Oasis irriguée et art bouddhique ancien à Karadong : premiers résultats de l expédition franco-chinoise de la Keriya, Xinjiang, République populaire de Chine - article ; n°4 ; vol.137, pg 929-949
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Oasis irriguée et art bouddhique ancien à Karadong : premiers résultats de l'expédition franco-chinoise de la Keriya, Xinjiang, République populaire de Chine - article ; n°4 ; vol.137, pg 929-949

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1993 - Volume 137 - Numéro 4 - Pages 929-949
21 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Monsieur Henri-Paul Francfort
Madame Corinne Debaine-
Francfort
Oasis irriguée et art bouddhique ancien à Karadong : premiers
résultats de l'expédition franco-chinoise de la Keriya, Xinjiang,
République populaire de Chine
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 137e année, N. 4, 1993. pp. 929-
949.
Citer ce document / Cite this document :
Francfort Henri-Paul, Debaine-Francfort Corinne. Oasis irriguée et art bouddhique ancien à Karadong : premiers résultats de
l'expédition franco-chinoise de la Keriya, Xinjiang, République populaire de Chine. In: Comptes-rendus des séances de
l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 137e année, N. 4, 1993. pp. 929-949.
doi : 10.3406/crai.1993.15280
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1993_num_137_4_15280O
COMMUNICATION
OASIS IRRIGUÉE ET ART BOUDDHIQUE ANCIEN À KARADONG :
PREMIERS RÉSULTATS DE L'EXPÉDITION FRANCO-CHINOISE DE LA KERIYA
(XINJIANG, RÉPUBLIQUE POPULAIRE DE CHINE),
PAR M1"6 CORINNE DEBAINE-FRANCFORT, M. HENRI-PAUL FRANCFORT
ET LEURS COLLABORATEURS
Ces premiers résultats sont ceux des travaux d'une équipe franco-
chinoise, placée sous la direction conjointe d'Henri-Paul Francfort
(Directeur de l'UPR 315, « Archéologie de l'Asie centrale : Peuplement,
milieux, techniques » du C.N.R.S.) et de Wang Binghua (Directeur
de l'Institut d'Archéologie et du Patrimoine du Xinjiang), et c'est au
nom de celle-ci que nous avons l'honneur de les présenter à votre assemb
lée1. Outre ses deux directeurs, ont participé, du côté français,
Corinne Debaine-Francfort et Alain Thote (C.N.R.S.), Joël Suire (des
sinateur topographe, C.N.R.S.), Jorge Vasquez (restaurateur conser
vateur) et, du côté chinois, sous la direction d'Abdurassul Idriss (Vice-
directeur de l'Institut d'Archéologie et du Patrimoine du Xinjiang),
Zhang Tienan, Xiao Xiaoyong, Liu Wensuo, Liu Guorui, Ahmed
Rexiti, accompagnés de Wenkang (restaurateur) et Abdel Kader (respon
sable de l'Unité de protection du patrimoine de la région de Khotan).
L'attrait pour le Turkestan oriental et les premières recherches sur
cette partie de l'Asie centrale remontent à la fin du siècle dernier, époque
des premières grandes expéditions étrangères dans le bassin du Tarim
dont les suites, au début du xxe siècle, sont bien connues. Dutreuil
de Rhins et Grenard, Hedin, Stein, Otani, von Le Coq et Grûnwedel,
Pelliot, Berezovskii et Oldenbourg ou encore Trinkler, pour ne citer
qu'eux, sont autant de noms fameux qui évoquent les fondements de
l'archéologie au Xinjiang méridional. A cette époque toutefois, l'intérêt
pour le bouddhisme et les périodes récentes prévaut. Des coopérations
comme celle de Bergman et Huang Wenbi marquent à cet égard un
tournant, avec l'apparition d'une attention plus marquée pour la pré
histoire et les époques anciennes qui guidera également les recherches
des archéologues du Xinjiang durant ces vingt dernières années.
1. Ces travaux ont été financés, du côté chinois, par l'Institut d'Archéologie et du Patri
moine du Xinjiang et, du côté français, par la Sous-direction des Sciences sociales et humaines,
Direction générale des Relations culturelles, scientifiques et techniques du ministère des
Affaires étrangères, et par le C.N.R.S., que nous tenons à remercier pour leur soutien. 930 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
Les premiers contacts entre l'UPR 315 et l'Institut d'archéologie
du Xinjiang furent pris par Jean-Claude Gardin et Pierre Gentelle au
début des années quatre-vingt. Ils se sont ouverts, à partir de 1984,
sur une coopération dans le domaine des géo-sciences entre ce dernier
et l'Academia Sinica, d'une part, et, d'autre part, sur une coopération
archéologique avec l'Institut d'archéologie du Xinjiang, sur le thème
des cultures protohistoriques en relation avec leur environnement.
Dans le domaine de l'archéologie, cette coopération s'est d'abord tra
duite par des échanges et par une première prospection à Hami au
Xinjiang oriental. Dans un second temps, notre choix s'est porté sur
la région de Khotan ( = Hetian) dans le sud du bassin du Tarim, moins
connue et plus difficile d'accès (fig. 1). L'expédition archéologique
franco-chinoise de la Keriya s'est ainsi constituée en 1991 autour d'un
projet commun d'exploration de la vallée de la Keriya, ou rivière de
Yutian, qui s'écoule de la frontière tibétaine vers le cœur du désert
du Taklamakan. Ce projet s'inscrivait parfaitement dans notre pr
ogramme de recherches sur les milieux semi-désertiques de l'Asie centrale
ancienne. Il vise à retrouver, le long de ses cours ou deltas asséchés,
des traces d'une occupation humaine, de la dater et d'en étudier l'évo
lution et les déplacements en relation avec les modifications d'un
environnement devenu peu à peu totalement désertique.
On y retrouve en effet un milieu de delta endoréique typique de l'Asie
centrale qui, en permettant la construction de dérivations et de canaux
d'irrigation, est le seul à offrir des terres cultivables. Une différence
importante distingue toutefois le delta de la Keriya de ceux de Mar-
giane ou de Bactriane, l'omniprésence du sable, soulignée à maintes
reprises par A. Stein, pourtant familier des milieux désertiques, qui
qualifie cette région de véritable « mer de sable »2.
Les informations dont nous pouvions disposer avant d'entreprendre
nos recherches sur cette zone étaient de plusieurs ordres, historique,
géo-scientifique, archéologique.
Les informations historiques nous sont parvenues à travers des textes
chinois d'une part, et à travers des documents en écriture kharosthi
d'autre part3. Le Hou Hanshu souligne ainsi, par exemple, l'impor
tance prise par Yutian (Khotan) devenue, avec Shanshan (Loulan), une
clé sur la route sud à partir du milieu du Ier siècle de notre ère. Nous
savons qu'après l'offensive de Mingdi pour libérer les États d'Asie cen
trale de la tutelle des Xiongnu et rétablir au profit des Chinois la sécurité
et le commerce dans la région, des garnisons chinoises se sont installées
2. Ruins of Désert Cathay, Personnal Narrative of Exploration in Central Asia and Wester-
most China, London, Macmillan, 1912 ; Dover public, New York, 1987, p. 379.
3. Pour une synthèse récente sur la question, voir par exemple : Ma Yong, Xiyu shidi
wenwu congshu, Pékin, Wenwu chubanshe, 1990. >
M O
§
/O M
AFGHANISTAN
Fig. 1. — Carte de la région autonome ouïghoure du Xinjiang. 932 COMPTES RENDUS DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS
dans les petites oasis-États du Sud. Yumi, sur le territoire de laquelle
se trouve Karadong, est l'une d'entre elles et la présence du fortin
ou caravansérail découvert par Stein sur ce site s'inscrit probable
ment dans ce contexte général. Parallèlement, la découverte, sur de
nombreux sites de la région, de documents administratifs en écriture
kharosthi montre l'importance de l'influence kouchane dès avant le
milieu du 111e siècle. Vers 400, le pèlerin Faxian qualifie par ailleurs
Khotan de centre bouddhique florissant.
Les informations géo-scientifiques sont obtenues par l'analyse des
images satellitaires et des photographies aériennes, ainsi que par les
résultats des différentes expéditions sur le terrain d'équipes chinoises
et étrangères. Les plus récentes sont une mission sino-allemande de
1986 et celle de P. Gentelle (il s'agit de reconnaissances sur le haut
cours de la Keriya et une partie de son cours inférieur)4.
Les informations archéologiques enfin, sont disponibles grâce aux
travaux de Sven Hedin5 qui, en plein cœur du Taklamakan, découv
rit le site de Karadong en 1898, mais aussi et surtout à ceux d'Aurel
Stein6. Stein se rendit brièvement à Karadong, exécuta un levé som
maire du site et y fouilla à deux reprises, en 1901 et en 1908. Il
déblaya la porte du fortin carré dont les vestiges sont encore visibles
aujourd'hui, considérablement diminués depuis la première visite de
Hedin. Il fouilla une maison et en donna un plan schématique. La
modernité de son approche, à la fois archéologique et gé

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