La Havane : urbanisme de rupture ou de rattrapage ? - article ; n°534 ; vol.96, pg 171-185

Claude Chaline

Description

Annales de Géographie - Année 1987 - Volume 96 - Numéro 534 - Pages 171-185
Following the political take over of 1959, in Cuba, the Castro regime tried to reorient entirely the planning policy concerning Havana. The aim was to transform a socially contrasted metropolis of a developing country into a socialist city, carefully planned and with a better social balance. Twenty five years later Havana knows very serious problems and planners have to work under financial constraints. Absolute lack of money to restaure Habana vieja, to renewed the housing stock built between 1890 and 1940. In 1986, the gouvernment tries to restaure the condition of some sort of free housing market.
La prise de pouvoir castriste, en 1959, a délibérément conduit à casser l'évolution de La Havane : auparavant la métropole s'acheminait vers une structure duale, forte en contrastes morphologiques ; ensuite, une tentative d'homogénéisation sociale et de planification très volontaire. Essai pour évaluer les effets de cette politique vingt-cinq ans plus tard. Contradiction ou impasse sur les objectifs de rééquilibrage La Havane/Province. Crise aiguë d'investissements publics pour restaurer la Vieille Ville, pour réhabiliter la ville moderne et pour rénover les infrastructures. Une politique nouvelle, depuis 1986, tendant à libéraliser le marché immobilier.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: ANNALES_DE_GEOGRAPHIE
• Publié le: 01 janvier 1987
• Nombre de lectures: 255
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Claude Chaline
La Havane : urbanisme de rupture ou de rattrapage ?
In: Annales de Géographie. 1987, t. 96, n°534. pp. 171-185.
Abstract
Following the political take over of 1959, in Cuba, the Castro regime tried to reorient entirely the planning policy concerning
Havana. The aim was to transform a socially contrasted metropolis of a developing country into a socialist city, carefully planned
and with a better social balance. Twenty five years later Havana knows very serious problems and planners have to work under
financial constraints. Absolute lack of money to restaure Habana vieja, to renewed the housing stock built between 1890 and
1940. In 1986, the gouvernment tries to restaure the condition of some sort of free housing market.
Résumé
La prise de pouvoir castriste, en 1959, a délibérément conduit à casser l'évolution de La Havane : auparavant la métropole
s'acheminait vers une structure duale, forte en contrastes morphologiques ; ensuite, une tentative d'homogénéisation sociale et
de planification très volontaire. Essai pour évaluer les effets de cette politique vingt-cinq ans plus tard. Contradiction ou impasse
sur les objectifs de rééquilibrage La Havane/Province. Crise aiguë d'investissements publics pour restaurer la Vieille Ville, pour
réhabiliter la ville moderne et pour rénover les infrastructures. Une politique nouvelle, depuis 1986, tendant à libéraliser le marché
immobilier.
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Chaline Claude. La Havane : urbanisme de rupture ou de rattrapage ? . In: Annales de Géographie. 1987, t. 96, n°534. pp. 171-
185.
doi : 10.3406/geo.1987.20595
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1987_num_96_534_20595Ann Gèo no 534 1987
La Hovane
urbanisme de rupture
ou de rattrapage
Institut Urbanisme Claude CHALINE de Paris
On sait que dès la prise de pouvoir en 1959 par équipe de
Fidel Castro la métropole de La Havane symbole arrogant avec
lequel le régime naissant voulait rompre fait objet une
discrimination délibérée se traduisant en particulier par la réo
rientation des investissements productifs ou de simple entretien
vers le reste du territoire cubain Il était toutefois difficile de
soumettre sans accommodements La Havane ce régime punitif
dès lors que la ville continuait assumer son rôle de capitale
nationale et que bien plus le message mondial des dirigeants de
la Revoluci en faisait en permanence un lieu stratégique de la
vie politique internationale
est avec le regard un géographe et urbaniste que nous avons
appréhendé cette agglomération de quelque millions habitants
un quart de siècle après une révolution qui se veut totale mais
qui au plan intérieur est entrée dans un processus très ambigu
de relations entre secteur public et secteur privé pour ne point
évoquer les secteurs parallèles ou souterrains analyse portera
essentiellement sur des questions urbanisme actualité mais
compte tenu du maillage omniprésent de la planification et de la
bureaucratie il convient sans cesse de relier les faits observés aux
décisions successives et parfois surprenantes prises échelon
gouvernemental
La Havane ne cesse être un cas profondément original
échappant toutes les classifications métropole du Tiers Monde
elle en partage ni la forte natalité ni assaut un exode rural 172 ANNALES DE OGRAPHIE
presque inexistant ville du monde socialiste où absence de
chômage pour corollaire les sur-effectifs et une très faible
productivité et aussi où un sous-équipement commercial évident
semblent se substituer des réseaux institutions éducatives socio
culturelles aux mailles fines instruments opportuns de contrôle
permanent de la population Ex-ville de espace économique nord-
américain en particulier de 1900 1959 elle conserve de cette
période essentiel de ses quartiers périphériques de ses infrastruc
tures techniques et de son parc immobilier On notera aussi
influence des plans de urbaniste-paysagiste parisien Forestier
qui travaillé La Havane dans les années 1920 et qui
beaucoup contribué surimposer une ambiance de cité-jardin
tropicale sur le carroyage systématique avenues et de rues qui
structure les banlieues rappelant selon un maillage plus ample
cependant le plan en damier des quartiers plus anciens
Cette agglomération où les modèles socio-culturels de Ouest
et de Est viennent enchevêtrer sur un fond de latinité améri
caine constitue un lieu exceptionnel observation en ce qui
concerne
les modalités de réadaptation un contenant urbain lui-
même très hétérogène aux pratiques une société en profonde
mutation voulue idéologiquement
les pesanteurs techniques financières sociales qui interfèrent
avec les projets politiques de réorganisation de espace urbain
existence ou le déclenchement de dynamismes internes qui
procèdent sans doute plus une logique générale du fonctionne
ment des systèmes urbains que des effets une révolution dont on
mesure avec un recul de quelque vingt-cinq ans toutes les
ambiguïtés et peut-être sur le plan de urbanisme de la métropole
cubaine les impacts extrêmement limités
Thème étude passionnant par la multiplicité des grilles de
décriptage elle requiert La Havane guère fait objet de
recherches récentes sans doute du fait des difficultés accès aux
informations relevant du champ de la géographie humaine et
sociale ouvrage de J.P Garnier écrit aube des années 1970
conserve sa valeur de référence pour ce qui est des relations
contrastées de la métropole et du pouvoir castriste en revanche
approche urbanistique est davantage basée sur la vision prospec
tive des Schémas Directeurs et des options sectorielles logement
transport que sur la réalité observée sur le terrain1 Le présent
J.P Garnier Une Ville une révolution La Havane Paris 1973 On signalera aussi
Segre La vivienda en Cuba Rep blica Revoluci La Habana 1979 et Gugler
Desurbanization and villagization report on Cuba Intern of Urban and Regional Research
nov 1982 LA HAVANE 173
article efforce évaluer en termes objectifs quelques-uns des
effets les plus marquants une politique urbaine volontariste en
uvre depuis un quart de siècle
La maîtrise de la croissance métropolitaine
intervention efficace sur une agglomération présuppose que
son dynamisme démographique et économique soit contrôlable et
en tienne des rythmes de croissance modérés Sans nul doute
La Havane peut encore être identifiée aux autres métropoles du
Tiers Monde caractérisées par la macrocéphalie agglomération
havanaise concentre le cinquième de la population cubaine et par
indice de suprématie sur un réseau urbain peu fourni en grandes
villes de province la seconde agglomération Santiago une
population six fois moindre que celle de la capitale Mais
inverse le rythme accroissement annuel enregistre un très
sensible freinage si entre 1943 et 1953 il était de 34 et entre
1953 et 1970 il se situait vers 21 le recensement de 1981
indique une croissance annuelle légèrement inférieure soit
une valeur plus faible que la moyenne nationale voisine de 15
agglomération étendue de La Havane soit la province de La
Havane actuellement un peu plus de millions habitants
mais la suprématie de la capitale devrait atténuer ici la fin
du siècle Ces évolutions passées et ces tendances appellent diverses
explications et recèlent quelques inconnues
Le freinage démographique notable depuis une douzaine an
nées relève tout abord une donnée nationale la stabilisation
des taux de natalité autour de 20 o par-delà le baby boom des
années 1960 Le mouvement exode rural et provincial déclenché
par le succès révolutionnaire et la multiplication des emplois
nouveaux étatiques ou para-étatiques été La Havane largement
compensé par emigration vers les Etats-Unis et par un certain
mouvement de décentralisation associé une chasse aux activités
tertiaires parasites politique de ruralisation des Havanais notam
ment en 1967 Depuis une décennie les velléités de désurbanisation
et les diverses entreprises de masse destinées résoudre les
oppositions entre ville et campagne chantiers ruraux coupe de la
canne sucre semblent avoir fait place une mécanisation agricole
aux effets plus certains si on se place sur un plan de stricte
économie Il donc en aucune manière exode des Havanais
sauf dans des conditions normales de mutations professi