Beaumarchais de Molinaro Edouard
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Beaumarchais l’insolent
F de Edouard Molinaro
FICHE FILM
Fiche technique
France - 1996 - 1h40
Couleur
Réalisateur :
Edouard Molinaro
Scénario :
Edouard Molinaro
Jean-Claude Brisville
d’après Sacha Guitry
Musique :
Jean-Claude Petit
Interprètes :
Fabrice Luchini
Fabrice Luchini
Résumé(Beaumarchais)
Manuel Blanc
(Gudin)
Sandrine Kiberlain Du héros de cette pièce, Pierre Augustin des fonctions, des affaires, mais aussi des
Caron de Beaumarchais, on savait, primo, aventures, des amours, des complots, des(Marie Thérèse)
qu’il était l’auteur de deux chefs-d’œuvre procès, mais encore la prison, I’exil, la gloi-
Jacques Weber universels du théâtre, Le Barbier de Séville re, les revers de fortune. Artiste, homme
(le duc de Chaulnes) et Le Mariage de Figaro ; et, secundo, qu’il d’affaires, Iibertin déclaré. Inventeur d’un
était le créateur de la Société des auteurs. mouvement d’horlogerie, armateur, agentMichel Piccoli
Autant dire qu’on ne savait rien de rien. En secret de Louis XV, trafiquant d’armes pour
(le prince de Conti) effet, lui qui tenait l’écriture pour un «délas- les insurgés d’Amérique : il est partout. Et
Claire Nebout sement honnête», a mis toute son énergie à partout, il fait parler de lui. On l’aime et on
réussir un autre chef-d’œuvre plutôt ignoré le hait pour la même raison : il dérange.(le chevalier d’Eon)
celui-là : sa propre vie. Fabuleuse existence
où l’on trouve de tout à profusion : des emplois,
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té de Pierre Caron de Beaumarchais. Tel l’Histoire et de Beaumarchais, sansCritiques
qu’en lui-même, donc génial, qu’il soit doute, mais sans que jamais une idée de
horloger, avocat, diplomate, espion, cinéma vienne troubler sa torpeur.
Une virevoltante leçon d’his-
amoureux, trafiquant d’armes ou drama- Principale raison pour laquelle Beaumar-
toire littéraire et politique turge, dans la gloire ou l’opprobre, le chais est bien le «produit culturel»
malheur ou la félicité, I’échec ou le attendu.
En s’appuyant sur des acteurs che- triomphe. Pascal Mérigeau
vronnés, Edouard Molinaro a réalisé Logique, alors, que le déroulé de Le Monde - Jeudi 21 mars 1996
une plaisante reconstitution. Beaumarchais s’apparente à une table
Insolent, Beaumarchais ? Assurément. des matières de manuel scolaire. Voici
Insolent, le scénario qu’inspirèrent à donc «Beaumarchais et le procès Luchini est sans doute le seul acteur au-
Sacha Guitry certaines péripéties de la Goëzman», avec Jean Yanne en invité jourd’hui à pouvoir jouer du Guitry sans
vie bien remplie du «père» de Figaro? spécial, «Beaumarchais et le chevalier faire du pastiche ou de la pâle copie.
Sans conteste. Insolent, le film qu’a réa- d’Eon», avec Claire Nebout en intrigan- Contrairement aux Brialy, Belmondo et
lisé Edouard Molinaro ? te, «Beaumarchais et l’Amérique», avec consorts, on ne reconnaît jamais dans
C’est à voir. Benjamin Franklin (Jeff Nuttall) en ses inflexions, dans ses outrances et son
A voir, il y a d’abord les rues de Paris, vedette américaine, «Beaumarchais et le cabotinage les restes du Maître mal
populeuses cela va de soi, telles que la droit des auteurs », avec la reconnais- assaisonnés. Lui seul sait investir ce
machine cinématographique à remonter sance éternelle des écrivains de tous texte bancal et ampoulé, que la majesté
le temps en offre la vision attendue. temps et de toutes latitudes, du geste, définitivement, sauve de tout
Machine difficile à lancer, d’autant plus «Beaumarchais et la jalousie», avec ridicule. Mais ce n’est pas une raison
lourde à manier que la production Sandrine Kiberlain rendant à son volage pour les utiliser l’un et l’autre dans la
entend, et c’est normal, que le cahier époux la monnaie de ses pièces. La plus quelconque des adaptations.
des charges soit respecté. table ainsi dressée tient du sommaire, Rohmer et Christian Vincent étaient infi-
Beaumarchais est un film, mais aussi un elle est aussi plaisante à parcourir que niment plus proches de leurs génies
produit culturel. Quel vilain mot que peut être amusante à feuilleter une col- propres que cette production culturelle à
celui-là, mais il convient à l’entreprise lection d’images d’Epinal. la petite semaine. Il serait dommage
qui mobilise pour sa propre gloire et la qu’un acteur original et brillant comme
télévision, sans laquelle elle n’existerait Fausse assurance lui se fonde et se dénature dans la répé-
pas, et l’édition, confondues dans un Sur ce dispositif scolairement agencé tition de tels choix : si le colonel Chabert
même élan promotionnel. Sacha Guitry, règne Fabrice Luchini. Plus les mots sont et Beaumarchais lui permettent de briller
au moins, n’avait pas ce souci, et ses brillants, saillies de Beaumarchais ou sur les plateaux de télévision et dans les
films, même les plus empesés (les apostrophes de Guitry, plus l’acteur se salons bourgeois, ils ne servent pas son
grandes évocations historiques réalisées dissimule, preuve qu’avant de les dire il talent de comédien. Michel Serrault
dans les années 50), témoignaient d’une les a entendues. Normal? Oui, mais rare montre par ailleurs ce qu’il aurait fallu
liberté de ton et d’esprit avec laquelle il surtout. Tellement que l’on n’imagine faire d’un tel sujet : le jouer à l’esbroufe,
serait vain de vouloir rivaliser en 1996. pas un autre acteur à sa place. en rajouter, donner aux personnages
Convaincant en bretteur d’occasion cette dimension que Guitry, précisément,
Apparitions aussi bien qu’en amoureux de l’amour et donnait à Talleyrand quand il l’incarnait,
A Sacha Guitry, le film a emprunté cer- des femmes, associant avec un bonheur et qui intégrait la légende mystificatrice
tains de ses mots et le goût des appari- réel l’inquiétude de l’écrivain et la faus- du théâtre. Le Louis XV de Serrault est
tions d’acteur. Une scène pour celui-ci se assurance du courtisan que n’était insolent de cabotinage : il écrase de ridi-
(Michel Serrault est un éblouissant pas vraiment Beaumarchais, Fabrice cule tous ces ministres au premier degré,
Louis XV), deux répliques pour tel autre Luchini compose le portrait d’un homme qui jouent sérieusement leur rôle dans
(Jean-Claude Brialy fait l’abbé), une désireux et, par ses origines, contraint une superproduction pour les Champs-
apparition fugitive pour un troisième de ne jamais demeurer en place, au Elysées. A Serrault et Luchini, à
(Guy Marchand perdu dans la foule). On centre d’un monde assis, qui le regarde Beaumarchais et Guitry, il manque un
les reconnaît, on les attend, on les vibrionner sans toujours comprendre le metteur en scène ironique, et un produc-
oublie, qu’ils soient anonymes ou bien sens de cette agitation. teur qui respecte son sujet.
rois, comparses en tout cas d’une ma- Assise, la réalisation d’Edouard Vincent Amiel
chination visant à rétablir la souveraine- Molinaro l’est aussi. Au service de Positif n°423 - mai 1996
L E F R A N C E
SALLE D'ART ET D'ESSAI
CLASSÉE RECHERCHE
8, RUE DE LA VALSE
42100 SAINT-ETIENNE
77.32.76.96 2
RÉPONDEUR : 77.32.71.71
Fax : 77.25.11.83D O C U M E N T S
Ce n’est pas l’auteur du Barbier de jamais là où on pense le trouver.Entretien
Séville et du Mariage de Figaro qui inté- Ce Beaumarchais-là n’est donc pas que
resse Edouard Molinaro. Il préfère évo- l’auteur du Barbier de Séville et du
quer plus globalement l’homme poli- Mariage de Figaro ?
tique éclairé, à la fois magistrat favori- Edouard Molinaro : Effectivement. Dans le
Quelle partie de la vie de Beaumarchaissant les démunis contre les nantis et film, je fais dire au prince de Conti cette
avez-vous choisi de raconter ?idéologue persifleur accélérant un pro- phrase qui me paraît très significative :
Edouard Molinaro : J’ai une grandecessus historique (la Révolution «Beaumarchais ne sera jamais tout à fait
méfiance pour les biographies qui tententFrançaise) qu’il avait su voir venir. Molière, parce qu’il préfère sa vie à son
de couvrir l’ensemble de la vie d’un per-L’ennui profond que suscite le film, œuvre...»
sonnage historique. J’ai sélectionné la Alors, le film fait découvrir de nom-outre sa grande platitude visuelle, tient
partie qui me paraît la plus significative, breuses facettes moins connues du per-à ce parti pris de faire uniquement de
entre la création du Barbier de Séville, en sonnage. Par exemple, le rôle d’éminenceBeaumarchais quelqu’un qui a toujours
1775, et celle du Mariage de Figaro, en grise qu’il a tenu auprès de Louis XV puisr

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