ÉLÉMENTS
DE RADIOPROTECTION
Base de
la
radioprotection4
par D. DUGRILLON
1S ommaire
1 - EFFETS DES RADIATIONS IONISANTES ......................................... 2
2 - BASE DE LA RADIOPROTECTION ..................................................... 6
Justification de l'activité............................................................................... 6
Optimisation de la radioprotection............................................................... 8
Limitation des doses d'exposition .............................................................. 10
3 - CAMARI ................................................................................................... 13
Annexe 1 : Contrôles non destructifs ............................................................. 15
Annexe 2 : Sources de rayonnements ionisants :
déclarations obligatoires .............................................................. 20
Annexe 3 : Arrêté du 25 juin 1987 modifié par l'arrêté
du 24 décembre 1988 instituant un certificat d'aptitude
à manipuler les appareils de radioscopie et de radiographie
industrielles (CAMARI) 23
2BASE DE LA
RADIOPROTECTION
par D. DUGRILLON
Les radiations ionisantes sont des rayonnements soit électro-
magnétiques (photons X, γ ou cosmiques) soit corpusculaires
(particules α, β ou neutrons) capables de déterminer directe-
ment ou indirectement la formation d'ions (atomes ou molé-
cules de charge électrique non nulle) lors de leur passage à
travers la matière.
Les rayonnements ionisants ne sont hélas pas perçus par nos
sens et il s'écoule toujours un certain temps de réaction entre
le moment de l'exposition (ou irradiation) et celui de l'appari-
tion des troubles physiologiques. C'est ce qui les rend particu-
lièrement dangereux.
3 - EFFETS1
DES RADIATIONS
IONISANTES
En traversant la matière quelle qu'elle soit, les rayonnements ionisants heurtent les
molécules et les atomes constituant celle-
ci. Au cours de ces chocs, ils arrachent un
ou plusieurs électrons au cortège électro-
nique périphérique entourant le noyau cen-
tral de l'atome, il y a ionisation de la
matière (figure 1).
Par cet effet ionisant, les radiations ioni-
santes agissent, en lui cédant de l'énergie,
ion négatifion positif sur le tissu vivant au niveau des molécules,
(électron)
notamment celles d'acide désoxyribonu-
cléique ou ADN (qui sont, entre autres, un
Figure 1 : Phénomène d'ionisation
vecteur de la génétique), qui forment les
cellules (Voir encadré). Les effets qui en résultent affectent :
- soit les cellules qui composent le corps, c'est-à-dire le soma : ce sont les effets
somatiques qui se traduisent sous forme d'altérations de l'organisme de l'individu
irradié.
Les effets somatiques dus aux rayonnements ionisants présentent à la fois un
caractère polymorphique (grande variété des formes biologiques qui peuvent
concerner tous les organes et toutes les fonctions du corps) et un caractère non
spécifique, c'est-à-dire que la variété des effets somatiques peut être provoquée
par d'autres causes (produits chimiques, tabac par exemple). Le tableau 1 résume
l'apparition des effets somatiques précoces en fonction de la dose reçue en une
seule fois.
- soit celles qui sont destinées à la reproduction, c'est-à-dire le germe : ce sont les
effets génétiques dont les lésions ne se manifesteront, par action mutagène que
dans la descendance de l'individu irradié.
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LES PHÉNOMÈNES ÉLÉMENTAIRES
Événements physiques initiaux :
Il s'agit principalement de collisions entre les radiations ionisantes et les électrons des
atomes constituant la matière vivante.
Selon l'énergie communiquée à l'électron, l'atome ou la molécule à laquelle ce dernier
appartient subit, soit une ionisation (éjection de l'électron) soit une excitation (changement
de couche de l'électron), soit acquiert un supplément d'énergie thermique (oscillation
15autour de la couche d'origine). La phase d'ionisation est très brève (de l'ordre de 10- s).
Étape physico-chimique :
Les événements physiques induits par le passage d'une radiation ionisante engendrent la
formation de radicaux libres.
Nota : Un radical libre (noté ) est un composé chimique très actif comprenant au moins
un électron célibataire (noté e-).
Ces radicaux libres résultent pour une grande part d'une action des radiations sur l'eau qui
est le constituant fondamental de la matière vivante.
La radiolyse de l'eau aboutit à la formation de radicaux oxydants (OH ) et réducteurs (H )
6d'une durée de vie extrêmement brève (de l'ordre de 10- s).
Les radicaux libres ainsi formés (H et OH ) agissent à leur tour sur d'autres molécules,
initiant ainsi une cascade de réactions pouvant toucher les molécules d'importance
biologique, notamment celles d'ADN (acide désoxyribonucléique).
Tableau 1 : RELATION DOSE - EFFETS DES RAYONNEMENTS
Effets Dose minimale en Sieverts
des radiations
ionisantes < 0,25 0,25 1 2 4 10
Aucun effet apparent X
Modification de la formule
Xsanguine
Apparitions du mal des rayons :
Xmalaises, nausées, vomissements
Érythème, fièvre, agitation X
Dose létale 50 % X
Décès certain X
- soit celles de l'embryon ou du fœtus au cours de la grossesse : ce sont les effets
tératogènes dont la malformation la plus courante et la plus grave est la
microcéphalie.
Les effets tératogènes constituent un cas particulier des effets somatiques
(puisque le corps est en formation) et doivent être distingués des lésions d'origine
génétique.
Nota : Les effets mutagènes et tératogènes peuvent être provoqués par des agents
physiques (dont les radiations ionisantes), des agents chimiques (benzène, insec-
ticides, solvants, etc.) et des agents infectieux (rubéole, herpès, hépatite virale,
etc.).
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Les études entreprises depuis plusieurs décennies sur les effets biologiques des
rayonnements ionisants ont conduit à mettre en évidence des :
Effets non stochastiques ou non aléatoires : Un effet biologique est dit non
aléatoire ou déterministe lorsque son apparition est systématique pour une dose seuil
suffisante et que le degré de gravité est une fonction croissante de la dose. Ces effets
surviennent de façon précoce, après l'exposition à une dose seuil suffisante (figure
2). En pratique, la dose seuil couramment admise est égale à 1 sievert (100 rems).
Des recommandations de la Commission internationale de protection radiologi-
que (CIPR) fixent les limites de dose individuelle de telle sorte que la dose totale
reçue pendant la durée de la vie professionnelle ne dépassent pas 1 Sv.
Probabilité
d'apparition Gravité
%
100
Sv Sv
0 0
Seuil DoseSeuil Dose
a - Probabilité d'apparition b - Gravité
Figure 2 : Apparition d'un effet non aléatoire
Effets aléatoires ou stochastiques : Un effet biologique est dit aléatoire
lorsque sa fréquence d'apparition statistique sur un grand nombre d'individus
présente un caractère de probabilité qui est également une fonction croissante de
la dose. Le caractère aléatoire est indépendant de la notion de seuil (figure 3). La
gravité est indépendante de l'exposition aux radiations ionisantes ; ces effets sont
tardifs (de 2 à 15 ans pour une leucémie) et ne sont pas spécifiques (aucune
différence avec des lésions qui apparaissent spontanément).
Probabilité
d'apparition Gravité
%
Sv Sv
Zone d'incertitude Dose cumulée Dose
sur l'apparition
a - Probabilité d'apparition b - Gravité
Figure 3 : Apparition d'un effet stochastique
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Le plus souvent (notamment en radiocancérogénèse) l'évolution du processus se
trouve favorisée par des agents "promoteurs" d'origine chimique, physique ou
physiologique.
En 1977, la CIPR a donc été amenée à adopter dans ses recommandations n° 26,
cette nouvelle classification :
Tableau 2 : CLASSIFICATION DES EFFETS BIOLOGIQUES
DES RAYONNEMENTS IONISANTS
EFFETS SOMATIQUES EFFETS GÉNÉTIQUES
Affections cutanées : Cancers : Mutations concernant la
. épilation . bronchopulmonaire descendance
. érythème . du sein
. dermites . sarcome osseux
. de la thyroïde (adénome)
Affections oculaires :
. blépharites Leucémies
. cataractes
. conjonctivites Mutations sur l'individu
. kératite irradié
Affections sanguines :
. anémie
. leucopémie
. syndrome hémorragique
. thrombopémie
Atrophie
Atteinte de la fertilité
Lésions chroniques des
muqueuses
Nécroses osseuses
EFFETS SYSTÉMATIQUES EFFETS STOCHASTIQUES
72 - BASE DE
LA RADIOPROTECTION
L'objectif de la radioprotection (se reporter à l'encadré) est double :
- prévenir tout effet pathologique non aléatoire des rayonnements ionisants,
- limiter à un niveau considéré comme acceptable tant pour chaque individu que
pour la société le détriment éventuel que pourrait occasionner l'existence d'effets
aléatoires à faible dose.
Pour atteindre cet objectif, la CIPR (Commission internationale de protection ra-
diologique) a recommandé un programme de limitation des doses basé sur trois
principes : justification, optimisation et limitation (JOL).
LA RADIOPROTECTION
EST L'ENSEMBLE DES MESURES DESTINÉES :
- A RÉALISER LA PROTECTION SANITAIRE
DE LA POPULATION CONTRE LES RADIATIONS IONISANTES,
- ET A ASSURER LE RESPECT DES NORMES DE BASE.
JUSTIFICATION DE L'ACTIVITÉ
La justification de l'activité ou des pratiques utilisant les rayonnements ionisants
entraîne l'exposition. Il faut, pour être acceptable, que toute exposition d'un ou
plusieurs individus produise un bénéfice net positif soit pour cet ou ces individus
(cas de l'exposition médicale), soit pour la Société (utilité du processus mis en
œuvre). C'est ainsi qu'on été interdits en France :
-la commercialisation de jouets contenant des substances radioactives qu'elles
soient naturelles ou artificielles ;
- la fabrication de paratonnerres contenant une petite source radioactive (radium
226 ou américium 241 par exemple) qui, par rapport aux autres types de
paratonnerre, n'apporte aucun avantage significatif. Cependant, l'utilisation des
erparatonnerres qui ont été installés avant le 1 janvier 1987 reste autorisée ;
- l'emploi de batteries nucléaires (cas des bat