Pourquoi la France accumule-t-elle des surplus de balance courante ? - article ; n°2 ; vol.14, pg 61-105
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Revue française d'économie - Année 1999 - Volume 14 - Numéro 2 - Pages 61-105
Les récents surplus extérieurs de la France ne résultent ni de la sur-compétitivité des entreprises ni de la faiblesse de l'activité intérieure. Dans un monde de forte mobilité des capitaux, la balance courante reflète les comportements d'optimisation intertemporelle des agents privés. Les caractéristiques structurelles de l'économie française et les perspectives d'évolution des revenus disponibles des ménages justifient une position excédentaire, et celle-ci tend à prévaloir en l'absence d'intervention du gouvernement. Mais la conversion confirmée des autorités à l'économie de marché entraîne l'effacement de la contrainte extérieure et un déficit transitoire pourrait aujourd'hui se produire sans susciter de pression sur la monnaie. Par ailleurs, les modèles conventionnels de balance commerciale ne permettent plus de rendre compte des évolutions des soldes extérieurs car ils n'intègrent pas la distinction, devenue cruciale dans une perspective intertemporelle, entre chocs permanents et chocs transitoires. En revanche, les modèles intertemporels de la balance courante permettent de progresser vers une meilleure compréhension de l'évolution des soldes extérieurs.
Recent external surpluses in France do not come from firms' overcom- petitiveness or a weak domestic activity. In a world of high capital mobility the current account balance reflects the private sector s intertemporal optimizing behavior. Structural features and the outlook of household's disposable income could lead to an external surplus. But with the re-affirmed commitment of the French authorities to the market economy, the external constraint vanishes and a deficit without pressure on the franc becomes possible. In addition conventional trade balance models do not make the - crucial in an intertemporal perspective — distinction between permanent and transitory shocks. However intertemporal models of the current account allow a better understanding of recent external sector developments.
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 113
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre-Richard Agenor
Claude Bismut
Pourquoi la France accumule-t-elle des surplus de balance
courante ?
In: Revue française d'économie. Volume 14 N°2, 1999. pp. 61-105.
Résumé
Les récents surplus extérieurs de la France ne résultent ni de la sur-compétitivité des entreprises ni de la faiblesse de l'activité
intérieure. Dans un monde de forte mobilité des capitaux, la balance courante reflète les comportements d'optimisation
intertemporelle des agents privés. Les caractéristiques structurelles de l'économie française et les perspectives d'évolution des
revenus disponibles des ménages justifient une position excédentaire, et celle-ci tend à prévaloir en l'absence d'intervention du
gouvernement. Mais la conversion confirmée des autorités à l'économie de marché entraîne l'effacement de la contrainte
extérieure et un déficit transitoire pourrait aujourd'hui se produire sans susciter de pression sur la monnaie. Par ailleurs, les
modèles conventionnels de balance commerciale ne permettent plus de rendre compte des évolutions des soldes extérieurs car
ils n'intègrent pas la distinction, devenue cruciale dans une perspective intertemporelle, entre chocs permanents et chocs
transitoires. En revanche, les modèles intertemporels de la balance courante permettent de progresser vers une meilleure
compréhension de l'évolution des soldes extérieurs.
Abstract
Recent external surpluses in France do not come from firms' overcom- petitiveness or a weak domestic activity. In a world of high
capital mobility the current account balance reflects the private sector s intertemporal optimizing behavior. Structural features and
the outlook of household's disposable income could lead to an external surplus. But with the re-affirmed commitment of the
French authorities to the market economy, the external constraint vanishes and a deficit without pressure on the franc becomes
possible. In addition conventional trade balance models do not make the - crucial in an intertemporal perspective — distinction
between permanent and transitory shocks. However intertemporal models of the current account allow a better understanding of
recent external sector developments.
Citer ce document / Cite this document :
Agenor Pierre-Richard, Bismut Claude. Pourquoi la France accumule-t-elle des surplus de balance courante ?. In: Revue
française d'économie. Volume 14 N°2, 1999. pp. 61-105.
doi : 10.3406/rfeco.1999.1080
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfeco_0769-0479_1999_num_14_2_1080Pierre-Richard
AGENOR
Claude
BISMUT
Pourquoi la France
accumule-t-elle
des surplus de balance
courante ?
position monnaie. réagiraient nette Ainsi par une d'un la recherche tendance pays devenait de 'idée irrépressible l'équilibre a longtemps trop débitrice, extérieur, à la dépréciation prévalu au les moins que marchés de si sur la 62 Pierre-Richard Agénor, Claude Bismut
le moyen terme, apparaissait-t-elle comme le seul moyen d'as
surer la stabilité monétaire externe et d'éviter le coût politique
interne d'une dévaluation. En France, cette contrainte extérieure,
plus encore que l'inflation, a constitué le principal obstacle aux
ardeurs des partisans des politiques de relance par la demande.
C'est elle, en particulier, qui a marqué le coup d'arrêt de la
relance de 1981. Or, depuis les premières années de la décennie
quatre-vingt-dix, la tendance endémique de l'économie fran
çaise au déficit extérieur semble s'être inversée.
La France échappe-t-elle aujourd'hui, et pour combien de
temps, à la contrainte extérieure qui forçait les gouvernements
à renoncer aux moyens macro-économiques de lutte contre le
chômage ? Pour certains, nous récoltons enfin les fruits d'une
rigueur qui a permis une remise à niveau de la compétitivité des
entreprises françaises. La contrainte extérieure a été repoussée.
Pour d'autres, moins optimistes, c'est la faiblesse de la demande
intérieure, jointe à des marchés d'exportation relativement dyna
miques, qui est la cause des surplus de balance courante. Dans
ce cas, une reprise de la demande intérieure (par ailleurs souhaitée)
stimulerait les importations et ferait fondre rapidement les sur
plus. Mais aucune de ces deux explications ne remet en cause l'exi
stence même d'une contrainte extérieure. Dans les deux cas, un
surplus extérieur indique que des marges existent pour une crois
sance un peu plus rapide.
Il se peut cependant que l'apparition de surplus courants
ne résulte ni de la surcompétitivité de l'économie française, ni
de la relative faiblesse de la demande interne. Elle pourrait reflé
ter le comportement spontané du secteur privé dans un env
ironnement financier libéralisé. Des conditions démographiques,
des circonstances économiques particulières, des phases de déve
loppement peuvent, en l'absence de contraintes financières, jus
tifier l'apparition de déficits ou de surplus durables. Dans la
mesure où les déficits de balance courante sont soutenables et sont
financés sans tensions excessives par des capitaux privés, il serait
alors contre-productif de chercher à ramener l'équilibre. De
même dans le cas de surplus, le déplacement de l'épargne natio
nale vers l'étranger peut résulter d'opportunités rentables ou de Pierre-Richard Agénor, Claude Bismut 63
circonstances particulières qui justifient que les agents natio
naux retardent leur consommation pendant que les consommat
eurs étrangers l'avancent. Il n'y a aucune raison de s'y opposer,
ni de chercher une croissance plus rapide.
Cet article présente ces deux visions possibles des évolu
tions actuelles du solde extérieur de la France. Dans une première
section, un examen descriptif de ces évolutions souligne le carac
tère complexe et inhabituel de la phase actuelle. La notion de
contrainte extérieure est alors réexaminée à l'aide d'un modèle
simple dans lequel la balance commerciale dépend de la comp
étitivité et de la position relative de l'économie nationale dans
le cycle d'activité (deuxième section). Cette analyse n'infirme
pas le rôle de ces deux facteurs mais elle montre qu'un tel modèle
ne permet pas de rendre compte des évolutions récentes. On
envisage ensuite, dans la troisième section, une interprétation alter
native des surplus extérieurs récents, la disparition de la contrainte
extérieure révélant des comportements intertemporels d'épargne
et d'investissement. D'autres facteurs explicatifs interviennent.
Les caractéristiques structurelles de l'économie française justi
fieraient plutôt une balance courante excédentaire. Dans ce cas,
ce sont les déficits de la fin des années quatre-vingt qui sont à
expliquer. Ceux-ci semblent en partie liés aux perspectives d'ou
verture du marché unique. En revanche, les surplus récents n'ont
plus rien de surprenant. Ils pourraient refléter l'assombrissement
des perspectives d'évolution des revenus disponibles des ménages.
Surplus extérieurs :
clartés et zones d'ombre
C'est en 1996 que la France redevient créancière nette vis-à-vis
de l'étranger. La longue série de déficits courants des années
quatre-vingt l'avait amenée en position débitrice. La tendance s'est
inversée en 1992, date à laquelle la France a renoué avec les 64 Pierre-Richard Agénor, Claude Bismut
excédents de balance, une situation qui n'avait rien d'excep
tionnel dans les années soixante et soixante-dix. Depuis, la ten
dance à l'excédent courant n'a cessé de se confirmer. En 1997,
dernier chiffre connu, le solde courant atteint 2,5 % du PIB
(figure n° 1). Il faut remonter au début des années soixante pour
trouver un chiffre comparable.
Le redressement du secteur extérieur de la France au
début des années quatre-vingt-dix présente des caractéristiques
contradictoires. La balance commerciale est devenue fortement
excédentaire, essentiellement grâce à un ralentissement des import
ations, tandis que la part de marché des producteurs français
régresse sur les marchés extérieurs. Les surplus de balance comm
erciale se produisent, il est vrai, dans un contexte de ralenti
ssement durable de l'activité, mais une conjoncture semblable
s

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