L iconographie de la « Porta speciosa » d Esztergom et ses sources d inspiration - article ; n°1 ; vol.8, pg 85-129
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L'iconographie de la « Porta speciosa » d'Esztergom et ses sources d'inspiration - article ; n°1 ; vol.8, pg 85-129

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Description

Revue des études byzantines - Année 1950 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 85-129
45 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1950
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Thomas Bogvay (von)
L'iconographie de la « Porta speciosa » d'Esztergom et ses
sources d'inspiration
In: Revue des études byzantines, tome 8, 1950. pp. 85-129.
Citer ce document / Cite this document :
Bogvay (von) Thomas. L'iconographie de la « Porta speciosa » d'Esztergom et ses sources d'inspiration. In: Revue des études
byzantines, tome 8, 1950. pp. 85-129.
doi : 10.3406/rebyz.1950.1024
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rebyz_0766-5598_1950_num_8_1_1024DE ΙΑ « PORTI SPECIOSÂ » L'ICONO&RÀPHIE
D'ESZTERGrOM ET SES SOURCES D'INSPIRATION
Les portraits que les historiens tracent de Bêla III présentent,
surtout en ce qui concerne ses rapports avec Byzance, des traits fort
disparates ou même contradictoires. Les uns considèrent son éduca
tion byzantine et les traces ineffaçables qu'elle a laissées dans ses
idées comme un facteur d'importance capitale, seul capable d'éclairer
non seulement maintes questions de l'histoire politique mais aussi
quelques-uns des problèmes que pose de l'art et de la culture
en général (1). A en croire les autres, Bêla était entièrement dévoué à
l'Occident, d'autant plus que « dans l'entourage de Manuel et de sa
femme française il avait cultivé son esprit dans la société de chevaliers
et dames français de culture latine par les chefs-d'œuvre de la littéra
ture latine classique » (2). Cette thèse est soutenue particulièrement
par les historiens de l'art et les monuments auxquels ils renvoient
semblent leur donner parfaitement raison (3).
Mais les historiens de l'art ne se bornaient le plus souvent qu'à l'étude
du style, de la technique, de la composition ou tout au plus des motifs
iconographiques isolés, c'est-à-dire des qualités que l'homme moderne
(1) Voir les études fondamentales de J. Moravcsik, Pour une alliance byzantino-hongroise.
(Seconde moitié du xne siècle). Byzantion VIII, 1933, 555 ss. Le même, A magyar Szent
Korona a filoU')giai es tô'rténeti kutatàsok megvilci gitasdban. (= La Sainte Couronne hongroise
à la lumière des recherches philologiques et historiques). Szent Istvcin Emlékkonyv (Album
commémoratif de Saint-Ëtienne). Budapest 1938. Vol. III. 425 ss. Un résumé anglais de
cette étude : The Holy Crown of Hungary, The Hungarian Quarterley 4 (1938), 656-667.
V. Laurent, La Serbie entre Byzance et la Hongrie à la veille de la quatrième croisade, Revue
historique du Sud-Est européen, XVIII (1941), 109 ss. F. Dölger, Ungarn in der byzan
tinischen Reichspolitik, Ostmitteleuropäische Bibliothek Nr. 42, Budapest 1942. M. Barany-
Oberschall, Problémak a magyar szent korona körül. (Problèmes concernant la Sainte
Couronne hongroise) : Antiquitas Hungarica I, 1947, 91 ss. Le même, Localisation of the
enamels of the upper hemisphere of the Holy Crown of Hungary, The Art Bulletin, XXXI
(1949), 121-26.
(2) B. Homan et Gy. Szekfü, Magyar tërténet (Histoire hongroise), 7e édition. Vol. I,
p. 408. L'auteur de ce volume est Homan.
(3) T. Gerevich, Magyarorszâg românkori emlékei (Les monuments de l'époque romane
en Hongrie), Budapest 1938, 74 ss. A. Hekler, Ungarische Kunstgeschichte, Berlin 1937,
12. Il est significatif que ces deux auteurs dont les vues sur les rapports internationaux de
l'art hongrois différent essentiellement sont parfaitement d'accord sur ce point. 86 ÉTUDES BYZANTINES
aime à prendre pour l'essentiel de toute œuvre d'art, mais qui, appar
tenant à l'exécution et non pas à l'invention avaient une importance
beaucoup plus réduite au moyen âge. Aussi ne portent-elles que
l'empreinte des influences dont surtout les simples artisans-artistes
étaient les interprètes.
Or, on sait aussi· que pour l'homme du moyen âge la raison d'être
primaire de toute œuvre d'art était le service des exigences soit de
l'ordre divin propagé par l'Église, soit de la représentation profane dans
la vie sociale ou politique. Le monument artistique médiéval témoigne
donc des besoins et des ambitions de ceux qui l'ont fait faire et en
faisaient usage et en même temps, il représente la solution particulière
qu'ils ont trouvée pour réaliser leurs aspirations. Mais par là se révèlent
souvent des impulsions, idéals ou modèles inspirateurs, bref, des forces
motrices profondément humaines de l'histoire, que les sources écrites
ignorent ou ne font qu'effleurer. Sans doute, il n'est pas toujours aussi
facile de découvrir les composants non artistiques d'une œuvre d'art
médiéval que de préciser les diverses « influences » qui ont formé son
style, sa technique et ses autres qualités extérieures. Mais si l'on n'a
pas une idée claire de la raison d'être non artistique du monument,
la connaissance de sa genèse artistique elle-même restera fort incomp
lète (1).
C'est pourquoi le témoignage des monuments d'art en faveur de la
thèse de l'orientation spirituelle et culturelle exclusivement occident
ale de Bêla III nous paraît contestable, d'autant plus qu'il ne s'accorde
guère avec les résultats des récentes recherches historiques. Il est vrai
que la Hongrie était, dès saint Etienne, un pays catholique, attaché par
là même à la culture latine de l'Occident. De même on sait que
l'influence française y est parvenue à son apogée justement sous
Bêla III, surtout après son mariage avec Marguerite Capet en 1186.
Mais d'un autre côté, est-il possible que ce prince, élevé à Constanti
nople comme héritier du trône et qui même plus tard « ambitionnait de
ceindre les deux couronnes de saint Etienne et de Constantin » soit
resté inaccessible à la fascination de la Nouvelle Rome, à cette civil
isation raffinée qui, depuis des siècles, ne cessait pas de s'imposer non
seulement .aux amis et vassaux, mais aussi aux rivaux et ennemis
acharnée de l'empire (2)? Et peut-on admettre qu'un roi de si forte
(1) Combien la forme donnée par les artistes et l'idée mère dictée par les donateurs peu
vent être différentes, cela vient d'être démontré pour les mosaïques byzantines de la Capella
Palatina de Palerme par E. Kitzinger, The Mosaics of the Capella Palatina in Palermo
An Essay on the choice and arrangement of subjects, The Art Bulletin, XXXI (1949), 269 ss.
(2) Cf. W. Ohnsorge, Das Zweikaiserproblem im früheren Mittelalter. Die Bedeutung des DE LA « PORTA SPECIOSA » D ESZTERGOM 87 ICONOGRAPHIE
Fig. 1.
La Porta Spedosa de la cathédrale d'Esztergom (Reconstitution).
personnalité n'ait laissé dans l'art servant de cadre représentatif à
sa vie de souverain aucune trace perceptible des idées qui dominaient
sa politique? Certes, non!
La preuve la plus récente en est la porta speciosa d'Esztergom,
monument d'art de qualité supérieure, qui vient d'être présenté pour
la première fois en dehors de la Hongrie, par M. Dezsö Dercsényi dans
byzantinischen Reiches für die Entwicklung der Staatsidee in Europa, Hildesheim 1947, et
aussi Ε. KiTziNGER a. c. 290. 88 ÉTUDES BYZANTINES
une belle étude historique, stylistique et iconographique (1). Son travail
résumant et complétant les recherches hongroises de plus de cinquante
ans, nous trace un tableau si détaillé de ce chef-d'œuvre malheureuse
ment disparu et de son histoire qu'il est maintenant possible d'en
rechercher, au delà du domaine proprement artistique, les sources
d'inspiration les plus profondes. C'est ce qui sera tenté ici.
I
Le grand portail dit Porta speciosa de la cathédrale d'Esztergom fut
construit entre 1188 et 1196 sous les auspices du roi Bêla III et de
l'archevêque Job. Il fut détruit le 2 mai 1764 par l'effondrement de la
tour sud-ouest de l'église ruinée dans les guerres turques. Heureuse
ment une description détaillée et une peinture, toutes les deux du
xvnie siècle, et plusieurs fragments, conservés au « Lapidarium »
d'Esztergom nous renseignent sur ses particularités stylistiques et
techniques de même que sur sa richesse iconographique. La reconstruc
tion dessinée par l'architecte Géza Lux et l'esquisse montrant la dispo
sition des figures et des inscriptions nous dispensent de décrire en détail
le portail et sa décoration (fig. 1 et 2). <

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