Notes de céramologie de la région Centre - Note n° 6 - Céramique mérovingienne - article ; n°3 ; vol.9, pg 212-224

Alain Ferdière

Description

Revue archéologique du Centre de la France - Année 1970 - Volume 9 - Numéro 3 - Pages 212-224
Alain FERDIERE,
Notes de céramologie de la Région Centre — IIIe série.
Note 6 : Céramique mérovingienne.

Cette troisième chronique permet à l'auteur de présenter deux ensembles de céramiques d'époque mérovingienne, du Loir-et-Cher et du Cher, présentant entre eux des analogies notables.
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié par: REVUE_ARCHEOLOGIQUE_DU_CENTRE_DE_LA_FRANCE
• Publié le: 01 janvier 1970
• Nombre de lectures: 55
• Langue: Français

Extrait

Alain Ferdière
Notes de céramologie de la région Centre - Note n° 6 -
Céramique mérovingienne
In: Revue archéologique du Centre de la France. Tome 9, fascicule 3-4, 1970. pp. 212-224.
Résumé
Alain FERDIERE,
Notes de céramologie de la Région Centre — IIIe série.
Note 6 : Céramique mérovingienne.
Cette troisième chronique permet à l'auteur de présenter deux ensembles de céramiques d'époque mérovingienne, du Loir-et-
Cher et du Cher, présentant entre eux des analogies notables.
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Ferdière Alain. Notes de céramologie de la région Centre - Note n° 6 - Céramique mérovingienne. In: Revue archéologique du
Centre de la France. Tome 9, fascicule 3-4, 1970. pp. 212-224.
doi : 10.3406/racf.1970.1659
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/racf_0220-6617_1970_num_9_3_1659NOTES DE CERAMOLOGIE DE LA REGION CENTRE
par Alain Ferdière
Note n° 6. CERAMIQUE MEROVINGIENNE (*).
(Plan de situation : fig. 1.)
En avril 1969 apparut aux labours une zone noirâtre circulaire,
dans le champ de M. Marquenet (parcelle 142), à la sortie du bourg
de Lorges (L.-et-C), site dont nous avons déjà parlé à propos de la
découverte d'un tesson de céramique estampée 1, sur la même parcelle
(fig. 2).
M. Marquenet put, avant la destruction, effectuer les observations
essentielles : il s'agissait d'une fosse d'environ 1 m de diamètre et à
peu près circulaire. Le fond de la cavité semble avoir subi l'action du
feu, et le loess argileux naturel est rougi.
Plusieurs couches composent le remplissage (fig. 3) : au fond, un
anneau de cendre mêlée de terre jaune entoure un noyau central presque
exclusivement composé d'éléments organiques brûlés : cendres, charbons
de bois, grain brûlé (probablement du blé). Cette couche V contenait
enfin une pièce osseuse d'un pied de bœuf2. Elle est recouverte d'une
petite épaisseur de pierraille brûlée contenant des cendres, et enfin
couche compacte de pierres brûlées, qui clôt l'ensemble.
C'est de cette dernière (couche II) que proviennent exclusivement
les fragments de poterie, objets de notre étude.
Il s'agit très vraisemblablement d'une structure du type « fosse à
offrande », tel que l'a identifié Salin 3, et connu sur différents sites mérov
ingiens, de nécropoles pour la plupart, il est vrai.
Aucune tombe n'a jusqu'à présent été signalée dans cette zone, mais
il est certain que cette fosse n'est pas isolée, comme l'indique un dense
semis de tessons en surface sur une large étendue du champ (cf. grisé
de la fig. 2), qui a déjà donné le tesson estampé publié, ainsi que le
fragment décoré étudié ci-dessous (fig. 4). Ces découvertes de surface,
assez concentrées, indiquent soit des fosses du même type, soit un habit
at contemporain.
(*) Remercions MM. Marquenet, à Lorges, et M. Delaire, à Avord, inventeurs
des découvertes signalées ici.
(1) A. Ferdière, Notes de céramologie de la Région Centre, R.A.C., 29, 1969,
p. 43 (Note 3).
(2) Identification de Mme Th. Poulain, Laboratoire d'Ethnozoologie du
Musée d'Avallon : naviculaire (d) de bœuf adulte.
(3) E. Salin, La civilisation mérovingienne, 4e partie, p. 39 (en forme de
puits, ou peu profonde comme notre exemple : Morlay (Meuse) ; présence
d'ossements de bovins attestée, en fosse ou en sépulture, p. 32. NOTE DE CÉRAMOLOGIE 213
Fig. 1. — Localités de la Région du Centre citées dans la présente Note,
lieux de découverte des documents publiés : 1 = Lorges ; 2 = Vinon. 2. — Extrait cadastral de la commune de Lorges (L.-et-G. - 41) Fig.
(Section B, dite du Bourg, 2° feuille).
Le petit cercle fléché indique l'emplacement de la fosse
En grisé : zone de tessons en surface. D. Marquenet 69
Fig. 3. — Coupe de la fosse.
Légende : I = terre arable.
II = loess naturel.
III = pierraille compacte, brûlée.
IV = empierrement plus lâche et cendre.
V = cendre, grain et bois brûlés.
VI = cendre et terre jaune.
le fond (en noir) est cuit et rougi. 216 ALAIN FERDIÈRE
Les tessons de la fosse, assez nombreux, proviennent d'au moins
11 vases, partiellement reconstituables (aucun vase complet) (fig. 4). La
totalité du profil n'est restituable avec quelque certitude que dans deux
cas :
Vase n° 1 : 17 fragments, dont certains jointifs, permettent, par
comparaison des diamètres, de restituer, avec de grandes probabilités,
le profil d'un grand vase (H : 230 mm), de forme biconique, composé
de bandes horizontales; la lèvre, épaissie, est éversée; le fond présente
un fort épaississement à la rupture de profil; trois canelures (à la moitié
de la partie inférieure (11 bis), à la carène et au col) soulignent encore
le profil.
Une anse verticale, plate et cannelée, se rattache au vase au-dessus
de la carène. Il est vraisemblable d'en restituer une seconde, disposée
symétriquement.
La pâte est tendre, très légère, et contient un dégraissant, apporté
ou non, à base de sable quartzeux. Ces caractéristiques sont très remar
quables, et se retrouvent dans la plupart des tessons de cette fosse.
Seul, l'échantillon n° 1 (talc) de l'échelle de Mocs 4 ne raye pas la sur
face de ce vase.
Les couleurs sont variées, et vont de Cailleux5 E.61 (brun-gris foncé)
à C.90 (gris clair), en passant par D.56 (jaune-rouge) et D.62 (brun);
certaines parties semblent avoir subi l'action du feu.
Enfin, les quatre bandes de la partie supérieure de la panse sont
décorées à la molette; il semble que deux molettes différentes aient été
utilisées : l'une, formée de casiers verticaux à stries alternativement
montantes et descendantes, utilisée seulement sur le registre immédiate
ment supérieur à la carène, sur une seule ligne; l'autre, formée de croi
sillons, passée une (?) (4* registre, supérieur), ou deux fois (2e et 3e
registres).
Elles sont appliquées irrégulièrement et leur relief, parfois très vif,
est au contraire complètement estompé par endroits.
Le type du vase biconique est par lui-même extrêmement courant
à époque mérovingienne, de même d'ailleurs que ce genre de molette;
mais ici la grande taille, la présence de l'anse, et la qualité de la pâte,
s'écartent de cette tradition.
Des exemplaires beaucoup plus petits, mais de forme semblable,
sont datés par Salin 6 du vne siècle. Mais c'est l'Allemagne méridionale
qui nous donne l'élément de comparaison le plus valable : un vase du
« Groupe d'Ulm » 7, de profil général très semblable, de dimensions très
proches; les anses sont remplacées par des oreilles verticales, percées,
toutefois situées un peu plus haut sur la panse. La datation proposée
(4) Echelle de dureté, éd. Boubée, Paris.
(5) Cailleux et Taylor, Code expolaire, éd. Boubée.
(6) E. Salin, Le Haut Moyen-Age en Lorraine, p. 215 et PI. XXXI, n° 7. Cf.
aussi à la même date : Ch. Muller, Das frankische Reihengraberfeld von
Lommersum, n° 2 et PI. 20, Kreis n° 11. Euskirchen, Bonner Jahrb., 160, 1960, pp. 204-264 : PI. 7,
(7) W. Hubener et U. Lobbedey, Zur Struktur der Keramik inder spâteren
Merowingerzeit, Bonner Jahrb., 164, 1964, pp. 88-129 : p. 111 et PI. 29, n° 6. NOTE DE CÉRAMOLOGIE 217
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Fig. 4. — Céramique de la fosse de Lorges (profils restitués pour les n0> 1 et 2).
Décor du n" 1 : les parties noires correspondent aux tessons existants ;
les parties laissées en blanc sont restituées. 218 ALAIN FERDIÈRE
est également le vu' siècle. Notons que le profil caractéristique du fond
de notre exemplaire se retrouve couramment dans la céramique méro
vingienne de cette région d'Allemagne 8.
Vase n° 2 : Vase globulaire dont on ne possède que quatre fragments
du col et autant du fond (H : environ 150 mm).
La rupture de profil du fond présente le même épaississement carac
téristique que le n° 1; il est décollé au fil (cercles tangents se rappro
chant du bord), technique qui ne se généralise qu'au Bas-Empire 9.
La pâte est ici plus dure, moins poreuse, et contient un dégraissant
à base de quartz. Le