Corrigé Bac 2015 - Philo Série L - Sujet 3
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Sujets corrigés Bac 2015 Philosophie Série L Sujet 3 Texte de Tocqueville Objet du texte : Un texte original dans le sens où « la croyance dogmatique » est souvent considérée du point de vue de la connaissance, de la recherche de la vérité, comme quelque chose qui fait obstacle à celles-ci. La croyance dogmatique est donc vue comme ayant une valeur gnoséologique négative. Dans ce texte, Tocqueville propose de l’envisager non pas du point de vue de sa valeur de vérité, mais du point de vue de sa valeur pour l’existence, ici sociale, commune. La thèse du texte est claire, la vie en société exige un certain nombre de croyances communes considérées comme dignes de confiance et indiscutables. Tocqueville va justifier sa thèse à la fois par la nature de la société (lignes13/14) et par, semble-t-il, la nature de la recherche de la vérité (premier paragraphe). L’intérêt de ce texte est donc dans cette approche de la croyance comme valeur pour l’existence aussi bien collective qu’individuelle comme le suggèrent les dernières lignes du texte (21 à 23). Les arguments principaux du texte : Lignes 1 à 9 : ce premier paragraphe propose une définition de la croyance dogmatique, comme ce qu’on tient comme vrai (digne de confiance, de foi) et qu’on reçoit des autres.

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Publié le 17 juin 2015
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Langue Français

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Sujets corrigés
Bac 2015
Philosophie
Série L
Sujet 3Texte de Tocqueville
Objet du texte :
Un texte original dans le sens où « la croyance dogmatique » est souvent considérée du point
de vue de la connaissance, de la recherche de la vérité, comme quelque chose qui fait obstacle
à celles-ci. La croyance dogmatique est donc vue comme ayant une valeur gnoséologique
négative. Dans ce texte, Tocqueville propose de l’envisager non pas du point de vue de sa
valeur de vérité, mais du point de vue de sa valeur pour l’existence, ici sociale, commune. La
thèse du texte est claire, la vie en société exige un certain nombre de croyances communes
considérées comme dignes de confiance et indiscutables. Tocqueville va justifier sa thèse à la
fois par la nature de la société (lignes13/14) et par, semble-t-il, la nature de la recherche de la
vérité (premier paragraphe). L’intérêt de ce texte est donc dans cette approche de la croyance
comme valeur pour l’existence aussi bien collective qu’individuelle comme le suggèrent les
dernières lignes du texte (21 à 23).
Les arguments principaux du texte :
Lignes 1 à 9 : ce premier paragraphe propose une définition de la croyance dogmatique,
comme ce qu’on tient comme vrai (digne de confiance, de foi) et qu’on reçoit des autres. Il est
intéressant de noter que Tocqueville souligne que le nombre de ces croyances dépend « des
temps » ; on peut ici penser non seulement à l’accès variables aux sources de connaissances
eselon les époques (diffusion des lumières à partir du XVIII ) mais aussi à la variabilité du
temps libéré du labeur ou de l’intérêt pour les choses de l’esprit (ce qui présuppose que les
questions matérielles soient pour partie résolues), ou encore au développement de l’esprit
critique remettant en doute les arguments d’autorité. Ce qui est aussi à interroger, ce sont les
raisons pour lesquelles la formation personnelle des opinions n’aboutisse pas à un consensus,
selon Tocqueville. Est-il relativiste ? Pense-t-il que les hommes ne peuvent dépasser dans leur
réflexion intérêt et passion ou que la vérité demeure inaccessible ? La théorie de la
connaissance de Tocqueville ne peut être ici que questionnée le texte ne fournissant pas les
raisons de cette absence de consensus final et n’ayant pas pour objet une interrogation de la valeur de vérité de la croyance mais de sa valeur pour l’existence, comme le confirme le
paragraphe suivant.
Lignes 10 à 20 : ici, Tocqueville souligne le rôle de ces croyances dogmatiques comme
« liant » social comme condition d’une véritable vie sociale. En effet, il distingue, après
Rousseau, simple agrégation (troupeau d’hommes, qui n’est qu’une pluralité d’individus
vivants côte à côte) et une pleine association, qui présuppose un « commun ». Ce commun
pourrait être un passé commun, pour Tocqueville ce serait plutôt un « avenir commun », un
projet commun. Ce qui fait une société, c’est pour lui « une action commune » qui présuppose
des valeurs et idées communes, donc des « croyances communes ». On ne peut en effet
s’engager, vouloir sans croire, en doutant, en s’interrogeant. On retrouve ici l’opposition entre
un souci du vrai et une action, qui amenait Descartes à l’adoption d’une morale provisoire en
attendant des principes solides et vrais. Tocqueville fait même de ces croyances communes la
condition d’une prospérité qui semble pouvoir être cependant possible par une simple
poursuite d’intérêt purement individuelle. C’est en tout cas ce qu’il expose dans ce même
ouvrage, De la démocratie en Amérique en décrivant la poursuite des jouissances matérielles
dans la société démocratique industrieuse et individualiste. Cela invitait donc à interroger
cette notion de « société prospère », en quoi consistent cette prospérité, sa pérennité et le rôle
du projet commun ici. La concorde n’est pas une simple absence de conflits ou
l’entrecroisement d’intérêts privés (faux lien économique) mais un accord commun, une
entente. Une société sans avenir commun ne « tient » que par la force d’un pouvoir, d’une
indifférence au commun, donc fait illusion. Le berger ou l’intérêt perdu, chacun retourne à
son indépendance, sans ce commun.
Donc une société présuppose davantage que la coexistence des corps, une communauté des
esprits, un accord des esprits qui permet l’action commune qui seule soude et réunit, même si
cela pose problème du point de vue de la connaissance, car on s’en remet à « des croyances
toutes faites », ce qui est contraire à l’autonomie de la raison.
Lignes 21 à 23 : cette distinction entre le champs de la connaissance et celui de l’existence est
confirmée dans ces dernières lignes, où l’impératif de la vie en société exclu (on pourrait ainsi
insister sur la sociabilité des hommes et la nécessité d’une vie commune), Tocqueville
soutient même pour l’homme seul la valeur vitale de ces croyances dogmatiques, encore une
fois condamnables du point de vue de la connaissance. On peut ici penser à Nietzsche qui non
seulement soulignera que la valeur de vérité n’est pas étrangère aux enjeux vitaux (même si faire de la vérité un « arrière-monde » a contribué à dévaluer la vie et si les défenseurs de la
vérité se défendent de cette origine) et que la vie exige oubli mais aussi mensonge et illusion
ou que nous tenons pour vrai ce qui nous aide à vivre. Sans aller jusqu’à ce rapprochement,
on pouvait cependant noter que l’exigence et le temps de la connaissance ne s’accordent pas
avec l’urgence et la nécessité d’agir qui exigent peut-être que l’on tienne pour vrai un certain
nombre d’idées.
Un texte qui invitait donc à penser et interroger les conditions d’une vie en société, la
distinction entre les valeurs de la connaissance et de l’existence, mais qui suggère une
confiance peut-être abusive et dangereuse à terme. N’y a-t-il pas un risque à renoncer au nom
de l’action commune ou individuelle à penser par soi-même, à se laisser guider par les
autres ? Sous prétexte d’agir ne court-on pas le risque de subir, en se sacrifiant pour le
commun ou en sacrifiant à l’urgence ?

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