Mēlukōte, un site archéologique vivant du Sud de l Inde - article ; n°2 ; vol.140, pg 571-587
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1996 - Volume 140 - Numéro 2 - Pages 571-587
17 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1996
Nombre de lectures 18
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Pierre-Sylvain Filliozat
Mēlukōte, un site archéologique vivant du Sud de l'Inde
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 140e année, N. 2, 1996. pp. 571-
587.
Citer ce document / Cite this document :
Filliozat Pierre-Sylvain. Mēlukōte, un site archéologique vivant du Sud de l'Inde. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres, 140e année, N. 2, 1996. pp. 571-587.
doi : 10.3406/crai.1996.15607
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1996_num_140_2_15607COMMUNICATION
MELUKOTE, UN SITE ARCHÉOLOGIQUE VIVANT DU SUD DE L'INDE,
PAR M. PIERRE-SYLVAIN FILLIOZAT
Melkote (Melukote) est aujourd'hui un centre religieux de
quelque importance dans le Sud de l'Inde. C'est un lieu de pèleri
nage actif attirant des fidèles de tout le Tamilnâdu et du sud du
Karnâtaka. Sa grande fête annuelle de printemps attire une cen
taine de milliers de pèlerins. On y célèbre beaucoup d'autres fêtes.
Il a son activité intense de chaque jour et est donc visité toute l'an
née. Ce centre vivant est aussi un lieu d'histoire. On y compte une
cinquantaine de monuments, édifices religieux ou civils, qui méri
tent l'attention de l'archéologue (fig. 1).
Il est situé à environ 40 km au nord-est de Mysore, à moins de
100 km à l'ouest de Bangalore. C'est une longue colline orientée
nord-sud de 100 m d'altitude moyenne avec un piton rocheux qui
domine la plaine fertile arrosée par la rivière Kâvëri et est visible
jusqu'à une grande distance.
Les vestiges d'intérêt archéologique sont d'abord des restes de
fortifications. Le nom de la ville lui-même signifie « Fort du haut ».
Un toponyme dravidien comportant la qualification mël- , « haut »,
est généralement le pendant d'un autre non qualifié ou qualifié de
« bas » (kela-). Or il n'y a pas de « Fort du bas » dans les environs
proches de la colline. On a donc pensé à un fort plus éloigné dans
la plaine, celui de Srîrarigapattana à côté de Mysore, siège du prin
cipal pouvoir politique de la région. Précisons d'emblée que
Mëlukôte est un nom relativement récent et est peut-être une dési
gnation donnée par ces rois lors du développement de leur pou
voir au XVIe siècle. La même colline a deux autres noms plus
anciennement attestés, Nàràyanàcala et Yàdavagiri dont on verra
le sens plus loin.
Les monuments les plus remarquables sont des temples. Le site
entier est voué au culte de Visnu. Le monument qui joue un rôle
directeur dans la structure d'ensemble est un complexe qui ren
ferme dans un mur d'enceinte le sanctuaire de la divinité princi
pale, Celuva Nàrâyana, celui de sa parèdre et ceux des figures, divi
nités et saints, les plus proches dans leur entourage théologique. Il
comporte aussi diverses structures nécessaires au service religieux 1. Melukote. vue générale. En haut à gauche le temple de Cehiva Pille ; Fk;.
au premier plan le bassin Kalvânatïrtha. UN SITE ARCHÉOLOGIQUE VIVANT 573 MELUKOTE,
Fie;. 2. - Melukote, temple de Yoga-Narasimha,
et administratif du temple, de spacieux pavillons hypostyles desti
nés aux cultes de fêtes, un pavillon consacré aux rites d'offrandes
dans le feu, une galerie intérieure pourtournante, un chemin de
circumambulation, une cuisine, un bureau administratif, un col
lège sanskrit. Le mur d'enceinte est entièrement entouré d'une
galerie hypostyle. Quatre rues bien dégagées entourent le comp
lexe et donnent un espace suffisant pour des processions de char.
Autour de ce complexe on trouve encore de nombreux édifices
voués au culte d'autres formes de Visnu et de plusieurs des grands
saints de la tradition visnuïte, notamment, un temple de Varàha,
un temple de Bïbi Nâcciyâr, un temple de Yoga-Narasimha avec un
gopura élevé sur le piton rocheux, visible à plus de 50 km à la
ronde (fig. 2). Les besoins du culte ont déterminé la construction COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 574
de nombreuses structures annexes, pavillons servant de reposoir
pour les statues transportées en procession et surtout de très nom
breux bassins artificiels. Mëlukôte se vante de posséder toutes les
formes de bassins, quadrangulaires, circulaires, etc., avec de mult
iples formes d'escaliers d'accès. Certains sont de véritables œuvres
d'art. Au bassin à degrés s'ajoutent des péristyles ponctués par des
sanctuaires et par des pavillons à piliers servant de lieux de culte
temporaires.
Les sources utiles pour la compréhension de ce site, de son his
toire et de sa vie sont, en dehors des monuments, des traditions
orales, c'est-à-dire le savoir que les desservants et les fidèles disent
se transmettre de génération en génération, des textes sanskrits,
techniques sur le rituel, philosophiques sur la pensée, littéraires,
des textes kannada dans les mêmes genres, des inscriptions kan
nada gravées sur les murs des monuments ou sur des plaques de
cuivre conservées dans des familles de résidents.
Traditions
Les traditions que l'on peut recueillir aujourd'hui relativement
au passé, aux concepts, à la doctrine, aux rites, aux fêtes, etc. sont
du plus haut intérêt en raison de la volonté de conservatisme de
ceux qui la transmettent. On ne peut évidemment les prendre à la
lettre comme histoire réelle. On doit les confronter avec la docu
mentation historique écrite, littéraire ou épigraphique. On note,
d'ailleurs, un certain nombre de variantes, par rapport aux textes,
ou même d'un informateur à l'autre. Il n'en reste pas moins qu'elles
comportent tous les éléments fondamentaux de la foi, de la doc
trine, des coutumes consignés dans les textes et est précieuse
pour une compréhension plus claire de concepts quelquefois lais
sés implicites dans les sources écrites1. Nous résumons, à titre
d'exemple, ce qui est relatif à la conception de la divinité principale.
Le nom Celuva Nàrâyana de la divinité qui commande l'e
nsemble de l'organisation religieuse du site, est propre à ce lieu.
Nàrâyana est le nom répandu qui réfère à Visnu sous sa forme de
1. Nous résumons ici les traditions recueillies en kannada par Mme Vasundhara Filliozat
auprès de Sri Àraiyar Râma Sarmâ, directeur du Collège sanskrit de Mèlukôte. Nous par
lons de tradition orale, parce qu'il apparaît que beaucoup de connaissances se transmet
tent dans les familles de brahmanes par la parole seule. Mais ces mêmes brahmanes sont
des pandits lettrés qui utilisent l'écrit tout autant que la mémoire. On observe qu'il y a des
matières contenues dans l'écrit non confiées à l'oral et, vice-versa, un savoir réservé à la
mémoire. On doit donc recueillir les deux, les confronter et les additionner. Il ne faut pas
corriger l'un par l'autre, parce que ce serait les altérer. Il est plus intéressant de juste noter
leurs différences. UN SITE ARCHÉOLOGIQUE VIVANT 575 MELUKOTE,
dieu suprême, unique, principe absolu de toute création et de
toute hypostase. L'épithète Celuva qui lui est accolée à Mëlukôte
est kannada et signifie « beau ». Car la forme particulière du prin
cipe suprême qui est adorée en ce lieu est celle d'un dieu jeune et
beau. Il ne s'agit pas de Krsna, l'incarnation de Visnu en un enfant
dont le mythe et le culte sont universellement répandus en Inde.
Ni le nom de Krsna, ni son histoire ne sont devenus l'objet princi
pal de la dévotion à Mëlukôte. La divinité vénérée est avant tout un
jeune homme beau et bienfaisant. On lui donne à titre secondaire
une désignation sanskrite, Sampatkara Nàràyana, « Nàràyana
créateur de richesse » ou Sampatkumâra, « Jeune homme à la
richesse ». Le nom localement le plus populaire est entièrement
kannada : Celuva Pille, « Bel enfant ». L'emploi du kannada au
lieu du sanskrit dans la désignation la plus courante est révélateur.
Le culte d'une entité caractérisée par jeunesse et beauté est une
particularité du Sud de l'Inde, on peut presque dire une particul
arité dravidienne. On l'observe au Tamilnà

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