Les peintures murales de l Église Betä Maryam à Lalibäla, Éthiopie (rapport préliminaire) - article ; n°3 ; vol.143, pg 901-967
68 pages
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Les peintures murales de l'Église Betä Maryam à Lalibäla, Éthiopie (rapport préliminaire) - article ; n°3 ; vol.143, pg 901-967

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Description

Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres - Année 1999 - Volume 143 - Numéro 3 - Pages 901-967
67 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1999
Nombre de lectures 58
Langue Français
Poids de l'ouvrage 8 Mo

Extrait

Monsieur Claude Lepage
Les peintures murales de l'Église Betä Maryam à Lalibäla,
Éthiopie (rapport préliminaire)
In: Comptes-rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 143e année, N. 3, 1999. pp. 901-
967.
Citer ce document / Cite this document :
Lepage Claude. Les peintures murales de l'Église Betä Maryam à Lalibäla, Éthiopie (rapport préliminaire). In: Comptes-rendus
des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 143e année, N. 3, 1999. pp. 901-967.
doi : 10.3406/crai.1999.16051
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_1999_num_143_3_16051COMMUNICATION
LES PEINTURES MURALES
DE L'ÉGLISE BETA MARYAM À LALIBÀLA, ETHIOPIE
(RAPPORT PRÉLIMINAIRE)
PAR M. CLAUDE LEPAGE*
II est surprenant que les peintures murales chrétiennes considé
rées généralement comme les plus anciennes conservées en Ethiop
ie, et qui se trouvent sur le célèbre site de Lalibâla, dont c'est la
seule église peinte, n'aient pas fait l'objet d'une étude scientifique,
alors que dans la seconde moitié du XXe siècle, Lalibâla a été visitée
par des milliers de touristes et des dizaines d'archéologues et his
toriens.
Lalibâla, du nom d'un souverain de la dynastie Zagwé qui céda
le pouvoir en 1270, se serait appelé auparavant, peut-être avant le
XIVe siècle, Boha, du nom araméen de la ville d'Édesse1. Elle fut
peut-être au XIIe et XIIIe siècle la capitale d'un souverain éthiopien
dont parle un arménien d'Egypte écrivant en arabe2. Cette bour
gade du cœur de la région très montagneuse du Lasta, à 2600 m
d'altitude, offre un exceptionnel groupe d'églises taillées dans le
rocher, d'ailleurs classées depuis 1978 sur la liste du patrimoine
mondial3. Ces églises rupestres ne sont pas réalisées à partir de
* L'auteur tient à remercier ses collaborateurs et élèves de l'École pratique des Hautes
Études, en Sorbonne, à Paris, qui l'ont aidé au Laboratoire des nouvelles technologies, dans
la préparation des documents illustrant cet article : M"" Dominique Couson-Desreumaux et
M. Georges Biezunski pour l'important et original travail sur ordinateur conduit en vue de l'i
ntégration des photos diverses de la Transfiguration dans un document global ; M"' Christine
Habibis, doctorante, pour la réalisation du plan de situation des peintures et des recherches
bibliographiques ; enfin M. Etienne Delage, docteur de l'École pratique des Hautes Études,
pour la mise au point des fichiers informatiques des photographies et de la maquette.
1. De multiples informations, de valeur variable, sont réunies de manière pratique par
Sergew Hable Sellassie, Ancient and Médiéval Ethiopian History to 1270. Addis Abeba, 1972;
les attentives mises au point de M"" Heldman sont précieuses : M. E. Heldman, « Archi
tectural Symbolism, Sacred Geography and the Ethiopian Church », Journal of Religion
in Africa XXII/3, 1992, p. 222-241 ; Ead., « Legends of Lalibela. The Development of an
Ethiopian Pilgrimage Site», Anthropology and Aesthetics, RES 27, Spring 1995, p. 25-38;
M. E. Heldman, Getachew Haile, « Who is Wbo in Ethiopia's Past, Parts II : Founders of
Ethiopia's Solomonic Dinasty », Northeast African Studies 9/1, 1987, p. 1-11.
2. The Churches and Monasteries of Egypt and some Neighbouring Countries, attributed to
Abu Salih, theArmenian, édité et traduit par B. T. A. Evetts, Oxford, 1895, p. 284-289.
3. On trouve sur Internet toutes informations utiles à ce sujet sur le site suivant:
http://www.unesco.org/whc/sites/18.htm. COMPTES RENDUS DE L' ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS 902
cavernes, mais selon une technique dite monolithique'1, pastichant,
extérieurement comme intérieurement, des édifices véritables.
Le site a peut-être été atteint par quelques Européens avant le
XVIe siècle, mais aucun d'eux n'aurait laissé de traces de son pas
sage5. Lalibàla est signalé pour la première fois à l'attention des
Européens, comme un lieu extraordinaire, au début du XVIe siècle
par le Père Francisco Alvarez6, chapelain de l'ambassade envoyée
par le roi du Portugal. Alvarez est le seul du groupe à avoir atteint
le site, vers 1520, et à nous en donner une description dont il
craint lui même qu'elle ne fût pas crue de ses contemporains.
Il faut attendre le XIXe siècle, pour en avoir confirmation par les
récits de Gerhard Rohlfs7, d'un consul français Achille Raffray8,
accompagné de Gabriel Simon, un ancien officier de cavalerie9.
C'est au cours de l'occupation italienne, entre 1936 et 1939, qu'un
premier travail archéologique sérieux a lieu : sous la direction de
Alessandro Augusto Monti délia Corte, Elio Zecchia et l'artiste Lino
Bianchi Barriviera procèdent respectivement à des photographies et
à des relevés topographiques importants. Ces deux mois de relevés
serviront, après le retour en Italie, à la réalisation de gravures à l'eau
forte de qualité, dans un format 70 x 65 cm ; seize de ces planches
sont reproduites un ouvrage de Conti Rossini10, et plus tard,
4. Sur ce procédé technique et son origine, voir Cl. Lepage, « Une origine possible des
églises monolithes d'Ethiopie », CRAI, Paris, 1997, p. 199-212.
5. Sauf peut-être le réalisateur au Xir ou Xlir siècle d'étonnantes sculptures du sanc
tuaire principal de Lalibàla, l'église Sellassie-Golgotha-Sinaï : la tombe de Lalibàla serait
décorée « with an iron cross and the engraved crucifix », rapporte Sergew Hable Sellessie,
op. cit. (n. 1), p. 275 ; tandis que le cénotaphe du Christ lui-même, dont le tombeau se trou
verait aussi à proximité, représenterait, selon un modèle d'inspiration européenne, un
gisant de très médiocre facture (voir l'article, cité en détails infra n. 13, de Bianchi Barriviera,
p. 33-34 et pi. 8 et 9). Sur cette dernière figure, seule une petite partie de l'ange est visible
à l'extrême droite du dessin inférieur gauche ; un ou deux anges agenouillés se trouveraient
à la tête et peut-être aux pieds du gisant ; ces tombeaux étaient déjà l'objet de pèlerinage lors
du passage d'Alvarez ; de nos jours ces tombeaux sont soigneusement dissimulés, y compris
aux archéologues ; lors d'une récente tentative d'examen direct de l'endroit, en 1998, la forte
bourrade d'un prêtre nous a conduit vers d'autres projets...
6. Fr. Alvares, Verdadirra informaçâo dos terras do Preste Joâo dos Indias, Coimbra, 1540
(Chap. LIII-LV pour Lalibàla ; réédité à Lisbonne en 1889 par E. Pereira ; a fait l'objet de
traductions en diverses langues, dont une édition recommandable en anglais : The Prester
John ofthe Indies, éd. et trad. par C. E Beckingham et G. W. B. Huntingford, Londres, Hak-
luyt Society, Cambridge, 1961, 2 vol.).
7. G. Rohlfs, <c Die Christlichen Wunderbeuten zu Lalibela in Abyssinien », Globus 14,
1868; ld., Même Mission nach Abessinien ..., 1880-1881, Leipzig, 1883.
8. A. Raffray, Afrique orientale : Abyssinie, Paris, Pion, 1876, XII-395 p., carte et 10 grav. ;
puis Id., L'Église monolithe de la ville de Lalibela, Paris, 1882.
9. G. Simon, L'Ethiopie, ses mœurs, ses traditions. Le Negouss Johannes. Les Eglises monol
ithes de Lalibela, Paris, 1885.
10.le chiese ipogee e monolitiche e gli altri monumenti medievali del Lasta, fotogra-
fie et rilievi di Elio Zecchia, disegni originali di Lino Bianchi Barriviera, Società ital. Arti
grafiche Editrice, Rome, 1940. Id., Le chiese monolithe di Lalibela e altre nel Lasta- Uagh in
Etiopia, Rome, 1948 (en deux exemplaires seulement, semble-t-il). LES PEINTURES MURALES DE BETÂ MARYAM À LALIBÂLA 903
64 planches seront éditées en portefeuille par Bianchi Barriviera, de
manière très confidentielle en 195711, avant d'être republiées, à
échelle réduite, en 1962 et 1963, dans une revue italienne12. Ces
plans, reproduits par tous, constituent encore l'information de base
sur le site. Nos peintures n'y sont ni décrites, ni illustrées13.
Au fil des décennies de la seconde moitié du XXe siècle, les voya
geurs se multiplient avant d'être remplacés par de véritables
groupes quotidiens de touristes. Comme l'a noté Jules Leroy, ils
font principalement part « de leurs impressions esthétiques plus
que de leurs découvertes 

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