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1,30 EURO. PREMIÈRE ÉDITION NO 15 DÉCEMBRE 2010 WWW.LIBERATION.FR9204 MERCREDI MEURTRE DU RER, LE RÉCIT D’UNE SURVIVANTE PAGE 12 ToujoursluiDCAA«NIRMISONANCOIDLETRE»OTS:LMBALILOAADASTSN ITALIESilvio Berlusconi est sorti vainqueur in extremis hier d’un vote de défiance au Parlement. De plus en plus contesté, il ne dispose que d’une majorité très étroite. PAGES 2-4 ET AUSSI «BANSKY», «PRÉSIDENT»… 8 PAGES CENTRALES A nosMoi, David S., prof stagiaire…eFreeeralcn lecteursTÉMOIGNAGE Mais la situation ne«Vendredi lement. rentrée dans un collège mièrele combat de boxes 19 novembre. Le trimestre s’est pas améliorée. La fatigue du Val-de-Marne (Libération gUrnèvme,oiunviteiémepnatrldee et l’amertume dutouche à sa fin. J’en veux pour s’accumule 10 septembre). Trois moisltléeehier,larFeeob,x preuve les demandes inces- guette. plus tard, il revient dans nosve Syndicat général du 22 novembre. J’ai cra- pages pour tirer un bilan du «Lundisantes des élèves concernantera disponible leurs moyennes, les copies qui qué. Avec l’accord du princi- premier trimestre. Comme Laiuvnree(siofECC-SLGGTellenouv),s’accumulent et les déboEirXesCLUpSaIl,Fje suis rentré chez moi 8 000 autres, David S. s’estnvjarienso3ruorue6 informatiques pour dans un état de nerfs retrouvé devant des élèves. perturbé hier jamaisentrer les notes sur le sans éprouvé. Dur, véritable préparationbelle bagarre la distribution deslogiciel. Je barre les jours res- professionnelle, dans le cadre j’ai les larmes aux yeux.»ce avec les tant avant les vacances de David S., 25 ans, prof débu- de la réforme de la formation «quLiobtiédriaetinosnn»atiporénsaeunxt.e enseignants. Moments de des d’histoire-géo, avait ac- tantNoël. Il est vrai qu’une cer-,FR,Srseuatregnar taine routine s’est installée cepté en septembre de tenir le désespoir, de doute, de rage…. ses excuses à ses lecteurs. de bord de sa pre- journalqui permet de prévenir l’affo- PAGEPAGES 20-21 25 IMPRIMÉ EN FRANCE / PRINTED IN FRANCEAllemagne2,10 €, Autriche2,80 €, Belgique1,40 €, Canada4,25 $, Danemark25 Kr,DOM2,20 €, Espagne2 €, Etats-Unis4,50 $, Finlande2,40 €, Grande-Bretagne1,60 £,Grèce2,50 €, Irlande2,25 €, Israël18 ILS, Italie2,20 €, Luxembourg1,50 €, Maroc15 Dh, Norvège25 Kr, Pays-Bas2,10 €, Portugal (cont.)2,20 €, Slovénie2,50 €, Suède22 Kr, Suisse3 FS, TOM400 CFP, Tunisie1700 DT, Zone CFA1 800 CFA.
2EVENEMENTBILIONÉRATEDIERCRM15EMERBDCÉ2010 ÉPaDrIFTRAONRÇIOAILS SERGENTfaatlislniegarranéetuioleavséeldsaalccoonifoiiatnocuenàpaSiilrvroieBlrsuocinh,eir,à3PvaoLiexeprmèrsl.tMiaeint Echecpousser le président du Conseil à des élections anticipées. Berlusconi est une cible américains, selon lesrrachéctViaàlreoi facile : les Italiens ne s’en privent pas, les amis câbles du Département d’Etat, ne sont pas dupes et le reste de l’EuroperleCavapoilree s’amuse ou s’offusque deu ses frasques et de ses liaisons douteuses. Il reste que l’homme a été trois fois élu au suffrage universel. Hier, au Parlement, il a encorearÉ IC JOZSEF échappé – de justessePRportun de trois élus de l’opposition, ce qui a néanmoins – à la trahisonCorrespondant à RomeLSEESNTIELprovoqué l’ouverture d’une enquête judiciaire de l’un de ses protégés,pour soupçons de corruption de parlementai-Gianfranco Fini.ans et seize années après avoir fait Plutôt que d’accuser et deirruption s critiquer l’homme et sesA47ou.Plàrsouujtostiovedeéngiopenuritiqepolscènurlai,elneen-aileutiLriLaeatEtemilejCéonOiotcNnnhioTdtreEre,eXàScTrteilEroesuvonismreplxria.PsuèatneioBevocinlrsuéaétressreufidaeréfdecnitvassceeméd-qarérestnreanslespoirderepssrevernopxueiréenste.Csucauttoc,leomsiniaiuc-ni.DurFisdesepui milliards, ne faut-il pas sex, Silvio Berlusconi a demander si Berlusconien effet réussi le pari de se maintenir au pou-eau sein de la majorité une droite moderne, dé-n’est pas finalement la les juges ou encore l’unité nationale,malgré la dissidence de son ancien allié et fendantvoir métaphore de l’Italie, ouprésident de la Chambre des députés, Gian-L’ENJEUpour contrebalancer les positions xénophobes du moins d’une certainefranco Fini. Après plusieurs mois de tensionsAffaibli, le chef du gouvernement italienet autonomistes de la Ligue du Nord ou la con-Italie ?au cours desquels il avait réclamé davantagebénéficie de l’absence d’une oppositioncentration des pouvoirs de Silvio Berlusconi. Dans la péninsule, lesde démocratie interne au sein du parti du Peu-crédible.Il se retrouve aujourd’hui relégué dans l’oppo-antiberlusconiens essaientple de la liberté (PDL), celui-ci avait déposé sition. Pour l’heure, il ne peut qu’espérer que de se rassurer en accusantdéfaite entraîne aussi celle de son adver-une motion de censure à l’égard du Cavaliere  sa son tentaculaire empireen assurant que le chef du gouvernement saire. alliés, à l’époque la Ligue du Nord, lui avait«La victoire numérique de Berlusconi est médiatique d’avoir lavé«n’avait plus la majorité numérique et politique».brusquement tourné le dos. Mais cette fois,évidente, mais elle ne l’est pas politiquement», le cerveau de ses commenté, soulignant la faible marge de a-t-ilBerlusconi a rétabli la mise. concitoyens. L’explication«VIE IMPOSSIBLE». manœuvre du Cavaliere.De facto, à la Chambre des La «défiance» a finalement été repoussée par«A partir de demain, est un peu courte. Ladéputés, après le départ de 34 élus qui ont re- voix contre 311 et deux abstentions, au 314il aura une vie impossible»,notamment dans les presse écrite reste vivacejoint Gianfranco Fini dans sa nouvelle forma- parlementaires, a promis Fabio commissions d’une journée agitée dans l’hémicycle terme et diverse, et au moins une l’un des lieutenants du président de Granata, que dans les rues de Rome, où des autanttion, Futur et Liberté (FLI), Silvio Ber-chaîne, Rai 3, montre sonlusconi ne disposait plus sur le papierRÉCITChambre qui s’est déjà opposé à l’adoption la milliers de personnes ont manifesté con-indépendance. Les succès tredes 316 voix nécessaires pour gouverner. le gouvernement (voir page 4).«Vousde nouvelles lois pour protéger Berlusconi des de Berlusconi sont l’échecRécemment éclaboussé par l’affaire de la jeunevous êtes renversés»,a ironisé Berlusconi, juges. En janvier, la Cour constitutionnelle de-de l’opposition. Comme simineure Ruby et par les révélations de Wiki- triomphant, décider si la forme d’immunité judiciaire vra à l’adresse des «Finiens» à l’issue en Italie, il n’y avait euLeaks le dépeignant comme«un leader physi- quedu vote. Lundi, le président de la Chambre des s’est octroyée le Cavaliere en tant que pré-depuis seize ans aucunequement et politiquement faible, vaniteux et inef-députés proclamait encore que le «Caïman» sident du Conseil est valide. autre option que leficace»,encore critiqué pour sa gestion des mis en minorité. C’était sans compter sur serait Caïman. Ni à droite ni àordures à Naples et le manque d’initiatives éco- la défection, dans les dernières minutes, deIMPASSE.Au-delà des questions judiciaires et gauche. Que ces derniersnomiques, le Cavaliere semblait condamné à deux membres de FLI. Le chef du gouverne- considérant qu’une faible majorité serait insuf-mois, les attaques de la fisante pour gouverner, la Ligue du Nord, dé-une réédition de sa chute de 1994. L’un de ses ment a également reçu l’appui ô combien op-presse et de ses opposantssormais principale alliée de Silvio Berlusconi, se soient concentrées surREPÈRESa indiqué ces derniers jours qu’un retour de-sa vie privée, aussi ridiculevant les électeurs est inévitable. La coalition soit-elle, et non sur sondu PDL et de la Ligue est donnée gagnante dans programme et son actionSEIZE ANS DE BERLUSCONISME2008Après l’effondrementles sondages. Mais en raison de la loi électorale, politiques montrent biende la coalition de RomanoSilvio Berlusconi, même victorieux, risquerait leurs limites. L’opposition,1994A peine entré en poli-2001A la tête d’une coali- Prodi, Berlusconi remporteemporter la majorité des sièges aude ne pas si elle veut revenir au tiontique, Berlusconi remporte les regroupant ses élections anticipées etSénat. Face à cette impasse, le Cavaliere a en-pouvoir en Italie, ne peut devient président du Con- anciens alliés, il retrouve leles élections et devient Pre-trepris de courtiser ouvertement les centristes: se limiter àmier ministre avec le sou- pour la troisième fois. seil et dirige l’Italie jus- pouvoir«Je vais de l’avant et j’élargis»,a-t-il annoncé. l’antiberlusconisme. En Très 2006 et la victoire du vite, il est fragilisé par qu’àtien des post-fascistes et deJusqu’à présent, l’Union du centre (UDC) de près de deux décennies, centre gauche de Prodi. des affaires de mœurs et lala Ligue du Nord. AccuséPier Ferdinando Casini a rejeté ses avances. Le elle n’a jamais su présenter de son allié Gian-de corruption, il démis- C’est le plus long gouver- défectionchef du gouvernement devra sans doute cher-un homme (ou une Fini. franco de l’après-guerre. nementsionne sept mois plus tard.cher à le rallier à la majorité au nom de l’intérêt femme) convaincant etnational, pour éviter un prolongement de la une politique cohérente àcrise politique ou de nouvelles élections sus-ses électeurs. L’épisodeGIANFRANCO FINI«Heureusement que Berlusconiceptibles d’affaiblir la péninsule et d’aiguiser Prodi a scellé cet échec etl’appétit des spéculateurs contre les emprunts rien aujourd’huiCalebmahederpédsPridéstdenec,inolusceBeratedguedlenoildételatusénosL.reiasa,slitiapsiatnxeventlinraitfaudilSe.stxied’Etat italiens. n’annonce la moindreaccordée hier au chef du gouver-La confiance renaissance de la gauche,néofasciste repenti a longtemps étéde Berlusconi n’est pas finie.»nement n’a donc pas encore mis un terme à coupable de n’offrir aucundépeint comme le«dauphin à vie»dul’incertitude politique. Elle n’a pas non plus recours. Et ce qui est vraiCavaliere. C’était avant leur rupture, auFabrizio Cicchittochef des députés du partiressuscité un Silvio Berlusconi usé, qui a défi-d’un côté des Alpes peut Peuple de la liberté (PDL), hier, avant le duprintemps. Depuis, il a fondé le partinitivement perdu sa capacité d’enchanter une l’être aussi de l’autre. de la motion de défiance par le Parlement rejetFutur et Liberté pour l’Italie.partie du pays.
LIBÉRATIONDIRERCME15CEDÉERBM2010
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Silvio Berlusconi face au Parlement italien, hier et avant-hier, à Rome.PHOTOS AFP, AP ET REUTERS Malgré ses démêlés avec la justice, ses frasques à répétition et sa politique hasardeuse, le président du Conseil parvient à durer au pouvoir. Il est le symptôme d’une certaine Italie. Lesursautdu«Caïman» fêtant son 74eanniversaire. Bien ou le relogement dans des – tion M,ncéséltcahiatronnaersûerctn:siesrirepoêurlisqeumee.dQvusoaasreIserlipselasulaqenussia»ne,rdiupéclaètIteteua-lrtis-eéliecvnonlocooennmttierqicuis.neqCsuertratannetsepérafrbqiéudsesvictimesdu,asaprciogoenalrgDùo-ise.lacrtéderavigalémitse-suosspemgtonplrostinmoebunneonanssdte Silvio Berlusconi est une rêve toujours de devenir en 2013 séisme de L’Aquila. bête politique. Un animal vorace et président de la République, lequel salpins, y compris le déficit public partie de l’opinion, mais aussi desPetit malin.Le contrôle de la ma-au cuir dur. D’où ce surnom de est, en Italie, élu par les députés et pouvoirs forts, dont la jorité du PAF transalpin parSua «caïman», dont Nanni Moretti a les sénateurs. Au prestige inhérent«Silvio Berlusconi est une bonneConfindustria –le MedefEmittenza– jeu de mot entre émi-fait le titre d’un film pamphlet. De- à la fonction par ailleurs dénuée deautobiographie de la nation.» et émetteur – ne suffit pas àtransalpin. Sa popularité nence puis seize ans,Il Cavaliere pouvoirs, il y gagneraitrègne véritablesGi franco Pasquinopoest passée sous la barre expliquer sa longévité politique. Par sans partage sur la surtout une garantie d’impunitéanlitologue deuxdes 40%, alors qu’il y afois il a perdu les élections, PROFIL alors même qu’il disposait de cedroite italienne. Trois deux ans elle ca- encore ses nombreuses casseroles pour fois président du judiciaires. (5%), sont plutôt meilleurs qu’en racolait à 20 points de plus. Jour pouvoir médiatique. Conseil, ce tycoon des médias estMégalo. après jour, ses journaux et ses télé- Les Italiens n’ignorent rien de sesSilvio Berlusconi est riche, France et la dette, très élevée tout à la fois l’homme le plus riche très riche, et aime le montrer lors – 118% du produit national brut –, visions continuent de célébrer l’ef- frasques. Mais ils s’en moquent. et le plus puissant du pays. Et il ne de fêtes felliniennes dans ses ruti- est à plus de 70% aux mains des ficacité du leader, transformant en Ou, surtout, ils s’identifient au self-compte pas jeter l’éponge.«Je man qui, interrogé sur le se- la résolution du pro- made ce qui met le pays relative- quasi-épopéelantes villas ou avec des cadeaux à Italiens, m’entraîne à souffler mes 110 bou- de ses succès, répond volon- cret des ordures ménagères à blèmeà l’abri de la spéculation des  mentses hôtes. Mégalo, il l’est aussi. gies»,lançait-il en septembre, en«Mon gouvernement est le meilleurmarchés. Son gouvernement n’en Naples –de nouveau remis en ques- tiers :«To think big»,en an-
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glais dans le texte.«Silvio Berlusconi est une bonne autobiogra-phie de la nation»,résume le polito-logue Gianfranco Pasquino. Ou du moins l’autobiographie d’une cer-taine Italie, droguée à la télévision paillette, portée à l’illégalité, indul-gente à la corruption, viscérale-ment hostile à l’Etat et à sa bureau-cratie.«Il incarne la culture du motorino[la Vespa, ndlr]»,selon la formule de l’écrivain de polar An-drea Camilleri, c’est-à-dire celle du petit malin qui se faufile, s’arrange et se démerde. A la veille de son se-cond triomphe électoral, en 2001, il avait en direct à la télévision si-gné«un contrat de confiance»avec ses électeurs, leur promettant une quasi totale défiscalisation de l’hé-ritage.«Ce sont mes intérêts, mais aussi les vôtres»,expliquait le ma-gnat qui, sur ce point, a tenu pa-role. Envers et contre tout, il reste un extraordinaire vendeur. Caricature.«Je veux gouverner avec la liberté de l’entrepreneur»,ex-pliquait-il en 1994 en se lançant en politique dans un paysage dévasté par les enquêtes anticorruption mani pulite(«mains propres»). Un bon tiers du Parlement était sous enquête, dont la plus grande partie du leadership de la Démocratie chrétienne et du Parti socialiste, qui avaient gouverné le pays depuis la guerre. Ce vide et le risque d’une victoire des ex-communistes incitèrent l’homme d’affaires, qui avait pros-péré grâce au leader socialiste Bet-tino Craxi, à s’avancer dans l’arène. Mieux que tout autre, il sut appli-quer les règles du marketing à la politique.«Haleine fraîche, mains sèches et toujours un compliment pour votre interlocuteur»,martelait-il aux cadres de Forza Italia, son parti or-ganisé comme une entreprise. C’est aussi un politicien habile qui a réussi à réintégrer dans le jeu politi-que les post-fascistes de Gianfranco Fini. Et à mettre dans la même ma-jorité la très xénophobe Ligue du Nord, qui rêve de fédéralisme. Pour lier l’ensemble, un discours popu-liste –mélange de tout à l’ego, d’ul-tralibéralisme, puis d’étatisme– qui depuis prospère dans les autres droites européennes. Sesbarzolette(blagues), y compris les plus «beaufs», sont des provo-cations calculées. Il décomplexe l’électeur avec des boutades qui li-bèrent les tabous dans un monde politique italien longtemps dominé par les moralines catholique et communiste.«Je suis comme vous, j’aime les belles femmes, m’amuser et le foot»,clame-t-il pour faire oublier ses frasques. Le séducteur qui aimait à jouer les crooners s’est transformé en caricature de vieux beau avec cheveux teints, implants et un visage cireux ultra lifté. Ses adversaires le surnomment désor-mais«la momie».Mais cela fonc-tionne encore. Silvio Berlusconi est avant tout un symptôme. Il y a dix ans déjà, le chanteur Gian Piero Alloisio remar-quait avec une triste ironie :«Je ne redoute pas tant Berlusconi en soi que Berlusconi en moi.» MARC SEMO
LIBÉRATIONRERCMIED15EBREMÉCD2010
Près de la place du Peuple, hier, à Rome. De violentes manifestations ont éclaté après l’annonce de la victoire de Berlusconi.VINCENZO PINTO. AFP Des manifestants ont affronté la police, brûlé des voitures et cassé des vitrines. LedéfilétourneausacdeRome ont mis le feu à de nombreux véhi- bilisés depuis plusieurs semaines Cedencrésioli,prapcho-téensdeGozzizarudrealaPconi,leserBerlusnastnottamineftsêtpruvsatàaipeleejorredtroféctronusplurieulc.Aesesnt-orspeirestôcéuo,ralocfnailencaviouelqedeqniua.nseeut-srlqeoéu,etpunscésavnudeilaqvuteséutsôeCm.uxilorle,vniindtriasjr tamment du côté de la place du En marge du rejet de la motion de Peuple, les heurts ont opposé, à été rejoints, entre autres, par des romaine du Cavaliere, aux cris de censure contre Silvio Berlusconi coups de gaz lacrymogènes, les chômeurs, des personnels de«démission».Première charge des dans un hémicycle de la Chambre forces de l’ordre déployées en santé, des habitants de L’Aquila forces de l’ordre suivie par l’entrée des députés surchauffé, les rues de masse et des jeunes masqués, mu- –qui attendent toujours la recons- en scène, quelques dizaines de mi-Rome ont été hier le théâtre, pen- nis de casques et de bâtons. truction du centre dévasté par le nutes plus tard, de petits groupes dant plusieurs heures, de scènes Dans un climat social très tendu, séisme de l’an passé – ou encore de black block. Les affrontements de violence. la matinée avait pourtant débuté des citoyens de Terzigno, arrivés se sont poursuivis tard dans la soi-Aux abords des palais du pouvoir, pacifiquement avec le défilé de de Campanie pour protester contre rée. Le bilan s’élevait à plus de des centaines de manifestants et plusieurs dizaines de milliers de le projet d’ouverture d’une se- 90 blessés, plusieurs blindés de la de casseurs s’en sont pris aux ben- personnes contre la politique du conde décharge sur leur territoire. police brûlés et une quarantaine de nes à ordures, aux vitrines des gouvernement sous le slogan«la personnes interpellées.A l’heure du déjeuner, au moment boutiques du centre historique etcrise, c’est nous qui la vivons». la Chambre des députés s’ap-Mo- oùÉRIC JOZSEF (à Rome) Pour le sociologue Luca Ricolfi, l’Italie manque d’une alternative crédible: «Le produit Berlusconi est périmé, maisilnyapasdeproduitderemplacement» irec- consensus massif envers Berlusconi, PicRfiolaanresienosuimluandastlneisayivunlràeussferodteniruTedétisrepGCaieasqfunurnaielandlciottereniFstiatnrianvieesoràndenrrpaoiébstleee,nt?qeu-et-cielvernement n’a pas véritablement mis teur de la revuePolena, notamment dans le Sud, car le gou-le sociologue Luca pouvoir de Silvio Berlusconi dont le parti, PDL, soit sur l’accueil des immigrés, la en place des politiques de développe-est encore donné vainqueur dans les sondages. politique économique ou encore les ment. Quant à l’imaginaire que Silvio Malgré sa victoire par trois voix, est-ce l’épilo- véhiculait autrefois, celui Berlusconidroits pour les homosexuels. L’en-gue de l’expérience Berlusconi ?nui, c’est le manque de crédibilité de la diffusion de la prospérité à tous La parabole politique de Silvio Berlusconi est d’un homme politique qui a gou- par l’entrepreneur à succès ou en-terminée. Il ne peut que décliner. La question, verné quinze ans avec Silvio Berlusconi, accep- core la promesse d’une baisse des impôts, c’est c’est uniquement de savoir combien de temps tant notamment les lois sur mesure pour le terminé. Avec la crise, les Italiens ont compris sa chute va durer. Le problème est qu’il n’existe protéger de ses procès. Dans cette crise politi- que la fête est finie, que le gâteau a rétréci. pas d’alternative crédible. Déjà que, les deux hommes ont d’ailleursSi Silvio Berlusconi devait quitter la scène politi-en 2005, nous étions tous convaincusRVIEINTEWété irresponsables. Dans un contexteque, qui pourrait récupérer son électorat ? de son crépuscule. Malgré tout, l’ex- monétaire international agité et avec Après Berlusconi, le patron de Ferrari, Luca périence catastrophique du gouvernement de un pays qui a un endettement de 120% du PIB, Cordero di Montezemolo, serait un bon outsi-centre gauche de Romano Prodi, de 2006 ils auraient dû avoir la sagesse de trouver un der. Les sondages montrent qu’il pourrait con-à 2008, l’a relancé. Mais au fond, entre ses accord pour gouverner, forts de leur majorité quérir plus d’un cinquième des voix. L’autre scandales privés et ses ennuis judiciaires, il a d’une centaine de parlementaires. candidat serait l’actuel ministre de l’Economie, perdu depuis longtemps de son prestige. ParQue reste-t-il du bloc social de Berlusconi, dontGiulio Tremonti, soutenu par la Ligue du Nord. exemple, tous les Italiens ont compris que sale parti reste en tête, à 28% dans les sondages?Ses critiques de la globalisation ou encore cer-bataille pour la réforme de la justice consiste Son électorat se trouve surtout dans le Nord, taines de ses mesures, notamment sur les en réalité à tenter de régler sa situation judi- notamment parce que le Parti démocrate[PD,amortisseurs sociaux, ont un écho dans un ciaire. Sur le marché de la politique, le produitcentre gauche, ndlr]a abandonné le terrain. Tant populaire. Mais une solution dynasti- électorat Berlusconi est périmé, mais il n’y a pas de pro- que ses responsables ne seront pas réellement que, avec par exemple l’entrée en scène de Ma-duits de remplacement. Cette situation pourrait favorables à l’introduction du fédéralisme, le rina Berlusconi[fille de],pourrait aussi fonc-durer quelques semaines, mais aussi quelques Nord votera Berlusconi et pour la Ligue d’Um- tionner. années, jusqu’à la fin de la législature, en 2013. berto Bossi. Pour le reste, il n’existe plus deRecueilli parÉ.J. (à Rome)
6MONDE
Taymour Abdel Wahab était père de trois jeunes enfants. PHOTO SHUMUKH AL-ISLAM. AFP
LIBÉRATIONREDIMERC15RECEMDBÉ2010 kaze se dirigeait vers la gare cen- mour Abdel Wahab aurait été en-trale de Stockholm ou le grand ma- traîné en Irak, dans des camps de gasin Ahlens. Le bilan aurait pu être l’organisation. Ces informations très lourd. Les services de la Säpo n’ont pas été confirmées. S’ils pen-ne disposaient d’aucune informa- sent qu’il a agi seul samedi, les en-tion sur son compte. Selon le pro- quêteurs, qui ont reçu le concours cureur Tomas Lindstrand, il est ar- du FBI,«partent du principe qu’il rivé«comme un éclair dans le ciel des complices» avait. bleu». Il est mort sur le coup.«Ce qui est inquiétant, observe Jan A Tranas, bourgade de 18000 habi- Hjärpe, professeur en islamologie, tants, à 270 km au sud-ouest de lac’est le choix des mots, que l’on re-capitale, c’est l’incompréhension.trouve chez les extrémistes islamistes. Né en 1981 en Irak, Taymour AbdelIl ne parle pas de suicide, mais d’un Wahab est arrivé en Suède avec sesmartyre voulu.»Sur sa page Face-parents et sa sœur aînée en 1992. Se- book, qui a disparu entre-temps, il lon ses enseignants, il a appris rapi- a posté des liens vers des discours dement le suédois. C’était un bon prononcés par des idéologues d’Al-élève, doué en biologie cetauesn firtanpçaasis,q«deruip-neo«[C’est le profil d’un] jeune donnant aun sens à sa vie en se suicidant et le sbleèumresd»u,ycéeHola-lnpeoersiovl-llégitimant par le discours jihadiste.» vedsgymnasiet.Jan Hjärpeprofesseur en islamologie Ceux qui le connais-sent parlent d’un enfant«socia-Qaeda, faisant référence, par ble», «ordinaire», «bien intégré»,exemple, au«califat islamique», ou qui aimait jouer au basket et courir au«jour du jugement dernier». Mais après les filles.«Il n’avait rien de bi-il appartenait aussi au groupe zarre, il n’était absolument pas exclu «I love my Apple iPad»ou solitaire»,raconte un de ses amis au quotidienDagens Nyheter.«IlD«MESSALCÉNE»T.Selon Jan était joyeux, c’était facile de parlerHjärpe, c’est typiquement le profil avec lui», d’unconfie un autre au journal«jeune issu de la classe Expressen. Les voisins de la famillemoyenne, qui a subi un déclassement, parlent d’un«garçon toujours poli».et développe un sentiment d’apparte-nance sur Internet, au sein d’une SITE DE RENCONTRE.En 2001, ilcommunauté fermée, donnant un sens est parti étudier la thérapie sportiveà sa vie en se suicidant et légitimant à l’université de Bedfordshire, dansson acte par le discours jihadiste». la ville de Luton, à 50 km au nord Taymour Abdel Wahab était rentré de Londres. Il y rencontre sa future en Suède il y a trois semaines. Ses femme, Mona, une Suédoise origi- voisins, qui l’ont croisé deux jours naire du Moyen-Orient. Ils se ma- avant l’attentat, ne comprennent rient en 2004. Ensemble, ils auront pas :«Il avait l’air heureux et satis-trois enfants : deux filles, qui ontfait de sa vie. C’était agréable de par-aujourd’hui 2 et 4 ans, et un fils, néler avec lui. Il m’a dit qu’il allait bien cet été. Selon une annonce postéeparce qu’il avait deux filles et qu’il sur le site de rencontre en lignevenait d’avoir un fils.»Dans son Muslima, il cherchait une seconde dernier message, il demande à sa épouse :«Une musulmane prati-femme d’embrasser ses enfants et quante, sunnite, qui aime les enfantsde leur dire qu’il les aime.et veut satisfaire Allah avant moi.» Ce serait pendant son séjour en Grande-Bretagne qu’il se serait ra-REPÈRES dicalisé. En 2005, Taymour Abdel Wahab était revenu pour quelquesL’Etat islamique, l’organisa-mois en Suède. Ses amis l’avaienttion citée par Taymour Abdel trouvé changé.«Il était devenu trèsWahab, est la branche religieux.»A Luton, Qadeer Baksh,irakienne d’Al-Qaeda. Son Correspondante en Scandinavie ces derniers mois, est EntreLondresParANNE-FRANCOISE HIVERTaevqciurfialuqmeomhdpelisérd,7002«éereiaqsntlfafsudiaeebmullneieact»rentéentertopsdeit«rcitsesureltara2eivrti0m.a0ib6dqPlueuiu»etsn,e,,action la plus spectaculaire, l’attaque de la cathédrale de Tranas, à l’enfance or-laquelle une cinquantaine de dinaire, qui allait fêter sesfidèles ont trouvé la mort. 29 ans dimanche, a-t-il pu etlaSuèdedeC.unevel-èdT.sertuaifselWdeabahmoayAburparoettecaaluqlésjamaisrnestpluhmoamamreinls.tlcleIjieudanceiloprmtmqnueaiturêchnoitcidadtnavedrtpoialutronacélAdubiallonadtlelnchequilmamicédaevuosyriaque de Bagdad, dans devenir un terroriste? Samedi, Tay-, s’est-il passé ensuite? Avec qui Quevient d’acheter d’occasion sur In-tants, à 50 km de Londres, mour Abdel Wahab al-Abdaly prendLUTON le vCette ville de 240 000 habi-abrite une forte population liPadaujihadédoiensunaraseternebe,depresseTTetauxsreivecdsreneesemgnt(enpoSäon)canetnutnemegasohmlotkcoiSnertcderouresishe.Troiovneli,siuP.etuceenagllàainmeuneerDit.tR-e-s-iÉCIéssTohmmueenljellai-vaiitrae,qudreaag-TeàTséesopäSalàtcxeli,uprèuseaafemsdesuliemedantdnesuutboueiqladnemiitatLànouton,tait-ilencnoattcD?nalsmesemusulmane, surtout originaire du sous-continent indien. Les heurts y sont fréquents avec des groupes d’extrême droite. Le kamikaze de 29 ans,érusigtsrtpoonrs16.Aleabafli,25hsolpxetiaemtnovrirnceonicvoestdan,uearsueg-ayarsOr-enteiyoovM,oùiientstlne«Vos enfants, filles, «jamais allé pour travailler»,maisfrères et sœurs vont responsable des deux explosionsselapiseerioctuneànteiéragdesprincan,lunen-niggtadnDeortt«faire le jihad». Il cite l’«Etat isla-mourir comme ssuértvaietnruaedsicàalSitsoéclkohrsoldmsamedi,apacelsdleiarcmemocserètradesb,unetardplustusemxni.eiDtilaulrQudesi-ébeomusqpoilesrtmaiqeudea»,,-lAdenneikajàdénegirioàlsanecedemlbaarcnehrimeurent nos frères, de mort contre le caricaturiste sué-sœurs et enfants.» edois Lars Vilks en 2007. PlusieursTaymour Abdel Wahab longs séjours en Angleterre.-imaseenspurekelquntsesialimstirmentquestesaffilchcneTay-odtu.eeLesqnêuete.Parerreur,sansdans son message audio
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