Lire - Générosité : quand la bulle éclatera…

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• Publié par: uravebak
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• Langue: Français

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Générosité : quand la bulle éclatera

Le cataclysme en Asie a déclenché un élan de générosité sans précédent dans le monde entier. Etats, collectivités, entreprises, particuliers : tout le monde y va de son don, de son initiative et de lexpression médiatique de son émotion. Alors même que la mobilisation nest pas terminée, le total des sommes collectées seulement en France atteindrait déjà les 100 millions deuros. Excepté le Téléthon, qui bat chaque année un record de collecte (avec presque le même montant en 2004), il faut remonter à la crise du Kosovo, en 1999, pour trouver un ordre de grandeur comparable, sans être égal, en matière de générosité publique.

Le don comme anti-destin Au-delà du nombre effarant de victimes, plusieurs caractéristiques exceptionnelles expliquent ce phénomène. La catastrophe est survenue un 26 décembre, au lendemain de Noël, en pleine  trêve des confiseurs » et lors dun réel creux dans lactualité, à lexception de la triste routine des attentats à la voiture piégée en Irak. Lefatum estsa seule raison. Même si la vulnérabilité des populations est en partie liée au niveau de développement des pays touchés, le déclenchement du drame et son ampleur terrifiante ne sexpliquent que par un phénomène naturel. Frappant indistinctement autochtones et touristes, riches et pauvres, celui-ci rappelle à lensemble de lespèce humaine que la nature aura immanquablement le dessus sur lorgueil de lHomme. Quils soient croyants - comme cest souvent le cas - ou pas, tous les donateurs sont forcément sensibles à un événement relevant à ce point du seul destin et réactivant le mythe universel de lApocalypse. De plus, la complexité politique qui marquait toutes les  crises humanitaires » précédentes est – au moins provisoirement – évacuée devant la pureté du malheur aveugle. Pas dinterrogation sur les  bons » et les  méchants », pas de polémiques sur lenchaînement des responsabilités, pas de Hutus ni de Tutsis, pas de Serbes ni de Bosniaques Même leffet de serre ne peut être mis en cause.

Une convergence numérique inédite Du point de vue médiatique, ce drame revêt donc dès son apparition tous les aspects dune  crise archétypale ». Mais dautres facteurs, en particulier le rôle des technologies numériques, expliquent aussi son ultra-médiatisation. Sur tous les rivages dévastés, des touristes sidérés et eux-mêmes victimes ont filmé lévénement, avec leurs caméras, leurs appareils photos numériques ou même leurs téléphones portables, sous des milliers dangles différents. Les images et témoignages de ces  reporters malgré eux » ont été presque instantanément diffusés à léchelle planétaire, relayés non seulement par les médias de masse mais aussi de manière directe, dun individu à lautre, par le vecteur de lInternet. Les prédictions de Marshall Mac Luhan sont en passe de se réaliser : dans notre village planétaire, chacun peut, à tout moment, se faire média et confronter lautre au média quil est devenu. Cette nouvelle ère avait été déjà été inaugurée lors de lattentat contre les tours de New York. Elle se trouve aujourdhui confirmée à plus grande échelle. Pourtant, même ces composantes nexpliquent pas tout à fait lampleur de lactuelle  bulle de générosité ». Celle-ci ne sest pas formée à partir de rien. Elle sinscrit dans lhistoire récente du don et fait suite à dautres pics de générosité constatés ces dernières années à loccasion dautres événements. Le développement de la générosité publique en France, toutes causes confondues, a été continu depuis 20 ans, scandé par la succession rapide des crises humanitaires internationales depuis la famine en Ethiopie en 1985. Tout se passe comme si, à mesure que progressent la réalité et la conscience de la mondialisation, lopinion publique éprouvait un besoin accru de grandes communions collectives. Chacune allant crescendo, les professionnels de la collecte en viennent à sinterroger sur les conditions à réunir pour mobiliser à nouveau, la fois suivante, une population blasée. Après ce que nous venons de