OTAN et sécurité collective - article ; n°2 ; vol.21, pg 143-164
23 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

OTAN et sécurité collective - article ; n°2 ; vol.21, pg 143-164

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
23 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Politique étrangère - Année 1956 - Volume 21 - Numéro 2 - Pages 143-164
22 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1956
Nombre de lectures 104
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jacques De Maupéou
Georges Kitcheev
OTAN et sécurité collective
In: Politique étrangère N°2 - 1956 - 21e année pp. 143-164.
Citer ce document / Cite this document :
De Maupéou Jacques, Kitcheev Georges. OTAN et sécurité collective. In: Politique étrangère N°2 - 1956 - 21e année pp. 143-
164.
doi : 10.3406/polit.1956.2543
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/polit_0032-342X_1956_num_21_2_2543O. T. A. N. ET SÉCURITÉ COLLECTIVE
A la veille de la réunion à Genève des quatre Ministres, certains augures
pensaient devoir mettre les Etats-Unis en garde contre un nouveau
« Munich ». A vrai dire, une telle précaution était inutile : la pusillanimité
et la fuite devant les responsabilités ne sont guère, en effet, des défauts
qu'on puisse reprocher, de nos jours, à la politique américaine. Dans l'eu
phorie engendrée par l'esprit de Genève, c'est plutôt un nouveau « Yalta »
qu'on aurait pu craindre.
De fait, un peu partout, l'idée commençait à se répandre qu'il ne serait
peut-être pas de mauvaise politique d'accepter, en échange dé la réuni
fication de l'Allemagne, la neutralisation d'un secteur plus ou moins vaste
de l'Europe. Or la coupure de l'Allemagne en deux — quels que soient les
inconvénients et l'injustice que puisse comporter un tel état de choses —
ne constitue pas, du moins à court terme, un véritable danger de guerre.
Par contre, l'instauration d'une Europe en partie neutralisée entre deux
blocs antagonistes porterait certainement un coup redoutable à l'O. T. A. N.
qui reste, tout compte fait, la meilleure défense de la Paix. Celle-ci ne serait
peut-être pas immédiatement compromise, mais la sécurité le serait certa
inement. On paierait donc d'un prix fort une marchandise douteuse pour
retomber dans les errements de Yalta.
C'est en partie grâce à M. Molotov, dont l'intransigeance sans nuances a
beaucoup contribué au maintien de l'union du front occidental, que cet
écueil nous est momentanément évité. Et c'est là, si l'on veut, un premier
résultat positif de la conférence de Genève. Un autre consiste dans le fait
que désormais, si optimistes que nous puissions être, nous ne pouvons
plus douter de la volonté bien arrêtée de l'U. R. S. S. d'empêcher par tous
les moyens — sauf la guerre — la réunification de l'Allemagne, aussi long
temps que subsistera la possibilité de voir celle-ci, une fois unifiée, entrer
dans le bloc occidental et notamment dans l'O. T. A. N.
Que devient alors le fameux esprit de Genève ? Tout se passe comme si
les Soviets (et c'est là un troisième résultat de la Conférence), ayant acquis 144 JACQUES DE MAUPÉOU ET GEORGES KITCHEEV
la certitude que les Occidentaux n'attaqueront jamais les premiers, se
disaient : « Ne nous gênons pas pour poursuivre notre politique d'expansion
mondiale. En Europe, toutefois, enrobons-la encore de quelques sourires. »
Les armes fournies à l'Egypte, les propos de M. Khrouchtchev aux
Indes — propos d'un goût discutable, mais dont l'intention incendiaire
était certaine — illustrent assez bien cette attitude en Afrique et en Asie.
Quant à l'Europe, la conversation y a repris sur un ton un peu plus conforme,
peut-être, à celui de la politesse internationale, mais rien n'est changé :
nous y assistons toujours au même dialogue de sourds.
Nous nous retrouvons donc au point de départ. Si le principe de neutral
isation devait prévaloir — et l'idée, hélas ! continue à faire son chemin —
c'est l'O. T. A. N. affaiblie et tout le système de défense occidentale
compromis en son dispositif essentiel. Si, par contre, on s'obstine à maint
enir telle quelle l'organisation de cette défense — bases américaines et
0. T. A. N. sous leurs formes actuelles — c'est à la « détente » qu'il faudra
dire adieu. Le peu qui reste de 1' « esprit de Genève » aura vite fait de s'éva
porer tout à fait...
C'est au dilemme posé par ces deux prémisses contradictoires que nous
sommes obligés désormais de chercher une issue. Et c'est, sans doute, dans
la mesure où les États-Unis trouveront le moyen de sortir le monde libre
de l'alternative : « Yalta » ou impasse de la guerre froide, que leur leadership
pourra être jugé.
Nous croyons que ce moyen existe et que les Alliés atlantiques en
détiennent la clef.
Ce qu'on appelle « les initiatives diplomatiques de l'U. R. S. S. » ne sont
souvent que d'anciennes thèses occidentales que les Russes reprennent à
leur compte après les avoir repoussées autrefois. L'une d'elles, cependant,
était entièrement originale et son sort fut assez curieux. Sitôt lancée, elle
tomba dans l'oubli général sans susciter la moindre réaction de l'Occident
et, contrairement à l'habitude, ne fut jamais reprise par ses auteurs. Il
faut avouer qu'elle paraissait aussi inattendue que paradoxale. Il s'agit,
en effet, de l'initiative de M. Molotov proposant, après la Conférence de
Berlin, l'entrée éventuelle de l'U. R. S. S. dans l'O. T. A. N.
Cette proposition ne constituait-elle qu'une simple manifestation « publi
citaire » ou devait-on la prendre au sérieux et méritait-elle un examen
attentif ?
Nous pensons qu'un tel examen pourrait, en tout cas, être utile, ne serait-
ce que pour ne pas être pris de court si l'U. R. S. S. s'avisait, à nouveau,
de mettre la question sur le tapis.
Nous nous proposons donc de faire ici cet examen.
De toute évidence, l'entrée de l'U. R. S. S. dans l'O. T. A. N. ne pourr
ait se concevoir que si cette dernière était assez profondément remaniée, T. A. N. 145 0.
puisque la signification actuelle du Traité de l'Atlantique est précisément
d'être dirigé contre l'U. R. S. S. C'est pour cette raison, d'ailleurs, que
celle-ci est fondée, en une certaine mesure, à voir un danger la menaçant
directement dans l'admission à l'O. T. A. N. d'une Allemagne réarmée
et qui ne renonce, bien entendu, ni à sa réunification ni à ses territoires
au delà de la ligne Oder-Neisse.
Puisque, d'autre part, il ne peut plus être question de se contenter de
bonnes paroles ou de leur équivalent sous forme de quelque « pacte d'inten
tion » — et nous sommes payés pour savoir que tous les Locarno du monde
ne sont guère plus que cela — le problème se résume à ceci : sans rien enle
ver à son efficacité militaire, peut-on transformer la force armée d'une
coalition (0. T. A. N.) en un véritable instrument de Sécurité collective ?
En d'autres termes, il s'agirait de trouver le moyen d'apporter à tous une
garantie réelle de leur indépendance et de leur sécurité en faisant de
1*0. T. A. N un rempart contre toute agression armée quel qu'en soit la
raison ou le but et où qu'elle se produise.
Il semble que l'O. T. A. N. serait parfaitement capable de remplir un
tel rôle, une fois que lui auraient été apportées certaines modifications
structurelles, d'ordre militaire, politique et juridique. Le Pacte de Bruxelles
était bien, à l'origine, dirigé contre l'Allemagne, et cela n'a pas empêché
celle-ci d'y être plus tard admise par le Pacte de Paris (1 ).
Nous voudrions essayer d'indiquer ici, très sommairement, les princi
pales de ces modifications indispensables. En confrontant, dans chaque cas,
les nécessités théoriques aux difficultés d'application, nous pensons pouv
oir dégager des solutions qui, en conciliant ces deux impératifs, soient
pratiquement réalisables.
La première fonction d'un « rempart contre l'agression » doit être sa fonc
tion préventive. Or, hormis la guerre préventive — écartée par définition —
et le désarmement général imposé à tous et maintenu par un contrôle strict
et incessant — solution, hélas, irréalisable pendant longtemps encore —
l'effet préventif d'un système de Sécurité collective ne peut se manifest
er que d'une seule façon : dès avant l'agression, l'agresseur doit être mis
devant l'évidence qu'aucune chance de succès ne sera laissée à son entre
prise. Il est donc

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents