Les fouilles d Aléria - article ; n°2 ; vol.105, pg 363-379
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1961 - Volume 105 - Numéro 2 - Pages 363-379
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1961
Nombre de lectures 53
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Jean Jehasse
Les fouilles d'Aléria
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 105e année, N. 2, 1961. pp. 363-
379.
Citer ce document / Cite this document :
Jehasse Jean. Les fouilles d'Aléria. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 105e
année, N. 2, 1961. pp. 363-379.
doi : 10.3406/crai.1961.11359
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1961_num_105_2_11359LES FOUILLES d'alÉRIA
M. Piganiol commente la lettre de M. H. Rolland en ces termes :
« Le beau texte que M. H. Rolland a découvert est important à
divers titres. Le fait capital est que l'inscription nous révèle un
nouveau nom de la cité des Tricastins, colonia Flavia Tricastinomm.
.Pline l'Ancien ne connaissait que l' oppidum des Tricastins, Augusta
Tricastinomm. Or c'est en 77 qu'il dit avoir adressé son livre à Titus.
Le cas est le même pour Sirmium, que Pline appelle civitas, et qui
eut plus tard droit au titre de colonia Flavia Sirmium. Les coloniae
Flaviae sont habituellement des villes à droit de cité complet. Ce
serait donc entre 77 et 76 que la ville latine des Tricastins a reçu le
privilège.
Les conséquences sont graves pour le commentaire des cadastres,
et M. H. Rolland les a parfaitement aperçues. Le cadastre A, qui
paraît être celui que présentait l'inscription de Vespasien en 77, ne
mentionne pas le nom des Tricastins. Le cadastre B porte l'indica
tion fréquente : (agri) ou (jugera) Tricastinis redditi ou reddita. Il
nous faut maintenant envisager l'hypothèse que cette restitution a
pu avoir lieu lors de la création de la Colonie Flavienne. Ainsi s'ex
pliquerait en tout cas que très peu de temps après l'affichage de 77
la rédaction d'un nouveau cadastre ait été nécessaire.
Quant au site de la cité des Tricastins, le problème n'est pas
résolu. Il paraît certain qu'elle était limitrophe de la cité de Vaison,
puisqu'elle a pris pour patronne une flaminica de Vaison.
M. H. Rolland apporte donc à lTiistoire municipale de la Nar*
bonnaise une contribution de grand prix ».
M. Jean Jehasse expose à l'Académie les résultats des fouilles
d'Aléria en Corse sur le site de la cité antique.
COMMUNICATION
LES FOUILLES D'ALÉRIA1, PAR M. JEAN JEHASSE.
L' Aléria romaine remonte au début des guerres puniques. Florus,
confirmé par Zonaras, rapporte qu'en riposte à une mainmise
punique L. Cornélius Scipio s'empara de la ville en 259, et qu'en
1. Ces fouilles d'Aléria sont financées en majeure partie par le Conseil général de la
Corse, grâce à l'action énergique d'une Association archéologique insulaire que président
M. Jérôme Carcopino et Monsieur le Préfet.
Je voudrais à leur propos témoigner ma reconnaissance à M. F. Benoit, Directeur de la
circonscription archéologique, qui a exposé l'évolution des fouilles dans les comptes
rendus publiés dans Gallia, et en a tiré des conclusions dans sa communication de juin
dernier à l'Académie ; et exprimer ma respectueuse gratitude à M. J. Carcopino qui à
fait au chantier deux visites minutieuses et n'a cessé de nous prodiguer ses très précieux
conseils sur l'Aléria romaine.
Je tiens à exprimer mes vifs remerciements à M. Pilaum qui a bien voulu me faire
profiter de sa haute compétence épigraphique. 364: COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
la ruinant, avec l'Olbia de Sardaigne, il épouvanta les habitants,
et nettoya les îles des Carthaginois. C'est cet exploit que tient à
immortaliser son épigraphe, qui souligne proprement l'intérêt
insigne d'Aléria1 :
Hec cepit Corsica Alerta urbe.
Ge rôle insigne joué par Aléria lors de la conquête romaine se trou
vait déjà marqué par l'établissement d'une échelle phocéenne
vers 560, et l'essai d'une colonie de peuplement en 540 ; archéolo-
giquement, il est confirmé par la présence, dense et continue, d'un
habitat hellénisé, sinon grec, aux ve et ive siècles, et par un apport
punique, bref mais multiple, caractérisé notamment par de
nombreuses monnaies, au premier quart du me siècle. Un tel
rôle s'explique par la position stratégique d'Aléria au cœur de la
Tyrrhénienne ; par l'intérêt militaire que le système des vents et
des courants assure à la rade de l'étang de Diane, dans les commun
ications du bassin occidental ; par le relais commercial offert par
le vaste estuaire du Tavignano ; et par le débouché naturel pour le
blé, la vigne et l'olivier, de la plaine orientale corse ; pour le miel, la
cire et les résineux des contreforts montagneux ; pour les mines de
plomb argentifère et de cuivre toutes voisines ; par les bois de hêtres
et de pins, propres aux constructions navales et au traitement du
minerai de fer de l'île d'Elbe qu'attestent de nombreuses scories ;
par les salines de l'étang del Salé, les huîtres et le murex, et géné
ralement les pêcheries en mer et sur les étangs très poissonneux.
L'archéologie permet-elle de déceler une évolution et de préciser
ce rôle, sous la domination de Rome ?
On peut déjà distinguer trois grandes étapes, au cours desquelles
Aléria, en liaison constante avec les deux bassins de la Méditerranée,
se définit de plus en plus par rapport à la politique romaine : ville
contrôlée avant Sulla ; colonie au ier siècle avant notre ère ; chef-
lieu d'une province rattachée directement à l'Empereur au moins
dès 6 ap. J.-C.
l. — V Aléria présullanienne.
Elle reste la plus, mal connue. Prise d'assaut, la ville avait perdu
tout droit. Mais son importance stratégique dut lui valoir un statut
spécial : elle n'est jamais mentionnée lors des nombreuses révoltes de
la Corse aux me et ne siècles, et resta fidèle à Rome, au contraire de
la Sardaigne, au cours de la deuxième Guerre punique. C'était assur
ément une ville de garnison, pour des légions, — et une base navale.
1. CIL, 1, 32. ■
FOUILLES d'aLÉRIA 365 LES
*
De là, les très nombreuses monnaies de bronze d'époque républi
caine que nous avons déjà trouvées. De là également l'importance
accrue d'Aléria : par la force des choses, l'administration romaine en
fit progressivement la capitale et le foyer de romanisation de la
Corse ; elle semble même avoir fait à certains moments d'Aléria, le
chef-lieu d'une province distincte. Si en effet, à partir de 231, la
Sardaigne-Corse, soumise à un préteur, constitue la deuxième pro
vince romaine, l'île a son propre commandement lors de la deuxième
Guerre punique ; en 174, le préteur M. Atilius a la seule- Corse dans
ses attributions, et en 162, le consul P. Scipio Nasica est chargé de la
« province corse », cependant que Ti. Gracchus, alors proconsul,
tient la Sardaigne1.
C'est sans doute en raison de ce rôle privilégié qu'Aléria évita
vers 93 d'être transformée en colonie par Marius, qui se contenta
d'installer des vétérans à l'embouchure du Golo, à Mariana.
Mais il n'en fut plus de même sous Sulla.
II. — Les colonies (tAléria.
Au cours du Ier siècle l'importance économique et stratégique
d'Aléria précipita la ville dans les vicissitudes de la politique
romaine, dont elle fit les frais. Non seulement elle fut transformée
en colonie par Sulla, mais les fouilles entreprises laissent entrevoir
que César reprit à son profit cette fondation, à laquelle Auguste
donna son visage définitif, pour la durée de la paix romaine.
La colonie sullanienne est historiquement la mieux attestée. Mêla
et Ptolémée parlent d'une colonie ; Sénèque et Solin d'une colonie
de Sulla ; et Pline précise, de Sulla dictateur2. C'est donc aux termes
de la loi Valeria que Sulla installa, probablement en 81, une colonie
de vétérans à Aléria. Il est aisé d'expliquer les raisons d'un tel choix ;
entraînée peut-être par les habitants de Mariana du côté de Marius,
la ville a été rigoureusement punie par la confiscation traditionnelle
du tiers de ses biens, en l'occurrence, précise Appie

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