Histoires de vies brisées : les “double-peine” de Lyon de Tavernier Bertrand et Nils

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Histoires de vies brisÈes : les Òdouble-peineÓ de Lyon FICHE FILM

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D O C U M E N T

L'autre dit qu'il s'est fait arrÍter avec 8 grammes de haschich sur lui et que plu jamais il n'a pu mener une vie normale dÈsormais clochard en AlgÈrie, pay dont il avait perdu jusqu'au souvenir clandestin en France. Bertrand Tavernier, cinÈaste de renom, donnÈ presque tout son film ‡ ces gen qu'on appelle les "double peine" condamnÈs une premiËre fois ‡ la pri son, ils exÈcutent cette peine ; ‡ leu sortie, ils sont expulsÈs vers leur pay d'origine. Tavernier a rencontrÈ un col lectif de "double peine" lors d'une grËv de la faim organisÈe en 1997 ‡ Lyon Suspendu ‡ la suite de promesses, l mouvement a repris trois mois plus tar et le cinÈaste a captÈ ces moments pour revenir ensuite filmer les membre du collectif, ‡ Lyon, au long de l'annÈ 1999. Histoires de vies brisÈesest un fil de paroles, dites, rÈpÈtÈes, ressassÈes On en vient trËs vite ‡ entendre ce hommes - les condamnÈs - et ce femmes - leurs compagnes - comme s'il nous parlaient de l'autre cÙtÈ d'une bar riËre, invisible et infranchissable Comme si Bertrand Tavernier leur avai rendu visite au parloir d'une prison au murs de verre et en avait rapportÈ conversations empreintes d'un accab ment sans recours. Il faut voir ce fi pour comprendre que, pour une fois, nom de Kafka n'est pas ÈvoquÈ en va que ce mÈcanisme pÈnal engendre u aliÈnation presque totale. Au fur e mesure que la confiance s'installe en Tavernier et ses interlocuteurs, dÈcouvre un peu plus l'Ètendue d ravages que provoque la vie dans ce man's land entre lÈgalitÈ et illÈgalitÈ, perte de confiance entre les pËres et enfants, entre les femmes et l hommes. Par moments, Bertrand Tavernier se en scËne. On le voit sur le tournage «a commence aujourd'huipren une communication d'un conseiller Matignon et lui passer un savon ; entend sa voix expliquer les raisons d'

dÈplacement ‡ Lyon. Avec un mÈlang de candeur et de roublardise, le cinÈast assume sa position sociale d'intellectuel engagÈ, sur un mode hugolien, dans l souci louable de signer son film, d'e expliquer la raison d'Ítre. Mais ces notations sont trop Èparse pour constituer un vrai contrepoint elles interrompent seulement, parfois d maniËre inopportune, le discours dÈses pÈrÈ des "double peine", discours san fin, puisque la douleur qui le provoqu est toujours l‡. La douleur de Lil Bourguessa, militante courageuse, qui entreprend une grËve de la faim mai explique qu'elle regrette de ne pas avoi quittÈ son mari, ou le dÈsespoi d'Ahmed Hassaine, ex-Ètudiant brillant aujourd'hui manutentionnaire ‡ vie. Thomas Sotinel Le Monde Interactif - 21 novembre 200

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Moins ambitieux formellement queLa Guerre sans nometDe lÕautre cÙtÈ du pÈriphÕ,deux prÈcÈdentes rÈussites documentaires de Bertrand Tavernier, Histoires de vies brisÈes Ð Les "double peine" de Lyonest un bon film dÕintervention rapide, le cri dÕalarme dÕun cinÈaste rÈvoltÈ par lÕindiffÈrence devant lÕinjustice absolue que constitue le systËme franÁais de la "double peine". Applicable aux seuls Ètrangers, ce dÈni de justice consiste ‡ ajouter lÕexpulsion du territoire national ‡ une premiËre condamnation pour un dÈlit quelconque. La grande rÈussite du film tient ‡ son approche individuelle plutÙt que globale, sa capacitÈ dÕÈcoute face ‡ des hommes et des femmes auxquels est soudain accordÈe toute la durÈe nÈcessaire pour raconter un combat qui se confond avec leur existence. Tous disent leur dÈsarroi et leur rÈvolte de devoir se dÈbattre dans les rets dÕune rÈglementation ouvertement hostile, conÁue pour dÈcou- rager tout espoir et saccager toute volontÈ de rÈintÈgration. Et tous rÈpË- tent leur dÈception dÕÍtre si violemment rejetÈs par un pays qui est pourtant le leur depuis toujours. (É) FrÈdÈric Bonnaud -

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Il y a trois ans, ‡ Lyon, deux grËves de l faim successives d'une dizaine de sans papiers tentent d'attirer l'attention su une aberration du systËme juridico administratif franÁais : les "doubl peine" sont des hommes condamnÈ pour des dÈlits parfois mineurs (aucu de ceux-l‡ n'a tuÈ ou violÈ, nous est-il prÈcisÈ), mais ‡ qui on inflige, en plus, une interdiction de territoire. ExpulsÈ vers un pays d'origine o˘ plus rien ne l attache, ils refusent de cÈder, quitt mettre leur vie en danger. Bertrand Tavernier, lyonnais et cinÈas dÈcide de les filmer, de suivre leur h toire. C'est une mission ‡ la hauteur sa gÈnÈreuse Ènergie. Face au d d'humanitÈ qui saute aux yeux, il naturellement ‡ l'opposÈ : regarder l hommes, leur donner la parole, les Èc ter, leur rendre une dignitÈ. Et puis pr ter de sa stature pour tirer quelqu sonnettes. (É) On s'attache certes Abdel et Ahmed, tÈmoins principa plus encore ‡ Lila, grÈviste de la fa elle aussi. Mais, au bout d'une heure, parfait "mÈchant" est clairement ide fiÈ, c'est le juge Finidori, prÈsident de cour d'appel de Lyon, dont le seul n flotte comme un spectre. Sont point aussi les l‚chetÈs des politiques, soc listes en premier. Verront-ils, eux, film que sa diffusion en salles risq d'adresser avant tout ‡ un public acq d'avance ‡ la cause ? On comprend q Chirac prÈfËre se faire projeter l'ElysÈe telFabuleux Destin, plu que cesVies brisÈes. On compre mais on ne l'excuse pas. FranÁois Go TÈlÈrama n∞ 2706 - 24 novembre 20

En 1997, de passage ‡ Lyon, Bertran Tavernier rencontrait des grÈvistes de l faim en lutte contre la "double peine'. Cette condamnation judiciaire aberrant qui expulse des Ètrangers aprËs leur voi fait purger une peine d'emprisonnement. La loi franÁaise prÈvoit pourtant que nul ne peut Ítre puni deux fois pour l mÍme faute. Ces 17 jours de grËv dÈbouchaient sur des promesses qui '

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tÈ nationale, la France s'expose ‡ les voir revenir clandestinement (toute leur famille est l‡ et, le plus souvent, ils ne parlent mÍme pas la langue de leur pays d'origine) et ‡ Ítre bien davantage entraÓnÈs vers la rÈcidive. Sans parler de leurs familles qui ont lÈgitimement la rage contre cet …tat injuste, cette justice ‡ deux vitesses. (É) Jean-Christophe Berjon ∞

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Le rÈalisateur

Filmographie

Il fut un admirable critique cinÈmatogra La chance et lÕamour1964 (Sketch) phique, dÈfenseur inlassable, dans le revues et au Nickel Odeon, de la sÈrie Les baisers1965 amÈricaine.VingtpuisTrente ans d (Sketch) cinÈma amÈricainont ÈtÈ les bibles d nombreux cinÈphiles. PassÈ ‡ la rÈalisa LÕhorloger de Saint-Paul1974 tion, aprËs avoir ÈtÈ attachÈ de presse Tavernier confirma quÕun bon critiqu Que la fÍte commence1975 peut Ítre aussi un bon metteur e scËne. Non seulement il rÈvÈla un Le juge et lÕassassin1976 incontestable maÓtrise, mais il surpri par la diversitÈ des genres aborbÈs, d Des enfants g‚tÈs1977 Simenon (LÕhorloger de Saint-Pau)l La mort en direct1980 la science fiction (La mort en direct) brillant surtout dans le film historique Une semaine de vacances1981 reconstituant avec bonheur lÕÈpoque d la RÈgence (Que la fÍte commence Coup de torchon ou une affaire criminelle cÈlËbre (L juge et lÕassassi)n. Il a su adapte Un dimanche ‡ la campagne1984 avec succËs un romancier ´noirª comm Jim Thompson dansCoup de torchon Mississipi Blues Lui reprochera-t-on de finirQue la fÍt commencepar une rÈvolte paysanne e Autour de minuit1986 Le juge et lÕassassinpar une grËve ? Il La passion BÈatrice1987 sÕagit moins de dÈmagogie que de gÈn rositÈ. GÈnÈrositÈ que lÕon retrouve lor La vie et rien dÕautre1989 quÕil aborde des sujets contemporains le logement, la mÈdecine, le temps d Daddy Nostalgie1990 travail. Mais il fut jamais aussi admi rable que dans le nostalgiqueU La guerre sans nom1992 dimanche ‡ la campagne. Efficace e engagÈ, Tavernier a su retenir la leÁo Voie publique du grand cinÈma amÈricain. Il rend aussi hommage au jazz, son autre passio L. 627 dansAutour de minuit. AvecLa pas La fille de dÕArtagnan1994 sion BÈatricea-t-il tentÈ de se renou veler ? Cette belle histoire mÈdiÈval LÕapp‚t1995 nÕa pas ÈtÈ comprise, fermant proviso rement ‡ Tavernier la voie du film histo Capitaine Conan1994 rique.La vie et rien dÕautreest avan Documents disponibles au France tout une rÈflexion sur la guerre.Dadd De lÕautre cÙtÈ du pÈriph1996 Nostalgie, plus personnel, se veut u Revue de presse hommage au pËre. «a commence aujourdÕhui1999 Dossier distributeur Jean Tular Cahiers du cinÈma n∞564 Guide des rÈalisateur Histoires de vies brisÈes : le ∞ -

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