Washington Post - Katharine Graham et le Washington Post1
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Centre de cas    9 00 2010 003  Katharine Graham et leWashington Post1  Cas produit parJacqueline CARDINALet le professeurLaurent LAPIERRE2    
 
Katie Graham’s gonna get her tit caught in a big fat wringer if that’s published!3  John Mitchell, procureur général des États-Unis, le 29 septembre 1972
 Le 15septembre 1972, cinq individus étaient accusés d’avoir cambriolé le quartier général du Parti démocrate situé dans le complexe Watergate, à Washington, afin de mettre la main sur des documents confidentiels et d’y installer du matériel d’écoute. Le même jour, deux anciens employés de la Maison Blanche étaient mis en accusation pour complot dans cette affaire. Quelques instants plus tard, dans son Bureau ovale de la Maison Blanche, le président des États-Unis Richard Nixon menaçait leWashington Post de représailles et traitait son avocat d’«enfant de chienne (son of a bitchqui il « règlerait son compte ».) », à  Le cambriolage a déclenché ce qu’on a appelé « l’affaire Watergate», qui sera révélée au grand jour par deux journalistes duWashington Post, Carl Bernstein et Robert Woodward4. À la suite d’une délicate enquête en profondeur prouvant l’existence d’une caisse noire et les tentatives decamouflage menées par l’administration Nixon, ils signèrent des articles dévastateurs qui n’auraient pu être publiés sans le plein assentiment de l’éditrice et propriétaire du journal, Katharine Graham. Deux ans plus tard, soit le 8août 1974, face à la menace imparable d’une mise en accusation (impeachment) devant le Congrès américain, Richard Nixon annonçait à la télévision qu’il démissionnait de son poste de président des États-Unis.                                                   1 En 2010, les auteurs ont remporté, pour l’excellence de ce cas, prix Alma- leLepage décerné pour la rédaction d’un cas au féminin. Alma Lepage a fait don à HEC Montréal d’un fonds dont les revenus devaient servir à promouvoir l’avancement des femmes en gestion. C’est à cette fin que la Fondation Alma-Lepage octroie chaque année des bourses et ce prix par lequel HEC Montréal veut aussi perpétuer l’esprit avant-gardiste dont a fait preuve, tout au long de sa vie, cette femme diplômée de l’École. 2 Laurent Lapierre est titulaire de la Chaire de leadership Pierre-Péladeau. Il est également professeur titulaire au Service de l’enseignement du management de HEC Montréal. 3 libre Traduction « : Graham va se prendre les nichons dans une belle grosse essoreuse à rouleaux si cela est publié! » Katie Cette réplique avait été servie par John Mitchell au journaliste Carl Bernstein qui avait voulu vérifier les allégations l’impli-quant dans la mise sur pied d’un fonds occulte destiné à recueillir des renseignements sur les activités du Parti démocrate,avant de publier un article sur le sujet. 4 En 1974, les deux journalist es publièrent le livreAll the President’s Men, à partir duquel un film a été réalisé en 1976 mettant en vedette Dustin Hoffman et Robert Redford, qui en était aussi le producteur. © HEC Montréal 2010 Tous droits réservés pour tous pays. Toute traduction ou toute modification sous quelque forme que ce soit est interdite. Ce cas est destiné à servir de cadre de discussion à caractère pédagogique et ne comporte aucun jugement sur la situation administrative dont il traite. Déposé au Centre de cas HEC Montréal, 3000, chemin de la Côte-Sainte-Catherine, Montréal (Québec) Canada H3T 2A7.
Katharine Graham et leWashington Post  Les relations entre Katharine Graham et Richard Nixon avaient déjà été mises à mal un an avant l’affaire Watergate, lorsque l’éditrice avait autorisé la publication d’un autre article-choc sur ce qu’il a été convenu d’appeler les « Pentagon Papers ». Défiant l’interdit décrété par le gouver-nement Nixon, Katharine Graham avait donné son aval décisif au rédacteur en chef Ben Bradlee de publier un article dans lequel était dévoilée la teneur de documents top secret concernant la conduite en sous-main de la guerre du Vietnam.  Ardente défenseure, comme son père et son mari avant elle, de la liberté de presse, elle avait alors été le premier éditeur de journaux à braver l’embargo décrété par le procureur général John Mitchell contre la publication de ces documents historiques qu’un ancien employé de la Maison Blanche avait délibérément laissé couler à la presse. Ce geste illégal, que Katharine Graham avait eu l’audace de poser, devint pour l’histoire récente de la presse américaine le symbole embléma-tique de la lutte sacrée que tout journaliste doit mener pour sauvegarder la liberté de presse comme fondement ultime de la démocratie.  Née coiffée Rien dans la vie de la jeune Katharine Graham ne laissait présager qu’elle deviendrait un jour une « icône américaine1 ». Quatrième enfant des cinq qu’auront Eugene Meyer et Agnes Ernst Meyer, Katharine Graham est née le 16 juin 1917 à NewYork. Bien qu’elle vît rarement son père, homme d’affaires multimillionnaire,et sa mère, écrivaine et philanthrope très présente dans les milieux culturels new-yorkais, son enfance et son adolescence se sont déroulées dans la ouate.  Élevée par unenannyet sœurs en alternance dans le, elle passait ses vacances avec ses frères vaste domaine que son père avait acheté et aménagé à grands frais à Mount Kisco en banlieue de New York, plus rarement au confortable ranch familial situé dans le Wyoming ou, occasionnel-lement, en croisière en Europe où sa mère cultivait de nombreuses amitiés. Eugene Meyer possé-dait également une somptueuse résidence à Washington, où la famille vivait la plupart du temps2.  Eugene Isaac Meyer Eugene Isaac Meyer fils, le père de Katharine Graham, naquit dans une famille juive de LosAngeles en 1875. Il portait le même prénom que son propre père (sauf pour l’accent sur le deuxièmeeAlsace natale en 1859 pour aller rejoindre un compatriote,), qui avait quitté son Solomon Lazard, déjà établi dans cette ville autrefois mexicaine3. Ce dernier possédait une mercerie où il vendait des vêtements importés de France que s’arrachaient les élégantes Angelenos. À l’instar de ses frères qui géraient des établissements financiers à Paris et à Strasbourg, Solomon tenait en même temps un guichet de dépôt bancaire sous le nom de Lazard                                                  1 Voir Robin Gerber,Katharine Graham. The Leadership Journey of an American Icon, Penguin Book, 2005. 2 Les parties de ce cas relatant la vie de Katharine Graham, celle de son père, de sa mère et de son mari s’inspirent de son autobiographie publiée en 1997 sous le titre dePersonal History(Random House, 643 pages). Le livre obtiendra le prestigieux prix Pulitzer de la biographie en 1998. 3  Pour une description de la vie des juifs alsaciens vivant à Los Angeles à la fin du XIXe siècle, voir les premiers chapitres du livre de Carol Felsenthal,Power, Priviledge, andThe Post :The Katharine Graham Story, Seven Stories Press, 1993, 511 pages.
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