Présentation de monographies d'exploitations pauvres - article ; n°1 ; vol.76, pg 61-80

Léon Rolland

Description

Économie rurale - Année 1968 - Volume 76 - Numéro 1 - Pages 61-80
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: ECONOMIE_RURALE
• Publié le: 01 janvier 1968
• Nombre de lectures: 25
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

Léon Rolland
Présentation de monographies d'exploitations pauvres
In: Économie rurale. N°76, 1968. pp. 61-80.
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Rolland Léon. Présentation de monographies d'exploitations pauvres. In: Économie rurale. N°76, 1968. pp. 61-80.
doi : 10.3406/ecoru.1968.2007
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ecoru_0013-0559_1968_num_76_1_2007PRESENTATION DE MONOGRAPHIES
D'EXPLOITANTS PAUVRES
par Léon ROLLAND
Directeur Départemental de l'Agriculture (Bobigny-Paris)
avec la collaboration de MM. DEBAY, Caisse de Crédit Agricole du Gard,
DIOT, Inspection des Lois Sociales en Agriculture du Finistère,
GERBER et MALLET, Centre d'Economie Rurale du Bas-Rhin.
PEYRAT et YCHE, Inspection des Lois Sociales en Agriculture de l'Ariège,
VEYNANTE, Inspection des Lois Sociales en Agriculture en Haute-Loire.
Objectif Difficultés
II paraît souhaitable de présenter à propos de Du côté des enquêteurs, la démarche était inhal'agriculture pauvre, des réalités concrètes basées bituelle, délicate et très onéreuse quant au temps. sur une observation méthodique au niveau de l'ex Pour les agriculteurs, la principale difficulté était de ploitation et de la famille paysanne. Nous avons donner des éléments assez précis pour établir une cherché à obtenir des descriptions dépersonnalisées évaluation chiffrée en l'absence absolument génércomportant une évaluation chiffrée de la situation ale de tout enregistrement méthodique à ce niveau économique de l'entreprise et du budget familial. d'entreprise.
Méthode
Nous nous sommes adressés à une vingtaine de Résultats personnes ayant des responsabilités économiques et
sociales vis-à-vis du milieu agricole dans le cadre Nous avons reçu cinq « dossiers » qui correspond'une activité qui les met en relation directe avec
dent bien à l'objectif. Nous ne pouvons malheureudes agriculteurs de situation modeste. sement, pour des raisons matérielles, qu'en don
Pour le choix des exploitations, il a été demandé ner des extraits. Ces documents ne prétendent nul
de rechercher des exemples représentatifs de situa lement à constituer une typologie de l'agriculture
tions relativement courantes en écartant les « cas pauvre en France ; leur mérite semble être de don
sociaux » où la pauvreté, voire la misère, trouve ner quelques images susceptibles d'illustrer la notion son origine dans des causes telles que maladie, de pauvreté d'une importante fraction du monde
alcoolisme, etc.. gaysan dans quelques régions et de faire apparaître
La conduite de l'enquête a été laissée à l'initia comment ces situations trop modestes sont liées
tive des correspondants. Ils ont reçu des directives essentiellement soit à l'ingratitude du milieu natur
souples, sauf pour la présentation des chiffres qui el, soit à l'exiguïté des exploitations, soit encore à
sont donnés dans un cadre uniforme. ces deux causes réunies. .
OBSERVATIONS GENERALES INSPIREES PAR CES MONOGRAPHIES
En parcourant l'ensemble de ces monographies, Si, pour libérer leur terre, on pensait devoir ce
en approfondissant peut-être certaines d'entre elles, pendant les inciter au départ, il faudrait prévoir
le lecteur constatera qu'il est difficile d'en tirer des pour eux des sécurités équivalentes à celles qu'ils
enseignements généraux. abandonnent.
Nous devons cependant faire part des remarques
que nous a suggérées l'examen de cet ensemble Avenir inacceptable
d'images. Nos réflexions s'articulent autour de deux pour la génération montante
idées principales :
Notre réflexion se situera pour les jeunes dans
une optique totalement opposée.
Pauvreté acceptable ? L'époque est révolue où le cultivateur pouvait
détacher quelques éléments de son capital d'exploiL'agriculteur installé sur une exploitation trop tation pour que chacun de ses enfants commence petite par rapport aux exigences des techniques et petitement avec l'espoir de s'agrandir. de l'économie modernes, travaille dans des condi
Les jeunes ont le droit et le devoir de refuser la tions dures et connaît un faible niveau de vie. Mais
perspective d'une vie professionnelle et familiale cette pauvreté est compensée par des sécurités essent
analogue à celles que nous avons observées. ielles dont beaucoup d'individus et de familles sont
privés dans notre civilisation d'abondance. Il s'agit : Leurs parents et tous ceux qui partagent la res
ponsabilité de leur avenir doivent être profondé— de ia sécurité du logement familial,
ment conscients de la nécessité absolue d'un chan
— d'une assurance contre la faim pour le chef gement de dimensions économiques des unités de
d'exploitation et les siens, productions pour la majorité des exploitations fran
çaises ; cette réflexion entraîne deux suggestions. — et d'une certitude de ne pas manquer de
Tout projet d'installation pour un jeune, tout projtravail.
et d'agrandissement pour un agriculteur déjà ins
Ajoutons-y les deux biens immatériels qui corre tallé, devraient faire l'objet d'une véritable étude
spondent aux aspirations les plus profondes de l'hom économique. Il s'agit de mettre à la disposition des
me : la dignité et la liberté. « pauvres » les méthodes éprouvées de l'analyse
économique et du conseil de gestion actuellement Une telle situation n'est pas bonne en soi ; mais
réservées encore presque partout aux agriculteurs nous pensons qu'elle est acceptable pour tous ceux
déjà correctement installés afin que tous puissent qui, en raison du déclin de leurs forces ou toute
décider de leur avenir en toute connaissance de autre cause de faiblesse, sont inaptes à tenter l'aven
cause. ture d'un changement de métier, d'un dépaysement
géographique et d'un changement de statut social. Puisqu'il s'agit de passer de situations trop étroi
C'est sans doute pour un grand nombre la solution tes à des entreprises modernes réellement viables,
îa moins mauvaise ; elle est également acceptable nous pensons qu'au vu d'une étude économique
dans une optique d'intérêt général puisqu'elle évite sérieuse et complète, l'aide financière (sous forme
bien des traumatismes qui se traduiraient souvent de prêts puisque la rentabilité a dû être démontrée)
par de lourdes dépenses au titre de l'aide sociale. doit être globale et suffisante' pour que, dès le dé
Pour la grande majorité des agriculteurs largement part, l'affaire puisse tourner correctement.' Les élé
engagés dans la vie,1 il n'est pas souhaitable de ments les plus dynamiques, les plus compétents, les
bousculer les structures dans lesquelles ils pourront plus enthousiastes de la paysannerie ne pourront
continuer et achever leur vie d'adulte en attendant mener à bien le remodelage qui s'impose que s'ils
l'âge de la retraite. sont franchement aidés à effectuer leur mutation
avec tous les moyens nécessaires.
— 62 — DOSSIER ARIEGE
La surface de l'Ariège est de 487 700 ha dont Le faire-valoir direct est très largement domi
50 % seulement en surface agricole utile se répar- nant.
tissant en 2/3 d'herbe permanente et 1/3 de terres La surface cultivée par des exploitants âgés de
labourables. plus de 65 ans couvre 27 % du territoire agricole.
Exploitation' I. — ARIEGE - Région pyrénéenne (vallée de montagne)
17 ha de polyculture et élevage bovin, en pleine propriété, mécanisée
COMPTES DE L'EXPLOITATION
Compte d'exploitation simplifié Dépenses
Recettes Produits achetés pour la ferme 2 000 F
Produits animaux 10 900 F Achats de matériel et outils (par an en consommés par la famille .... 1 000 F moyenne) 2 000 F
Frais généraux 2 500 F
Salaires payés 0 F
Fermage 1 50 F
6 650 F
R even u agricole (différence) 5 250 F
1 1 900 F 1 900 F
Bilan simplifié
Actif Passif
Valeur . des immeubles (terres et bât Emprunts en cours 14 500 F
iments) 80 000 F Dettes envers des fournisseurs 330 F
Capital d'exploitation 20 000 F
14 830 F
Capital engagé dans l'exploitation (for-
lune de la famille) 85 170 F
100 000 F 100 000 F
COMPTES DE LA FAMILLE
Recettes Dépenses
Revenu agricole . .... 5 250 F Nourriture acheté