Fouilles récentes à Palmyre - article ; n°2 ; vol.135, pg 399-410
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Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1991 - Volume 135 - Numéro 2 - Pages 399-410
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 28
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Professeur Michel Gawlikowski
Fouilles récentes à Palmyre
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 135e année, N. 2, 1991. pp. 399-
410.
Citer ce document / Cite this document :
Gawlikowski Michel. Fouilles récentes à Palmyre. In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Lettres, 135e année, N. 2, 1991. pp. 399-410.
doi : 10.3406/crai.1991.14988
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1991_num_135_2_14988COMMUNICATION
FOUILLES RÉCENTES À PALMYRE,
PAR M. MICHEL GAWLIKOWSKI
La tradition de l'archéologie à Palmyre est surtout française. Pour
ne citer que ceux que j'ai pu rencontrer et qui ne sont plus parmi
nous, cette tradition a été illustrée par Henri Seyrig, par Daniel
Schlumberger, enfin par le dernier disparu, Jean Starcky, envers qui
ma dette personnelle est la plus grande. J'apprécie d'autant plus
l'honneur de parler devant l'Académie des travaux que la mission
polonaise à Palmyre, fondée par le regretté Kazimierz Michalowski
il y a plus de trente ans, a pu récemment effectuer. Je tiens à remerc
ier M. Jean Leclant, le Secrétaire perpétuel, et M. Ernest Will de
m'avoir invité à le faire.
Les fouilles polonaises ont surtout intéressé, pendant de longues
années, le Camp de Dioclétien, ce quartier extérieur à la grande ville
caravanière des trois premiers siècles après J.-C, quartier développé
après la déchéance de celle-ci pour servir de siège à l'une des légions
qui tenaient le limes tétrarchique. Les monuments majeurs du quart
ier correspondent à cette vocation militaire, tels les principia ou le
quartier général du camp, telles les rues à colonnades desservant les
îlots des casernes, tel enfin le grenier associé à un ensemble des moul
ins, le dernier dégagé1. Il y avait aussi, cependant, un sanctuaire
plus ancien et même très ancien, car fondé vers 50 avant J.-C. au
plus tard, ce qu'on appelle à Palmyre l'époque archaïque. Dans ce
sanctuaire consacré à Allât, ou Athéna si l'on préfère, nous avons
trouvé les fondations de la chapelle primitive, enchâssée dans une
celîa gréco-romaine du temps des Antonins2.
Ce chantier du Camp de Dioclétien est désormais clos. Depuis
trois ans, nous avons porté nos efforts sur un secteur du centre-ville
contigu à l'artère principale de la ville antique, nommée habituellement
1. K. Michaîowski, Palmyre. Fouilles polonaises 1959, 1960, 1961, 1962, 1963-1964 (V vol.),
Varsovie 1960-1966 ; A. Sadurska, Palmyre VII (« Le tombeau de famille de 'Alainê »), 1977 ; M. Gawlikowski, VIII (« Les principia de Dioclétien »), Varsovie
1984, et dans : « Chronique archéologique », Syria LXIII, 1986, p. 397-399.
2. Voir M. Gawlikowski, « Le temple d' Allât à Palmyre », RA 1977, 2, p. 253-274 ;
« Réflexions sur la chronologie du sanctuaire d' Allât à », Damaszener Mitteilungen
I, 1983, p. 59-67 ; « Le sanctuaire d' Allât à Palmyre », AAAS 33, 1983, p. 179-198 ; « Le
premier temple d' Allât », Resurrecting the Past. A Joint Tribute to Adnan Bounni, Leiden
1990, p. 101-108. 400 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Grande Colonnade. Accessoirement, et dans la tradition de
K. Michalowski qui fouillait, en même temps que le Camp, la nécro
pole dite Vallée des Tombeaux, nous avons entrepris d'y nettoyer une
tour funéraire3.
Ces étranges monuments, de vraies catacombes en hauteur qui
hérissent les abords de l'oasis de Palmyre et prêtent au site son trait
sans doute le plus caractéristique, sont restés toujours accessibles et
par conséquent tous ont été pillés à fond. C'est aussi le cas de la tour
construite en 40 après J.-C. par un dénommé Kitôt, tour à laquelle
E. Will a consacré une importante étude4. Tout le contenu des
tombes y a été dispersé pêle-mêle sur le sol des chambres, le recou
vrant d'une couche de 20 à 50 cm de terre et de poussière. Grâce à
des conditions extrêmement stables qui régnent à l'intérieur de la tour
et au degré d'humidité infime, des matières habituellement périssables
y ont pu subsister, telles des soieries et des étoffes brodées où l'on
reconnaît sans peine des motifs rendus dans la pierre des sculptures
funéraires, avec des galons décoratifs et des appliques qui font penser
aux textiles coptes, mieux connus5. Nous avons également trouvé des
cuirs, des objets en bois, et même des fragments de papyrus, malheu
reusement minuscules. Je n'oublie pas, enfin, les factures de cantine
d'un sergent britannique qui les a abandonnées dans la tour en 1941.
Le chantier principal, cependant, consiste en trois îlots perpendic
ulaires à la Grande Colonnade. Celle-ci, il me semble, représente
avec son tracé curieusement articulé un boulevard extérieur installé
à la place de l'ancien rempart. Au-delà, c'est une ville nouvelle qui
fut fondée sur un damier régulier et, comme notre fouille semble
l'indiquer, d'un seul coup. Les murs de la maison fouillée avaient
des fondations allant jusqu'à la roche, 2 m environ sous la surface,
les terres de remblai contenant des tessons de la seconde moitié du
IIe siècle. Les murs apparents avaient des socles en pierre hauts de
2 m environ, qui affleurent partout dans le quartier, alors que les
parties hautes, en brique crue, se sont désagrégées, contribuant à
remplir les pièces jusqu'à la hauteur des socles (fig. 1).
Articulée autour de plusieurs cours (fig. 2), la maison possédait un
puisard au milieu de la cour nord destinée aux activités quotidiennes,
3. Cf. « Chronique archéologique », Syria LXVII, 1990, p. 449-551.
4. E. Will, « Le relief de la tour de Kithôt et le banquet funéraire à Palmyre », Syria XXVIII,
1951, p. 70-100 ; cf. E. Will, « La tour funéraire de Palmyre », Syria XXVI, 1946/49, p. 94 s. ;
M. Gawlikowski, Monuments funéraires de Palmyre, Varsovie 1970, p. 71 s. ; voir aussi ANRW
II, 12, 24 (sous presse).
5. Les trouvailles anciennes sont publiées par R. Pfister, Textiles de Palmyre I-III, Paris
1934-1940. Plus récemment, voir M. Flury-Lemberg, Textil-Konservierung im Dienste der
Forschung, Abegg-Stiftung Bern, 1988, p. 409-41 1 ; Mme Annemarie Stauffer de la Fondat
ion Abegg vient de restaurer un lot important d'échantillons textiles provenant de la tour
de Kitôt. FOUILLES RÉCENTES À PALMYRE 401
Fig. 1. — La cour nord de la maison, vue vers le nord.
A gauche, on voit les bases du portique ouest dsservant une rangée des pièces.
Fig. 2. — Plan des parties dégagées de la maison :
état d'origine et partitions tardives. o 10
FiG. 3. — La cour d'apparat, sa colonnade partiellement restaurée.
A gauche en bas, une pièce de réception, au fond, la cour nord et ses dépendances. FOUILLES RÉCENTES À PALMYRE 403
ainsi que deux puits creusés en bordure de cette cour. Étonnamment
peu profonds, ils ne s'enfoncent qu'à 5,5 m sous le niveau antique,
alors que l'eau ne se trouve aujourd'hui à Palmyre qu'à 15 m ou plus.
L'autre cour fouillée (il y en a au moins une troisième qui attend
l'exploration) était de toute évidence destinée à recevoir. Elle est dallée,
munie d'un péristyle de quatre colonnes sur trois (fig. 3), et séparée
de la première cour par un mur continu dans lequel l'une des colonnes
s'est trouvée prise à la suite d'une irrégularité. Un passage en chicane
permettait d'y pénétrer depuis l'entrée de la maison, commune aux
deux cours. Sous le portique, deux pièces d'apparat s'ouvraient vers
l'est communiquant primitivement par un passage dans le mur
mitoyen.
Autant le style des chapiteaux, tout comme le contenu des tran
chées de fondation, indique que la maison fut construite dans la seconde
moitié du IIe siècle, autant des réfections semblent s'accumuler dès
la fin de l'époque byzantine. En effet, des blocages dans les grandes
pièces de réception ont fourni, entre autres matériaux, une monnaie
d'Héraclius.
C'est donc au vne siècle, vers le début de la domination musul
mane, que la maison s'est transformée : une riche demeure citadine

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