Trois nouvelles campagnes dans le sud de la Tripolitaine - article ; n°4 ; vol.119, pg 495-505

René Rebuffat

Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1975 - Volume 119 - Numéro 4 - Pages 495-505
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: COMPTES-RENDUS_DES_SEANCES_DE_L-ACADEMIE_DES_INSCRIPTIONS_ET_BELLES-LETTRES
• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 155
• Langue: Français

Extrait

Monsieur René Rebuffat
Trois nouvelles campagnes dans le sud de la Tripolitaine
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 119e année, N. 4, 1975. pp. 495-
505.
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Rebuffat René. Trois nouvelles campagnes dans le sud de la Tripolitaine. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des
Inscriptions et Belles-Lettres, 119e année, N. 4, 1975. pp. 495-505.
doi : 10.3406/crai.1975.13174
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1975_num_119_4_13174CAMPAGNES DANS LE SUD DE LA TRIPOLITAINE 495
COMMUNICATION
TROIS NOUVELLES CAMPAGNES DANS LE SUD DE LA TRIPOLITAINE
PAR M. RENÉ REBUFFAT.
La communication que j'ai l'honneur de présenter à l'Académie
n'a le mérite de l'originalité ni en ce qui concerne la Mission archéo
logique en Tripolitaine, déjà précédemment présentée1, ni en ce
qui concerne le but de nos recherches. Il s'agit toujours de combiner
l'exploration du prédésert de Tripolitaine avec le résultat des fouilles
conduites en un endroit précis, l'oasis de Bu Njem, dont nos décou
vertes nous ont livré le nom, celui de l'antique Gholaia ou Golas2.
J'avais déjà rendu compte en 1969 de nos deux premières missions
(1967-1968), en 1972 des deux suivantes (1970-1971 )3 : c'est main
tenant une vue d'ensemble des travaux des trois dernières cam
pagnes (1972-1973-1974) que je donnerai, réservant leur publi
cation proprement dite à la revue libyenne Libya Antiqua,* comme
il est bien naturel5.
Nos explorations nous ont conduit une nouvelle fois vers l'est
sur la route des caravanes d'Egypte, et vers l'ouest, sur la piste qui
gagnait Ghadamès ; d'autre part, nous avons réalisé au centre de
1. Cette Mission de la Commission des fouilles est largement, aidée par le
CNRS, soit parce que son chef appartient à cet organisme, soit parce que le
Comité national l'a honorée de diverses subventions, soit parce que l'IAM (LA
151 d'Aix-en-Provence) lui fournit son support administratif et lui apporte une
aide technique très utile; — Ont participé aux missions D. Rebufîat, Prof, à
l'Université de Nantes ; S. Ducroux et M. Reddé, de l'École normale supérieure ;
J. C. Golvin, architecte ; Dr Poplin, du Muséum d'histoire naturelle ; J. M. Gas-
send, J. Lenne, M. Rival, architecte et dessinateurs de l'IAM. — M. R. Marichal,
membre de l'Académie, est d'autre part venu chaque année à Tripoli pour
déchiffrer les ostraca de Bu Njem, ainsi que ceux des réserves de Tripolitaine,
dont les autorités libyennes lui ont confié la publication.
2. Notre article Gholaia, Libya antiqua, sous presse.
3. Deux ans de recherches dans le sud de la Tripolitaine, CRAI, 1969, p. 189-212 ;
Nouvelles recherches dans le sud de la Tripolitaine, dans 1972, p. 319-339.
4. Que cette mention soit une nouvelle occasion de remercier les autorités
libyennes, le Directeur des Antiquités M. Salah Heddine Hassane, ses adjoints
M. Mohamed Nemri, M. Abdulhamid Saïd, M. Mahmoud ben Ahmed, ainsi que
les Contrôleurs des Antiquités à Tripoli, M. Badjat Ali el-Karamanli, et à
Leptis Magna, M. Omar Mahjoub, avec lequel la Mission est en constante
relation, et tous les collaborateurs du Département des Antiquités de leur
accueil chaleureux et de leur inlassable esprit de coopération, qui rendent si
agréables nos séjours en Libye.
5. Libya antiqua publie depuis 1967 la série des rapports intitulés « Bu
Njem 1967, Bu Njem J968, Bu Njem 1970 », etc. ; des notices sur d'autres sites :
« Zella 1968 » ; et des Notes et Documents : Sur une plaquette de bronze inscrite
de Bu Njem (avec R. Boyer et Y. Fattori) ; L'industrie préhistorique recueillie
à Bu (1967-1968) de G. Souville ; Les inscriptions des portes de la forte
resse ; Gholaia ; L'arrivée des Romains à Bu Njem ; Les inscriptions en libyque
de Bu Njem ; Les inscriptions de Masauca ; Le poème du centurion ; etc. :
13
100 200 300 t<m.
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ORIENTAL
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Fig. 1. — Pistes du prédésert de Tripolitaine. > —
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Fig. 2. — Pistes du désert de Libye.
i 498 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
cette vaste zone la liaison entre les forteresses du Gheriat et Bu
Njem (voir fig. 1-2).
A l'est, une nouvelle visite a été consacrée à l'oasis de Zella6.
Un nouveau ramassage de sigillée claire a confirmé la datation du
« Fort Brûlé », un des deux fortins antiques de Zella, au me siècle.
Les circonstances nous ont également permis d'aller jusqu'au point
d'eau de Tagrifet, et de remarquer que cet itinéraire a dû être jadis
beaucoup plus fréquenté : près du puits de Tagrifet, une ruine
abonde en tessons de céramique locale en grande partie modelée,
comme d'ailleurs l'endroit le plus remarquable de l'oasis de Zella,
la grande « Gara » où la tradition locale place le premier habitat ;
à cinq kilomètres au nord de Zella, d'autre part, une ruine parfa
itement construite en petits moellons n'offre au contraire aucun
vestige de céramique. Ces trois sites n'ont encore, comme il arrive
souvent, faute de céramique importée, pas d'âge précis pour nous,
mais nous encourageront à chercher à Tagrifet le gisement qui aurait
jadis fourni des monnaies romaines7, car ces régions étaient év
idemment jadis plus fertiles qu'aujourd'hui.
A l'ouest, un projet de sondage dans la nécropole de Ghadamès,
suspendu au lendemain de la mort tragique en février 1973 d'Awad
Mustapha Sadawya, alors Directeur des Antiquités, et de son adjoint,
Aïssa Salem el-Assoued, à qui notre Mission devait tant,8 n'a pas
été repris depuis, mais une nouvelle visite nous a permis d'avancer
l'étude des vestiges antiques de l'oasis, mausolées (les célèbres
« Asnam »), tour à étages, et vestiges architectoniques, bases,
colonnes, chapiteaux, plaques décorées, conservés ou réutilisés sur
place, ou encore au musée de Tripoli9. Les chapiteaux sont, contra
irement à d'autres hypothèses antérieures qui en faisaient en par
ticulier les restes d'une église, des chapiteaux corinthiens, simple
ment déformés et stylisés par une évolution locale particulière, et
ils ne se trouvent qu'en séries très nombreuses, mais apparemment
fort courtes. Les mausolées présentant de leur côté en général un
socle puissant d'où s'élève un pilier central, il faut bien imaginer
que ce large ressaut portait quelque chose : et on y imagine d'autant
mieux les bases, les colonnes et les chapiteaux si nombreux dans
l'oasis, qu'on a également relevé des éléments en forme d'arcs
aptes à se poser sur les chapiteaux de façon à compléter le revêt
ement architectonique des piliers centraux. Ce qu'on obtient par
6. Zella 1968, Libya anliqua, VI-VII, p. 181-187.
7. A. Di Vita, // limes romano di Tripolitania, dans Libya antiqua, I, 1964,
p. 94.
8. Notre notice nécrologique, Awad Mustapha Sadawya, Aissa Salem el
Assoued, Mohamed Fadil el-Maiar, dans Antiquités africaines, VIII, 1974,
p. 13-16.
9. Notre étude sur Ghadamès en préparation pour Libya antiqua. CAMPAGNES DANS LE SUD DE LA TRIPOLITAINE 499
cette restitution, ce sont des monuments très semblables aux célèbres
mausolées de Ghirza10. Les deux « énigmes » de Ghadamès —
« asnam » et jonchées d'éléments architectoniques ayant longtemps
exercé l'imagination des commentateurs — se résolvent donc l'une
par l'autre, et la chronologie, qui flottait jadis de l'époque pré
romaine à Justinien, voire des Hyksos au Moyen Âge, se trouve
maintenant resserrée entre deux limites raisonnables, le ne siècle,
date des premières céramiques abondamment re