Une qoubba almoravide à Marrakech - article ; n°2 ; vol.98, pg 226-233
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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1954 - Volume 98 - Numéro 2 - Pages 226-233
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 35
Langue Français

Extrait

Monsieur Jacques Meunié
Une qoubba almoravide à Marrakech
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 98e année, N. 2, 1954. pp. 226-
233.
Citer ce document / Cite this document :
Meunié Jacques. Une qoubba almoravide à Marrakech. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres, 98e année, N. 2, 1954. pp. 226-233.
doi : 10.3406/crai.1954.10274
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1954_num_98_2_10274COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS -:■ 226
claire. Pour lui, les mosquées dont il s'agit seraient à rapprocher
des nefs transversales du type de la mosquée de Fez. Quant aux mais
ons, il a remarqué certaines différences entre les maisons de carac
tère rural et de caractère urbain. Celles-là possèdent une grande cour
et une autre plus restreinte, celles-ci n'en ont qu'une ; de plus les
entrées des maisons rurales sont droites et celles des maisons urbaines
à chicanes.
Mme Meunié pense que l'influence de Medine, de Damas et du
Caire se fait sentir pour les mosquées et que le type des maisons
rurales est plus récent.
M. Charles Picard demande comment peut s'expliquer la pré
sence de ces triangles de décharge qu'on retrouve en Orient.
Mme Meunié rappelle qu'on les trouve en briques crues dans le
Sud marocain, mais qu'à son avis ces arcs ont plutôt un rôle orne
mental.
UNE QOUBBA ALMORAVIDE A MARRAKECH,
PAR M. JACQUES MEUNIÉ.
Le 2 juin 1950, M. Georges Marçais présentait ici même une coin*
munication sur les « Découvertes archéologiques à Marrakech ».
M. Henri Terrasse y signalait une qoubba almoravide située auprès
de la mosquée Ben Youssef. L'actuelle mosquée Ben Youssef s'élève
sur l'emplacement de la première grande édifiée par 'Ali
ben Yousof, au début du xne siècle. Cette première mosquée-cathéd
rale almoravide devait être sensiblement plus grande que la mos
quée actuelle ; la base de son minaret a été dégagée par M. Allain,
en 1950 ; elle mesure 10 mètres de côté. Construite en grandes
pierres du Guéliz, elle annonce le minaret almohade de la Koutou-
biya ; mais elle présente un double départ d'escalier qui l'apparente
au minaret de la grande mosquée de Cordoue.
La situation des restes du minaret nous permet d'imaginer l'orien
tation et les dimensions de la mosquée primitive : le terrain livré
à nos investigations avait dû se trouver en bordure de l'ancienne
façade latérale Sud. Les travaux de dégagement entrepris par la
Municipalité ont permis à mon ami Charles Allain, puis à moi-même,
d'effectuer des fouilles complètes. Tout un ensemble de constructions
a été retrouvé : voûté*
un réservoir rectangulaire, qui fut plus tard en citerne,
alimentait une vaste fontaine-abreuvoir garnie d'auges sur trois côté ;
la qoubba qui nous occupe en était toute voisine vers le Sud-Ouest ;
un hammam a existé anciennement, sous le hammam moderne,
situé au Sud. Ces constructions, toutes associées à l'adduction de UNE QOUBBA ALMORAVIDE A MARRAKECH 227
l'eau ou à l'ablution rituelle, sont les dépendances normales d'une
grande mosquée. La qoubba fait partie, en effet, de ce groupe, car
elle surmontait un bassin. Elle apparaissait très enterrée avant les
fouilles, ses arcs n'ayant presque plus de hauteur. Cinq sols success
ifs ont pu être retrouvés, et cinq bassins et rigoles d'eau avaient
été successivement établis sous la qoubba ; aux quatre sols et bassins
les plus récents correspondaient quatre installations de latrines
entourant la qoubba sur ses quatre côtés.
II est possible que le premier bassin sous la qoubba n'ait .pas été
accompagné de latrines à l'extérieur, mais la a bien été
édifiée pour surmonter ce bassin rectangulaire, entouré d'une rigole
et d'une marche ou banquette. Une coupe pratiquée dans les fonda
tions n'a révélé aucune construction antérieure au bassin. L'eau
y pénétrait par le milieu du fond, au moyen d'un tuyau de poterie
se redressant à la verticale. La description du Dar el-Oudoû almo-
hade de la Qaraouiyn de Fès, bâti dans les premières années du
xme siècle, s'applique exactement1. Il n'est pas exclu de penser
que l'installation de Fès a pu s'inspirer de celle de Marrakech, et il
faut remarquer que le plafond de Fès « formait un dôme de plâtre
avec encorbellement à stalactites, peint de diverses couleurs »,
c'est-à-dire qu'à Fès comme à Marrakech, on avait pris soin de
décorer la coupole surmontant le bassin à ablution.
La qoubba est de plan rectangulaire, et non pas carré. Le rez-de-
chaussée présente des assises alternées de pierres et de briques ;
toute la partie haute est en briques seules ; l'ensemble était recou
vert par des enduits de chaux et de plâtre. Deux étages d'arcades
se superposent, où se remarquent des arcs de formes variées : l'arc
lobé qui se trouvait déjà à la mosquée d'Al-Hakam à Cordoue ;
l'arc outrepassé et brisé, qui semble ne rien devoir à l'Espagne et
est d'un usage presque constant en Afrique du Nord à l'époque
almoravide ; le petit arc recti-curviligne, qui s'apparente à des
ouvertures du minaret de Sfax, ainsi qu'à un tracé d'arc d'une petite
niche du Dar el-Bahar, à la Qalaa des Béni Hammad. Nous le
retrouvons à l'intérieur de la coupole de Marrakech, ainsi qu'à la
coupole de la grande mosquée de Tlemcen. Notons que les arcs
retombent sur des piliers et non sur des colonnes. Le pilier semble
bien être de tradition constante à l'époque almoravide ; il se retrouve
aux mosquées d'Alger, Nédroma, Tlemcen et Fès.
Mais le principal intérêt de la qoubba de Marrakech réside dans
la coupole. C'est une coupole sur nervures, comme celles de Cordoue
et de Tlemcen.
De même qu'à la coupole devant mihrab de Cordoue, les départs
1. Sous le règne d'En Nasîr. Cf. Zahrat el-As, trad. Alfred Bel, p. 136 ; cité par G. Mar-
çais, Manuel, II, p. 576. COMPTES RENDUS. DE Ii' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 228
Marrakech. — Qoubba ben Yousof vue de l'Est. UNE QOUBBA ALMORAVIDE A MARRAKECH 229
des huit arcs se situent aux pointes d'une étoile formée par deux
carrés contrariés ; mais il n'existe pas de tambour de raccordement
avec la base sur plan carré. Il n'y a pas ici de trompes d'angles et
les arcs partent directement de la corniche. C'est à Tolède que nous
trouvons la plus grande analogie : la petite coupole nord de l'église
Cristo de la Luz présente, en plan, le même tracé d'arcs partant
directement du carré de la corniche.
Mais les arcs de Marrakech, polylobés, sont entrecroisés comme
ceux des nefs de la grande mosquée de Cordoue. Ils donnent ainsi
l'impression dé deux étages d'arcs superposés et augmentent d'autant
la hauteur de la coupole. De petits angles droits sont intercalés
entre les lobes et l'exubérance du décor floral qui les accompagne
fait penser à l'Aljaferia de Saragosse.
Au-dessus des grands arcs se trouve un tambour octogonal formé
de petits arcs recti-curvilignes. Il sert de transition et supporte la
coupole terminale, toute simple et nue, découpée en huit lobes.
Les nervures de la grande coupole sont appareillées en briques
disposées en lits rayonnants, et prenant appui sur des pièces de
bois, entaillées à mi-bois et encastrées en croix. Ces pièces de bois
se prolongent en arrière, à l'intérieur du mur, et agissent à la manière
d'un bras de levier, pour supporter au-dessus du vide les retombées
outrepassées des arcs. La petite coupole terminale a été construite
de la même façon ; ses doubles nervures, constituées par des briques
rayonnantes placées de champ, prennent appui sur des pièces de
bois dont l'extrémité postérieure est fixée dans la maçonnerie du
dôme. Pour éviter toute déformation, des blocs de pierre ont été
placés sur la maçonnerie que traverse la pièce de bois.
Malgré sa construction rationnelle, cette coupole n'a pas été

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