésion interne aux techniques du management, elle a permis de Les spécificités du management public : le cas de la gestion 49
des ressources humaines
mettre en place des concepts stabilisés et étalonnés. La mesure des inputs et des
outputs a, par exemple, permis de dresser la carte de l'efficacité et de l'efficience
des organisations, base de toute évaluation sérieuse.
Mais l'analyse systémique, si elle a rassemblé ce qui était épars jusqu'à gaver le
management de la cohérence qui lui faisait défaut, ne nous permet pas de livrer
toutes les clés de notre administration. Notamment, le poids de l'environnement
sur le système n'a jamais fourni de variable explicative de l'administration. Comment
expliquer alors la permanence de certains thèmes, la permanence des
dysfonctionnements tant relevés par la sociologie française ? Comment expliquer
l'ambiguïté constitutive de l'Etat en France, où "l'Administration est aimée et
détestée comme une mère nourricière" selon la très juste formule de Pierre
LEGENDRE l-
L'Etat, nous l'avons dans nos tètes et nous sommes traversés de représentations
administratives ambivalentes où s'inscrit la véritable spécificité des organisations
publiques. Quel jeune stagiaire de l'E.N.A. n'a-t-il pas été étonné d'assister dans la
même semaine au saccage des recettes du Trésor par des agriculteurs lassés de
trop d'Etat et d'avoir à écouter une délégation des mêmes insurgés fustigeant la
mollesse de leur ministre dans le soutien des cours agricoles ?
Ce genre de pataquès social nous indique que l'Administration française est à
prendre avec des pincettes et que les remèdes proposés, clés-en-mains par les
organisateurs sont le plus souvent des médecines inadaptées.
Les spécificités de l'administration publique sont avant tout affaire de croyances
traversant les sujets mais inaccessibles à l'analyse superficielle. Les origines de
notre bureaucratie intéressent peu, encore moins en ces temps de
commémoration révolutionnaire où l'histoire devient ell

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