Les fouilles du château royal de Saint-Léger en Yvelines - article ; n°2 ; vol.124, pg 417-431
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1980 - Volume 124 - Numéro 2 - Pages 417-431
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1980
Nombre de lectures 29
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur André Chastel
Les fouilles du château royal de Saint-Léger en Yvelines
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 124e année, N. 2, 1980. pp. 417-
431.
Citer ce document / Cite this document :
Chastel André. Les fouilles du château royal de Saint-Léger en Yvelines. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 124e année, N. 2, 1980. pp. 417-431.
doi : 10.3406/crai.1980.13739
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1980_num_124_2_13739SAINT-LÉGER EN YVELINES 417
COMMUNICATION
LES FOUILLES DU CHÂTEAU ROYAL
DE SAINT-LÉGER EN YVELINES,
PAR M. ANDRÉ CHASTEL, MEMBRE DE L'ACADÉMIE
Dans le seul ouvrage sérieux qui existe sur Philibert Delorme
— paru à Londres en 1958 — , Anthony Blunt écrivait : « De Saint-
Léger dans la forêt de Montfort, il ne subsiste rien, mais nous avons
l'indication de son aspect général dans deux dessins de Du Cerceau.
Les Comptes des Bâtiments indiquent que le contrat fut passé en
avril 1548 mais on ne connaît pas exactement l'étendue du travail
accompli par de l'Orme... »
Pour former une idée du château disparu nous n'avions donc que
les deux dessins (fig. 2, A etB) conservés au Vatican (publiés en 1956)
et les observations faites au sujet du château par Philibert lui-même
dans son mémoire justificatif de 1559 intitulé « Instruction de
Monsieur d'Ivry, dict de l'Orme, abbé de Saint-Sierge et cestui Me archi-
tecteur du Roy » (conservé à la Bibl. Nat. et publié en 1868). On y lit :
« Aussi a sainct Légier, en la forest de Montfort, pour ung
vieux logis, lequel n'est-il pas bien racoustré, et la gallerye qui
est faicte de neuf, avec la petite chapelle et pavillons, l'on la
trouve le plus beau qu'il est possible et se peult achever une
bien fort belle maison. »
Cette information assez précise apparaît entre la mention des travaux
de Philibert à Saint-Germain en Laye et celle des projets pour
Montceau et du chantier d'Anet. Dans la seconde édition du Traité
d'architecture, parue en 1568, on trouve au Livre XI, ch. 11 sur
« les fenêtres croisées plus hautes que la naissance des poutres »,
une autre référence à Saint-Léger qui concorde avec celle de 1559 :
« aussi se peut-il voir à la salle et galerie du chasteau d'Anet
et à la grande galerie que j'ay faict construire de neuf au
château de Saint-Légier en la forêt de Montfort, qui est très
belle à voir, estant accompagnée de deux pavillons et une
chapelle au milieu. »
Les termes étant à peu près identiques, il est quasi certain que
depuis 1559, où il est donné comme inachevé, l'ouvrage n'avait pas
avancé. 418 COMPTES RENDUS DE L ACADEMIE DES INSCRIPTIONS
Fig. 1. — Saint-Léger en Yvelines : Plan de situation du château
du xvie siècle dans le site actuel
Tel était ce dossier, assez excitant pour l'imagination — puisqu'il
s'agit du plus grand architecte français de la Renaissance, dont les
œuvres essentielles : Saint-Maur, Tuileries, le Château neuf de
Saint-Germain ont été détruites — -, mais assez décourageant pour
l'historien — puisqu'on nous dit qu'il n'existe plus rien de tout
cela — , tel était l'état du dossier, quand vers 1975, nous avons, mes
collaborateurs du Centre de Recherche sur l'architecture (CNRS) et
moi-même, entrepris une étude méthodique des châteaux disparus.
Un château royal bâti sous Henri II et au surplus par Philibert,
« architecteur du roi Mégiste » comme l'appelait son ami Rabelais,
semblait mériter particulièrement l'attention.
Je voudrais exposer comment il a été possible de parvenir
à une localisation (fig. 1), de procéder à des fouilles qui donnent
une dimension tout à fait nouvelle à ce dossier mort, et d'ouvrir
ainsi des perspectives nouvelles tant sur les procédés de construction
de Philibert que sur la méthode à employer dans l'étude des châteaux
disparus ou mutilés. Je ne traiterai pas de ces deux derniers points,
qui seront développés dans un ouvrage prévu pour l'an prochain aux
éditions du CNRS. Mon propos sera aujourd'hui de porter à la A B
Fiq. 2. — J. Androuet du Cerceau ; Château de Saint-Léger A. élévation, B. plan. (Dessin, Bibliothèque du Vatican.) COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 420
connaissance d'une compagnie, à qui les problèmes de la recherche
archéologique sont particulièrement familiers, les conditions dans
lesquelles peuvent être repérés les sites et retrouvées les traces en
sous-sol d'ouvrages modernes. Je voudrais, en un mot, essayer de
montrer en quoi cette archéologie des temps classiques est parente,
en quoi elle est différente, de celle qui s'attache au monde méditer
ranéen antique ou aux civilisations protohistoriques du Proche
Orient.
Le fait curieux à propos de la demeure, dont Philibert ne parlait
pas sans quelque fierté en 1558 et en 1569, était donc qu'elle semblait
s'être entièrement évanouie : « II ne nous (en) est pas resté la moindre
trace », écrivait H. Clouzot en 1910 ; « il n'en subsiste rien » disait
Blunt en 1958. Les deux dessins de Du Cerceau invitaient à en avoir
le cœur net.
Comme on sait, Jacques Androuet du Cerceau publia en 1576 le
fameux recueil des Plus Excellens Bastiments de France, Ie série,
dédié à la Reine-Mère, en 1579 le second. D'autres volumes étaient
prévus, comme l'attestent les dessins conservés au British Muséum,
et comme l'a confirmé la découverte fortuite au Vatican d'un
dossier où se trouvaient les dessins de Saint-Léger. Les plans et les
élévations à vol d'oiseau établis par Du Cerceau sont des vues
idéales ; elles correspondent aux projets ; elles en constituent pas des
relevés. Il y a toujours lieu de contrôler leurs indications sur le
terrain. Il y a évidemment ici une énorme différence entre l'archéo
logie classique qui attaque le sol en n'ayant au mieux qu'une réfé
rence textuelle et l'archéologie moderne qui dispose de documents
de ce genre. Mais il convient d'ajouter que seule l'analyse de l'édifice
construit, s'il subsiste, et seule l'exploration du terrain, si
a disparu, peuvent décider du degré de véracité de ces documents.
On est toujours ramené à l'évidence du bâti. A condition toutefois
de savoir où le trouver.
Ici intervient une autre phase originale de l'enquête, qui distingue
radicalement nos démarches de celles de l'archéologie classique et que
nous nous flattons au Centre d'avoir fait nettement progresser : les
ressources de la cartographie historique. Ce type de documentation
n'a jamais été méthodiquement utilisé par les historiens de l'architec
ture et reste ignoré de beaucoup d'historiens tout court. Nous pro
posant d'étudier la demeure noble en Ile de France nous avons
procédé au recensement, au classement puis à la comparaison et à la
superposition des cartes anciennes. Une étude parue dans la Revue
de l'Art en 1977 rédigée par Mmes F. Boudon et H. Couzy, a exposé
les chances, les difficultés et les pièges d'une démarche plus facile
à énoncer qu'à réaliser. Car chaque carte obéit à une préoccupation
dominante et les conventions signalétiques doivent chaque fois SAINT-LÉGER EN YVELINES 421
être considérées en s'aidant des beaux travaux du regretté Père de
Dain ville.
Dans le cas des Yvelines, cette procédure nous a conduits droit
à ce que nous cherchions. En effet tous les guides et renseignements
locaux, depuis la fin du xvne siècle, indiquent que : « le château
entrepris en 1548 se trouvait dans le vallon de la Vègre [affluent de
l'Eure, elle descend des étangs de Saint Hubert et passe à Anet]
où étaient installés, au moins depuis Colbert, les haras royaux, et où
se trouvait en effet une demeure noble qui disparut en 1875 ». Mais
il n'y avait aucun moyen de reporter sur des traces repérables ni
même d'insérer sur les plans cadastraux le schéma fourni par Du
Cerceau. En revanche l'attention était attirée par les vestiges situés
s

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