Les fouilles de l antre corycien près de Delphes - article ; n°2 ; vol.116, pg 255-267
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1972 - Volume 116 - Numéro 2 - Pages 255-267
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1972
Nombre de lectures 40
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre Amandry
Les fouilles de l'antre corycien près de Delphes
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 116e année, N. 2, 1972. pp. 255-
267.
Citer ce document / Cite this document :
Amandry Pierre. Les fouilles de l'antre corycien près de Delphes. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 116e année, N. 2, 1972. pp. 255-267.
doi : 10.3406/crai.1972.12751
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1972_num_116_2_12751l'antre corycien près de delphes 255
COMMUNICATION
LES FOUILLES DE l' ANTRE CORYCIEN PRÈS DE DELPHES,
PAR M. PIERRE AMANDRY, CORRESPONDANT DE L' ACADÉMIE.
Dans le massif du Parnasse, à 2 heures et demie de marche de
Delphes, au-dessus d'un plateau qu'on découvre de la crête des
Phédriades, une grotte s'ouvre au flanc de la montagne, à 1.400 mèt
res environ d'altitude. Les Anciens l'appelaient Kcopûxiov àvrpov ;
elle était consacrée aux Nymphes et à Pan.
Dans le prologue des Euménides, la Pythie adresse une prière
aux divinités locales avant de pénétrer dans le temple d'Apollon :
elle invoque « les Nymphes qui demeurent au creux de la roche cory-
cienne ». Hérodote rapporte que, en 480, à l'approche de l'armée
de Xerxès, une partie de la population de Delphes chercha refuge
dans l'antre corycien. Strabon écrit, en se référant à Éphore : « Le
Parnasse tout entier est tenu pour sacré, parce qu'il y existe des
grottes et d'autres endroits qui sont objets de vénération et lieux
de culte. De ces grottes, la plus connue et la plus belle est une grotte
des Nymphes, appelée grotte corycienne comme celle de Cilicie ».
Dans un des dialogues pythiques de Plutarque, De Pythiae oraculis,
un des personnages dit que la plupart de ses compagnons sont partis
pour l'antre corycien avec un étranger de passage à Delphes. Enfin
Pausanias, après avoir visité le sanctuaire d'Apollon et le stade
pythique, a gravi les rudes pentes qui conduisent au plateau et à la
grotte : « La montée à l'antre corycien est plus facile pour un homme
à pied que pour les mulets et les chevaux... De toutes les grottes
que j'ai vues, celle-ci m'a paru mériter plus qu'aucune autre une
visite ». Puis, après avoir mentionné à titre de comparaison plusieurs
grottes d'Asie Mineure, Pausanias conclut : « La grotte corycienne
est plus grande que celles que je viens de citer... Dans la région du
Parnasse, on la tient pour un lieu saint, consacré aux Nymphes
coryciennes et à Pan ».
L'antre corycien a été identifié, il y a près de deux siècles, grâce
à une inscription gravée sur un rocher à l'entrée de la grotte : au
ine siècle avant l'ère chrétienne, un certain Eustratos, du bourg
phocidien d'Ambrysos, et une patrouille de gardes dont il était
apparemment le chef ont dédié à Pan et aux Nymphes une offrande,
probablement une statuette, dont la base était encastrée dans une
cavité circulaire taillée dans le rocher au-dessus de l'inscription.
Sur le même rocher, une autre cavité, également circulaire, corre
spond à une autre dédicace, plus ancienne (probablement du 256 COMPTES RENDUS DE L'ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
ve siècle) et plus difficile à déchiffrer ; la lecture des noms de Pan
et des Nymphes est assurée.
L'intérieur de la grotte et les abords de l'entrée, à l'extérieur,
ont été explorés au cours de deux campagnes de fouilles, l'une de
six semaines en 1970, l'autre de trois semaines en 19711. L'histoire
de la grotte apparaît clairement, au moins dans ses grandes lignes,
grâce à la superposition de dépôts archéologiques d'époques diff
érentes dans le sol de la première chambre. Cette chambre est celle
que Pausanias a décrite ; elle mesure environ 60 mètres de long et
30 mètres dans sa plus grande largeur ; la voûte s'élève à une quin
zaine de mètres au-dessus du niveau actuel du sol. Une deuxième
chambre, plus petite, n'a livré que peu de restes archéologiques :
le sol y est presque entièrement couvert d'une croûte épaisse de
dépôt calcaire.
s' étendant sur la plus grande partie Une couche archéologique,
de la grotte, contenait des outils de silex et d'obsidienne, des figu
rines de terre cuite et des tessons de vases qui datent pour la plu
part de la période néolithique récente. Les indications fournies par
l'étude stylistique des vases peints ont été confirmées par la data
tion au C 14, respectivement vers 3300 et 4300 avant l'ère chré
tienne, de charbons provenant des niveaux supérieur et inférieur
de cette couche. C'est le premier gisement important de l'époque
néolithique qu'on découvre dans la région de Delphes.
Mais un sondage limité, poussé jusqu'à 4 m. 50 de profondeur
sans atteindre le fond du remplissage de la grotte, a permis de pré
lever d'autres débris de bois calciné, dont l'analyse a révélé qu'ils
remontaient à plus de 40.000 ans. Il semble donc qu'il y ait, dans
l'antre corycien, un gisement paléolithique à explorer.
Le dépôt de l'époque néolithique était séparé par une couche
purement géologique, archéologiquement stérile, d'un niveau où
se trouvaient des tessons de l'époque mycénienne tardive ; une
quinzaine de vases ont été reconstitués. La grotte a donc cessé d'être
fréquentée pendant une période de 1.500 à 2.000 ans.
Directement au-dessus des restes d'époque mycénienne, la couche
supérieure contenait en grand nombre des objets datant des époques
archaïque, classique, hellénistique et romaine. A deux ou trois
exceptions près, ces objets ne sont pas antérieurs au vie siècle avant
l'ère chrétienne. Après la ruine de la civilisation mycénienne, la
grotte a donc été de nouveau abandonnée pendant environ 500 ans.
1. Les frais de l'exploration de la grotte ont été couverts par une donation qui a été
faite à l'École française d'Athènes par les sociétés Péchiney, Ugine-Kuhlmann et Alu
minium de Grèce. Les travaux ont été dirigés par M. Jean-Pierre Michaud et par moi-
même. Seront associés à la publication des trouvailles : MM. Francis Croissant, Jean
Marcadé, Alain Pasquier, Claude Rolley. l'antre corycien près de delphes 257
II ne sera question ici que de la dernière période de l'histoire de
la grotte où, du temps de Cypsélos et de Solon au siècle des Antonins
et des Sévères, elle a été consacrée au culte des Nymphes et de Pan.
A l'intérieur de la grotte, on n'a relevé aucune trace d'une instal
lation quelconque. Devant l'entrée, les éboulis avaient recouvert
les restes de deux murs parallèles, distants l'un de l'autre de moins
de 2 mètres, et conservés sur une hauteur de moins d'un mètre.
Du mur est demeurent en place quatre blocs, sur une longueur de
2 m. 40 ; du mur ouest, un seul, long de 1 m. 10. Trois autres blocs
provenant de la même construction ont été retrouvés à l'entour.
Tous présentent le aspect : ce sont des quartiers de roc apla
nis aux faces de joint, dégrossis à la face extérieure, bruts à la face
intérieure. On a donc là les restes d'une plate-forme qui, entre ces
parements, devait être constituée de pierraille et de terre. On y
déposait les offrandes aux Nymphes et à Pan, et on y sacrifiait les
chèvres et les moutons dont le sol de la grotte contenait de nombreux
ossements. La technique sommaire de la taille des pierres ne permet
pas d'assigner une date précise à cette construction. Les objets
recueillis au niveau du pied des murs datent de l'époque classique
et de la période hellénistique.
Les trouvailles qui ont été faites à l'intérieur et à l'extérieur de
la grotte comprennent notamment : des dédicaces sur pierre et sur
céramique, de la sculpture de pierre, des figurines et des reliefs de
terre cuite, de la céramique peinte, des objets de métal, des astra
gales, des coquilles marines.
Sept dédicaces ont été découve

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