Johnny Got His Gun de Trumbo Dalton
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Fiche produite par le Centre de Documentation du Cinéma[s] Le France.
Site : abc-lefrance.com

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Langue Français

Extrait

Johnny got his gun Johnny sÕen va-t-en guerre FICHE FILM
www.abc-lefrance.com
D O C U M E N T
Une jeune infirmiËre parvient ‡ commu niquer avec lui. Il pense ‡ utiliser l morse pour se faire comprendre de mÈdecins qui ne lui accorderont pas l mort quÕil rÈclameÉ
Critique
(É) RÈquisitoire humaniste plus que politique (une ÒtareÓ pour certains, to au moins lors de sa premiËre sortie) Johnnyest une oeuvre atroce et boule versante, un cri implacable, vÈritabl Òatteinte au moralÓ des soldats qu nous sommes tous en puissance.ÓC que je voulais surtout montrer, cÕÈta les rÈsultats de la guerre: car jÕai vu te lement de films contre la guerre ne pro voquant quÕune rÈpulsion physique, qu je voulais atteindre, moi, la rÈpulsion d cÏur et de lÕespritÓ.Mission accomplie ! En ce domaine, en effet, Trumbo est all plus loin dans la dÈnonciation qu Kubrick (Les sentiers de la gloire) Losey (Pour lÕexempl)eRosi ( etLe hommes contre) rÈunis! A la fin de l PremiËre Guerre mondiale, quelque par sur le front, le jeune Joe Bonham es dÈchiquetÈ par un obus. Il nÕa plus bras, ni jambes, et son visage est u trou noir. Aveugle et sourd, son coeu bat encore. Sa conscience aussi es intacte. Hommetronc, il est le frËre e souffrance des pauvres monstres d Freaks(la gÈniale fiction-vÈritÈ de To Browning). La seule diffÈrence, cÕe quÕon ne lÕexhibe pas. Son existen mÍme est top-secret. Il nÕest pas u phÈnomËne de foire, mais un raccourci (sans jeu de mots) de lÕhorreur.ÒUn mor ceau de viande pensantÓ, ainsi quÕil s dÈfinit lui mÍme dans une affreuse luci ditÈ. Victime de la guerre, il est mainte nant une victime de la chirurgie, un sorte de cobaye de lÕacharnement thÈr peutique. La mÈmoire de Johnny fonc tionne. Ses sensations tactiles le relien au monde extÈrieur. SÕil ne souffre
au sens physique du terme, son dÈses poir est intolÈrable car en dehors de l condition humaine. SpÈlÈologue de se propres gouffres, il appelle au secours. Il supplie pour quÕon lÕachËve enfin, p quÕon le dÈbranche, comme on dira aujourdÕhui. Seule, une infirmiËre, parc que charitable et douce, fera preuv dÕhumanitÈ en essayant de lÕÈtrangle sÈquence qui porte la marque de Bunuel sans doute. Entre Johnny et la dite infir miËre vont dÕailleurs sÕÈtablir des r ports dÕune sensualitÈ dÈchirant Quelque chose qui ressemble ‡ d lÕamour sexuel et ‡ de lÕamour to court. Le rÈcit fonctionne ‡ deux niveaux dis tincts. Le dÈpouillement du noir e blanc pour le monde de la rÈalitÈ Johnny sur son lit dÕhÙpital, mass informe que recouvre un drap pudique La couleur pour le monde de la mÈmoi re et des fantasmes. Car Johnny s souvient de sa vie, de son enfance, d son travail, de safiancÈe. Parfoi aussi, il dÈlire et a dÕÈtranges vision CÕest un peu lÕonirisme esthÈtique d annÈes 1930, mais sa mise en perspec tive avec le rÈel le plus cru possËde u impact immÈdiat qui renforce le pro pos. Il y a l‡ comme des plongÈes dan la chair mÍme de la vie, des Èclairs d tendresse et de gÈnÈrositÈ. Il suffit d la chaleur du soleil sur le ÒvisageÓ d Johnny pour que lÕassaillent de visions dÕavant lÕapocalypse, des s venirs du bonheur dÕexister. Michel Bouju Fiche distributeu
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
Il est juste quÕun film d'une aussi grande qualitÈ queJohnny got his gun, ait ÈtÈ rÈcompensÈ au Festival de CANNES par le Grand Prix SpÈcial du Jury ; il n'en est pas moins juste, ou plutÙt ÒlogiqueÓ que ce mÍme film ne soit pas honorÈ de la Òpalme d'orÓ ; que lui manquait-il pour cela ? En fait, deux "qualitÈs essen-tielles" : 1∞ Il est anti-commercial car ne prÈsente pas, ou peu, dÕaction, nÕÈtale pas une longue histoire d'amour, n'insiste pas sur le cÙtÈ "boucherie" de la guerre ainsi que sur la dÈgradation physique et morale du hÈros. Premier dÈfaut : ce film ne fait pas appel ‡ la pitiÈ, sentiment bas et facile, mais hÈlas, trËs productif sur le plan financier. 2∞Johnny got his gunsoulËve un pro-blËme dont les surrÈalistes avaient dÈj‡ fait Ètat et que la pensÈe occidentale refuse d'examiner encore de nos jours : O˘ commencent et o˘ sÕarrÍtent les frontiËres du NORMAL et de L'ANOR-MAL ? Doit-on rejeter l'Ítre qui n'est plus conforme au stÈrÈotype que l'hom-me s'en est fait ? L'infirme de guerre doit-il pour remercie-ment de ses services ‡ la patrie, Ítre remisÈ dans un hospice ? ProblËme trou-blant dont on aimerait bien se cacher la rÈalitÈ ; mais n'ÈlËve-t-on des monu-ments aux morts que pour se donner bonne conscience ? Joe Bonham, jeune amÈricain d'une vingtaine d'annÈes, est enrÙlÈ volontai-rement durant la guerre de 14-18 (der-niËre guerre romantique, nous dit D. Trumbo, dans une interview accordÈe ‡ F. Maurin dans "L'HumanitÈ") A la fin de celle-ci, une bombe le dÈchiquette affreusement, ‡ tel point qu'il semble ne vivre que d'une maniËre vÈgÈtative ; dËs lors la mÈdecine s'en empare pour en faire un cas de survie scientifique exceptionnelle ; dËs cet instant, deux mondes Èvoluent simultanÈment sous nos yeux : celui du jeune hÈros qui fait figure de monstre humain, celui du per-sonnel hospitalier attachÈ ‡ ce dÈbris '
D O C U M E N T
Joe Bonham se prÈsente, tout d'abord comme un Ítre coupÈ de tout ce qui vit la surface de la terre ; ses premiËre rÈactions sont avant tout Èpidermiques puis, petit ‡ petit, la mÈmoire lui revient mÈmoire encore inorganisÈe o˘ les dif fÈrents moments de son passÈ apparais sent pËle-mÍle (souvenirs d'enfance premiËre et unique nuit d'amour, l'an nonce de la guerre, son engagement, le cauchemars de la guerre, etcÉ) La notion du temps n'existe plus pour lui (quel jour sommes-nous ? depuis com bien de temps suis-je dans cet Ètat demande-tÕil ‡ sa femme Kareen a cours dÕun de ses rÍves), le prÈse devient spÈculatif ("l'infirmiËr approcheÉ je la sens...", dit-il), ainsi que le futur ("je pourrai Ítre exposÈ dan une foire"É etc...) Enfin l'affolement alterne avec la soumission et exprim symboliquement la solitude cruelle e inÈluctable de l'homme rejetÈ du mond sous prÈtexte quÕil nÕest plus dÕauc utilitÈ pour personne (penser ‡ lÕinfirm de guerre relÈguÈ dans les hÙpitaux, au Ítres sombrÈs dans la folie....) Le personnel hospitalier prÈsente, quan ‡ lui, d'une maniËre symbolique, toute les attitudes que lÕ on peut avoir en fac du normal et de l'anormal: - le mÈdecin-major est un infirme d guerre qui semble avoir oubliÈ son Èta symbole : "Ce sont les autres qui son anormaux, jamais soi", cÕest peut Ítr pour Áa quÕil ne veut reconnaÓtre ‡ so patient quÕune vie vÈgÈtative ; il refus de voir du normal dans cet Ítre Òanor malÓ (ce dernier ne peut pas dÈcemmen communiquer, la science refuse un tel phÈnomËne) - l'officier croit bien que Joe Bonha communique avec le monde extÈrieur e morse, mais refuse au patient ses der niËres volontÈs dÕÍtre exposÈ en foire Ítre (tuÈ) - l'anormal ne doit pas Ítr effacÈ de la surface de la terre, mais n doit pas Ítre mÍlÈ au Normal. - l'infirmiËre, quant ‡ elle, tente d concilier le normal et l'anormal, ell communique avec Joe en lui traÁant su
la poitrine des mots (le jour de NoÎl, elle lui souhaitera beaucoup de bonheur comme on le fait avec un Ítre normal, etcÉ) En rÈsumÈ, le premier personnage voi en Joe Bonham un simple objet dÕexp rimentation scientifique, le secon exprime par son attitude un dogme de l pensÈe chrÈtienne ; tout vient de Dieu, donc tout est bon,le troisiËme rÈvËle l pensÈe humaniste selon laquelle o peut, et on doit, concilier les inconci-liables.Johnny got his gunest un fil trËs violent posant la problÈmatique de lÕÍtre (dans quelle mesure lÕhomme e il un homme ?),problÈmatique autou de laquelle se greffent des problËme secondaires, mais non moins importants : lÕutilitÈ de la guerre - les limites de l science - la prÈsence de Dieu etcÉ Patrick Gaulie Image et son-Mai 197
SALLE D'ART ET D'ESSAI C L A S S … ER E C H E R C H E 8 ,R U ED EL AV A L S E 42100 SAINTETIENNE 04.77.32.76.96 R…PONDEUR : 04.77.32.71.71 Fax : 04.77.32.07.09
Entretien avec le rÈalisateur
Pourquoi avez-vous tenu ‡ rÈaliser Johnny got his gunvous-mÍme ? Le roman a paru trois jours avant la dÈclaration de la seconde guerre mon-diale. Evidemment, le moment nÕÈtait pas choisi pour en faire un film. Deux ans aprËs la guerre, jÕai ÈtÈ inscrit sur la liste noire jusquÕen 1960, et il nÕen fut pas plus question. En 1964, un produc-teur mexicain Gustavo Alatriste (produc-teur de Bunuel) a pensÈ quÕil avait assez dÕargent pour le faire, et que Bunuel pourrait le mettre en scËne. Bunuel est un de mes grands amis et je lui ai Ècrit que sÕil voulait faire le film, je devien-drai non seulement son scÈnariste, mais son secrÈtaire sÕil le dÈsirait. Nous avons passÈ deux semaines ensemble ‡ Mexico ‡ discuter du film, puis je suis rentrÈ aux Etats-Unis.Cinq ou six mois plus tard, le scÈnario Ètait prÍt. Mais, Alatriste nÕavait plus lÕargent. Luis est parti travailler en Europe et moi jÕai fait autre chose. En 1967, un producteur de tÈlÈvision sÕest intÈressÈ au projet et pendant deux ans, sÕest promenÈ de studio en studio. Nous avons dix-sept lettres de refus. Aucune d'elles n'est "politique"... On y prÈtend que le moment ne convient pas, ou que film ne rapportera pas d'ar-gent. Et puis j'ai dÓnÈ un soir avec un de mes vieux amis, Simon Lazarus. Simon avait financÈLe Sel de la terre.Il avait entendu parler du scÈnario et m'en demanda un exemplaire pour le lire. Trois jours aprËs j'avais l'argent.Bien que trop jeune pour avoir connu la guer-re (jÕavais huit ans ‡ l'Èpoque) j'ai pensÈ que je pouvais rÈaliser le film : dans cette histoire, les scËnes avec mon pËre sont trËs autobiographiques. Par ailleurs, nous nÕavions pas assez d'ar-gent pour engager un metteur en scËne de premier plan, c'Ètait aussi une ques-tion d'Èconomie.
Croyez-vous quÕil soit important que ?
D O C U M E N T
Pour moi, c'Ètait la derniËre des guerre romantiques. C'Ètait de plus, une guerr imbÈcile rÈsultant d'une sÈrie "d'acci dents" causÈs par des imbÈciles Personne ne savait exactement com ment se battre, comment lÕarrÍter, co ment faire la paix. Je voulais briËvemen Èvoquer cette idÈe, bien que ce ne soi pas l'essentiel du film. Je voulais sur tout montrer les rÈsultats de la guerr car j'ai vu tellement de films contre l guerre ne provoquant qu'une rÈpulsio physique, que je voulais atteindre, moi la rÈpulsion du coeur et de l'esprit.
Vous avez parlÈ, tout ‡ l'heure, de votr expÈrience vÈcue incorporÈe dans l film. On est frappÈ par une dÈmarch volontaire, c'est certain - style "cinÈm amÈricain d'avant-guerre". Oui. Le sexe est un des facteurs primor diaux dans la vie des jeunes depuis disonsÉ plusieurs annÈes. Mais il y avait une timiditÈ dans la d couverte dÕun premier amour qui, pa fois, a ÈtÈ oubliÈe. Je voulais que l contact d'un pied sur une jambe soi presque aussi sexuel que l'acte lui mÍme. La camÈra a un cÙtÈ voyeur qu je nÕaime pas ; la camÈra qui pe fouiller, chercher, interroger, m'intÈres se. J'aime la simplicitÈ et je dÈteste que l camÈra soit en contre-plongÈe derriËr un verre, les trucs. J'ai donc optÈ pour le noir et blanc, c sont les couleurs de la vÈritÈ.Les souve nirs sont en couleurs. Le reste du styl est cependant purement instinctif. Parc que je ne suis pas jeune, aprËs tout Dieu merci.
Quelle a ÈtÈ la situation d'un scÈnarist comme vous, inscrit sur la liste noire durant la pÈriode du maccarthysme ? JÕavais l'habitude de gagner pas m d'argent et, comme j'Ètais nÈ dans un famille pauvre, jÕutilisais mon arge d'une maniËre trËs sage : je le dÈp sais.Quand la pÈriode de la liste no est arrivÈe, j'en ai eu tout ‡ coup be
coup moins. CÕÈtait triste mais j gagnais toujours plus qu'un ouvrier amÈ ricain. Le dÈsastre fut donc simplemen relatif. J'avais une santÈ excellente, un Ènorme Ènergie, j'ai donc travaillÈ ‡ de prix beaucoup plus bas. Mais il y eut de hommes qui, nÕayant pas cette mÍm santÈ, ayant plus d'enfants, plus de res ponsabilitÈs, en sont morts.
Vous disiez rÈcemment quÕil vous f trËs difficile de sortir de la liste noire. La liste noire vous libËre de vos propre responsabilitÈs. Personne ne sait ce qu vous Ècrivez, et si un trËs bon film sort tout le monde se dit "C'est peut-Ítr Trumbo qui l'a ÈcritÓ. Aussi, quand o me demandait si j'en Ètais responsable je feignais toujours d'ignorer en ajoutan que, n'ayant pas cru bon de dire a CongrËs si j'Ètais communiste, je n voyais pas pour quelle raison j 'aurai avouÈ Ítre lÕauteur dudit scÈnario. L rÈsultat, c'est qu'‡ la pÈriode de la list noire, les gens nous faisaient crÈdit pou tous les bons films (mÍme si nous ne le avions pas Ècrits), mais que personne n nous bl‚mait pour les trËs mauvais Lorsque cela s'est terminÈ, nous nou sommes trouvÈs nus. C'Ètait cela le vrai problËme. Interview recueillie par FranÁois Mauri LÕHumanitÈ - le 24 mai 197
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Le rÈalisateur
Dalton Trumbo est nÈ en 1905.La mort de son frËre lÕoblige ‡ travailler de nuit dans une boulangerie, tandis que le jour il poursuit ses Ètudes ‡ lÕUniversitÈ, il fait ses dÈbuts de journaliste en Ècrivant essentiellement sur le cinÈma. Lecteur ‡ la Warner, il est renvoyÈ pour son appartenance ‡ la ÒScreen writerÕs GuildÓ considÈrÈe comme trop progres-sif. Il continue de collaborer ‡ de nom-breuses publications engagÈes. En 1938, il ÈcritJohnny got his gunet son pre-mier scÈnario important :A man to remember. Victime de la chasse aux sorciËres en 1947, il est obligÈ jusquÕen 1960, de tra-vailler clandestinement, signant de divers pseudonymes. En 1957 Robert Rich, qui nÕest autre que Trumbo, reÁoit lÕOscar du meilleur scÈnario pourThe brave one(Les clameurs se sont tues). CÕest Otto Preminger qui le pre-mier lÕengage ouvertement pour Ècrire le scÈnario dÕExodus. Il peut ensuite signer celui deSpartacus. Suivent les scÈnarios de plusieurs films dontSeuls sont les indomptÈs,LÕhomme de kiev,Les cavaliers.Johnny got his gun, adaptÈ de son roman, est le seul film quÕil a rÈalisÈ. Il est mort en 1976.
Filmographie
Documents disponibles au France
Cahiers du cinÈma n∞555 - mars 2001 TÈlÈrama n∞2511 - 25 fÈvrier 1998
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