Campagne de fouilles 1978 à Aï Khanoum (Afghanistan) - article ; n°2 ; vol.124, pg 435-459
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1980 - Volume 124 - Numéro 2 - Pages 435-459
25 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Paul Bernard
Campagne de fouilles 1978 à Aï Khanoum (Afghanistan)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 124e année, N. 2, 1980. pp. 435-
459.
Citer ce document / Cite this document :
Bernard Paul. Campagne de fouilles 1978 à Aï Khanoum (Afghanistan). In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 124e année, N. 2, 1980. pp. 435-459.
doi : 10.3406/crai.1980.13742
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1980_num_124_2_13742d'aï khanoum en 1978 435 fouilles
COMMUNICATION
CAMPAGNE DE FOUILLES 1978 À AÏ KHANOUM (AFGHANISTAN),
PAR M. PAUL BERNARD
La dernière campagne de fouilles conduite par la Délégation
archéologique française en Afghanistan remonte à l'automne 19781.
Elle a vu s'achever les recherches sur deux chantiers, au gymnase et
aux grands propylées de la rue principale (fig. 1). Au palais nous
avons poursuivi le dégagement de la trésorerie dont le plan est
maintenant assuré et où de belles trouvailles de matériel et de
documents écrits ont continué d'être faites, tandis que progressait
l'étude des colonnades de la cour dorique et que divers sondages
permettaient de délimiter l'aire de la grande cour sud. Trois nou
veaux chantiers ont été ouverts : sur le bord ouest de la rue principale,
à hauteur du palais, où un nouvel édifice public a été localisé ; de
l'autre côté de la rue, mais plus au sud, où a été découvert l'arsenal
de la ville dont l'exploration à peine commencée nous a déjà livré
de nombreuses et précieuses trouvailles d'équipements militaires ;
sur l'acropole enfin où plusieurs sondages, entrepris pour nous
permettre de compléter l'étude des fortifications, ont amené la
découverte d'un quartier d'habitation d'époque grecque, celle d'une
nécropole de l'âge des invasions post-grecques et ont donné pour la
première fois une séquence stratigraphique couvrant la quasi totalité
des phases d'occupation de la plaine d'Aï Khanoum2.
Grands propylées sur la rue principale*
Les travaux conduits cette année dans les couches profondes du
bâtiment et qui mettent un terme à sa fouille ont permis de compléter
1. On trouvera un compte rendu plus détaillé de cette campagne dans le
BEFEO 1980, où est publié un rapport rédigé par l'ensemble des fouilleurs dont
je me suis largement inspiré pour cette communication. Sur les campagnes 1976
et 1977 cf. CRAI, 1978, p. 421-463.
2. Ont participé à cette campagne P. Bernard, O. Guillaume, Fr. Grenet,
P. Leriche, Cl. Rapin, A. Rougeulle, J. Thoraval, S. Veuve, E. Vion, archéo
logues ; P. Garczinsky, J. Cl. Liger, R. de Valence, architectes. Nous ont éga
lement apporté un précieux concours les représentants de l'Institut afghan
d'Archéologie : MM. Sadek Farhazi, M. Ghassouli et Z. Payman, qui ont pris une
part active aux activités de fouille. A tous j'adresse mes très vifs remerciements.
Comme tous les ans la fouille a été financée par une subvention du ministère des
Affaires Étrangères.
3. Chantier dirigé par O. Guillaume. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 436
Aï KHANOUM
i m m
Fiq. 1. — Plan général du site. fouilles d'aï khanoum en 1978 437
notre connaissance de son état le plus ancien et de préciser sa chronol
ogie qui se découpe en deux grandes phases architecturales : sa
construction vers 280-250 av. J.-C. et un important remaniement
dans la période 180-150 av. J.-C.
Gymnase*
Un sondage de vérification a confirmé l'hypothèse de salles d'eau
dès l'état le plus ancien III : sur le long soubassement de briques
crues où nous proposions de restituer celles-ci ont été, en effet,
retrouvées des traces de scellements de plâtre, restes indubitables
d'un dallage de briques cuites ou de carreaux de pierre, arraché lors
de la construction de l'état II. A la lumière de cette découverte on
peut désormais attribuer la même fonction à un soubassement
analogue construit au sud du précédent lors de la phase II et destiné
à remplacer les salles d'eau primitives. Le gymnase retrouve ainsi
les installations balnéaires qui faisaient encore défaut à ses deux
états les plus anciens.
Palais-Trésorerie5
Grâce au dégagement complet de son côté ouest et partiel de son
côté nord le plan de la trésorerie est maintenant bien connu, (fig. 2).
Il s'agit d'un bâtiment à peu près carré de 50,50 à 58,95 m de côté.
L'édifice comporte une cour centrale de 28 m de côté entourée d'une
rangée de magasins, au nombre de 5,5 et 8 respectivement, plus pro
fonds que larges à l'est, à l'ouest et au nord, barlongs au sud où, au
nombre de deux, ils encadrent un passage faisant communiquer la
trésorerie avec la cour dorique. Les magasins est, ouest et sud ouvrent
directement sur la cour, les nord sur un couloir longi
tudinal.
Immédiatement après l'abandon de la ville par les colons grecs, la
trésorerie, mise à sac, fut en partie réoccupée par les pillards qui
exploitèrent le palais comme carrière de matériaux. Leur activité
s'y manifeste en plusieurs endroits et en particulier dans les pièces
115 et 117 de l'aile ouest par des foyers de petite métallurgie,
simples cavités de 10 à 15 cm de diamètre, creusées en pleine terre
et vitrifiées par la chaleur, au fond desquelles débouche un petit
canal de soufflerie, aménagé lui aussi dans le sol. D'après les pre
mières analyses effectuées sur des prélèvements, ces foyers auraient
servi à fondre de l'argent. Un autre témoignage directement lié
à cette activité métallurgique nous a été fourni par une cache de
4. Chantier dirigé par S. Veuve.
5.par Cl. Rapin et E. Vion.
1980 29 U
Fio. 2. — Palais, plan restitué de la trésorerie et de la cour dorique (Dessin de J. CL Liger.) FOUILLES D'AÏ KHANOUM EN 1978 439
12 lingots de métaux précieux, 8 en argent d'un poids total de
12,574 kg, 4 en or d'un poids total de 0,873 kg, produits, sans
doute, de la fonte d'objets de récupération. L'un de ces lingots
portait, finement gravée sur une ligne, une inscription dans un
alphabet et une langue inconnus6 (fig. 3). Les caractères, dérivés de
l'araméen, se lisent de droite à gauche. Ce document se rattache à un
groupe d'inscriptions non déchiffrées qui sont apparues en Asie
centrale depuis une dizaine d'années sur une aire qui s'étend de la
région de Ghazni, au sud-ouest de Caboul7, jusqu'aux environs
d'Alma Ata dans le Kazakhstan8. Dans ce groupe qui est loin d'être
homogène, c'est avec un graffito de Xalcajan9 et l'inscription gravée
sur un vase en argent du kurgane d'Issyk10 que les signes de notre
texte présentent les affinités les plus étroites. Privés des ressources
de la linguistique, nous pouvons du moins faire appel à la vraisem
blance historique pour émettre une hypothèse sur la langue du
document d'Aï Khanoum. Comme nous l'apprennent les vestiges de
leur culture matérielle, les populations qui, après le départ des
Grecs, réoccupèrent pour un temps la ville n'étaient pas des nomades
conquérants mais très probablement des sédentaires autochtones.
Ne serait-ce donc point du bactrien que cacherait notre inscription,
du bactrien que les populations de la région auraient appris à noter,
sous la longue hégémonie achéménide, à l'aide d'un alphabet élaboré
à partir de l'araméen ? Les Kushans auraient par la suite remplacé
ce système de notation par l'alphabet grec, mieux adapté à la trans
cription de la langue locale.
Parmi les restes du pillage nous avons continué de recueillir des
fragments de vases portant des inscriptions économiques grecques
à l'encre. Une correction, suggérée par M. Fr. Lasserre, d'un texte
trouvé précédemment, a confirmé qu'un certain nombre de ces vases
avaient contenu le numéraire de la caisse du palais, compté en
drachmes lorsqu'il s'agit de monnaies grecques11. Un total de
10 000 drachmes, lu sur plusieurs fragments, pourr

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