Le temple des Nymphes et les distributions frumentaires à Rome à l époque républicaine d après des découvertes récentes - article ; n°1 ; vol.120, pg 29-51
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Le temple des Nymphes et les distributions frumentaires à Rome à l'époque républicaine d'après des découvertes récentes - article ; n°1 ; vol.120, pg 29-51

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1976 - Volume 120 - Numéro 1 - Pages 29-51
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Claude Nicolet
Le temple des Nymphes et les distributions frumentaires à
Rome à l'époque républicaine d'après des découvertes récentes
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 120e année, N. 1, 1976. pp. 29-
51.
Citer ce document / Cite this document :
Nicolet Claude. Le temple des Nymphes et les distributions frumentaires à Rome à l'époque républicaine d'après des
découvertes récentes. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 120e année, N. 1,
1976. pp. 29-51.
doi : 10.3406/crai.1976.13203
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1976_num_120_1_13203DISTRIBUTIONS FRUMENTAIRES A ROME 29
COMMUNICATION
LE TEMPLE DES NYMPHES ET LES DISTRIBUTIONS FRUMENTAIRES
A ROME
a l'époque républicaine d'après des découvertes récentes,
par m. claude nicolet.
Il est inutile d'insister longuement sur l'importance financière,
économique et politique des distributions publiques de blé dont
bénéficiaient, depuis la fin du IIe siècle av. J.-C, les citoyens romains.
Introduites en 123 par une loi de Caius Gracchus, elles prévoyaient
la distribution mensuelle de 5 modii — à peu près 40 litres — à
chaque citoyen résidant à Rome, au prix de 6 as 1/3 le modius, ce
qui représentait sans doute un prix de subvention inférieur à celui
du marché. Selon les vicissitudes politiques ou les disponibilités du
Trésor, les modalités de ces distributions purent varier, dans un
sens ou dans un autre, dans les années qui suivirent : personne
cependant n'osa jamais les supprimer entièrement. Le prix auquel
l'État revendait le blé, les quantités distribuées, ainsi que le nombre
effectif des bénéficiaires furent souvent modifiés. Mais en 58, et
pour la première fois, P. Clodius fit passer une loi qui assurait la
gratuité complète du froment, et qui, de plus, entraîna une augment
ation considérable du nombre des récipiendaires, qui s'éleva jus
qu'à 320 000. César, puis Auguste, s'ingénièrent à ramener ce nombre
à 150 000 d'abord, 200 000 ensuite, mais ils ne revinrent jamais,
pas plus qu'aucun de leurs successeurs, sur le principe du blé gratuit.
Bien plus, la nécessité d'assurer la régularité de ce ravitaillement fut
un des soucis constants du régime impérial. Mais l'organisation
matérielle des frumentationes posait aussi de redoutables problèmes.
Il fallait recenser les ayants-droit, en dresser des listes nominales,
établir, d'une manière ou d'une autre, un système de contrôle admin
istratif, mettre enfin le blé lui même, dans un ou plusieurs centres,
à la disposition des consommateurs. Or si nous connaissons assez
bien la structure administrative mise en place par l'Empire, si nous
sommes à peu près renseignés sur le système des ' tessères ' utilisées
pour le contrôle, nous étions, jusqu'à une date toute récente, beau
coup moins au courant des aspects proprement topographiques
des distributions. Quant aux procédures utilisées à l'époque répu
blicaine, elles demeuraient presque totalement inconnues. Je vou
drais faire aujourd'hui le point de la question, pour signaler des
trouvailles épigraphiques et archéologiques récentes qui permettent
1976 3 COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 30
d'y voir beaucoup plus clair, et pour apporter en outre le témoi
gnage de plusieurs textes littéraires peu remarqués jusqu'à présent,
qui confirment et précisent, à mon avis, les conclusions auxquelles
sont parvenus les archéologues.
I. Topographie des distributions :
les découvertes archéologiques.
Nous n'avons de témoignages sur la localisation des distributions
que pour le Haut-Empire. A cette époque, en effet, une partie au
moins des opérations qu'elles impliquaient avait lieu dans un bât
iment spécialement édifié à cette intention, le portique de Minucius
(Porticus Minucia1), qui était même pourvu à cet usage de quarante-
cinq guichets (ostia). Des inscriptions signalent des membres de
la plèbe frumentaire qui reçoivent leur blé « de Minucia », selon un
roulement précisant le jour du mois et le guichet auquel ils sont
affectés2. D'autres, plus tardives, comportent le titre du procurator
Minuciae ou ad Minuciam, qui concerne évidemment le même ser
vice3. Ce portique de Minucius n'est pas inconnu : il a été construit,
selon Velleius4, par M. Rufus, consul en 110 av. J.-C, sans
doute avec le butin de sa campagne contre les Scordisques, en 106
av. J.-C. Aucun texte5, cependant, ne précise sa localisation exacte.
Nous savons seulement, par ces guides tardifs appelés « Régio-
1. Sur ce bâtiment, S. B. Piatner et T. Ashby, Topographical Dictionarg of
Ancient Rome, 1928, 424-426 ; F. Castagnoli, II Campo Marzio nell'antichità,
dans Mem. Accad. Lincei, Ser. 8, 1, 1948, 175-180.
2. CIL, VI, 10223 = ILS, 6071 ; VI, 10224 ; VI, 10225 ; cf. O. Hirschfeld,
« Annona », dans Philologus, XXIX, 1870, 1 et sq. ; id., Kaiserlische Verwaltung.,
p. 231 ; G. Cardinali, Frumentatio, dans Diz. Epigr., III (1922), 10 et sq. ; et
surtout D. van Berchem, Les distributions de blé et d'argent à la plèbe romaine
sous l'Empire, Genève, 1939, p. 37-84 ; M. Rostovtzeff, Rômische Bleitesserae,
dans Klio, Beihefte 3, 1905, 1-131, spéc. p. 10-22.
3. CIL, VI, 1648 ; 1408 ; III, 249 ; XI, 4182 ; 5569 ; après les Sévères, la pro-
curatèle du portique de Minucius fut réunie à celle des eaux (aquarum et Mini-
ciae): CIL, V, 7783 ; VI, 1532 ; X, 4752 ; XIV, 3902.
4. Velleius, II, 8, 3 : per eadem tempora clarus eius Minuci qui porticus, quae
hodieque célèbres sunt, molitus est ex Scordiscis triumphus fuit (cf. T. R. S. Brough-
ton, Magistrales, I, 543 et 547 ; 554). Le pluriel employé par Velleius ne prouve
pas que, dès son époque, il y eût deux portiques : le mot porticus au pluriel peut
désigner une construction unique (Pline, N.H., XXXV, 114).
5. Apulée, De Mundo, 35 : alius ad Minuciam frumentatum venit... ; S. H. A.,
Comm. 16 : Herculis signum aenum sudavit in Minucia per plures dies. Les Fastes
de Philocalos mentionnent (pr. non. Iun.) des Ludi in Minucia, qu'on a cru
longtemps être ceux d'Hercule. Mais il ne peut s'agir, comme l'explique Degrassi,
ni de V Hercules Custos, qui était in circo Flaminio, ni de VHercules invictus du
Cirque Maxime (A. Degrassi, Inscr. IL, XIII, 2, p. 152). Une tessère frument
aire publiée par Rostovtzeff (Tesserarum Sylloge, Saint-Pétersbourg, 1903,
n° 337) porte au droit minvciae, au revers une statue d'Hercule (me s. au moins). THEATRVM
"•-. MARCELLlJ
Fig. 1. — La zone sud-orientale du Champ de Mars (d'après G. Gatti). 32 COMPTES RENDUS DE L ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
naires »,6 qu'il était dans la Regio IX, au Champ de Mars, non loin
sans doute du théâtre de Balbus (fig. 1). Mais la question est en réa
lité beaucoup plus compliquée qu'il ne semble : car les Régionaires
(et en particulier le texte de la Notitia) ainsi que le Chronographe
de 354, précisent qu'il y avait non pas un, mais deux portiques
qui portaient le nom de Minucius : la porticus Minucia vêtus et la
frumenlaria, bien distinguées par le texte, mais toutefois proches
l'une de l'autre. Ainsi ni la situation exacte, ni la chronologie du ou
des bâtiments successifs, sinon sa fondation en 106 av. J.-C, n'étaient
connus.7
3iit
Fig. 2. — La mise en place du
fragment du Plan de Marbre
avec les lettres mini (d'après
L. Cozza).
6. Consulter désormais l'édition d'Arvast Nordh, Libellus de Regionibns (Acta
Inst. Rom. Regn. Sueciae, Série IIIa, 8°), 1949. Voici pour la Regio IX :
Curiosum Notitia
(...) Porticum Philippi (...) Porticam Philippi
Minuciam veterem et Minucias II veterem et
frumentariam frumentariam
Cryptant Balbi Cryptam Ralbi
Dans certains manuscrits, le texte de la Notitia porte duas ou duo en toutes
lettres. Il y avait donc deux portiques différents, quoique proches. Le Chrono
graphe de 354 d'autre part (MGH, IX, p. 146 Mommsen), place, parmi les bât
iments reconstruits après l'incendie de Domitien, la Porticus Minucia vêtus.
7. Pour la bibliographie antérieure à 1928, Platner-Ashby, TDAR, 425-426 ;
B. Wall, Porticus Minucia, dans Corolla Archeol. Gust. Adolf. dedicata (AIRRS,
Série I, 4°,

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