Rémy Comment
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Rémy CommentExtrait du Divergence FM - 93.9 FM - Montpellierhttp://divergence-fm.orgRémy Comment- Espace Expression Libre - Date de mise en ligne : samedi 6 avril 2002Divergence FM - 93.9 FM - MontpellierCopyright © Divergence FM - 93.9 FM - Montpellier Page 1/7Rémy Comment Rémy Comment photographie des villages la nuit, et c'est la lumière qui paradoxalementmarque son travail. La lumière et les jeux d'optique pour des clichés bien lointains de la cartepostale ensoleillée.La photographie : une vocation qui n'a pas souffert le compromis du metier de photographede presse... trop corrupteur au goût de l'artiste.G. G. : On pourrait peut-être vous présenter vous, avant de parler de cette exposition.Rémy Comment : Donc, ça fait pas mal d'années que je fais des photos, j'avais travaillé comme professionnel, et jeme suis arrêté de le faire il y a pas mal de temps déjà. Depuis ca m'a toujours démangé de reprendre, et doncdepuis une dizaine d'années, je fais à nouveau des recherches, du travail, des amusements expérimentaux sur desphotos, à travers un travail... non numérique, sur le procédé argentique...G. G. : Vous avez plutôt commencé tôt, à l'adolescence ?R. C. : Ouais, ouais... à m'intéresser à ca, à bricoler... en trouvant de vieux appareils dans des greniers, des chosescomme ça. M'amuser surtout au niveau du travail de labo, principalement, qui m'intéressait, puisque le travail de lachimie est amusant, passionnant. Voir la photo venir dans un bac, ...

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Langue Français

Extrait

Rémy Comment
Extrait du Divergence FM - 93.9 FM - Montpellier
http://divergence-fm.org
Rémy Comment
- Espace Expression Libre -
Date de mise en ligne : samedi 6 avril 2002
Divergence FM - 93.9 FM - Montpellier
Copyright © Divergence FM - 93.9 FM - Montpellier
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Rémy Comment
Rémy Comment photographie des villages la nuit, et c'est la lumière qui paradoxalement
marque son travail. La lumière et les jeux d'optique pour des clichés bien lointains de la carte
postale ensoleillée.
La photographie : une vocation qui n'a pas souffert le compromis du metier de photographe
de presse... trop corrupteur au goût de l'artiste.
G. G. :
On pourrait peut-être vous présenter vous, avant de parler de cette exposition.
Rémy Comment :
Donc, ça fait pas mal d'années que je fais des photos, j'avais travaillé comme professionnel, et je
me suis arrêté de le faire il y a pas mal de temps déjà. Depuis ca m'a toujours démangé de reprendre, et donc
depuis une dizaine d'années, je fais à nouveau des recherches, du travail, des amusements expérimentaux sur des
photos, à travers un travail... non numérique, sur le procédé argentique...
G. G. :
Vous avez plutôt commencé tôt, à l'adolescence ?
R. C. :
Ouais, ouais... à m'intéresser à ca, à bricoler... en trouvant de vieux appareils dans des greniers, des choses
comme ça. M'amuser surtout au niveau du travail de labo, principalement, qui m'intéressait, puisque le travail de la
chimie est amusant, passionnant. Voir la photo venir dans un bac, c'est quelque chose de toujours excitant...
G. G. :
Ces débuts précoces vous ont permis de démarrer une carrière professionnelle, alors pourquoi avoir
arrêté ?
R. C. :
J'ai arrêté parce que je trouvais qu'il y avait une espèce de sorte de corruption, à travailler et à gagner de
l'argent comme ça...
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G. G. :
Vous travailliez à l'époque pour la presse ?
R. C. :
Je travaillais pour la presse, oui. Je trouvais que je me salissais... la part de jeu, et la part d'amusement qu'il y
avait dans cette affaire s'éteignaient petit à petit, au fur et à mesure que je gagnais de l'argent, au fur et à mesure, le
plaisir s'estompait.
G. G. :
Ca a duré longtemps, cette espèce de dérive et de prise de conscience ?
R. C. :
Non, ça a été une usure... de type érosion naturelle...
G. G. :
Justement l'érosion naturelle... des fois ça prend du temps !
R. C. :
Ouais, mais des fois, il se trouve qu'il y a des intempéries un peu violente qui font que... l'argile s'effrite
rapidement...
G. G. :
Après cette interruption, comment vous avez vécu ?
R. C. :
J'ai travaillé... j'ai fait plein de travaux différents, j'étais mécanicien auto, ou maçonnerie, ou n'importe quoi.
J'ai fait de l'édition, j'ai crée une boite d'édition il y quelques années de ça, avec quelques soucis. Et bon, j'ai toujours
réussi à avoir suffisamment de quoi survivre sans avoir à trop me salir par rapport à mes activités.
G. G. :
Du coup faire de la photo plus artistique... L'idée de faire de la photo artistique était déjà présente
quand vous vous êtes arrêté ?
R. C. :
J'avais jamais arrêté à titre personnel, comme jeux expérimental, au niveau chimie, manipulations optiques,
jeux de lumières etc... C'était une chose qui m'avait toujours intéressé. Et puis il s'est trouvé il y a quelque années de
ça que j'ai des amis qui ont vu ces photos que j'ai faites à l'époque, qui étaient d'un milieu... artistique qui m'était
étranger, et qui m'ont dit qu'il fallait que je développe ce travail, que je fasse autre chose que de les garder dans un
carton chez moi, ou que je ne les montre qu'à des amis.
G. G. :
On a hésité pour cette expo entre deux séries de photos : celle que l'on peut voir actuellement et puis
une autre série sur la tauromachie. Quels sont les thèmes qui attirent votre oeil photographique ?
R. C. :
Principalement le mouvement, puis il y toujours une espèce de... d'arrière pensée assez parodique par
rapport au sujet classique. C'est à dire, en ce qui concerne ce qu'il y a ici à Divergence, les villages, il y a une espèce
d'ironie ou de parodie par rapport à la représentation qu'il y a des villages, notamment sur les cartes postales, avec
les champs de lavande etc etc... Pour ce qui concerne les taureaux, les aficionados aiment bien le trait crispé du
taureau ou le trait figé du torero... Moi je préfère de loin jouer sur le mouvement, jouer sur les masses en
mouvement. Je m'amuse aussi à faire des natures mortes assez caricaturales qui reprennent le style classique de la
nature morte, mais toujours avec un jeu d'optique, de lumière...
G. G. :
Faire une photo très représentative, très statique, c'est pas trop votre truc.
R. C. :
Non, pas tellement. D'autant qu'il y a aujourd'hui des techniques, des technologies qui le font beaucoup mieux
que qui que ce soit. Il suffit de passer par le numérique, un bon scanner, une petite machine, un coup de photoshop
et puis l'affaire est dans le sac. Non, ça m'intéresse pas tellement.
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G. G. :
Le mouvement est présent dans cette exposition, même si elle représente des scènes statiques, des
rues, des maisons, des détails d'architecture... Il y a aussi un côté surnaturel qui s'en dégage. On pourrait
presque les imaginer pour illustrer quelque histoire fantastique, y'a un côté assez mystérieux ou sombre.
C'est l'effet recherché ?
R. C. :
L'effet recherché, ce n'est qu'une simple exagération. Les villages, ils ont un caractère surréaliste, ou extra
naturel, dans la mesure où par rapport à la vie qu'il y avait autrefois et par rapport à ce que l'on fait des villages,
surtout dans le sud-ouest ou le sud-est de la France... Rien qu'à les regarder, ils ont déjà un caractère surnaturel.
Les pierres frottées, les trottoirs complètement extravagants, les lampadaires affolants... c'est devenu quelque chose
de complètement banal, mais qui ont un caractère complètement surnaturel, surtout le caractère désertique des
villages. Simplement on peut dire que je grossis le trait, j'appuie un petit peu, simplement, mais sans exagération, en
fait, par rapport à l'aberration qu'il y a souvent dans le paysage urbain des villages aujourd'hui.
G. G. :
Vous faites autant de travail sur la prise de vue elle même que sur le travail de laboratoire ?
R. C. :
Il est à peu près égal. Y'a beaucoup de travail labo, chimie, masquage, tirage...
G. G. :
Là, c'est un village qui se trouve dans le Gard...
R. C. :
Ce sont plusieurs villages, principalement des villages du Gard. C'est vrai que j'ai fait des photos autour de
chez moi. Je ne fait pas partie des photographes qui partent dans la banlieue de Canton pour faire des photos
extraordinaires. C'est peut-être pas la peine. Moi je vais à quelques kilomètres de chez moi, c'est ni mieux ni moins
bien, c'est aussi une manière de penser les choses au niveau local, puisque c'est très à la mode en ce moment de
parler local.
G. G. :
Est-ce qu'elles sont toujours prises de nuit ?
R. C. :
Toujours oui. Parce que le caractère nocturne force l'étrangeté du.... renforce le... Par exemple dans un
village, c'était marrant de voir... déjà le jour il n'y a personne, et la nuit y'a encore moins personne ! Et il n'y a pas le
show des belles pierres sous le soleil, tous ces appâts spécial touristes. On pourrait dire simplement que la nuit, il est
encore plus nu, si tant est que le jour il soit vraiment habillé...
G. G. :
Même si la nuit on dort dans les villages, y'en a des fois qui dorment pas forcément. Est-ce qu'il y a
des gens qui se demandent ce que vous faites ? Des photos, en pleine nuit, dans des petits villages...
R. C. :
Oui... les chiens m'interrogent beaucoup, mais il m'est rarement arrivé de me trouver... quelque fois des
menaces, oui : "qu'est-ce que vous faites dehors, je vais appeler la gendarmerie !"... Mais j'ai jamais eu de rencontre
très fraternelle dans les villages. Non, la nuit, rien de particulier... Ah si ! Hormis bien sur l'insécurité considérable qui
règne dans les provinces !!
(rires)
G. G. :
C'est vrai !
R. C. :
Chacun sait que c'est incroyable ! C'est terrible et c'est effrayant. Et donc, je sais pas si je rentre dans les
statistiques des errants nocturnes dans les villages...
G. G. :
Vous utilisez aussi une focale particulière, un grand angle ?
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R. C. :
C'est un bricolage optique. C'est à dire que j'ai utilisé une optique de caméra vidéo que j'ai fixé sur un 50 mm.
G. G. :
Y'a vraiment un côté bricoleur chez vous...
R. C. :
Oui bien sûr. Il faut qu'il y ait du bricolage, sinon c'est pas drôle.
G. G. :
Est-ce que vous avez eu l'occasion de faire tourner cette exposition dans les villages où ont été
prises les photos ?
R. C. :
Je l'ai faite tourner dans des villes autour, mais pas dans ces villages... En revanche, j'en ai montré dans les
villages, notamment avec certaines communes, ou certains maires avec qui j'ai des relations. En général c'est un
peu regardé comme quelque chose de... d'une manière un peu ethnographique, ou zoologique...
G. G. :
Est-ce qu'il sont sensibles à cette mise en situation d'un paysage, à l'opposé justement de la carte
postale et son village ensoleillé ?...
R. C. :
Oui si la surprise peut-être une sensibilité. Ils sont très surpris en fait, ils ont un peu de mal à saisir. Y'a pas
d'appréciation ni positive ni négative, ou sinon sur la personne et pas sur le travail
G. G. :
C'est peut-être déroutant pour eux, une manière d'asticoter la villageoiserie ?
R. C. :
J'ai aucune hostilité particulière vis à vis de la villageoiserie. Je vis dans un village et j'aurais du mal à pouvoir
imaginer actuellement de vivre dans une ville. L'asticoterie, c'est aussi la vie, quoi, c'est aussi la polémique, ou la
critique, la rencontre, la confrontation.
G. G. :
Une démarche qui se retrouve dans les photos de ces villages du Gard. Ce résultat un peu courbe, un
peu flou, un peu contrasté... Est-ce que quand vous prenez le cliché vous voyez déjà le résultat de ce que
vous recherchez à la fin ou est ce que c'est une espèce d'élaboration qui se fait au fur et à mesure du travail
de prise de vue et de laboratoire ?
R. C. :
On peut dire que le travail est divisé en deux parties : y'a la prise de vue et puis après le labo. C'est vrai qu'au
moment du cadrage ou de la prise de vue, je ne suis pas assuré de mon résultat, dans la mesure ou je joue non
seulement sur la lumière nocturne, mais aussi sur des lumières incidentes ou parasites. Je peux même m'amuser à
mettre de petit éléments sur l'optique elle même afin que des lumières puissent attraper ces petits éléments et à faire
ce qu'on appelle des flares. Comme sur celle du pont. Y'a toujours un effet de surprise, et il faut, à mon sens, il faut
qu'il y ait ce caractère de surprise. Je ne fais pas un travail scientifique, pas un travail figuratif où je cherche le détail
hyperréaliste. Au contraire il faut que je sois aussi surpris moi par le travail, que par le résultat auquel j'arrive.
G. G. :
C'est une façon presque... ancienne de faire de la photo, parce qu'au premiers temps de la photo, on
bricole aussi beaucoup son appareil pour le faire marcher quand il tombe en panne ou pour l'améliorer parce
que là, les photographes ont parfois des idées que les constructeurs n'ont pas encore... Vous vous situez
dans une famille de photographes ?
R. C. :
Peut-être certains le diront. Moi, j'aurais du mal à me situer. Je sais qu'il y a des choses que j'apprécie et
d'autres pas, j'ai pas de nom particulier en tête, mais c'est vrai que je n'ai pas non plus une passion pour les
avancées technologiques et le progrès à tout va et la surenchère, et la course à l'infini, à la dernière nouveauté. C'est
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pas une chose qui m'intéresse, qui m'attire ou me passionne. J'ai plutôt le sentiment que c'est une chose dans
laquelle on se perd, plus qu'on ne se trouve.
G. G. :
C'est peut-être une leçon que vous avez tiré de l'époque ou bous travailliez pour la presse, parce que
c'est un peu un secteur où il fait avoir le dernier truc qui vient de sortir...
R. C. :
Par exemple. Et puis aussi, quand on travaille dans le domaine de la photo, on est finalement dans le
domaine du travail, c'est à dire des commandes, on doit répondre à des consignes de travail etc... Donc on est plus
du tout dans le domaine de la création, on fait finalement que de la manutention d'image. J'ai préféré abandonner
pour me retrouver dans un truc de création, d'amusement, de jeux, de tentatives, d'expérimentation.
G. G. :
C'est quelque chose que vous auriez pu perdre, cette joie de le faire, en continuant...
R. C. :
C'est pour ça que j'ai arrêté, bien sûr.
G. G. :
Pour revenir à ces photos, elles sont prises en pose B ?
R. C. :
Elles sont toujours prises avec des poses très lentes, entre 15 et 30 secondes. Des fois je monte jusqu'à la
minute, mais en général ce sont des poses très lentes. Il m'arrive souvent d'attendre qu'il y ait une voiture qui passe,
mais du coup, il faut parfois attendre un petit moment, parce que dans les villages...
G. G. :
Quel est le détail d'architecture ? ou de mise en scène qui va déclencher l'envie de faire la photo à tel
endroit ou à tel autre ? Parce que finalement, ce sont des photos assez variées.
R. C. :
Ce qui détermine, c'est déjà l'éclairage. Il faut qu'il y ait au moins un lampadaire. Il se trouve que depuis
maintenant... quelque temps, j'avais commencé un système pour avoir un éclairage autonome. Pour pouvoir, ce
qu'on appelle peindre avec la lumière, des choses dans la nuit : des arbres ou des monuments, avec une grosse
torche. Au départ, le travail qui est présenté actuellement, et qui a deux trois ans maintenant, c'est principalement
l'éclairage urbain et aussi l'éclairage des fêtes extrêmement joyeuses de Noël dans les villages ou il y a une
décoration éblouissante et merveilleuse qui permet encore de jouer beaucoup plus l'éclairage de nuit.
G. G. :
En ce moment vous travaillez sur quoi ?
R. C. :
Récemment j'ai continué un travail sur les taureaux. Hier j'étais en labo et j'ai fait pas mal de tirages sur les
taureaux, j'ai envie d'approfondir, de chercher là dedans.
G. G. :
Que ce soit pour ces photos ou celles de tauromachie, y'a aussi un travail sur le cadre, qui disparaît...
en tout cas on sait pas trop où il commence.
R. C. :
Là, c'est effectivement une série d'où j'avais complètement chassé le sol de l'arène pour justement que
l'image apparaisse comme une sorte de calligraphie impressionniste ou asiatique presque.
G. G. :
Ce serait aussi un domaine qui vous attirerait la calligraphie ?
R. C. :
Oui oui. C'est un truc qui me plaît bien.
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G. G. :
L'Asie ?
R. C. :
Non, pas l'Asie, mais le travail du noir et blanc, l'intensité du noir sur le blanc, c'est des choses que je
trouve.... J'ai récemment vu une exposition à Paris, d'un photographe italien qui fait des images de prêtres jouant
dans la neige, et qui sont des types purement calligraphique et qui m'amusent beaucoup.
propos recueillis par Gilles Gouget
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