La découverte du temple d'Aranyada' à Nashshān, rapport préliminaire d'une opération de sauvetage franco-yéménite (note d'information) - article ; n°3 ; vol.148, pg 1287-1304

Arbach Mounir, Audouin Rémy

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 2004 - Volume 148 - Numéro 3 - Pages 1287-1304
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: COMPTES-RENDUS_DES_SEANCES_DE_L-ACADEMIE_DES_INSCRIPTIONS_ET_BELLES-LETTRES
• Publié le: 01 janvier 2004
• Nombre de lectures: 17
• Langue: Français
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Extrait

Rémy Audouin
Monsieur Mounir Arbach
La découverte du temple d'Aranyada' à Nashshān, rapport
préliminaire d'une opération de sauvetage franco-yéménite (note
d'information)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 148e année, N. 3, 2004. pp.
1287-1304.
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Audouin Rémy, Arbach Mounir. La découverte du temple d'Aranyada' à Nashshān, rapport préliminaire d'une opération de
sauvetage franco-yéménite (note d'information). In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 148e année, N. 3, 2004. pp. 1287-1304.
doi : 10.3406/crai.2004.22785
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2004_num_148_3_22785D'INFORMATION NOTE
LA DÉCOUVERTE DU TEMPLE D'ARANYADA' À NASHSHÂN
RAPPORT PRÉLIMINAIRE
D'UNE OPÉRATION DE SAUVETAGE FRANCO-YÉMÉNITE,
PAR MM. RÉMY AUDOUIN ET MOUNIR ARBACH1
Le temple d'Aranyada'2 a été découvert au cours d'une pros
pection archéologique, réalisée au mois de mars 2004 dans le Jawf
du Yémen, et partiellement dégagé aux mois de juin et juillet sui
vants3. Il pourrait donc paraître prématuré de publier les résultats
d'une opération de sauvetage qui vient à peine de s'achever.
Nous avons cependant jugé urgent d'attirer l'attention des autor
ités yéménites et des organisations internationales sur l'état
désastreux des sites archéologiques du Jawf en général et d'al-
Sawdâ', l'antique Nashshàn, en particulier. C'est donc un appel à
la communauté scientifique internationale que nous lançons pour
sauver ce qui peut encore l'être.
Le site
Al-Sawdâ' est situé à une quinzaine de kilomètres d'al-Hazm,
sur la rive gauche du wâdi Madhâb (fig. 1 et 2). Le site forme un
tell d'une quinzaine de mètres de hauteur. Il est entouré d'une
1. Cette opération de sauvetage a été entièrement financée par le Fonds social de Déve
loppement (République du Yémen). Qu'il trouve ici l'expression de notre reconnaissance.
Les photos sont des auteurs. Sauf mention contraire, les dessins ont été réalisés par Rémy
Audouin, Rachad Al-Kubati et Adel Said.
2. L'identification de ce sanctuaire a été établie par Christian Robin : voir « La décou
verte du temple d'Aranyada' à Nashshàn et la chronologie des Labu'ides », Arabia 2
(2004), p. 23-41 et fig. 20-41 et 70 (p. 205-216 et 234) (en collaboration avec R. Audouin et
M. Arbach).
3. Pour le récit de la découverte, se reporter au tout premier rapport, Arbach (Mounir)
et Audouin (Rémy), Nouvelles découvertes archéologiques dans le Jawf (République du
Yémen). Opération de sauvetage franco-yéménite du site d'as-Sawdâ' (l'antique Nashshàn),
Temple intra-muros I. Rapport préliminaire, Sanaa (Centre français d'archéologie et de
sciences sociales), 2004 (en français et en arabe). 00 00
Al-Asâ'il m r Kharibat Saud
O
C/3
Fig. 1. - Carte du Jawf antique. Conception : Hélène David. DE SAUVETAGE AU TEMPLE D'ARANYADA 1289 OPÉRATION
Fig. 2. - Vue générale de la fouille de sauvetage.
enceinte longue de 1500 m dont il ne reste que quelques ves
tiges ; l'une des portes est bien conservée, ainsi que quelques
ruines éparses.
Le temple se trouve dans le quart nord-est de la ville. Le
sondage qui s'est limité au dégagement partiel des propylées,
mesure 6 m sur 4 au sommet (2 m sur 2 à la base) et atteint 7 m
de profondeur. Douze piliers, parmi lesquels six sont décorés de
bas-reliefs, ont été dégagés. Deux de ces piliers sont partiellement
couchés, la face décorée tournée vers le sol.
Description générale
On entre dans le temple par le sud. Le portique d'entrée du
temple comprend six piliers en place, mesurant plus de 7 m de
haut (section : 53 x 46 cm), sur lesquels aucun décor ni inscription
ne sont visibles.
En suivant l'axe de l'entrée, à 1,5 m environ en retrait, 2 piliers,
1 A et 1B (section : 70 x 30 cm), sont renversés et cassés ; leurs faces
sud, tournées vers le sol, sont entièrement décorées de bas-reliefs. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 1290
Viennent ensuite, approximativement dans le même aligne
ment, vers le nord, deux piliers, 2A et 2B (en forme de L, section :
24 x 33 x 46 cm). Visibles sur 3 m de haut, ils sont également
décorés ; ils constituent sans doute les montants de la porte.
Toujours dans le même axe, en direction du nord, et distants de
1,5 à 2 m par rapport aux piliers précédents, se trouvent deux
piliers, 3 A et 3B (section : 73 x 31 cm) ; le pilier 3 A est visible sur
4 m de haut. Le pilier 3B, dont il ne reste que la base, a été enlevé
du site lors de fouilles clandestines ; il est actuellement déposé au
Musée national de San'à' ; il est cassé en trois morceaux et
mesure 3,85 m de hauteur.
Le temple ayant été pillé, aucune stratigraphie et aucun matér
iel archéologique n'en est sorti.
Les piliers décorés
Afin de faciliter la lecture des décors, nous les divisons en
séquences, chacune étant une succession de registres séparés les
uns des autres par une frise. Chaque séquence est isolée de la
séquence suivante par une frise présentant des animaux. De telles
séquences sont connues dans les autres temples des Banât 'Àd4
on « Filles de 'Àd ».
Les piliers 1A et 1B
Les piliers 1A et 1B sont tombés, érodés au sommet et cassés à
la base. Seules les faces sud, larges de 70 cm, sont décorées de
haut en bas, sur toute leur surface. Nous ne connaissons pas la
hauteur totale de ces piliers. Le pilier 1A est visible sur 2,3 m, le
pilier 2A sur 3,5 m. La base de ces piliers n'a pas pu être dégagée ;
nous estimons à environ 1,5 m à 2 m la partie encore en terre. Il
en va de même pour les autres piliers.
4. Cette appellation désigne un ensemble de sanctuaires du Jawf du Yémen, comportant
un même répertoire décoratif incisé, avec notamment des personnages féminins que les
habitants de la région ont identifié avec les filles d'un ancêtre mythique. Voir Audouin
(Rémy), « Études des décors des temples des Banât 'Àd », dans Arabia Antiqua, Early
Origins of South Arabian States, Proceedings of the First International Conférence on the
Conservation and Exploration of the Archaeological Héritage of the Arabian Peninsula
Held in the Palazzo Brancaccio, Rome, by IsMEO on 28th-30th May 1991, Edited by Chris
tian Julien Robin, with the collaboration of Iwona Gajda (Série orientale Roma LXX, 1),
Rome (Istituto italiano per il Medio ed Estremo Oriente), 1996, p. 121-142 ; Antonini
(Sabina), // motivi figurative délie Banât 'Ad nei templi sudarabici (Repertorio iconografico
sudarabico, 2), Paris (AIBL) - Rome (Istituto italiano per PAfrica e l'Oriente), 2004. OPÉRATION DE SAUVETAGE AU TEMPLE D'ARANYADA 1291
n
Fig. 4. - Pilier 1B, scènes cultuelles nos 1
et 2 - dessin.
JU
Fig. 3. - Relevé de l'ensemble du pilier 1B
dessin. COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 1292
Le pilier 1B (fig. 3)
C'est le pilier le mieux conservé et le plus visible, à l'exception
de son sommet érodé, ce qui laisse penser que nous sommes au
début de la première séquence.
Cette séquence semble commencer par une frise
alternant ibex et autruches. Cette frise encadre l'ensemble des
panneaux que nous appelons « scènes cultuelles ». Ce terme de
« scènes cultuelles » se justifie par la présence de motifs iconogra
phiques explicites qui les différencient des autres registres. Six
scènes cultuelles ont été identifiées sur la première séquence, numér
otées de 1 à 6. Les cinq premières mesurent environ 50 cm de large
sur 35 cm de haut. La sixième scène mesure 50 x 50 cm.
Cinq de ces scènes cultuelles comportent des inscriptions qui
sont des noms divins correspondant aux personnages représentés.
Scène cultuelle n° 1 (fig. 4)
Malgré l'érosion de la partie supérieure de la scène, on devine
une ligne de chevrons qui la limite. La bordure latérale est
décoré