Oracles et sanctuaires : les deux temples de la Purification à Délos - article ; n°2 ; vol.103, pg 321-335
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1959 - Volume 103 - Numéro 2 - Pages 321-335
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1959
Nombre de lectures 0
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Charles Picard
Oracles et sanctuaires : les deux temples de la Purification à
Délos
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 103e année, N. 2, 1959. pp. 321-
335.
Citer ce document / Cite this document :
Picard Charles. Oracles et sanctuaires : les deux temples de la Purification à Délos. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 103e année, N. 2, 1959. pp. 321-335.
doi : 10.3406/crai.1959.11075
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1959_num_103_2_11075-.

321
COMMUNICATION
ORACLES ET SANCTUAIRES :
LES DEUX TEMPLES DE LA PURIFICATION A DÉLOS,
PAR M. CHARLES PICARD, MEMBRE DE L* ACADÉMIE.
On a déjà mis en lumière, de divers côtés1, le rôle joué par les
grands oracles de la Grèce, de l'Ionie, d'ailleurs — notamment grâce
a certaines officines mantiques, Delphes, Dodone, Milet, — dans
l'organisation de la vie religieuse des sanctuaires ; il y a là une
question trop vaste pour qu'on puisse songer même à l'aborder
sommairement : sauf sur un point spécial, comme on verra.
Je voudrais appeler ici l'attention, à propos d'une anomalie
curieuse que l'on constate à Délos, sur l'importance de l'interven
tion des prescriptions oraculaires dans le placement topographique
et l'arrangement intérieur de certains temples ; ils paraissent
avoir été particulièrement influencés dans leur destination, leur
aménagement, voire, en somme, leur vie architecturale elle-même.
Nous avions déjà des exemples notoires de la manifestation des
volontés divines, imposant non seulement la création, mais la locali
sation précise de certains lieux-saints et édifices sacrés. Dès l'origine,
à Eleusis, c'est Déméter, déesse oraculaire2, qui prescrit à ses fidèles
— après son épiphanie chez Céléos — , de lui bâtir un sanctuaire
pour lequel elle désigne expressément le site : « Mais allons ! Que le
peuple entier m'élève un vaste temple, avec, en contrebas, un autel ;
au pied de l'Acropole et de sa haute muraille ; au-dessus du (puits)
Callichoros, sur le saillant de la colline. Je fonderai moi-même des
mystères (ôçyia), afin qu'ensuite vous tâchiez de vous rendre mon
cœur propice, en les célébrant pieusement »8.
Un tel cas d'intervention est de moins en moins isolé, et nous
allons trouver par exemple, des faits analogues utiles à considérer à
Délos. Il faut mentionner d'autre part que, dès 18994, avait été
signalé à l'attention par notre ancien confrère Théodore Reinach
un texte de Tanagra conservé au Louvre, et relatif à un déplacement
du sanctuaire local, hors la ville de Déméter et de Coré. On avait
1. Cf. là-dessus, p. ex., Martin P. Nilsson, Cuits, myths, oracles and politics in Ancient
Greece (Skrifter utgivna av Svenska Institutet i Athen — Acta Inst. athen. regni Sueciae,
1951) ; du même auteur, Historia, 7 avril 1958, h. 2, p. 237-250 : Dos delphische Orakel
in der neuesten Literatur. — Cf. d'autre part, Rev. arch., 1959, II, p. 113-117.
2. Ch. Picard, La prédiction de Déméter aux Éleusiniens, Rev. de philol., juillet 1930,
p. 257-265 (à propos de l'hymne dit «homérique » : sic Ai}\ir]XQav, v. 265-267) ; id., Déméter,
puissance oraculaire, Rev. hist. rel., 122, 1940, p. 102-124.
3. Hymne dit « homérique » : els Arinf|Teov, v. 270-275. Plus tard, avec la prédominance
que le clergé delphique mérita de s'assurer, par son habileté politique et ses qualités
morales, on verra l'oracle du Parnasse intervenir plus d'une fois dans le règlement des
affaires sacrées à Eleusis (cf. p. ex. l'inscription sur Vorgas (leçà bQyâç) : 1 G., II1, 204
(= SE G. 3.204).
4. AEG., XII, 1899, p. 53-115. COMPTES RENDUS DE L* ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 322
demandé à l'oracle s'il serait mieux, pour le temple des Deux déesses,
de rester sur place ou non : selon la formule traditionnelle des requêtes
avxï îaôvruç..., f\ nexacpÉQovxvç èv tôv tojiov tôv tâç Eikxiiequïç, eï èv
jroXi/v. Trois propositions différentes, entre lesquelles (1.11-38 a)
l'oracle a décidé : en faveur du site de la ville intérieure1.
On devait exécuter l'ordre divin, — venu du Ptoïon de Béotie,
selon Théodore Reinach : ce qui est au moins vraisemblable — ;
le même texte relate une souscription consécutive des femmes de
Tanagra, qui s'empressèrent, par des dons de vêtements et parures,
de remeubler le trésor sacré du nouvel édifice ; l'oracle avait recom
mandé aussi des prières aux Deux déesses2.
En 1955, M. D. E. Evangelidis a fait connaître3 une intéressante
lamelle de plomb, comportant une question posée à l'oracle de
Dodone ; la gravure des lettres semble indiquer la fin du ive av. J.-C.
Dans ce texte, la ville des Chaones, qui serait Phoiniké, interroge
Zeus Na(i)os et Dioné sur le déplacement du temple local (Phoiniké)
de l'Athéna Polias ; une délégation était venue consulter à Dodone,
selon la formule traditionnelle, sur l'opportunité du transfert
projeté : et taoiov xal âfieivov xal crunqpoQcoteQOv loti tôv vaov tôv tôç
'Aôdvaç tûç IIoX,idôoç âyx(OQi%ayxai; iroeïv.
Instruits sur de tels recours à l'oracle, qui devaient être fréquents,
nous pouvons sans doute aborder dans des conditions meilleures,
et tenter d'éclaircir, comme je l'ai annoncé, certaine anomalie de la
topographie délienne laissée jusqu'ici sans explication.
Le sanctuaire principal d'Apollon, à Délos, montre les restes de
trois temples, tous d'Apollon, qui, orientés tous Ouest-Est, et côte à
côte, avaient peuplé le hiéron, comme on voit, avec un absolu parallé
lisme, à travers la partie occidentale de l'aire sacrée des Létoïdes.
Ces trois édifices ont fait déjà l'objet d'études détaillées qui ont
laissé peu à reprendre : celles de F. Courby4, celles de R. Vallois5, etc.
1. Le texte est opisthographe (faces A et B). Le nom de lieu « Euhemeria » évoque
celui d'une entité éleusinienne. La date proposée par Th. Reinach se situerait aux envi
rons de 230 ± av. J.-C.
2. Il y a d'autres exemples signalés : p. ex. un décret de Péparéthos (IG., XII, 8,
640 = Syll.3 767). Nous apprenons qu'il y avait eu consultation d'un oracle au sujet
d'un déplacement du temple d'Athéna (tôv vaôv xfjç ABTjvfiç nexayafelv xal olxoôo|xfjaai ;
décret cité par L. Robert, Hellenica, 9, 31, avec diverses prescriptions relatives à des
déplacements et reconstructions d'édifices sacrés ; autre exemple : une inscription de
Kastabos, dans la Pérée rhodienne (cf. Fraser-Bean, Bhodian Peraea, n° 15, p. 34-37 :
Bull, épigr. de la REG., 68, 1955, p. 267, n°215; 71, 1958, p. 317-318, n° 457.
3. Arch. Ephem., 1953-1954 (Mémorial G.P.Oikonomos), 1,1955, p. 99-103 : 'EsnYcaq>*|
êx AœôAvnç ; J. et L. Robert, Bull, épigr., REG., 71, 1958, p. 259, n° 286.
4. F. Courby, Exploration archéol. Délos, Les temples d'Apollon, 1931. — Ch. n, Le
Temple des Athéniens, p. 107-205 ; ch. ni, Le temple de tuf, p. 205-215 ; cf. aussi ibid.,
l'histoire documentaire des temples (cf. iv, p. 217-233), et la description (sommaire) des
figures d'acrotères du temple attique, p. 237-241 ; à part, Album des planches (1931), ibid.
5. R. Vallois, L'architecture hellénique et hellénistique à Délos, lre partie, 1944 ; p. 21,
le temple de pôros ; p. 30, le temple dit < des Athéniens ». LES DEUX TEMPLES DE LA PURIFICATION A DÉLOS 323
■ '•
£&!tt£^£^^?*zr**> d'Apollon et d'Artémis.
de Riut-il histoire 1 île penser, de sainte, ces édifices ne toutefois, laissent triplés, que plus alignés l'insolite subsister en association d'énigmes file serrée ? et sur Les la le travaux c rX
r^1 concernés ie feit *»»
1959
22 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 324
Le plus ancien, au Nord, bâti en tuf (pôros), appelé ainsi Porinos
Naos dans les plus anciens documents, peut dater de la tyrannie de
Pisistrate, période — de la seconde moiti

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