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Résumé de l ’étude Genre Justifications de la recherche Comme résultat du bilan stratégique mené en 2001, Al Amana a décidé d’introduire un nouveau produit, notamment le prêt individuel, pour les clients qui ont pu ou ont déjà dépassé leurs prêts collectifs, et ce afin d’approfondir sa pénétration du marché. Pour pouvoir comprendre la demande potentielle des clients d’ Al Amana, une analyse financière des dépenses en jeu pour le maintien du commerce et des foyers de ces mêmes clients a été menée auprès de 128 personnes résidant à Rabat (7000 au total) en Octobre 2002. L’analyse a révélé l’existence d’asymétries dans la taille et le volume des commerces, basées sur des différences de genre. En effet, les femmes avaient tendance à avoir des commerces beaucoup plus modestes que leurs homologues masculins surtout lorsqu’on compare la valeur du profit mensuel ainsi que la valeur du capital. Une analyse ultérieure menée par Al Amana a, en effet, démontré que pour l’ensemble des des emprunteurs d’Al Amana, ce scénario est valable et qu’il est encore plus exacerbé qu’on ne semble le croire. L’objectif de la recherche que l’on avance dans cette présentation est de comprendre la nature de ce ‘plafond en verre’ et de se demander comment les identités basées sur les différences de genre ainsi que la distribution des rôles pourraient affecter le développement ou le non développement des commerces et affaires gérés par les femmes. Méthodologie de la recherche ...

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Résumé de létude Genre
Justifications de la recherche
Comme résultat du bilan stratégique mené en 2001, Al Amana a décidé d’introduire un nouveau produit, notamment le prêt individuel, pour les clients qui ont pu ou ont déjà dépassé leurs prêts collectifs, et ce afin d’approfondir sa pénétration du marché. Pour pouvoir comprendre la demande potentielle des clients d’ Al Amana, une analyse financière des dépenses en jeu pour le maintien du commerce et des foyers de ces mêmes clients a été menée auprès de 128 personnes résidant à Rabat (7000 au total) en Octobre 2002.
L’analyse a révélé l’existence d’asymétries dans la taille et le volume des commerces, basées sur des différences de genre. En effet, les femmes avaient tendance à avoir des commerces beaucoup plus modestes que leurs homologues masculins surtout lorsqu’on compare la valeur du profit mensuel ainsi que la valeur du capital. Une analyse ultérieure menée par Al Amana a, en effet, démontré que pourl’ensemble desdes emprunteurs d’Al Amana, ce scénario est valable et qu’il est encore plus exacerbé qu’on ne semble le croire.
L’objectif de la recherche que l’on avance dans cette présentation est de comprendre la nature de ce ‘plafond en verre’ et dese demander comment les identités basées sur les différences de genre ainsi que la distribution des rôles pourraient affecter le développement ou le non développement des commerces et affaires gérés par les femmes.
Méthodologie de la recherche
Une recherche qualitative se basant sur des interviews approfondies et des informations recueillies durant des réunions de groupes-cibles ou focus groups a été menée dans la région de Rabat entre le et le 18 Octobre, 2003. Dix neuf interviews individuelles approfondi es et douze réunions de groupes-cibles ont été menées pour un total de 108 participants. Les outils de recherche ont consisté en une combinaison de guides d’interview pour les individus ainsi que des guides de discussion pour les réunions de groupes. Ces derniers utilisent quelques outils participatifs d’évaluation rapide. La population auprès de laquelle cette enquête a été menée a été stratifiée selon les critères suivants : le genre, le profit mensuel net, la situation familiale, si l’on est chef de famille ou pas, ainsi que le critère de l’âge.
La recherche a été menée auprès de clients masculins et féminins dans cinq antennes se situant dans la région de Rabat, où le produit du prêt individuel a été piloté ainsi que dans la région de Kénitra, une petite ville située à 30 Km au nord de Rabat.
Ce rapport reflète les opinions exprimées par les participant(e)s durant les interviews et les discussions de groupes. Si ces opinions ne représentent pas les opinions de toute la population sous étude dans la région, elles donnent, néanmoins, des indicateurs importants des directives à suivre par Al Amana afin que celle ci puisse modifier ces produits existants, introduire de nouveaux produits et augmenter son impact sur la population des clients qu’elle espère servir.
Les facteurs influençant les performances du business :
Les Identités de genre, les rôles et les responsabilités
Au Maroc, les rôles de genre sont essentiellement définis par l’institutiondu mariage qui privilégie les hommes par rapport aux femmes. La base de cette asymétrie est une obligation masculine qui trouve ses sources dans le Coran où il est cité que l’homme est supposé êtrepourvoyeur financier, par excellence, au sein du foyer. En retour, l’épouse devrait lui obéir selon le principe de (‘ta’a). Les hommes sont également supposés endosser la totale responsabilité de prendre leurs épouses en charge. Il sont, en outre, également appeler à prendre en charge financière leurs parents âgés et leur acheter les provisions dont ils ont besoin, même si ceci est un phénomène qui a quelque peu diminué par rapport au passé. En retour, les épouses sont supposées remplir leurs rôles de mères, d’épouses et de gestionnaires financières.
Le changement des Identités de Genre
Les rôles que se définissent parallèlement hommes et femmes se basent sur des idéaux sociaux, ou sur ce qui est perçu comme étant un « modèle », et diffèrent fondamentalement des rôles que ces derniers jouent dans la réalité : en fait, les femmes jouent un rôle de plus en plus prépondérant dans l’équilibre financier de leurs foyers Tandis que les hommes sont devenus de moins en moins capables d’assumer ce rôle à eux seuls, à cause du chômage et des bas salaires qu’ils reçoivent.
Cette transition fondamentale dans les rôles est la source d’une forte ambivalence parmi les interviewés, femmes et hommes. Une ambivalence, qui conjuguée à d’autres facteurs, limite la capacité des femmes à développer leurs business.
Les attitudes féminines envers les femmes qui travaillent
Lorsqu’on leur a demandéce qui les motivait à essayer d’avoir leurs propres revenus, beaucoup de femmes se sont décrites comme avoir été forcées à faire de la sorte à cause des impératifs économiques. Cependant malgré ces impératifs, les femmes ont exprimé de l’ambivalence et des opinions contradictoires quant à leurs travail:
Le travail de la femme la rend socialement vulnérable car ceci indique que son mari est soit incapable de prendre en charge ses responsabilités soit qu’il est absent.Afin de préserver sa vertu et son honneur, une fois qu’elle entre dans le marché du travail, la femme devrait éviter tout ce quiest ‘honteux’, ‘hshouma’. Ceci pose des limites quant au type de business dans lesquels elle peut s’engager ainsi que sur l’étendue de sa mobilité.La femme devrait toutefois remplir toutes ses responsabilités domestiques au même titre que les femmes qui ne travaillent pas. Dès lors, ses responsabilités prennent plus d’ampleur et finissent par doubler. Le travail dans le secteur informel ou dans le service domestique (généralement méprisé) demeurent les seules activités pouvant être pratiquées par les femmes n’ayant pas reçu d’éducation formelle; ces dernières constituent la majorité de la population sur laquelle s’est effectuée notre recherche.
Beaucoup de femmes ont aussi conclu que leur travail en dehors de leurs foyers n’a fait qu’augmenter leurs responsabilités alors que celles des hommes ont diminué en comparaison.
Le poids de l’ambivalence quant au travail rémunéré est tel que même quand les femmes admettent avoir appris beaucoup de choses grâce à leur travail, que celuici a augmenté leur mérite et a augmenté leur droit aux prises de décisions au sein de leurs f oyers, un nombre considérable affirment qu’elles préfèreraient toutefois ne pas avoir à travailler, si elles avaient le choix.
Les attitudes masculines envers le travail des femmes
Les interviewés hommes ont exprimé plus d’ambivalence que les interviewéesfemmes concernant le travail des femmes. Ils ont cité un certain nombre de raisons pour lesquelles ils ne veulent pas que leurs épouses travaillent :
C’est un indicateur clair que l’époux est incapable d’assumer ses chargesLe fait que leurs femmes n’ont pas reçu d’éducation formelle indique que ces dernières ne peuvent travailler que dans le service domestique Leurs épouses ne pourront jamais gagner assez afin de pouvoir couvrir les dépenses que leur travail implique, par conséquent, l’enjeu ne vaut pasla chandelle. En travaillant, les femmes deviendraient incapables d’assumer leurs tâches domestiques comme il se doit. Leurs épouses deviendraient sujettes au harcèlement sexuel L’épouse aurait plus d’autoritéC’est un interdit religieux.
Ce clash entre les impératifs économiques modernes et les idéaux traditionnels de la démarcation rigide entre les rôles masculins et féminins, limite, en effet, la capacité des femmes à développer leurs business. La section suivante de ce rapport examine c es facteurs en détail.
La définition du succès
Lorsqu’on leur a demandé qu' est-ce qu’elles aimeraient avoir atteint comme objectif à la fin de leurs vie, la réponse de la plupart des participantes s’est concentrée autour des enfants. Si le succès dans la vie passe essentiellement par la réussite dans les activités de business, ceci est un indicateur clair que l’on est animé par un esprit d’entreprise; or il est à noter que lors de cette recherche, ni les hommes, ni lesfemmes n’ont défini la réussitede cette manière. Les hommes aspirent beaucoup plus à avoir des professions stables qui leur donneraient accès à des pensions de retraite plutôt que d’avoir des commerces prospères.
Les hommes, néanmoins, considèrent leur capacité à assumer leurs charges familiales comme un indicateur de succès alors que ceci n’est pas le cas pour les femmes. Avoir un business prospère ne fait pas partie des priorités des femmes, alors que c’en est, en partie, une pour les hommes.
La capacité à consacrer du temps à la gestion des affaires
L’équipe de recherche a conclu que la prise en charge des responsabilités reproductives place des contraintes sévères sur le niveau de temps et de ressources que les femmes peuvent consacrer à la gestion de leurs activités. Alors que les femmes ont envahi le secteur des activités productives génératricesde revenus, les hommes, par contre, n’assument en rien la moindre responsabilité reproductive.
La majorité des femmes, dans l’échantillonétudié ont montré de recherche que nous avons qu’elles ne peuvent s’engager dans leurs autres activités que durant certaines heures de la journée, notamment pendant les après-midi ou durant les fins de soirées, après avoir terminé leurs responsabilités domestiques. La plupart des femmes ont mentionn é les contraintes de temps comme étant un facteur qui limite le développement de leurs activités, alors qu’aucun homme n’a fait illusion à cet obstacle.
Les épouses actives sont supposées servir une cuisine de meilleure qualité, assurer un bon niveau de propreté, un dévouement absolu au service de l’époux et des enfants, etc… au même titre que celles qui ne travaillent pas. Ni l’époux, ni la famille, ni le milieu social n’approuvent une femme qui place ses intérêts professionnels avant ses obligations familiales.
De la même manière, les épouses, les familles, les pairs, les communautés et la société, en général, n’encouragent pas les hommes à contribuer à l’accomplissement des tâches domestiques. Ceci étant perçu comme une honte, ‘ashouma’ que l’homme puiseparticiper au ménage ou tout autre tâche domestique. Cette perception est partagée par les hommes et les femmes.
Les femmes divorcées ou veuves ont admis que le fait qu’elles n’avaient plus de maris dont elles devaient assumer les responsabilités plaçait moins de contraintes sur le développement de leurs commerces.
Parmi les femmes mariées, celles qui ont des enfants en bas âge étaient celles qui avaient le moins de temps, alors que celles dont les enfants avaient déjà grandi disposaient de plus de temps.
Quand on leur a demandé qu’elle était la clé pour avoir un business réussi, la plupart des femmes ont mentionné que c’était le savoir faire en matière dedu temps, ainsi que gestion la capacité de trouver des substituts pour l’accomplissement des tâchesménagères, telles que les filles, les belles filles, parfois les fils quand on n’a pas de filles. L’allongement de la journée a parallèlement été souligné (en se levant plus tôt et en se couchant plus tard).
Le niveau d’autonomie
La capacité de prendre des décisions quant aux activités que l’on entreprend est un facteur décisif pour avoir un business prospère. Les femmes sont limitées à cet égard par les membres mâles de leurs familles. Même si légalement, une femme ne doit plus nécessairement recourir àla permission de son mari afin de s’engager dans un travail rémunéré, en pratique, c’est toujours une pratique courante. De la même manière, si une femme est célibataire, elle devrait s’en remettre à son père ou à ses frères. Si elle est divorcée ou veuve, elle devrait s’en remettre aux membres mâles de sa famille qui devraient aussi être consultés afin de savoir quel genre de travail rémunéré elle serait autorisée à accomplir et où.
Quelques unes des femmes interviewées ont exprimé leur ferme conviction q ue les femmes ont plus de liberté lorsqu’elles ne sont pas mariées, et que cette liberté constitue un facteur déterminant pour le développement de leurs activités.
La localisation des activités
La vaste majorité des femmes citées dans cette recherche ont leurs business à l’intérieur de leurs maisons, chose qui n’est jamais le cas pour les hommes. Alors que beaucoup de maris préfèrent que leurs épouses travaillent à l’intérieur de leurs foyers, il est tout aussi nécessaire que ceci se fasse de cette manière lorsque les femmes ont des enfants en bas âge.
Lalocalisation du business à l’intérieur du foyer place des obstacles quant aux perspectives de développement. Ceci, en effet, limite et le type et le volume des activités dans lesquels les femmes s’engagent du moment que l’espace est lui même limité et que la base de la clientèle se limite assez souvent aux voisins.
Lorsque la base des clients se limite aux voisins et au réseau social, cela veut essentiellement dire que les ventes se font à crédit.
La mobilité
Les normes culturelles traditionnelles s’imprégnant de la culture religieuse musulmane font qu’une femme ne peut rester loin de chez elles pendant plus d’une nuit, et plusieurs de ces femmes n’ont point le droit de passer la nuit loin de chez elles, même pour une nuit. Ceci est aussi perçu comme étant un sérieux handicap à la capacité des femmes à gérer et à faire prospérer leurs business.
Le choix des activités
Les femmes auprès desquelles cette recherche a été mise au point ont tendance à s’agglutiner autour de deux ou trois activités, notamment la broderie, le commerce, et les activités associées aux cérémonies de mariages, baptêmes, funérailles, ainsi que la confection de pâtisseries durant le mois du ramadan c’est-à-dire que c’est une extension souvent logique des tâches traditionnellement ménagères.
Les femmes qui s’engagent dans des activités traditionnellement masculines sont souvent l’objet de sanctions sociales telles que le harcèlement sexuel,dans certains cas. Puisque les femmes ont trop souvent tendance à se concentrer autour du même secteur d’activités, la compétition est souvent très élevée.
La diversification
Une des raisons, identifiées dans d’autres pays, et pour laquelle les activités des femmes ne se développent pas de la même manière que celles des hommes est que les femmes ont tendance à diversifier leurs activités alors que les hommes investissent dans un seul et même secteur d’activités. Il est à noter qu’au sein de la population in terviewée, on n’a pas observé une diversification significative pour les femmes, à l’exception de la confection de pâtisseries durant le mois du ramadan. Ce facteur, dès lors, n’explique point les différences de développement entre les activités gérées et dirigées par les hommes et les femmes respectivement.
Les réseaux sociaux
Avec la polarisation claire et prononcée des espaces masculins et féminins, chaque sexe utilise son espace respectif pour l’échange d’idées et afin d’établir un certain réseau relationnel professionnel. Les femmes sont plus ou moins privilégiées à cet égard. Pour les
hommes, le point de rencontre, par excellence, demeure le café mais il y a aussi la mosquée, et le bain maure/hammam. Pour les femmes aussi, il y a le hammam ainsi que les diverses cérémonies dont elles assument la responsabilité de l’organisation, telles que les mariages et baptêmes. Les femmes comptent énormément sur le bouche à oreille pour établir leurs réputations professionnelles.
La capacité à re-investir les Les modèles de dépenses selon le genre
profits
dans
le
business :
La capacité à réinvestir les profits dans le business est un autre facteur de développement. De manière générale, la pression exercée sur les femmes pour prélever de l’argent sur leurs projets et l’injecter dans le budget familial est plus élevée que la pression exercée sur les hommes. Ceci est notamment dû à une combinaison de facteurs :
Premièrement, il a été observé que les hommes et les femmes considèrent que le revenu généré par l’épouseest uniquement complémentaireà celui de l’époux, même si c’est le premier revenu dans la maison. Ceci pourrait être interprété comme une tentative de préserver l’honneur du mari et afin d’éviter les conflits conjugaux. En plus, les activités génératrices de revenus pratiquées par les femmes sont considérées comme étant moins importantes que celles de leurs homologues masculins. Lorsqu’une dépense non prévue se pose, on prélève de l’argent sur le budget du commerce de la femme plutôt que de celui de son mari. En second lieu, dans les foyers où les deux époux gagnent un revenu, plusieurs femmes ont rapporté que la contribution de leurs maris était insuffisante pour couvrir leurs besoins basiques. Non seulement les femmes doivent couvrir les manques à gagner, mais elles assument en outre la pression psychologique de joindre les deux bouts. Troisièmement, pendant que les maris se sentent responsables du logement, de la nourriture, et de l’habillement, ils ont des perspectives différentes des standards minimum requis que leurs épouses et leurs enfants. Si ces derniers veulent plus, l’épouse devrait couvrir le manque.Quatrièmement, les femmes rapportent se sentir sous une pression permanente à cause de leurs enfants (tout âge confondu). Ces derniers veulentavoir de l’argent, de meilleurs vêtements, des chaussures de sport , etc. Cette pression est encore plus exacerbée lorsque les fils sont au chômage. Cinquièmement, alors que les fils ont traditionnellement eu la charge de s’occuper de leurs parents âgés, il est maintenant devenu courant que ce soit les filles qui en soient responsables. Ce n’est pas que les fils ne veulent plus remplir leurs obligations, mais tout est devenu tellement cher. Sixièmement, les femmes dépensent de l’argent afin de maintenir leur position dans un système minutieusement structuré et qui est basé sur la réciprocité avec les voisins et les autres membres de leurs famille. Elles sont supposées contribuer avec des présents et des fois même de la nourriture pour les fêtes de mariage, les baptêmes et les funérailles. Ceci est supposé leur être rendu lorsque leur tour viendra. Ces arrangements réciproques aident les femmes à aplanir les flux de leurs revenus et à mieux gérer les facteurs de risque.
La capacité à re-investir les Lesmodèles d’épargne selon le genre
profits
dans
le
business :
Une autre tendance qui a été observée au sein de la population sur laquelle la recherche a été menée, était le fait de mettre d’importantes sommes d’argent de côté pour faire face aux urgences qui peuvent se poser. Cette tendance naturelle à épargner affecte la capacité des personnes interviewées à réinvestir le capital dans leurs activités respectives, chose qui compromet ainsi leur développement.
Il est clair que cette tendance prononcée à épargner affecte les activités des femmes beaucoup plus que celles des hommes. Alors qu’il est clair que dans plusieurs foyers, hommes et femmes font des économies, il apparaît aussi évident d’après les interviews que ce sont les femmes qui sont responsables de faire des économies.
De manière générale, cette tendance à beaucoup épargner souligne le manque réel de produits pour faire face aux risques financiers sur le marché, tels que les assurances maladie. L’accès à de tels produits pourrait permettre aux micros entrepreneurs d’augmenter de manière significative leur investissement dans le business.
La coopération au sein du foyer
Les femmes mariées ont souligné qu’un facteur décisif de réussite dans leurs business serait la coopération entre elles et leurs époux. De hauts niveaux de coopération impliqueraient l’alignement des objectifs et l’accord sur les dépenses, les économies à faire, les décisions à prendre quant aux genres d’investissement,y compris celles concernant le champ d’activité des femmes .
Leniveau d’éducation
Durant toutes les discussions de groupe s’inscrivant dans le cadre de cette recherche, une portion substantielle sinon la quasi totalité des femmes interviewées sont analphabètes alors que tous les hommes sont éduqués. Même si beaucoup de gens analphabètes ont des affaires très prospères, l’analphabétisme pose beaucoup de limites, particulièrement lorsque les activités deviennent plus formelles.
Les femmes sont, de ce fait,désavantagées car elles n’ont pas d’expérience dans la gestion des affaires. Ceci a été cité comme un facteur déterminant de réussite.
Le capital initial de base
Avoir un capital suffisant pour élargir un business au delà d’une modeste activitégénératrice de revenus est une chose difficile pour beaucoup de fem mes. Al Amana a donné les moyens aux femmes de réaliser ceci. Ces femmes sont reconnaissantes à l’organisme pour leur avoir donné l’opportunité de réaliser cela, et d’avoir, en conséquent, la chance d’être autonomes.
La pauvreté
Beaucoup d’obstacles à l’investissement et au développement des projets sont en rapport intrinsèque pas seulement avec le critère du genre mais aussi avec le facteur de la pauvreté. Les foyers les plus pauvres ont moins de capital à investir et sont plus vulnérables aux chocs dus au chômage, à la maladie, au développement compromis.
L’hypothèse que les femmes issues des foyers les plus pauvres ont tendance à dé-capitaliser leurs business (notamment à travers la le détournement des profits afin de couvrir les dépenses de leurs foyers), chose qui limite leur potentiel de développement, est en effet une réalité que nous avons souvent rencontré chez les femmes interviewées.
Les besoins financiers des ménages
Afin de développer une meilleure perception des besoins d’argent, au delà de l’investissement dans le business, une série d’outils participatifs d’appréciation a été utilisée durant les discussions de groupe. Le logement, la santé, l’éducation, le troisième âge sont les choses qui exercent le plus de pression financière sur les foyers les plus pauvres.
Le logement
En termes de pression financière, le logement demeure le souci numéro un. Beaucoup de participant(e) s ont affirmé que payer le loyer s’avère être unechose très stressante pour les budgets limités. Ces derniers ont aussi exprimé le désir de posséder une maison dont leurs enfants pourraient hériter. Une telle chose instaure une certaine sécurité pour le troisième âge puisque les participants ont affirmépouvoir dès lors vivre avec l’enfant adulte à qui ils auront laissé leur propriété.
Alors qu’hommes et femmes soulignent le fait que ce sont les hommes qui sont responsables de l’acquisition d’une maison, il est clair que les femmes jouent un rôle fondamental à travers l’aide qu’elles apportent pour faire des économies à cet égard.
Malgré leur investissement notable dans la construction d’une maison de famille, (et ultérieurement aussi dans l’acquisition des meubles et le paiement des réparations), il est rare que le nom des femmes figure sur les titres de propriété. La majorité des femmes accepte, telle une fatalité, le fait que soit le nom du mari qui figure exclusivement sur les titres de propriété.
Celles qui, cependant, n’acceptent pas que ce soit le nom du mari qui apparaisse exclusivement sur les titres de propriété, ne vont pourtant rien demander à leurs maris, ou lorsqu’elles le font, elles essuieront un refus, et ne demanderont plus rien afin d’éviter querelles et conflits au sein de leurs couples.
Même si des changements récents au niveau du Code Marocain de la Famille stipule que le mari et sa femme ont chacun droit au logement familial, en pratique, ceci est encore difficile à mettre en œuvre . Quand et si Al Amana décide d’offrir des prêts pourl’acquisition d’un logement, l’organisme devrait essayer de faire en sorte que ces prêts ne soient pas débloqués uniquement au profit des maris et que les noms des épouses apparaîtraient sur les titres de propriété.
La santé
La santé vient en second lieu en termes de pression financière au sein des foyers à cause des frais médicaux très élevés, et à cause de l’imprévisibilité de la maladie. Une maladie pourrait être dévastatrice pour une famille, non seulement à cause des coûts élevés de la médication mais aussi parce qu’elle impliquerait la perte de la source de revenus c’est-à-dire le travail.
Les méthodes utilisées pour faire face à ces coûts varient et incluent un ajournement des visites chez le médecin, des prélèvements sur le capital du business, la collecte d’argent sur des comptes courants, le recours aux économies, la vente des bijoux, les emprunts auprès des membres de la famille, l’utilisation du prêt d’Al Amana, la vente des biens, et dans des situations extrêmes, le recours aux charitéset aux prêteurs d’argent.
Les stratégies adoptées par les foyers pauvres afin de faire face à ces crises de santé peuvent avoir plusieurs autres répercussions. Par exemple, la vente des biens productifs pourrait avoir des effets négatifs sur le foyer au long terme. De la même manière, l’épuisement des économies pourrait empiéter sur les objectifs futurs, tels que l’éducation des enfants et l’acquisition d’un logement. Finalement, comme il a été signalé dans ce rapport, la garantie d’économies suffisantes pouvant couvrir les dépenses pour les frais médicaux limite le montant d’argent réinvesti dans le projet.
L’accès à l’assurance maladie serait un formidable bénéfice pour cette population et encouragerait un usage plus productif de l’argent emprunté.
L’éducation
L’éducation vient en troisième lieu en termes de pression financière. Il y a de plus en plus de pressions à envoyer les enfants dans des écoles privées comme l’Etat est incapable d’offrir un enseignement de qualité. Les femmes ayant un grand nombre d’enfants trouvent du mal à faire face aux frais de la scolarisation. La responsabilité des frais de l’enseignement a tendance à être assumée par les hommes, mais les dépenses récurrentes tels que l’achat des livres, des tabliers, l’argent pour la nourriture et le transport sont des frais qui sont généralement assumés par les femmes.
Les femmes ont aussi rapporté être sous pression beaucoup plus que les hommes car lorsque les enfants reviennent de l’école et que le mari est absent, c’est à leurs mères qu’ilsdemandent les choses dont ils ont besoin. Les femmes ont aussi déclaré être plus soucieuses que leurs maris quant à offrir une éducation de qualité à leur progéniture.
Al Amana pourrait aussi penser à introduire des prêts saisonniers pour des sommes d’argent modestes qui seraient rapidement déboursées. Ces prêts feront l’objet d’une forte demande vu que moyennement, la famille d’un client d’Al Amana dépense entre 2000 et 4000 dh à la fin du mois d’août pour les frais de scolarisation et les dépenses relatives à l’éducation.
Le troisième age
La pression financière associée au troisième âge est la quatrième sur la liste. Avoir des enfants semblerait être la première stratégie pour faire face aux contraintes liées au troisième age. L’obligation de prendre soindes parents qui ont pris de l’âge tombe sur les filles et les garçons mais plusieurs des participants ont admis pouvoir compter sur leurs filles beaucoup plus que sur leurs fils.
D’autres participants ont mentionné que les enfants ne sont pas nécessairement garants de soins, vu le taux élevé du chômage, et le fait que les belles filles ne veulent pas nécessairement cohabiter avec eux ou leur prodiguer des soins.
La possession d’un logement a été citée comme un facteur important garantissant la sécurité lorsqu’on atteint le troisième age. Les moins chanceux qui n’ont pas d’enfants ou qui ont des enfants sans profession ont déclaré n’avoir aucune autre alternative hormis celle de travailler jusqu’à ce qu’ils meurent.Les participants ont dit aimer avoir accès à un produit depension qu’ils pourraient s’offrir chacun selon ses moyens.
Les enfants au chômage
Le problème de fils au chômage se situe en cinquième lieu en termes de la pression financière que ce problème exerce. Malgré les sacrifices considérables déployés pour leur éducation, le secteur formel n’est pas arrivé à absorber une large population des jeunes gens éduqués.
Il est intéressant de noter qu’aucun des participants n’a parlé des filles auchômage. Ceci est dû au fait que les filles travaillent comme domestiques, ou dans des usines de vêtements, ou alors elles apprennent la broderie. Les fils, par contre veulent plus de choix dans les métiers qu’ils auront à exercer et n’acceptent pas les activités non attirantes que le secteur informel présente.
Le rôle de l’homme en tant que chef de famille qui gagne sa vie alors que celui de la femme se situe essentiellement au sein de son foyer justifie pourquoi les garçons demeurent plus longtemps à l’école afin qu’ils puissent postuler pour des professions qui offriraient des salaires décents pouvant leur permettre, ainsi, de soutenir leurs familles. Selon certaines femmes, le fait que les femmes dans la culture marocaine gâtent leurs fils explique le fa it qu’ils sont nombreux à être au chômage.
La pression financière que les fils au chômage exercent sur leurs mères surtout, est due à plusieurs facteurs. En premier lieu, il y a une énorme pression de donner aux fils de l’argent afin de leur faire sentir que leur vie est aussi normale que possible. En second lieu, le seul moyen, pour les membres de la communauté sur laquelle la recherche a été menée, d’obtenir du travail dans le secteur formel est la corruption. Pour obtenir un poste de travail dans le secteur de la police, par exemple, il faut corrompre les responsables pour un montant de 10,000 dirhams. L’autre option qui se pose est celle de l’émigration qui implique aussi des sommes d’argent très élevées.
Les femmes ont dit devoir assumer la responsabilité financière de leurs fils au chômage beaucoup plus que leurs maris, puisque les hommes étant beaucoup plus sévères ne se plient pas facilement aux volontés de leurs fils et à leurs pressions.
Le décès
Alors que les décès viennent en dixième lieu entermes de pression financière qu’ils exercent, la perte d’un mari pourrait avoir un impact dévastateur sur la veuve au long terme. Malgré
l’inévitabilité du veuvage des femmes, aucune des participantes ne paraît anticiper cet événement.
L’accès à l’assurance vie (une somme forfaitaire pour couvrir les besoins du foyer après le décès), et une assurance-décès (une somme forfaitaire afin de rééquilibrer le montant du prêt soulager la famille endeuillée pourrait aider les emprunteurs à mieux faire face au décès.
Les risques associés à la gestion des affaires
L’équipe de recherche a demandé aux participants quels étaient les risques auxquels ils font face durant leur vie. Hormis la santé et la mort, les participants ont aussi mentionné les risques associés au secteur du business, notamment la confiscation des marchandises en provenance du nord par les douaniers (vu que la plupart d’entre eux semblent s’adonner à cette contrebande), le vol, les variations saisonnières, la vente à crédit (des fois les clients s’avèrent être mauvais payeurs), ainsi que la faible demande due à une conjoncture économique en baisse.
Alors qu’il n’y a aucune solution évidente quant aux différents risques précités, les participants ont exprimé un intérêt à ce que Al Amana offre des prêts saisonniers afin de pouvoir mieux profiter des hautes saisons.
Le divorce
Finalement, les femmes ont mentionné le risque d’être divorcées de leurs maris ainsi que celui de la polygamie. Comme il a été noté au préalable, les femmes divorcées pourrai ent tout perdre. Elles peuvent être chassées de leurs foyers, perdre leurs enfants, et dans la plupart des cas, elles sont ainsi forcées à gagner leur vie. Traditionnellement, la famille de la divorcée l’aide, une aide limitée, comme il est souvent le cas, par plusieurs contraintes financières.
Le 10 octobre 2003, le Roi du Maroc a fait un discours concernant les changements à apporter au Code de la Famille qui sont supposés garantir et promouvoir les droits de la femme. Quelques uns de ces changements s’articulent autour du divorce et de la polygamie. Plusieurs de nos participantes avaient écouté le discours et en étaient enchantées.
Feedback pour Al Amana
Même si le feedback pour Al Amana n’est pas l’objet de cette recherche, à la fin de chaque interview ou de chaque discussion de groupe, on demandait aux participant(e)s de faire des suggestions pour Al Amana afin que celle ci puisse améliorer ses produits. Hormis les nouveaux produits mentionnés ci dessus, les participant(e)s qui font partie des emprunteu rs de prêts collectifs voulaient des prêts plus élevés, et un remboursement du prêt sur une base mensuelle au lieu d’une base hebdomadaire ainsi que l’accès à des prêts individuels. Ceux/celles bénéficiant déjà de prêts individuels ont exprimé le désir d’avoir accès aussi à des prêts plus élevés.
De manière générale, les participant(e)s se sont montrés très reconnaissants envers Al Amana et ont ainsi complimenté son personnel.
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